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Le Latium |
Le Latium est une contrée de l'ancienne Italie, située au centre de la péninsule, entre la mer Tyrrhénienne et l'Apennin, le Tibre et le Liris qui la séparaient l'un de l'Etrurie, l'autre de la Campanie. Le nom de Latium équivaut à celui de pays des Latins. Son étymologie est inconnue. On dérive le nom de Latium soit de Latinus, un des rois légendaires du pays, soit de latere (= être caché), parce que, dit-on, Saturne, chassé du ciel, serait venu se cacher dans ce pays. L'étendue de la région à laquelle fut appliqué ce nom de Latium varia selon les époques. Après avoir désigné seulement le territoire habité par le peuple latin, il s'étendit ensuite à celui des peuplades voisines annexées et absorbées ou exterminées par les Romains : Eques, Herniques, Volsques et Aurunces, de sorte qu'il désigna toute la contrée intermédiaire entre la Campanie et l'Etrurie. Néanmoins, ou continua de distinguer les deux acceptions, et, bien que la dernière eût prévalu au temps de l'Empire, les géographes réservaient au territoire primitif des Latins l'appellation de Vieux Latium (antiquum), aux parties adjointes ultérieurement celle de Nouveau Latium (novum ou adjectum) : 1° le Vieux-Latium ou Latium propre, au Nord; villes principales : Albe, Préneste, Pedum, Tibur, Algide, Frégelle, etc., qui formaient une confédération (les Herniques et Rome, quoique classés géographiquement dans le Vieux-Latium, ne lui appartenaient pas);La soumission du Latium fut commencée par les Romains dès Romulus. En 664 av. J.-C., les Romains subjuguèrent Albe, Sous Tarquin le Superbe, la confédération latine, sauf Gabies, reconnut la supériorité de Rome. Révoltée en 498, elle fut battue en 496. Les Eques et les Volsques se soumirent en 367; ils reprirent les armes en 345 et 338, mais furent enfin écrasés en 314. Le Latium fut couvert par les Romains de colonies et de municipes. - Le Latium et la Campanie. On nomma droit latin l'ensemble de divers privilèges qui étaient un acheminement au droit de cité, et qui terraient le milieu entre ce droit et le droit italique. | ||
Géographie historique. Le Vieux Latium était borné à l'Ouest par la mer, au Nord par le Tibre, à l'Est par l'Apennin; au Sud ses limites étaient moins précises et semblent avoir varié; originairement les Latins occupaient la côte de l'embouchure du Tibre au promontoire de Circeii (monte Circello); mais cette région où s'étalaient les marais Pontins leur fut enlevée par les Volsques. De même, du côté septentrional, les Sabins empiétèrent sur le Latium; il est probable que celui-ci s'étendit d'abord au delà de l'Anio qui devint ensuite sa limite conventionnelle; d'ailleurs, dans ces districts, il se produisit un mélange des deux peuples et plusieurs cités sont qualifiées tantôt sabines, tantôt latines; on sait que le fait se produisit à Rome. Si l'on tient à préciser, on le peut à l'aide des listes des cités latines données par Denys et Pline. Le Tibre constituait la frontière entre le Latium et l'Etrurie; cependant les Etrusques l'ont certainement dépassée, et réciproquement les Romains dès l'époque la plus reculée avaient occupé sur la rive droite du fleuve la colline du Janicule, le campus Varicanus, et les Septem Pagi (sept cantons). Au Nord de l'Anio, Fidènes, Crustumerium Nomentum étaient latines; de Nomentum à Tibur la ligne de démarcation est inconnue, mais les Latins possédaient les monts de Corniculam (monte San Angelo et Monticelli) et la base du mont Lucretilis (monte Gennaro), puis les pentes occidentales de l'Apennin de Tibur à Praeneste (Palestrina), l'intérieur appartenant aux Eques, et tout le massif des monts Albains au delà duquel la frontière entre Latins et Volsques fut flottante dans la plaine qui sépare ce massif de celui auquel demeure attaché le nom de monts des Volsques (monte Lepini). Le Vieux Latium comprenait environ 1500 km², ayant 45 à 50 kilomètres du Tibre à la frontière sabine et autant du Nord au Sud. Une journée de marche suffisait donc à le traverser dans l'un ou l'autre sens. Géographie physique. Une plaine d'une dizaine de kilomètres de large sépare le massif, nettement accusé, des monts Albains, des contreforts de l'Apennin au Nord-Est et des monts des Volsques au Sud-Est. Les monts des Volsques ou monti Lepini forment une sorte d'avant-mont du grand massif Apennin, séparé de celui-ci par la large vallée du Sacco (Trerus) et dominant au Sud-Ouest les marais Pontins. Ils se développent du Nord-Ouest au Sud-Est, atteignant la mer auprès de Terracine et la longeant ensuite jusqu'à l'embouchure du Liris. Leur longueur totale est de 100 kilomètres, leur largeur de 20 à 30 kilomètres. Ils sont calcaires comme l'Apennin central; leurs principaux sommets sont du Nord au Sud : les monts Fortino, Semprevisa (1535 m), Cacume, della Fate et Petrella (1533 m). Ces montagnes forment une barrière naturelle entre les plaines du Latium et de la Campanie. Les régions latines de l'Apennin s'élèvent comme une muraille de 1000 à 1500 m au-dessus de la Campagne romaine, à laquelle elles forment un cadre magnifique. Elles s'étendent du Tibre au cours supérieur du Vulturne; on y remarque au Nord-Est le mont Gennaro (Lucretilis, 1268 m), le Pennecchio un peu au Nord-Est, le mont de Guadagnolo, au-dessus de Palestrina (Praeneste), dont la citadelle fut bâtie sur un de ses contreforts. Derrière s'élèvent les pics abrupts que couronnent les bourgs de l'ancien pays des Eques. On peut encore citer à droite du Garigliano (Liris) le Passeggio (2062 m), et à gauche le Meta (2241 m) et le mont Cassin. Ce sont, comme les monts des Volsques, des masses calcaires souvent abruptes, parfois boisées de chênes, de châtaigniers, etc.; les collines qui s'abaissent sur les vallées du Sacco (Trerus) et du Garigliano (Liris) sont couvertes de vignes, d'oliviers, de champs de céréales. Malgré leur aspect rude et chaotique, ces montagnes n'offrent pas un obstacle très considérable aux communications; la vallée du Sacco ouvre une route naturelle entre le Latium et la Campanie; celle du Garigliano en ouvre une de la Campanie au bassin du lac Fucin, région centrale des Apennins (Abruzzes), et l'Anio mène également à celle-ci en partant du Tibre, par une vallée, il est vrai, fort étroite, de la source (vers Trevi) aux gorges de Tivoli par où il se fait jour dans la plaine. Le littoral du Latium se développe sur une longueur de 190 kilomètres environ, depuis l'embouchure du Tibre jusqu'à Sinuessa, entre celles du Garigliano et du Vulturne. Il court d'abord du Nord-Ouest au Sud-Est, jusqu'au promontoire de Circeii, puis de l'Ouest à l'Est jusqu'à l'embouchure du Garigliano. La côte du Vieux Latium forme une large lisière sablonneuse, le long des tufs de la Campagne romaine; cette bande est couverte de forêts depuis le Tibre jusqu'au promontoire d'Anzio (Antium); le littoral est très régulier, sans accident et sans port. Le promontoire d'Antium est une masse calcaire peu élevée au delà de laquelle s'ouvre une baie largement évasée jusqu'au promontoire d'Astura d'abord, puis jusqu'à celui de Circeii ou mente Circello. Entre les deux derniers, le rivage est bordé de collines sablonneuses derrière lesquelles se sont formées des lagunes qu'une seconde bande sablonneuse admirablement boisée sépare des fameux marais Pontins, lesquels s'étendaient jusqu'au pied des monts des Volsques. Cette région de 45 kilomètres de long sur 18 kilomètres de large, s'il faut en croire Pline, aurait renfermé jusqu'à 24 cités. En face du promontoire de Circeii se trouve en pleine mer l'archipel des îles Pauliennes ou de Ponza (Palrnaria, Ponatia, Sinonia, Pandataria). La côte italienne se creuse en deux baies; au fond de la première est Terracine (Tarracina ou Anxur); au fond de la seconde, que ferme le promontoire de la Gaète (Caieta), Formies et les marais de Mlinturnes, où finit le Garigliano. A partir de Terracine les montagnes bordent le rivage. Nous avons indiqué déjà tous les cours d'eau notables du Latium : le Tibre, son affluent l'Anio au Teverone, le Garigliano (Liriss) et son confluent le Sacco (Trerus). Il reste à citer quelques ruisseaux qui ont une notoriété historique on littéraire : les émissaires artificiels des lacs d'Albano et de Nemi; le premier, creusé en 397 av. J.-C., et représentant un des plus merveilleux travaux de l'Antiquité, alimente l'Albano qui se jette dans le Tibre; le second forme le rio de Nemi, qu'on identifie parfois avec le Nurnicius, assimilé plutôt au rio Tarte, entre Lavinium et Ardée. La Ferentina est identifiée à la Marrana degli Orti, affl. du Tibre, né près de Marino et de l'ancienne Bovillae; la Conca (Astura) prend sa source au Sud des monts Albains, près de Velletri (Velitrae), l'Ufente (Ufens) parcourait du Nord-Ouest au Sud-Est le centre des marais Pontins; avec ses affluents, dont les principaux sont la Ninfa (Nymphaeus) et l'Amaseno venu des monts des Volsques, il a donné naissance à ces marécages, la pente étant trop faible pour l'écoulement des eaux. Le Latium est aujourd'hui médiocrement fertile; sans avoir jamais égalé l'opulence de la Campanie, il paraît avoir pu fournir une population assez dense à l'époque où le drainage des eaux avait assaini la Campagne romaine et les marais Pontins; la ruine politique des cités latines, dévorées par Rome, fut la cause probable de l'abandon de ces travaux hydrologiques et de la dépopulation consécutive aux progrès du paludisme. Les Anciens célébraient le vin des monts Albains, les figues de Tusculum, les fruits de Tibur, les noisettes de Praeneste. Mais, dès l'Empire, la substitution des pâturages aux champs et l'insalubrité de la plaine Pontine et des environs d'Ardée sont attestées par les écrivains. Essai de Topographie historique. Dans la région du Tibre et de l'Anio, au Nord de Rome, on trouvait, en remontant le Tibre, Antemnae (au Sud du confluent de l'Anio), Fidenae, Crustumerium; un peu à l'Est de celle-ci, Nomentum, puis dans les collines dites monts Corniculani, entre le fleuve et le mont Lucretilis, Corniculurn, Medullia, Ameriola, Cameria, bourgades dont on ignore la place précise; au Sud de Nomentum, sur la route de Rome, Ficulea. Sur l'Anio, à sa sortie des montagnes, Tibur; un peu en aval, Collatia, peut-être Caenina, et enfin, sur la rive droite de la rivière, la colline du Mont Sacré. Sur les contreforts ultimes de l'Apennin, dominant la plaine, on rencontrait au Sud de Tibur Aesula et Praeneste. Les monts Albains étaient entourés de cités : sur l'Algide, Tusculum, à l'Ouest (audessus de la ville moderne de Frascati), Corbio (Rocca priora) à l'Est; sur le lac Albain, du côté oriental, Alba Longa, la cité prépondérante du Latium; au Sud, Aricie; en dehors du massif et sur ses pentes étaient Lanuvium au Sud et Velitrae (Velletri) au Sud-Est; citons enfin Bovillae, au pied des monts Albains, à l'Ouest, sur la route de Rome (voie Appienne), et à l'Est de celle-ci, au Nord du grand lac, Castrimaenium. Enfin il importe de mentionner le temple de Jupiter Latiaris au sommet du mont Albain, centre de la confédération latine où se célébraient annuellement les Feriae Latinae, et le sanctuaire de Ferentina, à l'Est de Bovillae, où se réunissaient les assemblées fédérales. Sur le bord du massif des monts des Volsques étaient Cora, Norba, Setia, au-dessus de la plaine des marais Pontins; au Nord de celle-ci, Ulubrae, et, en un site inconnu, Suessa Pometia dont le nom est resté au pays. Les localités échelonnées le long de la voie Appienne (Forum Appii, Tres Tabernae, Tripontium), dans ces parages, ne correspondent pas à d'anciennes cités latines. Dans la zone limitrophe entre la Campagne et le Marais, entre les monts Albains et Antium furent les cités de Corioli, Longula, Pollusca, dont on ne sait que le nom, et Satricum qu'on propose de placer sur l'Astura. Dans la partie de la Campagne comprise entre la zone forestière (Laurens tractus) et la voie Appienne et qu'on dénommait Campus Solonius, s'élevaient probablement Tellenae, Politorium et Apiolae; sur la route d'Ostie à Rome, près du Tibre, était Ficana. Dans le Nord de la Campagne romaine, entre les monts Albains et l'Anio, à mi-route de Rome et de Praeneste, on trouvait Gabies; plus près de l'Apennin, entre Gabies et Praeneste, Scaptia, Pedum et probablement Querquetulum; entre Gabies et Tusculum, une petite colline portait Labicum (La Colonna). Au Sud de Praeneste, dans la plaine qui forme carrefour entre les bassins de l'Anio, du Trerus et de l'Ufens, entre l'Apennin, les monts Albains et des Volsques, on place Bola, Ortona, Toleriurn, Vitellia, dont le site exact est inconnu; sur le versant septentrional des monts des Volsques étaient Signia et Ecetra, mais cette dernière ne fut jamais latine. La nomenclature que nous venons de donner n'épuise pas, à beaucoup près, la liste des cités latines. Sans entrer dans les débats très épineux qu'elles soulèvent, nous reproduisons ici les listes données par Denys et par Pline. Le premier énumère les trente cités de la ligue ou confédération latine lors du traité de 493 avec Rome : Ardea, Aricia, Bovillae, Bubentum, Corniculum, Carventum, Circeii, Corioli, Corbio, Cora, Fortinei (?), Gabii, Laurentum, Lavinium, Lanuvium, Labicum, Nomentum, Norba, Praeneste, Tellenae, Tibur, Tusculum, Toleria, Tricrinum (?), Velitrae. L'emplacement de Bubentum est totalement ignoré; Carventum était limitrophe des Eques. Pline cite parmi les villes qui étaient complètement disparues de son temps Satricum, Pometia, Scaptia, Politorium, Tellenae, Caenina, Ficana, Crustumerium, Ameriola, Medullia, Corniculum, Antemnae, Cameria, Collatia, mais aussi : Saturnia qu'on suppose avoir occupé l'emplacement de Rome; Antipolis qui aurait été bâtie sur le Janicule; Salmo qu'on identifie avec Sermoneta (entre Norba et Setia) ; Norbe (?) (apparemment Norba), Anitinum (?). Pline donne ensuite une liste des peuples ou communautés qui offraient des sacrifiés sur le mont Albain : Albani, Aesulani, Accienses, Abolani, Bubetani, Bolani, Cusuetani, Coriolani, Fidenates, Foretii, Hortenses, Latinienses, Longulani, Manates, Macrales, Mutucumenses, Munienses, Numinienses, Olliculani, Octulani, Pedani, Polluscini, Querquetulani, Sicani, Sisolenses, Tolerienses, Tutienses, Vimitellarii, Velienses, Venetulani, Vitellenses. On trouve dans cette liste les noms de onze cités latines, de la Bubentum de Denys; on peut identifier les Hortenses avec les gens d'Ortona et les Munienses avec ceux de Castrimoenium, les Velienses seraient les habitants de Velia, l'une des bourgades qui constituèrent la Rome primitive du Septimontium (V. Rome). Des autres, on ne sait rien, mais il est fort possible qu'une partie des communautés qui sont énumérées dans cette liste, assurément fort ancienne, ne fussent pas des villes ou cités. Niebuhr conjecturait, non sans motif, qu'il s'agit là d'une liste des villes dépendant d'Albe. Les voies romaines. |
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