| La haine est une passion par laquelle un humain désire l'anéantissement d'un être qu'il se représente comme cause d'un mal réel ou même simplement possible. La haine en effet se distingue de l'aversion. Dans l'aversion on se détourne simplement du mal et de l'objet qui le cause, on le fuit, on s'en éloigne, mais dans la haine on fait plus, on souhaite que l'objet qui cause le mal soit anéanti et souvent on concentre toutes ses forces pour réaliser cet anéantissement. Il semble de plus que la haine s'adresse aux causes du mal plutôt qu'au mal même et qu'elle suppose en ces causes une part de malice et par conséquent de volonté. On ne hait pas la fièvre ou la maladie et pas même le poison, mais on déteste l'empoisonneur. Et si quelqu'un déteste une pierre qui l'a fait tomber et la réduit en poussière, on est près de rire de lui ainsi qu'on rit de Xerxès qui faisait fouetter la mer. On comprend que l'on détruise une plante malfaisante ou que l'on tue une bête venimeuse, mais la haine contre ces êtres ne se comprend que parce que l'imagination leur attribue quelque volonté de nuire. La haine se comprend au contraire fort bien quand elle porte sur une personne considérée comme libre de ses actes. Ainsi, à proprement parler, la haine ne s'adresse qu'aux personnes, jamais aux choses. Elle s'adresse moins au mal qu'à sa cause, et dans la cause elle s'attache à la volonté de nuire, à la méchanceté radicale dont témoigne une telle volonté. Son objet propre n'est donc pas le mal en tant que réalisé, mais le mal en tant que voulu, la malice intérieure, la volonté perverse, comme l'objet propre de l'amour est non pas tant le bien en tant que réalisé, mais le bien en tant que voulu, la bonté intérieure, la volonté bienfaisante et bonne. (G. Fonsegrive). | |