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Histoire de l'Europe > La France > Géographie historique de la France |
Armorique, Armorica ou Aremorica (celtique : ar, air = sur; muir, môr = mer; ic = habitant; qui habite sur la mer, sur le rivage), est le nom ancien de la côte Nord-Ouest de la Gaule, depuis l'embouchure de la Ligeris (Loire), jusqu'à celle de la Sequana (Seine); ce nom paraît même avoir été quelquefois étendu à toute la partie occidentale des côtes de la Gaule, le long de l'Océan Atlantique. C'était un pays habité par plusieurs populations celtiques : Curiosolites (territoire de Dinan); Rhedones (confluent de l'llle et de la Vilaine); Diablintes (pays d'Aleth et de Dol); Lexobiens (Saint-Brieuc); Venètes (Morbihan); Osismiens (Finistère). L'Armorique opposa une énergique résistance à l'invasion romaine : après avoir fourni 36,000 hommes à Vercingétorix, elle arrêta Crassus et il fallut le génie de César pour la soumettre (56 av. J.-C.). Plus tard, elle fit partie de la troisième Lyonnaise. Mais au commencement du Ve siècle, cette province, toujours insoumise, secoua presque entièrement la domination étrangère et ne fut plus que l'alliée de Rome. La conquête de l'Armorique par César. Les divers peuples que nous avons nommés formèrent une ligue puissante et résolurent, d'un commun accord, de repousser la domination romaine, et de ressaisir l'indépendance que leur avaient léguée leurs aïeux. A peine l'adhésion de toute la région maritime eut-elle été obtenue, que les Vénètes et les Eusébiens envoyèrent des députés à Crassus pour lui proposer l'échange des otages. Crassus se hâta d'informer César de ce qui se passait. Le général romain fit construire des vaisseaux sur la Loire et la côte du Poitou, et ordonna de réunir des pilotes et des matelots, qui devaient être prêts au temps où lui-même aurait rassemblé ses forces de terre. Les Vénètes pensaient bien que César leur ferait un grand crime d'avoir jeté dans les fers les députés romains. Le péril leur apparut dans toute son étendue, mais ils se décidèrent à le braver. ils préparèrent donc tout ce qui était nécessaire à l'armement de leurs navires. Ils savaient que les maîtres du monde n'avaient que des connaissances imparfaites de leur pays et. de la situation de leurs ports, que leurs voies de communication étaient dures et difficiles, et que les troupes de l'ennemi ne pouvaient, faute de vivres, séjourner longtemps sur leur territoire. Ils possédaient de meilleurs vaisseaux que les Romains; ceux-ci n'avaient jamais pratiqué. les plages, les îles, les retraites où les Bretons voulaient les. attirer et les combattre; la navigation de l'océan Atlantique ne ressemblait nullement à celle des fleuves ou de la mer Méditerranée. Ils s'armèrent donc de courage, approvisionnèrent leurs forts maritimes, réunirent leur flotte à Vannes, dans le golfe du Morbihan, point vers lequel ils jugeaient que César dirigerait son attaque; s'adjoignirent les Léonais, les Trécorenses, les Nantais, les Diablinthes, et envoyèrent en outre des députés dans la Grande-Bretagne pour solliciter des secours. César, après avoir pesé toutes les difficultés de l'opération qu'il allait entreprendre, jugea que, dans l'état des choses, il serait imprudent de pardonner l'injure faite à Rome en la personne de ses chevaliers, la rébellion après la foi jurée, et par-dessus. tout la conjuration de tant de cités. Il songea; donc à frapper des coups prompts et décisifs; et après avoir organisé son armée de terre sous des chefs vaillants et expérimentés, il donna le commandement de la flotte romaine à D. Brutus , en le chargeant d'aller combattre les Vénètes; lui-même, suivi de ses légions d'élite, s'avança par terre contre ce peuple redoutable. Les Diablinthes coururent au secours des Venètes. Viridonix défendait les frontières des Unelles, et commandait les troupes confédérées, que de nouveaux renforts accroissaient chaque jour. La cause des Vénètes et des Eusébiens était devenue celle de tous les coeurs généreux. Les chefs des Aulerciens, ayant émis le voeu de recourir à la clémence de César, avaient provoqué l'indignation des habitants de Ploërmel, au point que, dans leur fureur, ceux-ci avaient massacré plusieurs sénateurs et fermé les portes de la ville, et s'étaient joints en masse aux cohortes de Viridonix. Ce qui donnait surtout cette énergie au désespoir des Armoricains, c'est que les Romains traînaient à leur arrière-garde une foule de brigands, de lâches sans nom, ramassés de tous les coins des Gaules, et dont l'unique mission était le pillage, le meurtre et l'incendie. Arrivé non loin du territoire des Dinanais, Sabinus, un des capitaines de César, choisit une assiette favorable, construisit un camp, s'y fortifia et se renferma dans ses tentes, comme s'il eût craint son ennemi. Viridonix s'épuisa en vains stratagèmes pour l'attirer au combat. Les Armoricains insultaient chaque jour les clôtures des Romains, qui les laissèrent faire, et dont la patience devint bientôt un sujet de raillerie. Sabinus fit répandre adroitement le bruit qu'il était frappé de crainte; cette rumeur fut propagée par un transfuge gaulois qui parla aux Armoricains de la frayeur des Romains, leur apprit que César était vivement pressé par les Vénètes, et que la nuit suivante Sabinus devait évacuer son camp pour courir prêter main-forte à César. A cette nouvelle, Viridonix et les chefs ses collègues formèrent le projet de combler les fossés du camp des Romains, et de profiter du désordre de leur départ pour les attaquer. Les Dinanais passèrent la journée à confectionner des fascines, et, chargés de ces fardeaux, ils arrivèrent, à minuit, jusqu'aux clôtures, où Sabinus et ses soldats les attendaient de pied ferme. Pris en face et de flanc, les Armoricains s'embarrassèrent dans les fascines, et refusant d'écouter leurs chefs, qui voulaient sauver le plus possible d'entre eux, en ordonnant la retraite, ils se firent tous massacrer par les Romains. Pendant ce temps César marchait contre les Vénètes, et son armée s'avançait à la fois par mer et par terre. Les forts des Vénètes s'élevaient sur des roches entourées par la mer quand elle était haute, c'est-à-dire deux fois par jour. Les navires qui eussent porté des soldats au pied des murs seraient infailliblement devenus la proie de l'ennemi à la marée basse. Les ingénieurs romains parvinrent à élever, des digues et des chaussées pour donner l'assaut; mais lorsque les Vénètes se voyaient trop serrés sur un point, leurs vaisseaux les transportaient vers un autre rocher, où ils se défendaient de nouveau. César essuya des pertes assez considérables avant de pouvoir reprendre le dessus. Finalement, les forts se rendirent l'un après l'autre à César, qui se vengea en barbare; il ordonna de sang-froid le massacre du sénat des Vénètes, et fit vendre à l'encan toutes les familles de la contrée. Après cette bataille navale, livrée dans le golfe du Morbihan, ou à l'embouchure de la Loire, les Vénètes, vaincus, durent reconnaître l'hégémonie de Rome. De l'Armorique à la Bretagne. Ces émigrés comptaient dans leurs rangs des évêques et des moines, qui fondèrent des évêchés, des monastères, et propagèrent la religion chrétienne, que prêchait déjà saint Clair, dès le IIIe siècle, dans ce pays où le paganisme restait puissant. L'Irlande, la « terre des saints », y envoya de nombreux émigrants. Les vies des saints bretons contiennent dans leurs récits légendaires à peu près tout ce que nous savons de l'histoire de Bretagne jusqu'au Xe siècle. Moines et colons défrichèrent l'Armorique, encore couverte de forêts. Les Armorica civitates ont été énumérées par César (B. G. VII, 75). (GE). |
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