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Histoire du Morbihan
Jusqu'en 1900
[Géographie du Morbihan]
Rares sont les département français qui possèdent, comme le Morbihan, autant de vestiges d'époques aussi anciennes, de peuples oubliés qui n'ont laissé, pour tout souvenir, que des pierres étranges, malheureusement sans noms et sans inscriptions. Sur la plage solitaire de Carnac, près d'Auray, cinq ou six cents de ces énormes pierres, plantées en terre par un prodige de travail, sont rangées sur plusieurs files qui se déroulent sur une longueur de plus d'un ou deux kilomètres. Débris des Alignements de Carnac qui comptèrent jusqu'à quatre mille pierres, ces monuments font toujours notre étonnement.
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Les mégalithes du Morbihan

Partout dans le Morbihan se retrouvent des mégalithes (mégas = grand, lithos = pierre)  Ces menhirs (pierres debout), ces dolmens (pierres horizontales supportées par des pierres verticales) ont été autrefois considérés comme des monuments ou des autels druidiques. Mais cette opinion est depuis longtemps abandonnée. Sous ces dolmens, dans ces allées couvertes, on retrouve des indices certains de sépultures, et nous sommes en présence des tombeaux de peuples qui regardaient ces demeures dernières comme les demeures éternelles et les bâtissaient, du moins celles des principaux chefs, pour l'éternité.
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La Gacilly : menhir.
Menhir de la Gacilly, dans le Morbihan.

Les monuments mégalithiques contribuent à donner au Morbihan son aspect caractéristique. Ce département est celui de Bretagne et de France qui en renferme le plus et de beaucoup. Ces pierres sont plus nombreuses dans les communes qui bordent l'Atlantique, à Carnac, à Locmariaquer, dans les îles du golfe du Morbihan, dans la presqu'île de Rhuis, dans les landes de Grandchamp, d'Elven, etc. , on y peut ajouter les îles voisines.

Les mégalithes appartiennent à l'étage robenhausien. En Bretagne, les hommes de l'époque chelléenne remplaçaient le silex faisant défaut par le quartzite, roche locale. On a trouvé dans les dolmens du Moustoir, à Carnac, du Rocher et de Bono, à Plougoumelen, des percuteurs en quartzite, des casse-tête en granit et en talcschiste amphibolique. Mentionnons : des anneaux en pierre, fort rares; des pendeloques rares aussi, en une espèce de turquoise verte; des haches polies, dites en jadéite (réellement pyroxénite). On signale, dans l'étage morgien ou de bronze fondu, des haches à talons; et dans l'étage larnaudien, bronze martelé, des haches et herminettes à ailerons.

L'Antiquité

Aux temps historiques, le Morbihan fut le séjour d'une véritable puissance maritime, celle des Vénètes. L'océan Atlantique formait sur les côtes une mer fermée et semée de nombreuses îles : le golfe du Morbihan, qui a donné son nom au département. Les Vénètes (habitants de Vannes, en breton Gwened) possédaient, suivant le témoignage de César, de nombreux navires à l'aide desquels ils faisaient le commerce avec la Grande-Bretagne; ils étaient, en fait de navigation, plus instruits et plus expérimentés que les autres peuples; maîtres du petit nombre de ports qui se trouvaient placés à de grandes distances sur les côtes sans abri de cette mer orageuse, ils avaient pour tributaires la plupart de ceux qui la fréquentaient. 
« Telle était, dit César, l'assiette des places fortes situées sur des langues de terre ou des promontoires, qu'elles n'étaient accessibles ni aux gens de pied à cause du flux, ni aux navires parce qu'à la marée descendante ils couraient risque de se perdre sur des bas-fonds. »
La marine florissante des Vénètes était en relations suivies, soit avec le nord-ouest de l'Espagne, soit avec les Cassitérides. Phéniciens et Carthaginois pourraient avoir fait de la contrée un de leurs emporiums, une de leurs stations sur la route de l'étain et de l'ambre. 

César cependant parvint à triompher de la flotte des Vénètes (56 av. J.-C.). Leurs vaisseaux, en effet, étaient lourds et massifs :

« quand ils combattaient les nôtres, dit César, nous ne pouvions l'emporter que par la rapidité et la manœuvre des rames; pour tout le reste, ils étaient mieux appropries aux parages qu'ils fréquentaient et à la violence des tempêtes : ils étaient d'ailleurs d'une telle solidité que nos éperons ne pouvaient rien contre eux; la hauteur de leurs bordages les mettait à l'abri de nos traits. Quand il s'élevait une rafale, ils s'abandonnaient au vent, et supportaient mieux que nous les coups de mer. »
César usa de ruse : il fit fabriquer des faux dont il arma ses soldats. Ces faux, emmanchée au bout d'une longue perche, servirent à couper les cordages qui attachaient les vergues aux mâts, et comme les voiles et les agrès faisaient toute la force des navires gaulois, ceux-ci, en les perdant, se trouvaient complètement paralysés.

La défaite de la flotte des Vénètes entraîna la soumission des autres peuples du littoral, de l'Armorique, comme on l'appela plus tard. La domination romaine s'établit en ce pays comme dans le reste de la Gaule, mais nous ne pouvons dire si à cette époque le nom de Dariorigum, principale ville des Vénètes, doit être attribué à Vannes ou à Locmariaquer. Quoi qu'il en soit, ce point important du Morbihan fut relié par des voies romaines à Corseult, à Redon, à Rieux, à Nantes, et le commerce devint l'occupation presque exclusive des marins du Morbihan.

Le Moyen âge

Le christianisme atteignit plus tard ces rivages reculés, où, rencontrant un esprit religieux très ancien et très profond, il s'implanta avec plus de force que partout ailleurs. L'évêché de Vannes fut fondé vers 398, et déjà à cette époque le pays échappait à la domination croulante des Romains. Des princes indépendants se partageaient l'Armorique, et, vers le milieu du VIe siècle, Vannes commença à être régie par des comtes particuliers parmi lesquels des traditions plus ou moins précises nomment le cruel Commore sans trop s'accorder sur son nom. La même incertitude se retrouve pour ceux des autres chefs que ces mêmes traditions désignent dans la lutte que la Bretagne eut à soutenir pour défendre son indépendance, au temps des Francs' mérovingiens, contre Clotaire, ChiIpéric et Gontran. II paraît certain que Judicaël, l'un d'entre eux, fut reconnu roi par Dagobert Ier.

La lutte recommença sous Charlemagne,dont les armes soumirent la Bretagne; puis  sous Louis le Débonnaire et sous Charles le Chauve. A la dissolution de l'empire carolingien, la Bretagne recouvra son autonomie, et Vannes fut réunie aux autres parties de la contrée sous  l'autorité du fameux Noménoë, roi des Bretons en 845, et après lui de son fils Herispoé.

Vannes eut ensuite ses comtes particuliers, issus d'un frère de Noménoë.
 Ils se distinguèrent, aux IXe et Xe siècles, dans une époque de troubles sans fin, accompagnés des ravages des pirates vikings. Les victoires des comtes bretons à Ballon (845) et à Questembert (880) assurèrent la Bretagne contre les Vikings de la Loire; tandis que le terrible droit de bris, qui devait vivre si longtemps, fermait le pays aux pirates qui essaimaient des régions Scandinaves.

Lorsque commença la lutte des Plantagenets et des Capétiens, Vannes subit toutes
les vicissitudes du duché de Bretagne, et,  après la mort du jeune Arthur de Bretagne,  lâchement assassiné en 1203 par son oncle Jean, l'antique cité des Vénètes vit les États de Bretagne se réunir pour la première première fois dans ses murs afin de parer aux dangers du moment. Ces Etats envoyèrent une députation au roi de France pour le prier de venger la mort d'Arthur.

Vint ensuite la grande guerre de la succession de Bretagne, au milieu du XIVe siècle. Le Morbihan y prit une large part, et les noms de Ploërmel, d'Auray, de Vannes, d'Hennebont retentissent à chaque instant dans les chroniques. En dehors des grandes et funestes batailles qui se livrent en Picardie, aux champs de Crécy, et en Poitou près de la ferme de Maupertuis, le véritable théâtre de la guerre est la Bretagne, et en particulier le Morbihan. Vannes est prise et reprise par Jean de Montfort, le candidat anglais, et par Charles de Blois, le candidat francais. Ce fut sous les murs de Vannes que Robert d'Artois (1342), le premier seigneur qui, pour pour satisfaire ses rancunes, s'était mis au service de l'Angleterre, fut blessé à mort. Un des auteurs principaux de la guerre de Cent-Ans reçut là sa punition avant même  d'avoir pu jouir du désastre de Philippe de Valois. C'est à Hennebont que la comtesse Jeanne de Montfort soutint, pendant la captivité de son mari, un siège fameux, l'un des épisodes les plus connus de la guerre des deux Jeanne. L'importance de Hennebont ou Hen-Pont (le Vieux-Pont) était très grande alors comme position militaire. 

« On avait plus grande joie, en ces temps-là, dit Froissart, de la prise et saisine de Hennebon, que de tels quarante châteaux qui sont en Bretagne. » 
En 1342, Jeanne de Montfort défendait cette place contre Charles de Blois. 
« Armée de corps et montée sur un bon coursier, elle chevauchait de rue en rue par la ville. » 
Son courage se communiquait à tous, et les femmes aidaient à la défense. Quelquefois Jeanne tentait des sorties. Un jour elle ne put rentrer, et l'inquiétude fut grande dans la ville. Mais au bout de quelques jours les habitants la voient reparaître. Sans se déconcerter, elle s'était réfugiée dans un château voisin, avait rassemblé de nouvelles forces, avait retraversé les lignes ennemies et revenait victorieuse. Cependant la ville allait succomber. On parlait de se rendre. Jeanne seule résistait et promettait un secours des Anglais. 
« Attendez trois jours, disait-elle, trois jours encore! »
Des fenêtres du château, elle interrogeait sans cesse l'horizon; enfin, les trois jours écoulés, au moment où le désespoir devenait extrême dans la cité, la comtesse aperçut au loin sur la mer une forêt de voiles. C'était le secours attendu. Hennebont était sauvé.

Ce fut dans cette ville que Jean de Montfort, échappé à une longue captivité, vint mourir en 1345, mais sans inquiétude pour la cause de son fils, défendue avec tant d'intrépidité par la comtesse.

Le nom de Ploërmel (l'origine de ce nom vient, dit-on, d'un missionnaire, Armel ou Ermel, qui, au VIe siècle, y bâtit une église) rappelle, sinon une des plus grandes batailles, du moins un des faits les plus mémorables de la guerre de Cent-Ans : le Combat des Trente, livré dans la lande de Mi-Voie, entre Ploërmel et Josselin, entre des chevaliers anglais, commandés par Benborough, et des chevaliers français, commandés par le sire de Beaumanoir, qui occupait le château de Josselin; combat acharné qui se termina par la victoire des chevaliers français. Ils avaient perdu quatre des leurs et les Anglais neuf. Au reste, parmi les quarante-neuf hommes qui avaient survécu, il n'y en avait aucun dont le corps ou le visage ne fût couvert de blessures. Il
passa en proverbe de dire à propos d'une bataille vivement disputée : 

« On s'y battit comme au Combat des Trente. » 
Une colonne quadrangulaire en granit en perpétue le souvenir et porte les noms des combattants.
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Le Combat des Trente

Le Combat des Trente eut lieu le 27 mars 1352, sur le territoire de la Croix-Helléan (Morbihan, arr. de Ploërmel, cant. de Josselin), tout près de l'endroit où se trouve une pyramide de granit élevée en 1823. Pendant la guerre de la succession de Bretagne qui mit aux prises Charles de Blois, soutenu par le roi de France, et Jean de Montfort, soutenu par le roi d'Angleterre, le capitaine anglais de Ploërmel, Robert Bramborough, continuant ses ravages, malgré une trêve, Robert de Beaumanoir, capitaine de Josselin, alla le défier. Il fut convenu que, suivis chacun de trente compagnons, ils se combattraient à outrance. 

Beaumanoir choisit dix chevaliers et vingt écuyers bretons, parmi lesquels on remarque Robin Raguenel, père de la première femme de Du Guesclin, Geffroy du Bois et Guillaume de Montauban, Yvan Charruel, Maurice de Treziguidy, etc. 

Bramborough prit non seulement des Anglais, mais aussi des étrangers soldés par l'Angleterre et même des Bretons du parti de Montfort. Dans sa troupe, figuraient l'aventurier allemand Croquart, Robin de Adez et Hugh de Caverly, qui firent, plus tard, Du Guesclin prisonnier, l'un à Evran (1359), l'autre au pont de Juigné (1360), et le fameux Robert Knolles, qui fut battu par Du Guesclin à Pontvallain (1370). 

Au jour dit, les combattants se rencontrèrent, armés de courtes épées de Bordeaux, de dagues, de haches, et en vinrent aux mains avec fureur, jusqu'à ce qu'ils fussent à bout d'haleine et de forces. Dans ce premier engagement, deux Bretons avaient été tués, trois blessés grièvement, un fait prisonnier. Après un repos assez long, le combat recommença avec un nouvel acharnement. Bramborough fut tué par G. du Bois; alors Croquart prit le commandement. Comme Beaumanoir blessé se plaignait d'une soif ardente, G. du Bois lui cria : Bois ton sang, Beaurnanoir, la soif te passera. La victoire restait indécise quand G. de Montauban, se hissant sur son cheval, le lança contre les Anglais et en renversa sept. Les autres furent réduits à se rendre. 

Tous les combattants, Bretons et Anglais, étaient morts ou blessés. Les vainqueurs emmenèrent leurs prisonniers au château de Josselin, les traitèrent courtoisement et, quand ils furent guéris, les mirent en liberté, moyennant une rançon modérée. Ce fait d'armes mémorable a été chanté par un trouvère inconnu et raconté par Froissart, avec quelques variantes, d'après le récit d'Yvan Charruel.

La petite ville de Josselin, dont nous venons de parler, était la capitale du Porhoët ou du Por-tre-coët, c'est-à-dire du pays d'au delà les bois. Elle joua également un grand rôle dans toutes les guerres de Bretagne et passa à une famille célèbre entre toutes dans les annales bretonnes, celle d'Olivier de Clisson. Elle conserve encore son tombeau et celui de son épouse.

Ce fut sous les murs d'Auray, lorsque la première période de la guerre de Cent-Ans était terminée par la paix de Brétigny, que la grave question de la succession de Bretagne fut résolue, en 1364. Une bataille décisive s'y livra entre Jean IV de Montfort et Charles de Blois. Les troupes de ce dernier furent défaites, malgré la vaillance de Du Guesclin. Charles de Blois périt. Du Guesclin, blessé et couvert de sang, se vit obligé de se rendre. Clisson, qui combattait pour Montfort, y perdit un œil, et contribua autant que Chandos à la victoire. Auray ne cessa d'être, à toutes les époques, vivement disputée par les partis contraires. Clisson, passé au service de la France, commandant l'armée de Charles V, y entra en 1377; elle eut encore à soutenir des attaques de la part du duc Jean IV en 1380, des troupes de Charles VIII en 1487.

A Vannes, un château fameux joue aussi un rôle important dans l'histoire de la Bretagne, le château de l'Hermine. Le duc Jean IV, qui avait fait construire ce château, y attira son ennemi Olivier de Clisson, pour le lui faire visiter et l'y enferma. Cette trahison indigna toute la Bretagne et la cour de France, où régnait alors Charles VI (1387). Jean IV se vit contraint de relâcher son prisonnier, non sans lui avoir fait payer une énorme rançon.

Sous Charles VII, la contrée de Vannes s'enorgueillit d'Arthur de Richemont (né au château de Sucinio, dans la presqu'île de Rhuis), le soutien de Jeanne d'Arc à Patay, le véritable vainqueur de Formigny, et le principal, sinon le seul organisateur des fameuses compagnies d'ordonnances, la première armée permanente de France.

Arthur de Richemont mourut duc de Bretagne en 1458. C'est à Vannes que devrait se dresser la statue de ce dernier des  trois grands connétables bretons.

Les Temps modernes

Après le Moyen âge, après la duchesse Anne, épouse de Charles VIII et de Louis XII, après le mariage de sa fille Claude avec François Ier, la Bretagne se rattache à la France, et c'est à Vannes, en 1532, sous François Ier, que les États demandèrent et sanctionnèrent la réunion définitive de la province à la Couronne de France. Les États de Bretagne se réunirent encore plusieurs fois à Vannes, au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Ce fut à Vannes aussi que mourut, en 1419, un prédicateur honoré par les habitants comme un apôtre et vénéré ensuite comme le patron de la ville, saint Vincent Ferrier.

Les guerres de la Ligue eurent leur contre-coup dans le pays du Morbihan, mais sans amener de faits saillants, et sous le règne de Louis XIV le département s'enrichit d'une nouvelle qui dut sa fortune au développement du commerce maritime. 

« Nous avons fait depuis trois jours, écrivait madame de Sevigné, le 15 août 1689, à madame de Grignan, le plus joli voyage du monde au Port-Louis, qui est une tres-belle place, située comme vous le savez; toujours cette belle pleine mer devant les yeux. Le lendemain nous allâmes en un lieu qu'on appelle Lorient, à une lieue dans la mer; c'est là qu'on reçoit les marchands et les marchandises qui viennent d'Orient. » 
Le XVIIIe siècle.
Lorient commença en effet par être le port de la Compagnie des Indes, instituée par Colbert en 1664. Cette Compagnie, en 1719, à l'époque du fameux système de Law, se fondit avec la Compagnie d'Occident et développa encore ses opérations. Elle acquit d'immenses terrains sur les rivages du Scorff et du Blavet, établit des magasins, des chantiers de construction, et bientôt s'élevèrent comme par enchantement de superbes quais, des cales, des machines à mâter, des ateliers, de vastes magasins d'entrepôt, puis à côté de somptueux hôtels, une chapelle, un hôpital, des casernes. Une ceinture de remparts entoura la ville, qui, en 1758, fut érigée en corps de communauté et obtint le droit de députer aux Etats de la province. 

Le bassin de Lorient contenait en 1745 trente-cinq vaisseaux ou frégates, et c'est dans ce port que La Bourdonnais appareilla en 1740 pour aller faire aux Anglais une guerre heureuse dans les Indes. Aussi les Anglais en 1756 voulurent-ils détruire Lorient : ils firent une descente sur la côte, dans la baie du Pouldu, à l'Est de Lorient, mais ils échouèrent dans toutes leurs attaques. Cependant, l'inepte gouvernement de Louis XV laissa les Anglais triompher aux Indes, et la perte des colonies amena rapidement la décadence de la Compagnie et de son port. La Compagnie languit jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, puis ses magnifiques créations, ses chantiers, ses arsenaux passèrent à l'Etat. 

La Révolution.
Au moment de la Révolution, le pays de Vannes appartenait au gouvernement et à la généralité de Bretagne; il constituait, dans l'ordre éclésiastique, un des neuf diocèses de cette province, celui de Vannes, suffragant (1771), avec dix autres évêchés, de l'archevêché de Tours. Lors de la division en départements (4 mars 1790), le Morbihan fut créé, avec ses limites actuelles. D'abord subdivisé en neuf districts, il fut partagé (17 février 1800, 28 pluviôse an VIII) en ses quatre arrondissements. Le Morbihan fit partie de la fédération bretonne-angevine (1790) pour défendre les décrets de l'Assemblée constituante

La guerre de Vendée et de Bretagne touchait à sa fin en 1795, lorsqu'une troupe d'émigrés fut débarquée à Quiberon, le 4 juillet 1795. Cette troupe, grossie par des volontaires, se trouva bientôt portée à quinze ou seize mille hommes. Le général Hoche, chargé d'arrêter cette armée, culbuta ses avant-postes et la refoula dans la presqu'île, où elle se vit presque aussitôt enlever, avec le fort Penthièvre, sa dernière chance de salut. Placés entre les canons des républicains et les batteries des vaisseaux anglais qui leur ripostaient, les royalistes périrent en grande partie. Un grand nombre, comptant sur les lois ordinaires de la guerre, se rendirent, ayant parmi eux M. de Sombreuil et l'évêque de Dol, René de Hercé. Les prisonniers, conduits à Auray, y furent traduits devant un conseil de guerre, condamnés à mort et au nombre de 932, fusillés dans un champ que baigne la rivière et auquel on a donné dans le pays le nom de Champ des Martyrs (chapelle). La chartreuse de Brech renferme leur monument expiatoire. D'autres prisonniers furent conduits à Vannes et également fusillés. Ces massacres, auxquels Hoche eût voulu s'opposer, furent ordonnés par les représentants de la Convention.

Malgré ce désastre et les traités de pacification de Hoche dans les départements voisins, la chouannerie faisait des progrès dans le Morbihan (an IV, 1795-1796). Elle ne fut apaisée ici que vers le milieu de l'année 1796 (prairial an IV), ayant été soumise successivement. 
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Ils sont nés dans le Morbihan...

Les personnages célèbres  nés dans le département sont les suivants : Arthur de Bretagne, comte de Richemont et connétable de France, né à Sucinio en 1395; Le sage, né à Sarzeau, auteur de Gil Blas (1668-1747); Georges Cadoudal (1769-1804), né en 1769 dans la commune de Brech, près d'Auray, chef vendéen qui  devint un conspirateur et finit en criminel; l'amiral Allemand (1762-1826), né à Port-Louis; le lieutenant de vaisseau, l'héroïque Bisson (1795-1827), né à Guéméné (Dans l'expédition de Grèce, il commandait un brick pris sur les Turcs et qui allait être repris : il se fit sauter avec l'équipage plutôt que de se rendre); Allemand (Zacharie , né à Port-Louis en 1762, chef d'escadron sous la République et l'Empire;  Trublet de Villejégu, né à Lorient (1747-1839), contre-amiral; le chanoine Mahé, archéologue (1760-1831), né à l'Île-d'Arz; le vice-amiral Willaumez (1763-1845), né au Palais (Belle-Ile); le poète Brizeux (1806-1858), né à Lorient; Billault, homme d'État (1805-1863), né à Vannes; Ulliac-Trémadeure (Mlle Sophie),  auteure (1794-1862), née à Lorient; le compositeur Victor Massé (1822-1884), né à Lorient; Jules Simon (27 décembre 1814-8 juin 1896) né à Lorient. 

Le XIXe siècle.
Sous l'Empire, Napoléon, toujours préoccupé de la lutte contre les Anglais, développa encore les bâtiments du port de Lorient et voulut en faire une des principales places fortes maritimes de la France. La petite ville de Port-Louis, voisine de Lorient, fut également transformée en port militaire. L'empereur remarqua aussi, au point de vue stratégique, la position, au centre de la Bretagne, de Pontivy, et y ajouta une ville moderne, en même temps qu'un grand canal, celui de Nantes à Brest, qu'il fit également construire, mit en relation, avec les deux extrémités de la Bretagne, Pontivy, devenue sa création et changeant son nom en celui de Napoléonville. Les résultats n'ont pas répondu à ces grandes espérances. (A. Joanne / Ch. Delavaud).

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