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Les Chimpanzés
Pan
Le Chimpanzé (Pan) est un genre de singes hominoïdes dont on distingue deux espèces : le Pan troglodytes avec (trois sous-espèces : Pan troglodytes schweinfurthii, Pan troglodytes troglodytes, Pan troglodytes verus) et le Pan paniscus, aussi appelé Bonobo ou Chimpanzé pygmée, et qui est l'espèce la plus proche génétiquement des Humains. Ce genre est caractérisé, parmi les autres hominoïdes, par la longueur médiocre des bras qui ne dépassent pas les genoux lorsque l'animal est étendu sur le dos; il a treize vertèbres dorsales et treize paires de côtes, c.-à-d. une de plus que chez l'Orang et chez l'Humain. 
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Chimpanzé.
Un Chimpanzé, en Ouganda. Source : The World Factbook.

Le Chimpanzé diffère du Gorille dont il est, avec l'humain, le plus proche parent, par ses formes moins robustes et l'aspect moins bestial de sa tête et de son cou. Le crâne du Chimpanzé est moins allongé (moins prognathe) que celui du Gorille : la crête occipitale est moins élevée, de sorte que la boîte crânienne a un aspect plus arrondi : les arcades orbitaires sont aussi moins développées. ll en est de même des apophyses-épineuses des vertèbres cervicales qui, chez le Gorille, donnent attache à des muscles puissants et forment le cou de taureau ou capuchon si caractéristique de cette dernière espèce. Les bras et surtout les mains sont plus effilés que chez le Gorille. Dans son ensemble, le Chimpanzé présente un aspect plus humain que ce dernier : le fait est encore plus sensible chez la femelle et surtout chez les jeunes des deux sexes dont la tête est arrondie, dépourvue de crête sagittale et de saillies sus-orbitaires, caractères qui sont propres à l'adulte, se développant à mesure que l'animal vieillit et beaucoup plus chez le mâle que chez la femelle. 

Une autre particularité propre au Chimpanzé est fournie par les oreilles, qui sont beaucoup plus grandes que celles du Gorille : nous verrons cependant que ce caractère est variable et n'a pas la valeur différentielle qu'on a voulu lui assigner. La face, la paume et la plante des mains, les doigts et les oreilles, sont couleur de chair tannée, et non noirs comme chez le Gorille. Le pelage est d'un noir uniforme avec quelques poils blancs au menton et aux fesses. La taille de l'adulte (Pan Troglodytes) atteint 1,50 m, mesurée sur l'animal étendu; mais lorsqu'il se tient debout, appuyé sur le bord externe des doigts des membres antérieurs, il paraît beaucoup moins grand.
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Mains antérieure et postérieure
du Chimpanzé.

La découverte du chimpanzé

Le Chimpanzé est connu depuis bien longtemps, quoiqu'on l'ait souvent confondu avec le gorille, quelquefois même avec le mandrill.

Pyrard l'a observé dans la Sierra-Leone dès le XIVe siècle, et le nomme Barris.

Pigafettaest le premier auteur qui fasse mention du chimpanzé - sans cependant lui donner d'autre nom que Simiae magnatum deliciae

« Dans le pays de Songan (Song?), sur les rives du Zaïre, il y a une multitude de singes qui procurent aux seigneurs les plus grandes distractions en imitant les gestes de l'homme.»  (Pigafetta, Regnum Congo, hoc est vera descriptio regni Africani quod tam ab incolis quam Lusitanis Congus appellalur, etc.)
Ceci peut s'appliquer à presque tous les genres de singes, mais Huxley (La Place de l'homme dans la nature; trad, par E. Dally. Paris; 1868, p. 98.) fera remarquer qu'une des gravures des frères De Bry, qui ornent l'ouvrage permettent de lever le doute. On y voit en effet représentés deux de ces animaux, qui n'ont pas de queue, avec des bras très longs, de grandes oreilles, et dont la taille est à peu près celle des chimpanzés :
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Les Chimpanzés des frères De Bry (1598).

Andrew Battell  en parle aussi; il l'appelle Pongo, comme l'orang-outang, et fait mention d'une autre espèce, plus grande.

Tyson a le premier donné une description qui puisse avoir quelque droit d'être considérée comme scientifique, exacte et complète. 

Ce « pygmée », nous dit Tyson, vient d'Angola, en Afrique, mais il avait été pris beaucoup plus loin dans l'intérieur du pays. Ses cheveux étaient raides et noirs comme du charbon; lorsqu'il marchait comme un quadrupède, à quatre pattes, c'était maladroitement; il ne plaçait pas la paume de la main étendue sur la terre, mais il marchait sur la face externe des doigts, la main fermée (knuckles), et, d'après ce, que que j'observais, je crus qu'il marchait de la sorte, alors qu'il était trop faible, pour supporter son corps. Du sommet de la tête à la plante des pieds je mesurai vingt-six pouces. (Tyson, Orang-outang, sive Homo Sylvestris, or the Anatomy of a pigmie compared with that of a monkey, an ape and a man, publié par la Royal Society de Londres en 1699).
Ces caractères, même sans les excellentes gravures de Tyson, suffisent à prouver que ce qu'il appelle « pygmée » est un jeune chimpanzé. Huxley qui a eu, de la façon la plus inattendue, l'occasion d'examiner le squelette même de l'animal que Tyson avait disséqué, témoigne qu'il s'agit bien ici d'un véritable "Troglodytes niger" (c'est-à-dire un Bonobo), encore très jeune 

William Smith (Nouveau voyage en Guinée, 1744) décrit et figure parmi les, animaux de Sierra-Leone sous le nom de mandrill ou boggoe, un singulier animal, qui semble n'être autre que le chimpanzé.

Buffon lui donne le nom de Jocko, parce que les indigènes, dit-il, l'appellent Entschoko ou Intjoko. Shaw le distingue de son supposé congénère asiatique; Ogilby le regarde comme l'homme sauvage de Hannon. Le nom de Chimpanzé paraît une corruption de Quimpezé, nom donné à ce singe par le voyageur G. de la Brosse (1738), comme son appellation indigène à la côte d'Angola. 
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Chimpanzés.
Chimpanzés dans un zoo.

La question de savoir s'il existe plusieurs espèces de Chimpanzé a tardé à être résolue, faute de savoir pendant longtemps quels étaient les caractères des chimpanzés adultes. Les espèces plus ou moins nominales que différents auteurs ont créées dans le passé n'ont fait qu'embrouiller la question au point que certains naturalistes ont été jusqu'à émettre l'opinion que le Chimpanzé et le Gorille ne constituaient qu'une seule espèce présentant plusieurs variétés plus ou moins tranchées, ou bien qu'il existait, à l'état de nature, des hybrides entre les deux espèces. On sait aujourd'hui que l'on a bien affaire à deux espèces parfaitement distinctes, et même désormais assez bien connues de tous pour que personne ne risque de les confondre, mais jusqu'au début du XXe siècle, les deux seuls caractères considérés comme propres a distinguer ces deux types à tous les âges étaient la grandeur des oreilles et la couleur de la face, qui pourtant ne sont pas constants. Comme exemple des difficultés que présentait la détermination de ces grands singes africains, on peut citer le cas de l'individu femelle d'âge moyen qui vivait, en 1876, au Jardin zoologique de Dresde et avait, pour son sexe, une taille assez élevée (1,20 m). Cette femelle, désignée sous le nom de Mafuca (figure ci-dessous), a été successivement considérée comme un Chimpanzé, comme un Gorille, comme un hybride entre ces deux espèces, ou comme une espèce nouvelle. Sa face était noire et son oreille petite comme celle du Gorille cependant, si l'on négligeait la couleur, on voyait que les proportions de la tête ressemblent beaucoup à celles du véritable Chimpanzé.. 
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Chimpanzé femelle
Mafuca.

Robert Hartmann, qui s'est particulièrement occupé de la distinction des différentes espèces de ce groupe, proposait d'admettre les suivantes : 

1° le Troglodytes niger (E. Geoffroy), ou Chimpanzé des anciens auteurs, caractérisé comme par sa face peu prognathe (angle facial : 70°), ses oreilles grandes de 75 à 78 mm  de haut ; le visage, les extrémités et les oreilles de couleur chair; la taille dépassant peu 1,30 m; c'est le Bonobo (Pan paniscus actuel);

2° le Bam ou Mandjaruma (Trogl. Schweinfurthi Giglioli), à tête plus allongée, à oreilles plus petites, à angle facial de 60°. Les membres, quoique robustes, sont plus grêles que dans la variété précédente. La peau, couleur de chair chez le jeune, devient noirâtre chez l'adulte; le pelage est nuancé de noir et de rouge brun. La Paulina du Loango (ci-dessous) et peut-être le Trogl. Aubryi (Gratiolet), se rapportent à ce type;
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Pan troglodytes
Chimpanzé (Pan troglodytes schweinfurthii) femelle
d'âge moyen (Paulina).

3° une race ou espèce intermédiaire au Chimpanzé et au Gorille serait le Tr. tschego (Duvernoy), auquel on peut rapporter l'exemplaire du musée du havre figuré dans l'Encyclopédie de Chenu (Quadrumanes, p, 3 ), peut-être aussi la Mafuca du musée de Dresde, qui provenait du Loango, et le Soko découvert par Livingstone à Manyéma, à l'Ouest du lac Tanganyika, ainsi que les Tr. Koolo-Kamba et Tr. calvus de Du Chaillu.

Le tableau ci-dessous donne un aperçu de la situation plus conforme aux conceptions actuelles :
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Pan paniscus (Bonobo ou Chimpanzé pygmée);
Pan troglodytes
Ttrois sous-espèces : 
Pan troglodytes schweinfurthii, 
Pan troglodytes troglodytes, 
Pan troglodytes verus.

Habitat et moeurs

Les Chimpanzés habitent l'Afrique équatoriale et le golfe de Guinée, notamment la Sierra-Leone, le Ghana et le Gabon : au Sud, on les trouve jusqu'au Congo qu'ils ne dépassent pas. Leur habitat dans l'intérieur du continent s'étend presque jusqu'à la région des Grands lacs, sans l'atteindre. Il semble qu'ils aient eu jadis une plus grande aire d'extension. Au XIXe siècle, on situait leur habitat entre Cacheu au Nord, dans les possessions portugaises, et Coanza au Sud (Hartmann). On a aussi dit qu'ils vivaient à l'Est, au Sud de l'Abyssinie, dans le pays de Juba (Sud-Soudan) et même, d'après Nachtigal, dans le Sofala au Sud-Est de l'Afrique. 
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Bonobo
Chimpanzé (Bonobo) mâle adulte, vu de face.

Les Chimpanzés vivent dans les forêts où ils se nourrissent de fruits et même au besoin d'animaux (petits singes, jeunes antilopes). Sur la côte de Loango (Gabon), ils se tiennent de préférence dans les collines. Ils vivent par familles ou petits groupes de plusieurs familles, se tenant sur les arbres plus que le Gorille, au moins sur la côte Sud-Ouest. Le Bam (Pan troglodytes schweinfurthii) se loge dans l'épais fourré, formant de véritables galeries, que lui offre la végétation exubérante de ces contrées, où les gros troncs sont reliés par des guirlandes épaisses de plantes parasites, superposées comme les étages d'une maison, et présentant des retraites où règne une obscurité continuelle. Au Loango, les Chimpanzés se tiennent dans les broussailles touffues et les massifs de Scitaminées et ne grimpent sur les arbres que pour se procurer des fruits. Ils recherchent surtout celui de l'Amomum, et vagabondent sans cesse pour trouver leur pâture. Ils construisent des abris, et selon Koppenfels, le mâle passe la nuit au-dessous du nid où repose sa famille, installé lui-même sur une branche fourchue. Ce nid est en forme d'auvent.

Les Chimpanzés poussent des cris perçants et plaintifs, qui retentissent au loin dans les forêts tropicales, et qu'ils font entendre surtout le matin et le soir. Quand on les irrite, ils frappent le sol à coups redoublés de leurs poings, mais ne se frappent pas la poitrine comme le Gorille. Ordinairement, ils fuient devant les humains. Acculés ou blessés, ils se défendent des mains et des dents, et une lutte corps à corps avec un Chimpanzé adulte exige toute la force et le sang froid d'un homme robuste et courageux. L'aspect seul de Mafuca,  la femelle encore jeune du musée de Dresde, aurait donné à réfléchir au lutteur le plus hardi...

Les Chimpanzés ont beaucoup souffert de la chasse. Dans différentes contrées de l'Afrique, on prenait (et parfois on prend encore) les Chimpanzés dans des filets et on les tuait à coups de fusils et de javelots; on mangeait leur chair et les crânes plantés sur des pieux, ou amoncelés avec ceux d'autres animaux, servaient comme objets de culte.

Au Gabon, le Chimpanzé s'appelle Nschégo; les Aschiras et les Malimbas  l'appellent Koulou, les Niam-Niams Ranja ou Mandjarouma; les trafiquants  arabes le désignaient sous le nom de Bam ou N'bam. (E. Trouessart).
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Chimpanzé jeune
Jeune chimpanzé marchant.
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