| En hiver, par un temps plus ou moins calme, il arrive que tous les objets froids se couvrent d'une gaine d'eau solide, en cristaux blancs et opaques, qui fait penser à de fins madrépores. C'est l'aspect le plus connu du givre : il ne peut naturellement se présenter que quand l'air ambiant est au-dessous de 0°C. Le brouillard, au-dessus de 0 °C, peut mouiller, mais ne givre pas. Le moindre changement de température transforme l'un dans l'autre ces deux phénomènes : à l'altitude du Puy-de-Dôme, le givre survient avec tous les nuages qui mouillent, dès que la température descend au-dessous de 0°C, ne fût-ce que de quelques dixièmes de degré. Le passage de l'état gazeux à l'état solide ne se fait pas directement, mais la période de transition - l'état liquide - dure si peu, qu'elle est impossible à constater. Dans les montagnes, surtout par les grands vents, le givre prend l'aspect d'une masse à peu près amorphe, granuleuse, blanchâtre et dure. Comme le mouvement de l'air amène constamment sur le même point de nouvelles masses, l'épaisseur du givre, bien supérieure à ce qu'elle est dans la plaine, peut atteindre 0,50 m autour d'un fil télégraphique, et 1 m autour d'une échelle ou d'un mat d'observatoire. Voici l'explication que l'on peut donner de la formation du givre : toute gouttelette d'eau, si elle se produit par condensation de vapeur au-dessous de 0°C, est nécessairement en surfusion. Dans cet état, si elle rencontre une aspérité, elle s'y dépose sous la forme d'un cristal microscopique de glace, imprégné ou recouvert d'eau liquide à 0°C. Celle-ci, en contact incessant avec un air plus froid qu'elle, doit forcément finir par se congeler; dans les montagnes, l'évaporation sous le passage rapide de certaines couches d'air aussi froides, mais moins saturées que les autres, ne peut qu'aider beaucoup à la congélation. Entre temps, des nouvelles couches d'air saturé apportent un nouveau dépôt, et ainsi de suite. La pression exercée par un vent dont la vitesse dépasse facilement, à l'altitude du Puy-de-Dôme, 30 à 40 m par seconde, explique la consistance plus ferme du givre des montagnes. (E. D.-G.). | |