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Le droit anglais

La Grande-Bretagne reçut des Romains, ses vainqueurs, leur Corps de Droit civil . Quand elle eut été envahie par les Saxons et les Angles, le Droit romain disparut pour faire place aux usages germaniques : la législation des premiers temps de l'Heptarchie est demeurée pour nous obscure, incomplète, et les textes qui en subsistent ont tellement souffert de l'inattention des copistes et des discussions auxquelles ils ont donné lieu, qu'il semble impossible d'y puiser des connaissances exactes. On sait que, dès cette époque reculée, les lois furent rédigées avec une extrême brièveté, qu'on en écrivit seulement les points principaux, et qu'on s'en référa pour le reste aux coutumes : de là cette distinction, qui existe encore aujourd'hui, entre le statut ou la loi écrite et la loi commune ou non écrite. 

Le plus ancien code anglo-saxon est attribué à Éthelbert, roi de Kent, à la fin du VIe siècle : les parties en furent recueillies, sous le règne de Henri Ier, par Ernulphe, évêque de Rochester. Dans ce code, ainsi que dans toutes les législations d'origine germanique, le Droit pénal, le principe de la compensation pécuniaire et ses applications aux divers crimes et délits, tiennent la place la plus importante. Un siècle après Ethelbert, Ina, roi de Wessex, donna de nouvelles lois. Un contemporain de Charlemagne, Offa, roi de Mercie, figure aussi parmi les législateurs anglo-saxons. Durant l'Heptarchie, les rois né pouvaient légiférer sans le concours du wittenagemot ou assemblée des sages. Vers la fin du IXe siècle, Alfred le Grand forma des lois d'Ethelbert, d'Ina et d'Offa, un code plus en harmonie avec les moeurs des Anglo-Saxons, qui, depuis Egbert, ne reconnaissaient plus qu'un seul souverain. 
La conquête normande, au XIe siècle, bouleversa le Droit anglais : Guillaume le Bâtard imposa à ses nouveaux sujets le Droit féodal en vigueur sur le continent. (l'Angleterre au Moyen âge)

Lorsqu'en 1137 on découvrit à Amalfi un exemplaire complet des Pandectes de Justinien, l'Angleterre s'en émut comme le reste de l'Europe : une lutte très vive s'engagea entre les partisans enthousiastes de la loi romaine, soutenus par le gouvernement et le clergé, et les défenseurs de la loi commune. Roger, surnommé le bachelier, moine du Bec en Normandie, enseigna à Oxford le Droit romain avec un très grand succès. On suivit avec la même ardeur l'étude de la loi canonique, enseignée par Girard la Pucelle, qui devint évêque de Lichfield et de Coventry. Sous les premiers rois normands, toute loi émana de la royauté : le souverain consultait seulement une assemblée dont la composition n'est pas très nettement connue, mais où se trouvaient assurément des prélats et des barons, et qu'on appelait commune concilium, magnum concilium regni, parliamentum. Ce dernier mot, dont on a fait Parlement, désigna, à partir de 1264, une assemblée bien autrement puissante, une véritable représentation nationale, la réunion de la Chambre des lords et de la Chambre des communes. A partir de cette époque, toutes les lois, avec les caractères divers que devaient leur donner les événements politiques ou religieux du pays, ont été votées par le Parlement. 

La législation anglaise a cela de particulier, qu'elle ne forme pas un ensemble coordonné; les prescriptions se sont succédé selon les nécessités ou les moeurs des temps, sans que l'État ait eu jamais la préoccupation de les mettre en harmonie les unes avec les autres, et de former un véritable corps de jurisprudence. Certes, l'Angleterre a possédé des légistes renommés : Édouard Coke et Bacon sous la reine Elisabeth Ire; Jeffries, Clarendon, Finch, Hale sous les Stuarts, etc.; mais elle n'a pas produit un code régulier, clair, uniforme, et ses lois. Il a fallu attendre le XXe siècle pour que les juristes anglais s'inspirent des méthodes et des doctrines élaborées sur le continent européen.

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