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La civilisation iranienne

Organisation politique et religion

La civilisation de la Perse ancienne fut à son apogée à l'époque de Darius. Ce fut ce souverain qui organisa le premier l'empire et regroupa en une vingtaine de provinces ou satrapies, les quelque 120 petits gouvernements que comptait l'empire de Cyrus : -
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1 Lydie et Pisidie
2 Carie, Lycie et Pamphylie
3 Phrygie,Cappadoce et Paphlagonie
4 Cilicie et Syrie septentrionale
5 Syrie méridionale 
6 Égypte
7 Transoxiane
8 Susiane
9 Syrie des rivières, Babylonie et Assyrie
10 Médie
11 Côte Sud de la mer Caspienne
12 Bactriane
13 Arménie
14 Drangiane, Carmanie et Gédrosie
15 Pays des Saces
16 Sogdiane, Arie, Chorasmie et Parthiène
17 Colchide
18 Albanie et Ibérie
19 Pont
20 Arachosie et Inde Persane.

A ces 20 satrapies, il faut joindre la Perside, berceau de la nation perse, qui formait une division à part, sans porter le titre de satrapie. Chaque province était gouvernée par un satrape, choisi par le roi et assisté d'un secrétaire royal et d'un général commandant les troupes; le satrape avait le pouvoir civil et judiciaire le plus complet et percevait l'impôt à sa guise. Des inspecteurs étaient envoyés chaque année par le roi, appuyés d'un corps de troupes, pour examiner la gestion des satrapes. La Perse propre (Perside) était dispensée d'impôt, mais les autres provinces payaient le tribut en raison de leur étendue et de leur richesse. A l'époque de Darius se rattache la création de la monnaie d'or dite darique, portant une figure de roi armé de l'arc ou de la javeline.

A partir du VIIIe  siècle (époque musulmane), la Perse fut généralement divisée en onze provinces : 
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Province

Irak-Adjémi
Tabaristan 
Mazendéran
Ghilan
Azerbaïdjan
Kurdistan perse
Khousistan
Fars ou Farsistan
Kerman
Kouhistan
Khoraçan occidental

Capitale

Téhéran
Demavend ou Amol
Sari
Recht
Tauris ou Tabriz
Kirmanchah
Chouster
Chiraz
Sirdjan ou Kerman Cheheristan
Mechhed.

Religions.
Dans l'antiquité, les Perses professaient le magisme ou religion de Zoroastre, qui compte encore aujourd'hui des sectateurs à Yezd et dans le Kerman (La religion de l'Avesta); mais depuis la conquête arabe, dans la première moitié du VIIe siècle de J. C., l'Islam est devenu la religion dominante. Les musulmans de l'Iran appartiennent à la secte des chiites

Le Zoroastrisme à l'époque sassanide.
C'est sous la dynastie des Sassanides que le Zoroastrisme a été établi comme religion d'Etat.  Il jouait alors un rôle similaire à celui du christianisme dans l'Empire byzantin, et cette proclamation d'une religion officielle à peu près la même époque par les deux grandes puissances politiques de la région qui a installé l'idée - appelée à un grand avenir - qu'une religion pouvait être aussi un instrument politique.

La religion imprégnait tous les aspects de la vie communautaire. La plupart des sujets des shahs sassanides s'identifiaient avant tout comme membres d'une communauté religieuse. Leurs écoles et palais de justice étaient religieux. Ils considéraient les prêtres zoroastriens (prêtres officiant dans les temples du feu) comme des guides moraux dans la vie quotidienne. La plupart des livres traitaient de sujets religieux. Dans certaines régions, les chefs religieux représentaient leurs ouailles même dans des domaines aussi séculiers que la perception des impôts.

Même si  d'importantes communautés chrétiennes et juives subsistaient à l'intérieur de l'Empire perse, en particulier en Mésopotamie, le zoroastrisme était intolérant. Une inscription de la fin du IIIe siècle en Iran se vante des persécutions des chrétiens, des juifs et des bouddhistes menées par le grand prêtre zoroastrien. Les chrétiens sont d'ailleurs devenus des pions dans la rivalité politique avec les Byzantins et ont été parfois persécutés, parfois patronnés par les rois sassanides (comme ce fut le cas des Nestoriens persécutés à Constatinople et firent des routes d'Asie et d'Arabie leur terre de mission). 

Le Manichéisme.
Fondé en Mésopotémie au IIIe siècle par un prédicateur nommé Mani, le Manichéisme, dérivé du Zoroastrisme, était une religion dualiste qui envisageait le monde comme le résultat d'une lutte entre le bien et le mal. Bien qu'au début Mani ait joui de la faveur du shah, lui et nombre de ses partisans furent martyrisés en 276. Cela n'empêcha pas sa religion de survivre et de se répandre largement, souvent en entrant en concurrence dans l'Empire perse  our les conversions avec les missionnaires nestoriens. 

Les arts

Les plus anciens monuments de l'architecture achéménide sont les tombeaux des rois. Le tombeau de Cyrus, à Pasargades, révèle une influence hellénistique; les autres tombeaux de la même époque diffèrent un peu : ce sont des cubes de pierre surmontés d'un pyramidion écrasé, à ornementation très simple. L'influence égyptienne semble avoir inspiré l'architecture funéraire des successeurs de Darius. Le tombeau de ce roi, à Persépolis, est un hypogée creusé dans le roc. L'art perse a d'ailleurs toujours été influencé par l'étranger; les rois perses revêtaient des étoffes brodées de Babylone et de Phénicie; ils employaient des sculpteurs grecs à la décoration de leurs palais. Le palais de Darius, à Persépolis, semble fortement inspiré de l'art égyptien : ce sont les mêmes portes, surmontées des mêmes corniches égyptiennes. Devant la façade se déploie un escalier de cent onze marches, conduisant à la salle du trône; plus loin s'étend la salle aux cent colonnes de Darius. Suse et Ecbatane sont bâties sur le même plan.

L'architecture des Arsacides, représentée seulement par le palais de Servistan, présente encore la gorge égyptienne dans la corniche des portes. Les deux principaux édifices de l'époque sassanide sont la salle d'audience de Chosroès Ier, qui est tout ce qui reste du palais de Ctésiphon, et le palais de Machita, élevé par Chosroès II en Palestine. Le premier, désigné par les Arabes sous le nom de Tâq-Kesra ( = arche de Chosroès), consiste en une nef de 26 mètres de large sur 48 de profondeur, couverte d'un dôme elliptique de 35 mètres de haut. La façade, qui est pleine, est découpée en six rangées d'arcades superposées. Le plan du palais de Machita présente des analogies profondes avec celui des églises coptes, mais il est agrémenté de la coupole, inconnue des coptes. La décoration des palais achéménides ne le cédait en rien à l'architecture; les salles d'audience étaient soutenues par des colonnes élégantes, surmontées de chapiteaux à tête de taureau d'une pureté de ligne irréprochable. C'est dans la décoration même que l'originalité artistique de l'Iran se révèle, au milieu du mélange d'éléments étrangers. Les murailles extérieures des palais étaient couvertes de briques émaillées posées en saillie, de manière à former de véritables bas-reliefs. La frise des Immortels, rapportée au Louvre par la mission Dieulafoy, où l'on voit défiler les soldats de la garde royale, en est le type le plus parfait.
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Photo d'une porte à Kazvin.
Kazvin, porte sur la route de Téhéran.

La littérature

Le perse ancien est représenté par les inscriptions des rois achéménides. L'Avesta et les Gathas représentent tout ce qui nous est parvenu de la littérature zende (La littérature persane). L'héritage culturel iranien tarda deux siècles pour se dégager après la conquête arabe en Perse. Le premier poète national fut Roudéki, qui vécut à la cour sassanide et mourut en 954. Les Ghaznévides réunirent autour d'eux toute une pléiade de poètes, parmi lesquels Firdousi brilla d'un vif éclat. Le génie de l'Iran, avec ses légendes, son lyrisme et sa philosophie, se retrouve tout entier dans l'oeuvre de Firdousi, le Chah-Nâmeh (Livre des Rois). Cette vaste épopée de 60 000 vers contient l'histoire fabuleuse de la Perse ancienne, depuis les personnages mythiques de l'Avesta, la dynastie des Pichdâdiens, jusqu'aux luttes de Khosrau Parviz contre l'usurpateur Behrâm Tchoubin. 

Vers la même époque parurent des poèmes épiques, dont les auteurs ne nous sont pas connus, tels que le Garchasp-Nâmeh, le Chahriyâr-Nâmeh et l'Iskander-Nâmeh. Un peu plus tard, l'histoire se détacha de la légende. et l'on vit paraître le Zafar-Nâmeh de Hamd-Allah-Moustaufi (1334), le Chahinchah-Nâmeh de Tabrizi (1338), le Timour-Nâmeh de Hâtifi (1521). A côté de ces chroniques rimées, nous trouvons de nombreux ouvrages historiques en prose; le premier en date est la traduction persane faite par Bel Ami des grandes annales arabes de Tabari (996). Le Rauzat-ous-Safâ (Jjardin de la pureté) de Mirkhond (1498) est une histoire universelle, depuis la création du monde jusqu'au règne de Tamerlan. Le petit-fils de Mirkhond, Khondemir, compléta l'ouvrage précédent, en fit un abrégé et rédigea en outre plusieurs autres traités historiques, tels que le Khoulasat-al-Akhbar, le Humayoun-Nâmeh, etc.

Parmi les histoires particulières, on peut citer : le Tarikhi Yamani de Baîhaqi, consacré à la dynastie ghaznévide, le Tarikhi-Djihân-Kouchâï de Djouvaînî, consacré à Gengis Khan, le Djâmi-at-Tawarikh, histoire des Mongols, par Rachid ed-Din Fadhl Allah, etc. Un genre littéraire fort cultivé chez les Persans est la poésie romantique, qui nous donne le Yoûsouf ou Zouleîkha de Firdousi, petit poème tiré de la légende biblique de Joseph en Egypte; le Khosrau ou Chirîn de Nizhâmi (1180), histoire des amours de Chosroès II et de Chirin, princesse d'Arménie; le Leïla ou Medjnoûn, scènes de la vie du désert, du même auteur ; le Djamchid ou Khourchid de Salmân Savedji, roman du prince de Chine et de la princesse d'Istanbul. La littérature mystique fut également en faveur chez les Persans, surtout à l'époque où la philosophie soûfi commençait à se répandre sur ce sol fécond. Le modèle du genre est l'oeuvre poétique d'Omar Khayyâm de Nichapour, célèbre aussi comme mathématicien et astronome (1123); dans ses quatrains (Roubâï), il célèbre, sous une forme libertine, l'ivresse extatique et l'amour divin. 

Le Mantiq out-Taïr et le Pend-Nâmeh de Farid ed-Din Attâr, le Mesnévi de Djelâl ed-Din Roûmi, peuvent se rattacher à ce genre littéraire. Mais les deux poètes les plus populaires de l'Iran sont Saadi de Chiraz, mort en 1291, auteur du fameux Gulistân, recueil de fables et d'histoires en vers et en prose et du Boustân en vers, et Hafiz de Chiraz, mort en 1389, dont les Odes révèlent une âme d'artiste et un profond sentiment de la nature. Citons encore le récit du voyage en Orient de Nassiri-Khosrau, sous le titre de Sefer-Nâmeh, les traités de gouvernement, tels que le Siyâr el-Moulouk, conduite des rois, du vizir Nidhâm oul-Moulk, publié sous le titre de Siasset-Nâmeh, et les recueils de contes et d'apologues, traduits pour la plupart de l'hindoustani et du pehlvi, et dont les principaux sont le Touti-Nâmeh (Livre du perroquet), l'Envari Soheïli (Les Lueurs de Canope), paraphrase du livre de Calila et  Dimna, Bakhlyâr-Nâmeh, le Marzoubân-Nâmeh, etc.
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Photo de musiciens iraniens.
Musiciens iraniens traditionnels.
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