| Le comté (puis duché) d'Angoulême occupait un territoire à peu près équivalent à l'Angoumois. Rien n'est plus incertain et plus obscur que les commencements du comté d'Angoulême. C'est au cours du IXe siècle que les documents font connaitre quelques noms de comtes et l'on ne sait tout d'abord s'il s'agit de seigneurs héréditaires ou d'envoyés royaux : c'est en 839, Turpion, frère de Bernard et d'Emenon, comtes de Poitiers et fils d'Adelelme, qu'on croit frère de saint Guillaume de Gellone, qui aurait reçu le comté de l'empereur Louis le Pieux, puis, Emenon, frère du précédent, mentionné comme comte en 863; Wulgrin, établi par Charles le Chauve (866), auquel succède, en 886, son fils Alduin Ier. Son fils, Guillaume Ier, qui lui succéda en 916, aurait reçu, en bataillant contre les Vikings, le surnom de Taillefer qu'il transmit à toute sa descendance. Comme il était mort sans postérité légitime (v. 962), le comté fut pris par le comte de Périgord Arnaud Bouration; mais en 975 l'aîné des fils de Guillaume Ier, Arnaud Manzer ou le bâtard, le reconquit sur Arnaud Bouration. Depuis lors, la dynastie des Taillefer occupa sans interruption le comté d'Angoulême jusqu'à la fin du XIIe siècle; Guillaume II, v. 1001; Alduin Il ou Hilduin, en 1028; Geoffroi Taillefer, frère du précédent, en 1032; Foulques Taillefer, fils de Geoffroi, en 1018; Guillaume III Taillefer, v. 1089; Wulgrin II Taillefer, en 1120; Guillaume IV Taillefer, en 1140. A la fin de son règne, en 1176, son suzerain, le duc d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, s'empara du comté. Néanmoins, Wulgrin III succéda sans difficulté à Guillaume IV, en 1178; mais, dès 1179, le duc Richard lui enlevait de nouveau le comté. A la mort de Vulgrin Ill, en 1181, la succession fut disputée entre sa fille Mathilde et son frère Aimar. Aimar eut d'abord l'avantage, mais, en 1194, il se vit enlever le comté par le roi d'Angleterre, Richard Coeur de Lion, qui le garda jusqu'au traité conclu avec Philippe-Auguste, en janvier 1196. Après la mort de Richard Coeur de Lion, le roi d'Angleterre enleva et épousa la fille d'Aimar, Isabelle, fiancée au comte de la Marche, Hugues IX, et soutint naturellement les droits au comté de son beau-père, tandis que Mathilde, fille de Wulgrin III, épousait le même Hugues IX. Celui-ci se réconcilia, en 1214, avec le roi d'Angleterre et le comté d'Angoulême constitua le douaire de la reine Isabelle qui, après la mort de Jean sans Terre, épousa, en 1220, le fils d'Hugues IX, Hugues X, et fit ainsi passer la comté d'Angoulême dans la maison des sires de Lusignan, comtes de la Marche. Toutefois, Isabelle continua à porter seule le titre de comtesse d'Angoulême, qu'elle transmit après sa mort (1246) à son fils, Hugues XI de Lusignan, qui périt en 1249 dans la croisade d'Egypte. Sa veuve Yolande gouverna ses domaines pendant la minorité de Hugues XII, qui mourut en 1270 à la seconde croisade de saint Louis. A sa mort, le sénéchal de Périgord prit, au nom du roi de France, possession du comté, mais cet acte fut annulé à la requête de la tutrice de Hugues XIII qui mourut sans enfant le 1er novembre 1302. Philippe le Bel s'empressa de mettre la main sur les comtés d'Angoulême et de la Marche, puis traita avec les divers ayants droit, pour les réunir à la couronne. Il en détacha le comté d'Angoulême, en 1313, en faveur de son second fils, Philippe, qui, parvenu au trône, réunit la sénéchaussée d'Angoulême à celle de Saintonge. En 1317, le comté fut de nouveau détaché pour constituer le douaire de la fille du roi Louis X, Jeanne, qui épousa, en 1318, Philippe d'Evreux et qui le garda jusqu'à sa mort (1349). En 1352, nouvelle séparation en faveur du connétable Charles d'Espagne, jusqu'à sa mort, survenue en 1354. Le traité de Brétigny (1360) céda le comté d'Angoulême à l'Angleterre, à laquelle il demeura jusqu'en 1373. En 1394, il fut de nouveau détaché de la couronne pour être donné en accroissement d'apanage à Louis d'Orléans; il passa, à sa mort, en 1407, à son troisième fils, Jean d'Orléans, auquel succéda, en 1467, son fils Charles d'Orléans, père de François Ier, qui lui succéda dans le comté, en 1496, sous la tutelle de sa mère, Louise de Savoie, et qui devint roi de France en 1515. A son avènement, il érigea le comté d'Angoulême eu duché, en faveur de Louise de Savoie, à la mort de laquelle (1531) il fit retour à la couronne. A diverses reprises encore, le duché d'Angoulême fut l'objet de concessions royales; en 1582, Diane, fille légitime de Henri Il, reçut le duché d'Angoulême et mourut en 1619, sans postérité; Louis XIII concéda aussitôt le duché à Charles de Valois, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, à la mort duquel (1650), il passa à son fils Louis Emmanuel, mort en 1653; sa fille, Marie Françoise, mariée an duc de Joyeuse, le recueillit alors. A sa mort, en 1696, le duché fut compris dans l'apanage de Charles de France duc de Berry, mort en 1714; il fut alors définitivement reçut a la couronne. Le titre de duc d'Angoulême fut encore donné au fils du comte d'Artois, plus tard Charles X, Louis-Antoine de Bourbon. (GE). | |