|
On
donne le nom de graphique à tout tracé composé
de lignes droites ou courbes, ou d'espaces teintés ou recouverts
de hachures, destiné à représenter dans son ensemble
la marche d'un phénomène scientifique, industriel, économique,
commercial, etc. Les graphiques les plus simples sont ceux qui ont pour
objet de représenter les variations d'une quantité susceptible
de mesure, reliée d'une manière quelconque à une autre
quantité. La première quantité est dite fonction de
la seconde et le diagramme qui la représente s'appelle en mathématiques
la courbe figurative de la fonction.
Pour expliquer la
construction de cette courbe, désignons par y la fonction et par
x la variable dont elle dépend. On trace d'ans un plan une droite
OX nommée axe des abscisses, sur laquelle on porte à partir
du point O des longueurs OA1 OA2,
etc., nommées abscisses, proportionnelles à diverses valeurs
de la variable x et en chacun des points A1,
A2, etc., on élève des perpendiculaires
A1, B1,
A2, B2,
etc., nommées ordonnées, proportionnelles aux valeurs correspondantes
de la fonction y; puis on relie tous les points B1
B2, etc., par un trait continu. La courbe
ainsi obtenue qui est, comme on le dit, le lieu des points B, est la courbe
figurative de la fonction; elle s'éloigne ou s'approche de l'axe
OX, suivant que la fonction y grandit ou diminue.
-
On conçoit
que cette courbe tracée sur le papier permette de déterminer
facilement la valeur de y qui correspond à une valeur déterminée
de x, ou inversement. Dans le premier cas, on prendra sur la droite OX
une longueur OA égale, suivant l'échelle du graphique, à
la valeur de x et l'on élèvera à OX la perpendiculaire
AB, jusqu'à sa rencontre avec la courbe. La longueur de cette perpendiculaire,
mesurée à l'échelle du dessin, donnera la valeur de
la fonction y.
Pour le problème
inverse, on mènera une parallèle à OX à une
distance égale à y et par le point B où cette parallèle
rencontre la courbe, on abaissera la perpendiculaire BA sur OX; OA sera
la valeur de x. On voit ainsi que le tracé du diagramme équivaut
à une formule algébrique établie entre x et y et permettant
de calculer l'une des deux quantités, lorsqu'on connaît l'autre.
Quand la relation qui existe entre x et y est susceptible d'être
exprimée à l'aide des signes de l'algèbre,
il est souvent possible de donner une définition géométrique
de la courbe figurative. C'est ainsi que la fonction du premier degré
y=ax + b est représentée par une ligne droite, la fonction
du deuxième degré y = ax² + bx par une parabole,
la fonction y=1/(ax+b) par une hyperbole, etc.
Inversement, toute courbe définie géométriquement
est susceptible d'être représentée par une équation
entre x et y, et cette sorte de correspondance entre les courbes et les
équations est la base de la géométrie analytique.
C'est surtout pour
la représentation des fonctions fournies par les phénomènes
naturels et non susceptibles de définition algébrique que
l'emploi du graphique rend de sérieux services. C'est ainsi que
Regnault a représenté par une
courbe le résultat de ses célèbres expériences
sur la tension maximum de la vapeur d'eau aux diverses températures.
Il avait effectué plus de mille observations,
dont les résultats ont été relevés sur une
planche de cuivre en prenant pour abscisses les températures et
pour ordonnées les tensions maximum correspondantes. Les longueurs
données par les expériences étaient reportées
sur la planche de cuivre à l'aide d'une machine à diviser,
qui marquait à la distance correspondante un petit trait; chaque
point se trouvait ainsi déterminé par l'intersection de deux
petits traits, l'un perpendiculaire et l'autre parallèle à
l'axe des x. Tous ces points ont été reliés par une
courbe continue.
Depuis Regnault,
les physiciens et les chimistes ont construit une foule de courbes représentant
les variations d'un grand nombre de phénomènes qui dépendent
de la température, tels que dilatation des corps, tension de divers
gaz, dissolution des sels, tension et dissociation de divers corps composés,
etc. En thermodynamique, l'emploi des graphiques constitue le point de
départ de la théorie des cycles. Dans les études de
météorologie, on fait un grand usage des graphiques pour
représenter les variations de température, de la hauteur
barométrique, de l'intensité du vent, etc. On prend pour
abscisse le temps et pour ordonnée la quantité qu'on se propose
de représenter. Les graphiques se prêtent bien à la
représentation du mouvement d'un mobile : on porte en abscisse le
temps et en ordonnée les chemins parcourus.
A côté
des graphiques tracés à la main pour relier des observations
isolées, il y a toute une classe de diagrammes qui représentent
un grand intérêt : ce sont ceux qui sont tracés directement
par les instruments enregistreurs. Ceux-ci observent d'une manière
continue et inscrivent automatiquement leurs indications sur une bande
de papier qui se déroule uniformément ou sur un écran,
de manière à tracer une courbe ayant pour abscisse le temps
et pour ordonnée les valeurs de la quantité qu'il s'agit
de déterminer. Ces appareils enregistreurs sont appliqués
à une foule d'observations.
La méthode
des graphiques se prête parfaitement à toutes les opérations
que les mathématiciens désignent sous le nom d'intégration.
Lorsqu'il s'agit de représenter des phénomènes qui
varient d'une manière discontinue, la courbe se compose d'une série
de droites parallèles à OX situées à diverses
distances de l'axe et formant avec les ordonnées de leurs extrémités
une série de rectangles de même base, dont chacun correspond
à une unité indivisible de l'abscisse et dont la hauteur
figure la quantité correspondante. Le plus souvent, pour rendre
le graphique plus clair, on recouvre ces rectangles de hachures : c'est
ainsi qu'on construit les graphiques représentant pour chaque année
le chiffre du budget, la température moyenne, la valeur des importations
et exportations. etc. Enfin, il convient de rattacher à la méthode
des graphiques les cartes de géographie
où l'on recouvre les pays ou d'autres divisions administratives
(départements, régions, etc.) de teintes plus ou moins foncées
ou de couleurs différentes, indiquant par leur valeur la population,
le taux d'urbanisation, la production intérieure, le chiffre des
affaires commerciales ou industrielles, ou tel autre élément
numérique correspondant à chacun d'eux.
En mathématiques,
les méthodes graphiques ont pour but de remplacer les calculs par
des constructions géométriques. S'il s'agit par exemple de
résoudre l'équation f (x)
= 0, on peut construire
par points la courbe y = f (x); les points où elle rencontrera l'axe
des x auront pour abscisses les racines de f (x) = 0. Les solutions des
équations f (x, y) = 0, p (x, y) = 0 peuvent s'obtenir en construisant
les courbes représentées par ces équations; les points
où elles se couperont auront pour coordonnées
les solutions des équations en question. Les méthodes graphiques
sont surtout employées quand on n'a pas besoin d'une grande approximation,
et dans ce cas elles sont souvent plus rapides que les méthodes
exactes fournies par l'application de l'analyse. Elles ont surtout un caractère
plus élémentaire qui les fait préférer par
les praticiens. (L. Knab). |
|