|
. |
|
Les Corbeaux |
D'une
façon générale, le nom de Corbeaux peut être
appliqué à deux genres de Passeriformes
de taille moyenne ou de dimensions assez fortes, aux ailes
allongées, à la queue droite
ou légèrement arrondie, aux pattes robustes, largement scutellées
sur le tarse, au bec plus
ou moins bombé à la base, comprimé sur les côtés
et recouvert du côté du front par des plumes
roides qui cachent en partie ou complètement les ouvertures nasales.
Cela correspond aux espèces de Corvidés
du genre Corvus (les Corbeaux proprement dits, les Corneilles, les Freux
et les Choucas), et à celles du genre Pyrrhocorax (les Choquards
et les Craves)
Les Corbeaux proprement dits ne diffèrent des Corneilles que par des caractères de très faible importance. On peut dire seulement qu'ils sont en général de taille plus forte que les Corneilles, qu'ils ont le bec plus épais, les pattes plus robustes, le plumage d'un noir plus brillant. Les Grands Corbeaux.
L'aire d'habitat de cette espèce est extrêmement vaste et comprend l'Europe, une grande partie de l'Asie septentrionale et le nord de l'Amérique; toutefois, dans notre pays, les Grands Corbeaux sont beaucoup moins répandus que dans d'autres contrées et ne sont sédentaires que dans quelques localités, où ils nichent tantôt sur des arbres élevés, tantôt sur des rochers escarpés ou des tours en ruine. Les nids, fort grands, sont construits avec des branches ou des brindilles et tapissés de brins d'herbe, de lichens, de filaments d'écorce et de laine. Ils renferment, dès le commencement de mars, des oeufs oblongs, d'un bleu verdâtre, irrégulièrement tachés de brun et au nombre de trois à six par couvée. Les petits sont tellement voraces que les parents ont assez à faire de leur apporter des insectes, des souris, des débris de charognes et même de petits oiseaux. Vers la fin de mai ils sont capables de prendre leur volée, mais ils restent jusqu'en automne sous la surveillance de leurs parents. Les Grands Corbeaux
(Corvus corax L.) sont omnivores et se nourrissent de fruits
et de graines aussi bien que de chair morte ou
de proies vivantes. Non contents de rechercher les insectes, les vers
et les limaces, ils pillent les nids des autres Passeriformes
et des Oiseaux de mer, font la chasse aux Gélinottes, aux Perdrix
et achèvent les Lièvres blessés.
Grand corbeau. Les Corbeaux, sous le rapport du développement des facultés intellectuelles, peuvent disputer le premier rang aux Perroquets. Pris jeunes, ces oiseaux s'apprivoisent aisément; ils arrivent même à imiter les cris des animaux domestiques et à prononcer quelques mots, mais ils ne sont pas toujours des commensaux très agréables, en raison de leur propension au vol et de leurs instincts carnassiers. Sur les bords de la mer, en Islande, en Laponie et au Groenland ou dans la chaîne de la sierra Nevada, en Espagne, les Grands Corbeaux forment des troupes nombreuses, tandis que dans les plaines cultivées de l'Europe centrale et occidentale ils vivent plutôt par couples ou en petites familles dont chacune semble avoir son domaine. Sur le sol, ces oiseaux s'avancent ordinairement à pas lents, le torse relevé, les ailes un peu écartées du corps, et c'est seulement lorsqu'un danger les menace qu'ils perdent de la dignité de leurs allures et se mettent à sautiller gauchement. Leur vol est puissant et bien soutenu, et souvent on les voit planer sans efforts en décrivant de grands cercles. En traversant les airs ou lorsqu'ils se rassemblent, ils font entendre des croassements dont le ton varie assez pour que les anciens devins aient cru pouvoir en tirer des pronostics. En outre les mâles, dans la saison des amours, ont un babil plus varié que celui des Pies. Les autres Corbeaux qui habitent l'Inde, la Palestine, l'Egypte, les Canaries, l'Australie, la Tasmanie, la Chine, Madagascar, l'Afrique tropicale et méridionale et les îles Hawaii et qui figurent dans les catalogues ornithologiques sous les noms de Corvus umbrinus Sund., C. leptonyx Peale., C. coronoides Vig. et Horsf ( = Corbeau d'Auustralie), C. culininatus Sykes, C. torquatus Less. ( = Corbeau à collier), C. scapulatus Daud., C. havaiensis Peale., ne diffèrent guère par leurs moeurs du Grand Corbeau d'Europe. Les Corneilles.
Corneille noire ou Corbé (Corvus corone). Lorsqu'ils sont capables de voler, les jeunes n'abandonnent pas la vie de famille, et en automne ces petites troupes se réunissent à d'autres pour constituer des bandes nombreuses qui s'abattent dans les champs et au milieu desquelles on voit souvent des Corneilles mantelées (Corvus cornix). Ces oiseaux ne picorent pas seulement des graines, comme on le croit généralement, ils recherchent encore et surtout les insectes et les vers; ils dévorent les restes de charognes et font aussi la chasse aux petits rongeurs. Au printemps, il est vrai, les Corneilles pillent parfois les nids d'autres oiseaux; elles commettent quelques dégâts dans les champs récemment ensemencés et ce n'est pas sans raison qu'on les accuse de poursuivre et d'achever les Lièvres et les Perdrix blessés. La Corneille grise (Corvus tristis) et sa très proche cousine la Corneille mantelée (Corvus cornix L.) que l'on a souvent considérées comme de simples variétés locales de la Corneille noire (Corvus corone), se reconnaissent à leur plumage d'un gris cendré sur le corps et d'un noir intense sur la tête, les ailes et la queue. Elles sont répandues principalement en Suède, en Norvège, dans certaines régions de la Russie, en Hongrie, en Turquie et dans l'Asie septentrionale; mais on la rencontre aussi en France, surtout dans les départements du Nord. leurs moeurs et leur régime sont exactement ceux de la Corneille noire, avec laquelle on les trouve souvent associées. Les Freux.
Freux. Les Choucas.
Un Chouca ou Corneille-de-tour (Corvus monedula). En France, quelques Choucas séjournent pendant toute l'année, mais le plus grand nombre émigre à l'automne et ne revient qu'au printemps suivant. Les Choucas nichent dans les clochers, dans les tours en ruine, dans les crevasses des rochers ou plus rarement sur les arbres, et pondent des oeufs colorés de la même façon que ceux des Corbeaux ordinaires. Ce sont des oiseaux omnivores qui dans certains cas peuvent devenir nuisibles en pillant les champs de céréales ou en saccageant les nids de petits oiseaux, mais qui, en temps ordinaire, rendent de réels services à l'agriculture en faisant la chasse aux Mulots et aux Campagnols et en ramassant les vers blancs dans les sillons creusés par la charrue. Les Chocards et
les Craves.
Les
Chocards.
Les
Craves.
Dès les premiers
jours du printemps, les Craves construisent dans les crevasses des rochers
les plus inaccessibles leurs nids qui sont formés, dit-on, de foin,
de brindilles et de mousse et qui renferment de trois à cinq oeufs
d'un blanc jaunâtre pointillés de brun. Pendant toute la saison
des amours et pendant qu'ils élèvent leurs jeunes, ces oiseaux
ne cessent de vivre en bonne harmonie avec leurs semblables et se montrent
toujours prêts à les secourir et à les défendre.
Chaque matin, en troupes nombreuses, les Craves quittent les rochers où
ils ont passé la nuit et viennent s'abattre dans les localités
où ils sont sûrs de trouver les Insectes et les Arachnides
qui constituent leur principale nourriture et qu'ils saisissent adroitement
en fouillant le sol ou en retournant les pierres avec leur bec effilé.
Doués d'une intelligence exceptionnelle, comme la plupart des Corvidés,
ces oiseaux s'apprivoisent aisément et se montrent très attachés
à leurs maîtres. On peut même leur laisser une certaine
liberté et les habituer à revenir à un signal d'appel.
(E.Oustalet).
Crave. |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|