| La Vallée d'Aspe, Aspa, est une vallée des Pyrénées Atlantiques, commence au col de Somport, frontière d'Espagne. Sa limite septentrionale est à Lurbé, au confluent du Gave d'Aspe et du Lourdios : elle est bornée, à l'Ouest, par le pic d'Anie (2504 m), les forêts de Barlagne et d'Isseaux, et la vallée de Barétous; à l'Est., une chaîne assez irrégulière, dont le point culminant est le pic de Sesques (2 605 m), la sépare de la vallée d'Ossau, du col des Moines au col de Marieblanque. Elle est arrosée par le Gave d'Aspe qui, par sa réunion à Oloron avec le Gave d'Ossau, forme le Gave d'Oloron, et elle mesure dans sa plus grande longueur 40 kilomètres et dans sa plus grande largeur 18 km environ. Dans tous les temps, la vallée d'Aspe a été une des grandes voies de communication entre la France et l'Espagne. A l'époque romaine elle était traversée par la grande voie qui de Caesarea Augusta (Sarragosse) conduisait à Beneharnum, par Summum Pyreneum (Somport) , Forum Ligneum, Aspa Luca et Iluro, d'après l'Itinéraire d'Antonin. Il reste encore deux vestiges de cette voie; au Pont-d'Escot (15 km d'Oloron), on voit une inscription rappelant que le duumvir L. Valerius Vernus a fait restaurer deux fois cette route, et au Somport on a trouvé une borne milliaire romaine qui porte l'inscription ILYRO, MP. C'est par la vallée d'Aspe, paraît-il, qu'Abd er-Rahman aurait fait passer la plus grande partie de son armée lors de l'invasion des Arabes au VIIIe siècle. La vallée d'Aspe se faisait gloire d'avoir été longtemps une république (Républiques pyrénéennes)et de s'être donnée volontairement au vicomte de Béarn; au XIe siècle elle était sous la suzeraineté du Béarn, puisque Centulle IV voulut que cent Aspois jurassent la sauveté d'Oloron (1080); au XIIe siècle elle avait perdu son autonomie, car le vicomte y avait un beguer ou viguier. Comme les autres vallées du Béarn, elle était régie par un for, le for d'Aspe, octroyé par le vicomte Gaston IV, au XIIe siècle, mais dont on ne possède que le renouvellement par Gaston VIII, en 1247 et 1250 : il accordait aux Aspois les libertés communales qu'ils avaient conservées depuis leur réunion au Béarn. Cependant au XIIIe siècle le comte nommait les jurats des diverses communautés de la vallée. Le seigneur ne pouvait entrer dans le pays d'Aspe sans donner et recevoir des otages; il ne pouvait faire arrêter les Aspois qui, après lui avoir fait du tort, réussissaient à gagner la Pène d'Escot, limite de la vallée. La féodalité y fut presque inconnue; on ne trouve que deux ou trois seigneuries, la baronnie de Lescun, troisième grande baronnie de Béarn et les seigneuries d'Escot et de Laxé; en outre quelques abbayes laïques et des seigneuries de paroisse. Mais ces seigneurs n'ont eu aucune influence dans l'histoire et l'administration de la vallée. Le pouvoir résidait, en réalité, dans l'Assemblée générale des jurats ou tillaber, qui se tenait au capdeuilh ou chef-lieu, d'abord à l'église de Saint Jean de Laché, puis, à partir du XIVe siècle, à Accous En 1398, le vicomte de Béarn, Archambaud de Grailly, comte de Foix, accorde à la vallée d'Aspe de nouveaux privilèges; les anciens titres avaient en effet disparus dans l'incendie de l'église de Saint-Jean de Laché. Il accorde aux Aspois le droit d'élire leurs jurats, non pas en assemblée particulière de chaque communauté, mais dans l'Assemblée générale de la Vallée. Celle-ci était divisée en deux vics et comprenait onze communautés; dans le vic d'en haut, Borce, capdeuilh, Cette-Eygun, Etsaut, Urdos et Lescun; dans le vic d'en bas, Accous, chef-lieu de la vallée, Bedous, Osse, Lées-Adius, Aydius et Escot. En 1398 elle dépendait du bailliage d'Oloron, mais le bayle d'Oloron était tenu d'avoir un lieutenant dans chaque vie. La vallée d'Aspe était représentée aux Etats de Béarn par deux députés, un pour chaque vic, nommés en assemblée générale, et ayant voix délibérative conjointement avec les députés d'Ossau et de Barétous Le vic judiciaire d'Aspe au XIIIe siècle, le bailliage d'Aspe au XVe, l'archidiaconé d'Accous eurent tous la circonscription indiquée par la nature, celle du canton d'Accous. Aux onze communautés, il faut joindre le village de Sarrance, célèbre lieu de pèlerinage, qui, daprès Marca, fut visité par Louis XI. Pendant les troubles religieux du XVIe siècle, le pays eut à souffrir de l'invasion de Montgommery, car, après le siège de Navarrenx, Bonasse, lieutenant de Terride avait soulevé la vallée (1569). Lors de la révocation de l'édit de Nantes, il y avait une seule église protestante, celle d'Osse, qui s'est maintenue, malgré les persécutions, pendant tout le XVIIIe siècle. La vallée d'Aspe conserva jusqu'à la Révolution une grande indépendance; on voit des communes traiter avec les villages espagnols pour des délimitations de frontières et des questions de pâturages; les Aspois étaient dispensés d'un grand nombre de charges et d'impôts, notamment des droits de lods et ventes ou capsoos, droits de banalité, d'arpentement, d'amortissement et d'usage, logement de troupes, etc.; mais les milices de la vallée étaient chargées de la défense des frontières. Le 18 fructidor an II de la République (1794), un corps d'environ 7000 Espagnols, commandés par le prince de Castelfranco, fut complètement battu à Lescun, par les compagnies franches, réunies dans la vallée, sous le commandement du capitaine Lacléde. Pendant la Révolution, la vallée d'Aspe fit partie du district d'Oloron; puis elle forma le canton d'Accous de l'arrondissement d'Oloron. (Léon Cadier). | |