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L'Averne,
Averno ou Tripergola, était une localité célèbre
dans l'Italie ancienne, en Campanie, à
16 kilomètres à l'Ouest de Naples,
au fond du golfe de Baia, et située
plus précisément entre Pouzzoles et Cumes,
non loin du cap Misène. C'était au temps de Virgile,
qui la décrit dans l'Enéide,
une excavation sauvage, dont le fond était occupé par un
lac aux eaux noirâtres, et dont les bords étaient garnis d'un
bois de cyprès qui s'étendait à l'Ouest jusqu'au voisinage
de la mer.
L'ensemble présentait un aspect
mystérieux et terrible; les actions volcaniques qui ont tant de
fois bouleversé cette région, les émanations sulfureuses
qui s'élevaient des roches amoncelées, les sources d'eaux
thermales jaillissant, çà et là, en avaient fait,
pour les imaginations, l'entrée de la région des morts.
C'était là, dans de profondes
cavernes, que l'on plaçait l'habitation des Cimmériens homériques,
la scène de l'évocation des ombres par Ulysse,
la demeure où la Sibylle de Cumes rendait
ses oracles, et la porte par où Enée
descendit aux Enfers.
Des mythes y transportaient la source des
fleuves infernaux et même de tous les fleuves de l'Italie;
d'autres, les forges de Vulcain et les autres
des Cyclopes, plus communément placés
en Sicile.
Sous Auguste,
Agrippa, pour les travaux du port Julien, bouleversa
l'aspect de ces lieux, il défricha les bois et creusa un tunnel
conduisant à la mer : un tremblement de terre en 1808 y causa de
nouvelles révolutions; une partie du tunnel, aujourd'hui à
peu près obstrué, porte encore le nom d'antre de le Sibylle.
Les marais insalubres qui l'environnaient ont été depuis
convertis en vignobles. Le lac d'Averne, assaini au XIXe
siècle et uni à la mer par un canal, forma alors un port
de guerre (1860).
Le nom d'Averne signifie, suivant Virgile
et d'autres auteurs anciens : qui est contraire aux oiseaux (ornis),
sous prétexte que les oiseaux volant au-dessus du lac étaient
asphyxiés par les exhalaisons méphitiques; il n'y a plus
rien de tel de nos jours ( Achéron,
Acherusia). (J.-A. Hild). |
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