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Aperçu |
Si
l'on compare une étoile à un astre aussi
compliqué que notre Terre, où s'observent
des phénomènes agissant à des échelles très
divers, on peut être tenté de n'y voir qu'un objet très
simple. L'étude du Soleil, qui est l'étoile
la plus proche de nous et donc la plus facilement observable, montre que
l'on a malgré tout affaire à quelque chose d'assez complexe,
et dont tous les détails sont loin d'être connus. N'empêche,
en première approche, il est quand même possible de limiter
à un petit nombre les facteurs qui contribuent à définir
la logique qui gouverne globalement une étoile. Ils concernent la
d'une part la définition des conditions de l'équilibre entre
gravité et pression qui garantissent à
ce type d'astre une existence stable sur de très longues durées,
et d'autre part, les termes qui définissent la production d'énergie
d'une étoile au travers de réactions de fusion
des noyaux d'atomes qu'elle
renferme, et ceux qui définissent l'évacuation de cette énergie
au fur et à mesure de sa production.
Qu'y a-t-il sous la peau d'une étoile? (Source : SOHO/NASA/ESA). La logique qui préside à l'équilibre stellaire conduit ainsi à attribuer aux étoiles une structure concentrique. Les régions les plus denses et chaudes se trouvent en son centre et sont le siège des réactions nucléaires qui procurent à l'étoile l'énergie qui la fait rayonner pendant la plus grande partie de son existence. Autour de ce coeur se situe l'enveloppe stellaire, par laquelle transite vers l'extérieur cette énergie essentiellement par convection et par rayonnement, et dont le rôle essentiel - si l'on veut bien concéder l'emploi d'une expression finaliste par ailleurs assez suspecte ! - est de peser sur le coeur et d'en contenir, à la manière d'un couvercle bien rivé, la tendance à l'expansion. |
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Rouages |
Les
termes
de l'équilibre stellaire
Les astronomes ont
acquis une idée de la structure interne des étoiles grâce
à la confrontation de modèles théoriques et d'observations.
Ces dernières concernant en partie les étoiles de la Galaxie,
mais aussi l'étude attentive du Soleil, en particulier, au cours
des dernières décennies, à l'aide des concepts de
l'héliosismologie (discipline qui prend le nom d'astérosismologie,
quand elle s'applique aux étoiles en général).
Du point de vue théorique, les questions à résoudre peuvent être abordées à partir de deux axes complémentaires. Le premier concerne la définition même de l'équilibre stellaire. Le second prend en compte le fait que cet équilibre est dynamique. Ce qui signifie qu'il n'est pas acquis une fois pour toute, mais que la production interne d'énergie, oblige à en ajuster les paramètres à chaque instant. Équilibre
hydrostatique et thermique
La pression peut avoir des origines diverses. Pour l'essentiel, dans une étoile comme le soleil, elle est de nature thermique et l'on peut invoquer la loi des gaz parfaits. Il existe aussi une autre composante de la pression, qui devient très importante dans le cas des étoiles les plus massives : il s'agit de la pression de radiation, autrement dit de la pression exercée par les photons qui s'extraient des régions centrales pour s'acheminer vers la surface. La pression de dégénérescence - On ajoutera qu'il existe une troisième possibilité, différente de celle qui correspond au maintien de l'équilibre hydrostatique. Elle réalisée à des stades tardifs de l'évolution stellaire (naines blanches, étoiles à neutrons, mais aussi régions centrales de certaines étoiles qui ont achevé la combustion de l'hydrogène dans leur coeur), ou dans le cas de mini-étoiles très froides, comme les naines brunes : il s'agit de la pression de dégénérescence, un phénomène quantique, qui rompt avec la loi des gaz parfaits et oppose une sorte de mur incompressible à l'action de la gravité.L'équilibre hydrostatique n'est possible que si une autre sorte d'équilibre existe dans l'étoile : il s'agit son équilibre thermique. Aucun élément de volume dans l'astre ne doit normalement retenir plus d'énergie qu'il n'en évacue. En pratique cela n'est pas toujours vrai, et il se forme couramment à l'intérieur des étoiles des "réservoirs" dans lesquels l'énergie peut être temporairement retenue, et c'est le remplissage et le vidage de tels réservoirs qui peuvent être invoqués par exemple pour expliquer les pulsations que connaissent certaines étoiles. L'essentiel est qu'en moyenne (après un ou plusieurs de ces cycles) l'équilibre thermique existe bien. Il se traduira alors par une pression sensiblement constante, et à ce stade on n'en demandera pas plus. Dynamique du transfert d'énergie L'énergie produite dans les régions centrales d'une étoile dépend des noyaux d'atomes que l'on y rencontre, mais aussi des conditions de température et de pression qui y règnent. Les réactions nucléaires sont d'autant plus facilitées que celle-ci sont élevées, et l'énergie produite est aussi d'autant plus importante que le rendement chaque fusion de noyaux est élevé (il faut que la rencontre deux deux noyaux d'atomes produise plus d'énergie qu'elle n'en coûte...). Ces constats permettent de comprendre d'une part que les étoiles les plus massives, pour lesquelles les pressions sont les plus élevées, consomment leur combustible nucléaire aux taux les plus élevés (il en résulte que leur vie nucléaire est nettement plus courte que celle des étoiles les moins massives). Sachant, par ailleurs, que plus les noyaux sont légers, et plus le rendement de leur fusion est bon, on comprend aussi qu'au cours d'une vie d'étoile, la phase la plus importante sera celle où elle consommera son élément à la fois le plus abondant et le plus léger, c'est-à-dire l'hydrogène. Cette phase est appelée la séquence principale. Elle dure dix milliards d'années pour une étoile comme le Soleil. Le maintient de l'équilibre stellaire sur une période aussi longue impose que l'énergie produite soit évacuée continûment pendant tout ce temps. Les étoiles disposent de plusieurs mécanismes pour parvenir à cette fin. Si l'on met à part la situation très spéciale évoquée plus haut où la matière stellaire est dégénérée et où le transfert d'énergie vers l'extérieur s'effectue par conduction, les étoiles recourent essentiellement à la convection et au transfert d'énergie par rayonnement. Le phénomène de convection est analogue avec celui observé avec une casserole d'eau qui boue, et de façon peut-être plus proche du cas examiné, des mouvements atmosphériques verticaux. Le gaz (ou plutôt le plasma) situé dans la région la plus profonde de l'étoile est chauffé et se dilate; toujours selon le principe d'Archimède, il tend alors à monter. Arrivé à la surface, la chaleur s'évacue dans l'espace, il redevient plus froid et donc plus dense et coule de nouveau au fond où il récupérera encore de la chaleur, qu'une nouvelle remontée lui permettra d'évacuer... Le transfert par rayonnement est d'une certaine manière plus simple. Il correspond à l'évacuation des photons lumineux produits par les réactions nucléaires. En fait un photon gamma créé dans les tréfonds d'une étoile ne s'en extirpe pas aussi simplement. Il se cogne très vite sur les particules de matière (électrons, protons) interposées sur son passage. Une partie de l'énergie va alors servir à mettre en mouvement cette particule, une autre, sera réémise sous la forme d'un nouveau photon. Celui-ci transportant une énergie moindre que le photon incident, il lui correspondra aussi une longueur d'onde plus grande. Ainsi, après moultes collisions, et autant d'émissions de photons transportant chaque fois un peu moins d'énergie, on n'obtiendra plus de photons gamma, mais des photons de lumière visible. Et le processus au complet, entre la création du premier photon, et l'évacuation dans l'espace de la lumière qui nous éclaire, aura finalement duré plusieurs centaines de milliers d'années. Le jeu de l'opacité - L'efficacité du transfert d'énergie par rayonnement est contrôlé par la transparence ou - pour parler comme les astrophysiciens - par l'opacité de la matière traversée. L'évacuation de l'énergie est d'autant meilleure que l'opacité est faible. En fait celle-ci se révèle être variable selon la pression et la température. Si la pression augmente, par exemple, l'opacité sera plus grande, et l'obstacle à la propagation de la lumière augmentera, d'où une élévation de température qui occasionnera une expansion de l'enveloppe et, partant une diminution de l'opacité; l'étoile peut mieux se refroidir, elle tend à se contracter et l'opacité augmente de nouveau, etc... Les étoiles disposent ainsi d'un mécanisme de régulation - une soupape de sécurité - qui leur permet d'assurer une grande stabilité globale. |
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Mise en ordre |
Anatomie stellaireUne fois établies les équations qui décrivent toutes les conditions que doit respecter une étoile pour se maintenir en équilibre, il est possible d'élaborer un modèle dans lequel les paramètres (température, rayon, densité, pression, opacité...) intervenant dans chacune des équations de l'équilibre stellaire jouent en fonction des paramètres des autres équations. L'ordinateur aidant, il apparaît qu'une structuration radiale (c'est-à-dire fonction de la distance au centre de l'astre) de l'intérieur des étoiles est nécessaire et qu'elle va dépendre à un moment donné de deux paramètres seulement : la composition chimique, la masse. Comme on peut s'y attendre, lorsqu'on n'envisage plus l'étoile à un instant donné, mais sur toute l'étendue de son existence, un troisième paramètre doit être considéré, l'âge de l'étoile, à partir duquel la notion d'évolution stellaire peut être construite.-
L'intérieur Le
coeur (ou noyau)
L'énergie produite, essentiellement sous forme de photons gamma, c'est-à-dire de rayonnement électromagnétique de très haute énergie, est ensuite évacuée vers la surface de l'étoile à travers une région généralement très épaisse, l'enveloppe. L'enveloppe
Les étoiles de faible masse (naines rouges) évacuent leur énergie exclusivement par convection. Autrement dit ce sont les déplacements verticaux de la matière qui transportent la chaleur produite dans les régions profondes vers la surface. Les étoiles un peu plus massives, comme le Soleil, par exemple, possèdent également une zone convective à la périphérie de l'enveloppe, mais dans les régions plus profondes de celle-ci, l'énergie est directement évacuée par le rayonnement. Cela correspond à une zone radiative interne. Enfin, les étoiles très massives, voient la zone convective de leur enveloppe s'amenuiser pour disparaître complètement. L'énergie est alors évacuée à travers une enveloppe entièrement radiative. Les mouvements de convection existent cependant très en profondeur, autour du noyau et dans le noyau lui-même.
La
"surface" et l'atmosphère
La
photosphère*
La
chromosphère*
Où se termine une étoile? L'image du globe de gaz que l'on donne pour décrire une étoile semble perdre de sa pertinence dès que l'on s'intéresse à ce qui se produit au-dessus de sa photosphère. La couronne a une forme très irrégulière, et des dimensions variables, et même assez difficiles à définir. Faut-il aussi considérer aussi tout le volume dans lequel sont soufflées les particules des vents stellaires? Dans le cas du Système solaire cet espace, lui aussi d'extension variable, prend le nom d'héliosphère, ou de cavité solaire, et toutes les planètes connues y sont immergées. De ce point de vue, il n'est pas absurde de considérer que les planètes baignent dans les couches raréfiées de l'atmosphère solaire externe, donc d'une certaine manière qu'elles circulent à l'intérieur du Soleil. L'héliopause
Les
autres limites
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En librairie - Manuel Forestini - Principes fondamentaux de structure stellaire, Gordon and Breach Science Publishers, 1999. Un ouvrage assez technique, mais intelligemment conçu. Indispensable pour les étudiants spécialisés. |
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