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Les auteurs bibliques
dénomment pays de Chanaan un territoire délimité
à l'Ouest par la mer Méditerranée,
à l'Est par le Jourdain,
au Nord par une ligne courant des sources du Jourdain à la mer,
au Sud par une ligne courant de l'extrémité méridionale
de la mer Morte
à l'angle Sud-Est de la Méditerranée. Ce territoire,
primitivement occupé par les Chananéens, aurait été
destiné par la divinité aux descendants d'Abraham,
c.-à-d. aux Israélites ou Hébreux, et ceux-ci s'en
seraient emparés sous la conduite d'un chef du nom de Josué
en refoulant ou exterminant la population indigène.
Dans le tableau ainsi tracé (Les
livres du Pentateuque
et le Livre de Josué),
il y a une très grande part à faire à la convention;
ces vues systématiques s'accordent mal avec la réalité
telle qu'on peut la deviner ou la rétablir au moyen des données
très insuffisantes venues entre nos mains. Les Israélites
ne se sont pas emparés du pays de Chanaan en quelques années
et par un coup de force; ils ont peu à peu établi leur ascendant
sur la population locale.
Pour l'auteur de la table généalogique
(Genèse,
chap. X), Chanaan, fils de Cham, fils lui-même de Noé,
est père des populations phéniciennes d'une part, de l'autre
de peuplades telles que les Jébuséens, les Amorrhéens,
les Héthéens, les Héviens, les Gergéséens
et les Pherézéens. Ces noms reviennent plusieurs fois dans
des énumérations où l'on indique les populations contre
lesquelles les Hébreux eurent à
lutter, mais il est impossible d'en rien tirer de précis ou de satisfaisant
pour la connaissance de l'histoire et de la géographie ancienne.
Nous en dirons autant, sinon plus, de prétendues populations primitives,
de stature gigantesque, qui auraient précédé les Chananéens
eux-mêmes.
Le plus sûr est de s'en tenir à
ceci: quand les Israélites firent la conquête du pays de Chanaan,
ils le trouvèrent occupé au Sud-Ouest par les Philistins;
au Nord-Ouest par les Phéniciens
qu'ils ne parvinrent pas à déloger; à l'Est du bas
Jourdain et de la mer Morte, par les Ammonites
et les Moabites, sur lesquels ils ne remportèrent
jamais que des avantages passagers. Enfin, ils rencontraient dans la partie
montagneuse où coule le haut Jourdain et dans la région qui
s'étend sur la rive droite ou occidentale de ce même fleuve
une population dite chananéenne ou amorrhéenne (plus exactement
émorite), laquelle, selon les régions, comportait sans doute
des appellations locales.
C'est sur ce territoire qu'ils parvinrent
à faire un établissement durable jusqu'à la destruction
du royaume de Juda et de Jérusalem
par les Babyloniens (588 av, J.-C). (Maurice
Vernes). |
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