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Les calendriers
Les ères grecques et romaines
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A l'exemple des peuples orientaux, les Grecs supputaient, au début de leur histoire, les années d'après les générations royales. C'est ainsi qu'on a l'ère cécropique, qui a pour point de départ l'époque où Cécrops se rendit en Grèce; l'ère de Cadmus, à Thèbes; celles des Eurysthénides et des Proclides à Sparte; celle des Héraclides à Argos. D'ailleurs, chaque cité avait sa manière propre de compter les années dans ses documents publics, soit d'après ses rois, ses prêtres, ses archontes ou autres magistrats, soit enfin d'après ses grands souvenirs historiques, et cette dernière manière constituait déjà une ère mathématique. Bientôt les relations d'État à État, de cité à cité, firent sentir le besoin de points de repère précis et communs qui permissent de coordonner les annales locales avec les données de l'histoire générale. C'est ainsi qu'on fut amené en Grèce à adopter une ère qu'on peut considérer comme nationale, tant elle fut répandue et tant elle se prolongea longtemps : c'est l'ère des olympiades. Sa vogue fut universelle dans le monde grec à cause de l'immense popularité des jeux olympiques, auxquels avaient le droit de concourir tous les peuples helléniques. La première année de la première olympiade commence le 1er juillet 776 av. J.-C
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Qu'est-ce qu'une olympiade?

Chaque Cité grecque avait sa chronologie particulière, fondée ordinairement sur la succession de ses magistrats. La seule ère commune à tous les Grecs fut celle des olympiades. On appelait olympiade l'intervalle de quatre ans qui s'écoulait entre deux célébrations des Jeux Olympiques. Mais l'usage de supputer les années par olympiades ne remonte pas beaucoup plus haut qu'environ l'an 300 av. J.-C.

Les magistrats Eléens avaient l'habitude depuis l'an 776 av. J.-C., où l'Eléen Coroebos avait remporté le prix de la course à pied, de consigner par écrit le nom de tous les vainqueurs à cette course, et la liste en était gardée dans le gymnase d'Olympie. Selon Polybe, l'historien Timée de Sicile eut le premier l'idée de se servir de ces catalogues comme d'un instrument de contrôle chronologique. il compara avec les olympiades, et vérifia par ce moyen les listes des archontes d'Athènes, des éphores de Sparte et des prêtresses d'Argos, bases de la chronologie à Athènes, Sparte et Argos. Un assez grand nombre d'écrivains, parmi lesquels Polybe, Diodore de Sicile, Denys d'Halicarnasse, et quelquefois Pausanias, Diogène Laërce, Arrien, etc., comptent les années par olympiades. 

Thucydide et Xénophon font cependant déjà usage des olympiades, le premier une fois (III, 8) et le second deux fois (Hell., I, 2, § 1 ; II, 3, § 1). Encore Thucydide indique-t-il l'olympiade par le nom du vainqueur au pancrace, sans doute à cause de la célébrité de cette victoire. La supputation par olympiades dura jusqu'en 394 ap. J.-C., dixième année du règne de Théodose (293e olymp.). Le comput par olympiades ne fut jamais adopté offciellement. Même sur les inscriptions, on n'en trouve que deux exemples (Bockh, Corp. inscr., n° 2682, 2999). Il faut noter que des doutes ont été émis dès le XIXe siècle sur la valeur de la chronologie d'Olympie. Mahaffy (Journ. of. hell. stud., II, 1, 164,) pensait ainsi qu'aucune liste n'a existé à Olympie avant le temps de Thucydide. Hippias d'Elide aurait, vers cette date tenté une reconstitution qui l'attrait mené jusqu'à 776, date présumée de la fondation des Jeux olympiques. Il en résulterait que les dates fournies par Eusèbe pour les cinquante premières olympiades n'auraient aucune valeur.

Les auteurs anciens datent tantôt simplement par olympiade, tantôt par 1re, 2e, 3e et 4e année de chaque olympiade. Nous empruntons à S. Reinach (Manuel de philologie classique, 1re éd., p. 206, note 3) les formules à employer pour réduire les olympiades en années de l'ère vulgaire :

 1° La date est antérieure à notre ère. Soit n le nombre des olympiades, p le chiffre additionnel (1re, 2e, 3e, 4e année de la nième olympiade), on se servira de la formule : 
Date = 776 - [(n - 1). 4 + (p - 1)]. 
Ex. : Salamine tombe olymp. 75, 1 ; c.-à-d. en appliquant la formule  : 776 - [(75 - 1).4 + (1 - 1)] = 776 - 296  = 480.

2° La date est postérieure à J.-C. On résoudra la formule :

(n - 1). 4 + p - 776.
Remarquons encore que les Jeux Olympiques, étant célébrés vers le milieu de l'été, correspondaient chez les Athéniens au commencement de l'année (21 juin). Si donc une date appartient à la seconde moitié de l'année athénienne, il faut diminuer d'une unité le chiffre, de l'année av. J.-C., puisque celle-ci commence au 1er janvier Ainsi la bataille de Salamine livrée en automne est de 480, mais les événements postérieurs au 1er janvier suivant, quoique appartenant à la même année de la même olympiade, sont de 479.

Il y eut sous l'empire romain une nouvelle ère olympique, qui commença en l'an 131 ap. J.-C. (olymp. 227, 3) après la dédicace de l'olympieion d'Athènes par Hadrien. On trouve cette ère sur des inscriptions; elle servit même à dater des documents officiels. 

Mais, à côté de cette chronologie panhéllénique qui prévaut dès le IVe siècle avant notre ère, les anciens usages locaux persistèrent généralement; Athènes, par exemple, continua à supputer les années par les noms de ses archontes éponymes; Sparte, par ses rois; Argos, par ses prêtresses de Héra.

Les lettrés, surtout à l'époque alexandrine, créèrent de toutes pièces et par de laborieux calculs, des ères qu'ils appliquent dans leurs écrits. C'est ainsi qu'on a l'ère de la prise de Troie, qui commence en juillet 1183 av. J.-C. et qui fut créée par Eratosthène vers 240 av. J.-C.; l'ère de Cécrops, inventée probablement par Apollodore d'Athènes, qui commence en 1582 av. J.-C. et qu'on trouve employée notamment dans la chronique de Paros. Il y a aussi des ères qui datent du retour des Héraclides à Athènes, de la colonisation de l'Ionie, de Lycurgue, de l'expédition de Xerxès, du commencement ou de la fin de la guerre du Péloponnèse, de la bataille de Leuctres, de la mort de Philippe, de l'avènement ou de la mort d'Alexandre ou même de l'une des grandes batailles de son règne.

L'ère pythique, principalement en usage à Delphes, était, comme l'ère des olympiades, composée de périodes de quatre ans : la première année de la première pythiade correspondait, suivant les uns, à l'an 582, suivant d'autres, à l'an 586 av. J.-C. L'ère isthmique, employée à Corinthe, était formée de périodes de deux ans ; elle commençait en l'an 682. L'ère néméenne, formée aussi de périodes de deux ans, était surtout usitée en Argolide et commençait en l'an 567 av. J.-C.

Dans les pays occidentaux, nous constatons les mêmes usages qu'en Orient ou en Grèce. L'ère qui est constamment mise en usage à Rome, dans les documents officiels, est celle des consulats annuels ; elle constitue les Fastes consulaires; le premier consulat est de l'an 509 av. J.-C.; le dernier est de l'an 341 ap. J.-C. Pendant cette longue période, les Fastes consulaires ne cessèrent d'être la base de la chronologie romaine. Mais les historiens latins imaginèrent d'antres ères qui eurent, parmi eux, un grand crédit. Ils comptent souvent de l'ère de la fondation de Rome qui commence, suivant les uns, le 21 avril 753 av. J.-C.; suivant d'autres, le 21 avril 754, et qu'on désigne toujours par cette formule : Ab Urbe condita. Une autre ère romaine part de l'expulsion des rois, post exactos reges (an 509 av. Jules César, devenu grand pontife, réforma le calendrier; les chronologistes, plus tard, profitèrent de cette circonstance pour créer rétrospectivement l'ère julienne, dont le point de départ est le 1er janvier de l'an 45 av. J.-C. Mais, comme les autres ères, elle fut appliquée seulement par les historiens, et l'ère des consulats ne cessa de prévaloir jusqu'à la chute de l'Empire.

A l'époque macédonienne et gréco-romaine, on voit se créer, surtout en Asie, un très grand nombre d'ères officielles, dont la plupart sont encore aujourd'hui fort imparfaitement connues. Nous allons énumérer, sans commentaire ni discussion, les principales de ces ères, avec le point de départ le plus généralement fixé pour chacune d'elles. 

Ères dont le point de départ est antérieur au commencement de l'ère chrétienne.

Années av. J.-C.

323. Ère philippique, datant de la mort d'Alexandre ou de I'avènement de Philippe Arrhidée; le point de départ en est fixé par Ptolémée au 12 novembre. C'est la Tarikh Filibous des astronomes arabes.

322. Ère des Lagides, usitée en Égypte après Alexandre, et exceptionnellement en Syrie et en Phénicie sous la domination des Lagides ; elle commence le 4 février.

312. Ère des Séleucides ou ère syro-macédonienne. Son point de départ est fixé par les uns au 1er septembre, par les autres au 1er octobre, et elle paraît avoir eu pour événement déterminant la bataille de Gaza, gagnée par Seleucus Nicator. Au début, elle est presque exclusivement employée en Phénicie; de là, elle se propage dans tout l'empire des Séleucides. Elle continua à être en usage en Orient plusieurs siècles encore après le commencement de l'ère chrétienne. Nous la constatons sur les monnaies des rois de Syrie à partir de la fin du règne d'Antiochus III le Grand; sur les monnaies des villes de Cyrrhus, de Hiéropolis en Cyrrhestique, d'Antioche, d'Apamée, de Balanée, d'Emèse, d'Epiphanée, de Séleucie, de Damas, de Démétrias en Coelésyrie, de Laodicée du Liban, de Canata en Décapole, de Césarée du Liban, d'Orthosia, de Tripoli, de Tyr, d'Acé (Ptolémaïs), de Séleucie sur le Tigre; sur les monnaies des rois parthes arsacides, des rois de la Characène et sur quelques pièces des rois de la Bactriane. Des savants anglais (Cunningham, Edw. Thomas) ont cru reconnaître l'ère des Séleucides dans certaines inscriptions de l'Inde du Ier siècle de J.-C

Quelques inscriptions araméennes, notamment le Tarif de Palmyre, sont également datées de cette ère, qui a été aussi adoptée pendant tout le Moyen âge par les Nestoriens. On l'a rencontrée sur des tombes chrétiennes  découvertes en Asie centrale, et l'inscription syro-chinoise de Singanfou est datée de l'an 1092 de l'ère des Grecs (780 de J.-C.).

312. Ère judéo-macédonienne ; elle commence au printemps.

312. Ère d'Emèse.

312. Ère de Damas; elle commence au 22 mars.

311. Ère chaldéo-macédonienne; elle commence au 25 septembre.

311. Ère de Citium; elle a pour point de départ la destruction du royaume de Citium par Ptolémée Soter.

300. Ère d'Alexandria Troas.

297. Ère du Bosphore et du Pont; elle commence à l'automne. On la constate sur les monnaies d'Apamée en Bithynie, de Bithynium, de Nicée, de Nicomédie, de Prusa et du roi Nicomède Il.

275. Première ère de Tyr.

259. Ère d'Aradus; elle commente à l'automne.

248. Ère des Arsacides.

239. Première ère de Paltus, en Syrie.

197. Ère de Berytus, en Phénicie.

179. Ère de Philadelphie, en Palestine.

177. Ère de Laodicée, en Phrygie.

146. Ère macédonienne; elle commence en octobre.

146. Ère de la province d'Achaïe.

142. Ère de Jérusalem ou de l'Indépendance, ou ère des Asmonéens.

133. Ère de la province romaine d'Asie.

126. Deuxième ère de Tyr.

124. Ère de Balanée, en Syrie.

115. Ère du royaume de Saba, dans le Yémen.

111. Ère de Sidon.

111. Ère de Tripolis, en Syrie.

108. Première ère de Séleucie, en Syrie.

103. Première ère d'Ascalon.

97 ou 81. Deuxième ère de Paltus.

84. Ère de Sylla.

84. Ère asiatique, partant de la fin de la première guerre contre Mithridate.

83. Ère d'Adraa, en Arabie.

70. Première ère de Sinope.

70. Première ère de Termessus, en Pisidie.

68. Première ère de Mopsus, en Cilicie.

68. Ère de Soli (Pompéiopolis) et d'Alexandrie, en Cilicie.

61. Ère de Pompée. Elle date de la défaite de Tigrane par le général romain. Elle eut une grande vogue en Syrie, et on la constate sur des monnaies d'Antioche, d'Epiphanée, de Séleucie, d'Abila, d'Antioche ad Hippum, de Canata, de Dium, de Gadara, de Pella, de Philadelphie, de Dora, en Phénicie.

61. Première ère de Gaza.

61. Ère de Gaba, en Trachonitide.

59. Deuxième ère de Mopsus.

58. Ère de Gabinius ou de Raphia, en Judée.

58. Deuxième ère d'Ascalon.

50. Ère de Botrys, en Phénicie.

49. Ère césarienne d'Antioche, dont le point de départ est le 1er octobre; elle date de la proclamation de l'autonomie d'Antioche par Pompée.

48. Ère de Claudiopolis en Bithynie.

48. Ère de Chalcis, en Syrie.

48. Ère de Pharsale.

48. Ère de Laodicée, en Syrie.

48. Ère de Nisa ou Scythopolis, en Palestine. 

48. Première ère de Rhosus, en Syrie.

48. Ère de Neapolis, de Samarie. 

47. Ère de Sarbanissa, dans le Pont. 

47. Ère d'Aegaea, en Silicie. 

47. Ère d'Acé (Ptolémaïs). 

47. Première ère de Gabala, en Syrie.

48. Ère césarienne; elle est employée en Cilicie et en Syrie. On la constate sur des monnaies de Néoclaudiopolis en Cilicie, d'Antioche, de Gabala, de Laodicée en Syrie, de Rhosus, et, vraisemblablement, c'est elle qu'ont employée les villes que nous avons énumérées plus haut comme ayant des ères locales datant des années 48 ou 47 av. J.-C.
 

45. Ère julienne, ou de la réforme du calendrier
par Jules César; son point de départ est au
1er janvier.

45. Deuxième ère de Sinope.

45. Ère de Néoclaudiopolis en Paphlagonie.

44. Deuxième ère d'Antioche, datant de la mort de Jules César.

44. Ère de Carthage.

41. Troisième ère d'Antioche.

38. Ère d'Espagne. Cette ère, qui n'a été usitée qu'au Moyen âge, prenait son point de départ de la conquête définitive de la péninsule hispanique par les Romains

37. Première ère de Leuces, en Coelésyrie.

36. Ère de Chersonèse.

33. Ère d'Amiens.

32. Deuxième ère de Gabala.
 

31. Ère d'Actium, dont le point de départ est le 1er octobre. Elle fut très usitée en Grèce, en Égypte et dans tout l'Orient. On la constate sur des monnaies d'Antioche, d'Apamée, de Séleucie, de Rhosus, de Béroea, en Syrie; on la constate aussi à Edesse, à Thessalonique et en Cyrénaïque.

30. Ère octavienne d'Alexandrie, dont le point de départ est fixé au 1er août.

27. Ère romaine des Augustes; elle est usitée seulement par quelques historiens; elle commence de l'année où le surnom d'Auguste fut décerné à Octave.

25. Ère de Sébasté, en Samarie.

25. Ère de Tavium, en Galatie.

20 ou 6. Ère de Byblos, en Phénicie.

19. Première ère d'Anazarbé, en Cilicie. On la constate à Sébaste ou Augusta, en Cilicie, et à Antioche sur le Sarus, ou Adana.

18. Troisième ère de Gabala, en Syrie.

7. Ère d'Amasia. On la constate à Germanicopolis, à Sébastopolis, à Néoclaudiopolis.

3. Ère de Caesaraea Panias. 

2. Ère d'Héracléopolis, en Cappadoce.
 

On ignore encore le point de départ des ères d'Antiphellus, en Lycie; de Nacolea, en Phrygie; de Cadi, en  Phrygie; de Chakka, en Batanie; et d'autres encore moins importantes et se rapportant, comme celles-ci, à des souvenirs locaux.

Ères dont le point de départ est postérieur au commencement de l'ère chrétienne. 

Années ap. J.-C.

2. Ère des olympiades italiques.

17. Ère de Césarée, en Cappadoce.

21. Deuxième ère d'Anazarba, en Cilicie.

21. Ère de Tibériade, en Galilée.

23. Ère de Cibyra, en Phrygie.

37. Ère d'Epiphanée, en Cilicie.

38. Ère de Germanicia Caesaraea, en Commagène.

40. Deuxième ère de Termessus, en Pisidie.

40. Ère d'Afrique ou de Maurétanie; son point de départ est la chute de Ptolémée, le dernier roi de Maurétanie.

40. Ère de Comana, dans le Pont.

48. Deuxième ère de Leucas.

52. Ère d'Irénopolis, en Cilicie;

58. Ère de Tyra, en Sarmatie.

63. Ère de Trebizonde; on la rencontre sur les monnaies de cette ville et sur celles de Néocésarée et de Zéla.

67. Ère de la participation de Néron aux jeux olympiques.

70. Ère de la province d'Afrique.

71. Ère d'Anthédon, en Judée.

71. Ère de la Commagène ou de Samosate.

71. Deuxième ère de Neapolis, en Samarie.

71.- Ère de Nicopolis (Emmaüs).

74. Ère de Flaviopolis, en Cilicie.

86. Ère des olympiades capitolines.

91. Ère de Rabbath-Moba.

92. Deuxième ère de Chalcis, en Syrie.

97. Ère de Capitolias, en Coelésyrie.

105. Ère d'Arabie ou ère de Bostra et de Pétra; le point de départ en est le 22 mars.

112. Ère de l'archontat d'Hadrien à Athènes.

124. Ère du séjour d'Hadrien à Athènes.
 

126. Ère athénienne des Panathénées (Agonesthésie d'Hérode Atticus et construction du stade).

129. Deuxième ère de Gaza.

129. Ère de l'inauguration de l'Olympiéion d'Athènes

135 ou 139. Ère des olympiades de Cyzique.

170. Ère d'Hadrianopolis, en Pisidie.

176. Ère des olympiades d'Alexandrie.

192. Ère de Septime Sévère, en Égypte

202 ou 208. Ère d'Eleuthèropolis, en Judée.

284. Ère de Dioclétien ou ère des Martyrs, dont le point de départ est le 17 septembre, date à la quelle Dioclétien est devenu empereur.

Comme les historiens de l'antiquité grecque, les astronomes et les chronologistes païens ou chrétiens de l'empire romain inventèrent de toutes pièces, pour leur usage personnel, des ères qui n'eurent aucune vogue populaire, mais dont il faut tenir compte, puisque ce sont celles qu'ils ont appliquées dans leurs écrits. La plus célèbre est l'ère de Nabonassar, créée au IIe siècle après J.-C. par Claude Ptolémée qui en fixa le point de départ au 26 février 747 av. J.-C. Des chroniqueurs chrétiens orientaux se servant de l'ère d'Abraham, dont le début est généralement fixé en l'an 2017 av. J. C.

Mais les ères les plus répandues parmi les écrivains chrétiens du Ier siècle sont les ères mondaines, ainsi appelées parce que leur point de départ est le commencement du monde, selon la Bible. Les plus connues de ces ères sont les suivantes :

L'ère mondaine d'Alexandrie, créée par Jules l'Africain, qui place la création en l'an 5503 av. J.-C.; 

L'ère mondaine d'Eusèbe qui place la création du monde en l'an 5202 av. J.-C. Cette ère est employée par les historiens arméniens et syriaques;

L'ère mondaine d'Antioche, créée vers la fin du IVe siècle par le moine égyptien Pandore; elle place la création en 5493 av. J.-C.;

L'ère mondaine de Constantinople; employée par les Moscovites et par toute l'église grecque; elle place la création en 5509 av. J.-C.;

L'ère mondaine d'Ussérius fixait le commencement du monde en l'an 4004 av. J.-C.
L'Art de vérifier les dates adoptait l'année 4963; Scaliger, l'an 3949; le chronologiste anglais Clinton adopta l'an 4138. L'ère mondaine des Juifs commence le 7 octobre 3761 av. J.-C.

Pendant longtemps, les chrétiens, dans leur vie religieuse, n'eurent pas une ère spéciale; ils adoptaient les ères des pays ou ils se trouvaient, généralement celles des consulats, officielle dans tout l'empire romain. Leurs écrivains, pourtant, datent parfois des années de règnes des pontifes romains. Après les persécutions, l'ère de Dioclétien ou des Martyrs fut plus particulièrement populaire parmi leurs historiens. et leurs apologistes. L'ère chrétienne, qui a son point de départ le jour supposé de la naissance de Jésus et fut établie seulement sous Justinien, ne devint d'un usage universel qu'à partir de Charlemagne. (E. Babelon). 
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