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La Transnistrie
La Transnistrie (officiellement la République moldave pridnestrovienne, bien que non reconnue internationalement) est une région séparatiste située à l'est de la Moldavie. C'est une étroite bande de territoire, enclavée entre la Moldavie et l'Ukraine. Ce territoire s'étend sur environ 400 km le long de la rive est de la rivière Dniestr (ou Nistru), qui constitue une frontière naturelle entre la Transnistrie et le reste de la Moldavie, et couvre une superficie de 4163 km². Environ 500 000 personnes vivent en Transnistrie, un mélange de Russes, d'Ukrainiens et de Moldaves. Le russe est la langue principale, bien que le roumain et l'ukrainien soient également parlés. La capitale et plus grande ville de la région est Tiraspol. Autres villes importantes : Bendery (ou Tighina), Rybnitsa, Dubăsari, et Grigoriopol. Malgré son isolement politique, la Transnistrie est bien reliée par un réseau routier et ferroviaire qui la connecte à l'Ukraine et à la Moldavie, notamment via des ponts sur le Dniestr. 

La Transnistrie est caractérisée par des terres majoritairement plates, avec quelques collines et vallées, notamment à proximité des rivières. L'altitude moyenne est d'environ 100 à 200 mètres au-dessus du niveau de la mer. Grâce à ses plaines fertiles, la Transnistrie dispose de terres agricoles productives, avec des cultures comme le maïs, le blé, et les tournesols. 

La région bénéficie d'un climat tempéré avec des étés chauds et des hivers froids. Les températures en été peuvent atteindre 30 °C, tandis qu'en hiver, elles descendent parfois en dessous de 0 °C. Les précipitations sont modérées, avec environ 400 à 600 mm de pluie par an, principalement au printemps et à l'automne.

Le long du Dniestr, il existe des écosystèmes riches en biodiversité (forêts, zones humides et prairies). Cependant, certaines parties de la région sont touchées par la pollution industrielle. En raison du statut de la région, la mise en place de réglementations environnementales est problématique, ce qui entraîne des défis en matière de gestion de la pollution et de conservation des ressources naturelles.

Histoire de la Transnistrie.
Avant la dissolution de l'URSS, la Transnistrie faisait partie de la République socialiste soviétique de Moldavie, qui était elle-même l'une des républiques de l'Union soviétique. En 1990, alors que la Moldavie s'éloigne progressivement de l'Union soviétique et cherche à affirmer son identité nationale, des tensions apparaissent avec la région de Transnistrie, où la population est majoritairement russophone et craint une unification de la Moldavie avec la Roumanie. En septembre 1990, les autorités locales de Transnistrie proclament la création de la République moldave pridnestrovienne (RMP), une république séparatiste en réponse à ce qu'elles perçoivent comme une politique pro-roumaine de la part du gouvernement moldave. Cette déclaration est initialement ignorée par la Moldavie, mais elle marque le début de la sécession transnistrienne.

À la suite de la dissolution de l'Union soviétique en décembre 1991, la Moldavie devient un État indépendant. La Transnistrie refuse de reconnaître la souveraineté de la Moldavie et renforce ses aspirations séparatistes. Les tensions atteignent leur apogée en 1992, lorsque des combats éclatent entre les forces moldaves et les milices transnistriennes. La ville de Bendery (Tighina), une zone stratégique à l'ouest du Dniestr, devient un point clé des affrontements.Les milices transnistriennes sont soutenues par des éléments de la 14e armée russe stationnée dans la région depuis l'époque soviétique. Les combats font des centaines de morts des deux côtés, et des milliers de personnes sont déplacées. En juillet 1992, un cessez-le-feu est négocié sous l'égide de la Russie. Un accord est signé entre la Moldavie et la Transnistrie, instaurant une zone démilitarisée le long de la rivière Dniestr, surveillée par des forces de maintien de la paix composées de troupes russes, moldaves et transnistriennes.

Après le cessez-le-feu, la Transnistrie continue de fonctionner comme un État de facto indépendant de la Moldavie (et inféodé à Moscou), avec ses propres institutions (présidence, parlement, armée, police, système juridique, etc.), mais sans reconnaissance internationale. La Russie maintient une présence militaire dans la région, assurant la sécurité du régime transnistrien en même temps que son contrôle sur la zone. La Moldavie considère toujours la Transnistrie comme faisant partie de son territoire, mais n'a plus de pouvoir effectif sur la région. La Transnistrie développe son économie autour de quelques industries, comme la métallurgie et la production d'électricité. Le régime transnistrien, dirigé par des élites pro-russes prend une forme mafieuse, et est régulièrement accusé de corruption et de trafic illicite, notamment d'armes et de biens.

De 1991 à 2011, Igor Smirnov est le président de Transnistrie. Sous son régime autoritaire, la Transnistrie devient un État isolationniste, avec une forte dépendance économique et politique vis-à-vis de la Russie. Durant cette période, plusieurs tentatives de négociation entre la Moldavie et la Transnistrie échouent. Des initiatives sous l'égide de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sont mises en place, mais aucune solution durable n'est trouvée pour le statut de la région. La Russie reste un acteur clé, fournissant une aide économique et énergétique à la Transnistrie tout en maintenant des troupes sur place. Moscou utilise la Transnistrie comme un levier géopolitique pour maintenir son influence dans la région, notamment face aux aspirations européennes de la Moldavie. Surtout après qu'en 2014, la Moldavie ait signé un accord d'association avec l'Union européenne, marquant son orientation pro-occidentale.

La guerre en Ukraine, qui commence en 2014 avec l'annexion de la Crimée par la Russie et les combats dans l'est de l'Ukraine, a un impact direct sur la Transnistrie. L'Ukraine, autrefois un corridor important pour la Transnistrie, devient plus méfiante vis-à-vis de la région, en particulier en raison de la présence militaire russe. Cela entraîne un isolement économique accru de la Transnistrie.

Après des décennies de pouvoir de Smirnov, Vadim Krasnoselski devient président en 2016. Bien que cela ne change pas fondamentalement la situation géopolitique de la Transnistrie, Krasnoselski poursuit une politique de rapprochement avec Moscou et se concentre sur le développement économique.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 ravive les préoccupations concernant la Transnistrie. Certains observateurs craignent que la Russie utilise la Transnistrie comme un point de pression contre la Moldavie ou l'Ukraine. Bien que la Transnistrie n'ait pas directement participé à la guerre en Ukraine, des incidents isolés, comme des explosions dans des infrastructures militaires en 2022, ont soulevé des craintes d'une implication plus large du conflit. La Moldavie, qui a obtenu le statut de candidat à l'adhésion à l'UE en 2022, est dans une position délicate, cherchant à renforcer ses liens avec l'Occident  tout en évitant l'escalade avec la Transnistrie, qui de son côté, téléguidée par le Kremlin, a demandé son rattachement à la Russie. 

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