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Cervidae |
Le
grand genre Cerf (Cervus) appartient à l'ordre des Ruminants
de Cuvier ou à l'ordre des Cétartiodactyles
des naturalistes modernes qui le considèrent comme le type de la
famille des Cervidés, présentant les caractères
suivants : ongulés ruminants pourvus généralement,
chez les mâles, de cornes en forme de bois,
c. -à-d. pleines dans toute leur étendue, se renouvelant
périodiquement chaque année et se ramifiant avec l'âge.
Il existe habituellement des larmiers et
un petit mufle. Formes généralement fines et élancées.
Cette famille se
divise actuellement en quatre sous-familles : celle des Cerfs
(Cervinae) proprement dits; celle des Hydropotinés (avec le genre
Hydropotes), qui sont dépourvus de
cornes dans les deux sexes, et d'autres, dont les cornes restent toujours
simples et non ramifiées, semblables à celle des Antilopes
ou aux premiers bois des Cerfs d'Europe; celle des Muntiacinae (Muntjacs
,lato sensu) et celle des Odocoileinae, parmi lesquels
on range les Chevreuils (Capreolus), les Elans
(Alces) et les Rennes (Rangifer). La
femelle du Renne est la seule qui soit pourvue de cornes; toutes les autres
femelles de ce groupe en sont dépourvues.
Rennes dans la neige. Habitat.
La distribution géographique des Cervidés paraît dépendre surtout des conditions de nourriture; ils habitent tout le nord des deux continents (c.-à-d. les régions paléarctique et néarctique) et les régions Néotropicale (Amérique du Sud) et Orientale (Asie méridionale et Malaisie) mais ils font complètement défaut en Australie, et ce qui est plus remarquable, dans toute l'Afrique au sud du Sahara où ils sont remplacés par des Antilopes, ruminants qui préfèrent en général les prairies aux forêts, et vivent plus souvent en troupeaux nombreux qu'en familles. La distribution géographique des divers genres de la sous-famille des Cervidae, ou Cerfs proprement dits, est elle-même très remarquable et coïncide de la façon la plus nette avec certaines particularités anatomiques. Caractères anatomiques La denture.
Les bois.
Tête de Cerf d'Europe adulte (dix-cors). Ce moment coïncide avec le temps du rut, et les mâles, fiers maintenant de cet ornement devenu une arme redoutable, se battent ardemment pour la possession des femelles, car ils sont essentiellement polygames. Chez le jeune, d'ailleurs, dans toutes les espèces, le bois commence par être une simple dague, et ce n'est qu'au bout de deux ou trois ans qu'il montre une bifurcation constituée par le premier andouiller. A partir de ce moment, chez les espèces à bois compliqué, ce bois repousse chaque année avec un andouiller de plus. L'animal garde quelque temps son armure de tête, puis les vaisseaux s'oblitèrent complètement au niveau du cercle de pierrure, et le bois tombe bientôt par suite de la carie sèche provoquée par l'étranglement de ces vaisseaux, pour repousser peu après, généralement pendant l'été. Le développement des bois est en rapport direct avec les fonctions de génération; si l'on castre un cerf, ce développement s'arrête pour ne plus reparaître; les femelles âgées ont quelquefois de courtes dagues. L'ossature.
Pied télémétacarpien (à gauche) et pied plésiométacarpien. En son temps, Brooke caractérise cette différence en disant que les Cerfs sont plésiométacarpiens et les Chevreuils télémétacarpiens (suivant que le métacarpe est rapproché ou éloigné du carpe). Or, l'observation directe permet de constater que tous les Cerfs américains (à l'exception du seul Wapiti ou Cervus canadensis), sont télémétacarpiens comme le Chevreuil, tandis que tous les vrais Cerfs de l'ancien continent (genre Cervus proprement dit), sont plésiométacarpiens comme le Cerf d'Europe. Le Renne et l'Élan, qui constituent deux genres bien distincts, et habitent tous deux les régions circumpolaires, sont télémétacarpiens comme les Cervidés américains. Enfin, l'Hydropotes, le seul Cervidé qui soit totalement dépourvu de bois dans les deux sexes, et qui habite la Chine, est également télémétacarpien. Ce dernier fait nous donne l'explication de cette différence, surtout si l'on se rappelle que les premiers Ruminants tertiaires étaient dépourvus de cornes. Les types plésiométacarpiens représentent le degré d'évolution le plus avancé du groupe des Cervidés; les télémétacarpiens en sont le degré le moins avancé (comme c'est le cas particulièrement pour le Renne et l'Elan dont l'évolution des bois semble très avancée comparativement à celle de leurs membres). En effet, les plésiométacarpiens (à l'exception des genres Muntiacus et Elaphodus) ont, en général, un bois plus compliqué que celui des télémétacarpiens ou Cervidés Américains, dont on peut dire qu'ils sont tous restés chevreuils sous le rapport de la simplicité de leurs bois. Quant au genre Chevreuil (Capreolus) qui se sépare d'une façon si remarquable de tous les autres Cervidés eurasiatiques, il semblerait plus naturel de la considérer comme un type plus jeune ou plus récemment détaché de la souche primitive commune des Ruminants, que de lui supposer une origine américaine qu'aucun fait paléontologique ne vient confirmer. Quant au Wapiti (Cervus canadensis) de l'Amérique du Nord, on ne doit voir en lui qu'une race locale (conspecies) du Cerf d'Europe (Cervus elaphus), ce qui suffit à expliquer très naturellement ses caractères plésiométacarpiens. Aux différences
dans la structure du pied que nous venons de signaler
entre les Cerfs de l'ancien continent et les Cerfs américains, en
correspondent d'autres non seulement dans la forme des cornes,
mais encore dans celle du crâne et des dents, de telle sorte que
les deux genres Cervus et Mazama se montrent comme ayant évolué
parallèlement sur les deux continents, le premier ayant une avance
manifeste sur le second comme sur le genre Capreolus dont l'évolution
(sur l'ancien continent) semble
La forme du crâne
des Cervidés a été étudiée d'une façon
toute spéciale par Rutimever qui arrive à cette conclusion
qu'il faut tenir peu de compte, dans ce groupe, de la forme des bois, de
telle sorte que ce paléontologiste a recherché de préférence
la parenté des formes sur le crâne de la femelle. Il a déduit
de cette étude que le caractère distinctif des Cervidés
(par opposition aux Bovidés) réside dans la forme allongée,
presque cylindrique du crâne, déterminée par la grande
extension des fosses nasales
relativement au peu d'élévation de la région du maxillaire
supérieur qui porte les dents, l'allongement de la boite crânienne,
le faible bombement du front et la rectitude de l'axe crânien, quand
il n'est pas déformé par la présence des appendices
frontaux.
Un Chevreuil (Capreolus capreolus). |
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Classification
des Cervidés
Le tableau suivant situe les Cervidés au sein de la superfamille des Cervoïdés. On y a inclus la famille des Tragulidés (Chevrotains) parfois rangées à part, ainsi que la famille des Antilocapridés, que l'on peut aussi trouver classée avec celle des Bovidés dans la superfamille des Tauroïdés. Superfamille des Cervoïdés ou Elaphoïdés
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Paléontologie
Les premiers Ruminants tertiaires (Cénozoïque) étaient dépourvus de cornes. Le genre Gelocus, qui est de l'Eocène, était dans ce cas, et l'on peut le considérer comme la souche primitive de tous les Ongulés à pied fourchu munis de prolongements frontaux; son pied est conformé de telle sorte qu'il peut également avoir donné naissance d'une part aux plésiométacarpiens, de l'autre aux télémétacarpiens. Quant à l'existence des cornes, l'examen des types encore vivants de la superfamille des Cervoïdés qui en sont dépourvus (Hydropotes, Moschus), prouve que ces appendices n'ont qu'une importance secondaire, et l'extrême variété que l'on remarque dans la série des genres de cette famille. Il faut arriver jusqu'au Miocène moyen pour trouver des animaux que l'on puisse ranger dans la famille des Cerfs; encore les bois fossiles de cette époque (Dicrocerus elegans ou Cervus furcatus), sont-ils simplement fourchus et pourraient tout aussi bien avoir appartenu à des Antilopes voisines de l'Antilocapre de l'Amérique du Nord, ainsi qu'on l'a supposé longtemps et comme l'indique le nom Antilope dichotoma donné à ces débris. Gaudry a appelé l'attention sur des bois bifurqués provenant des sables miocènes de l'Orléanais (Procervulus aurelianensis), et qui sont remarquables par le manque absolu de cercle de pierrure indiquant le point où le bois se sépare du pédoncuIe crânien. « Je suppose, disait Gaudry, qu'à l'époque où les Cerfs ont commencé à porter des bois, la sève ossifiante n'a pas été assez abondante pour que les bois aient pu se renouveler.-»Ce fait, - rapproché de ce qu'on observe sur l'Antilocapre, qui change plusieurs fois, ou même chaque année, l'étui corné de ses prolongements frontaux, les irrégularités signalées dans la chute périodique des bois chez les Cerfs sud-américains et indiens - porte à penser qu'à l'époque miocène la limite entre les Ruminants à cornes creuses et les Ruminants à cornes pleines était beaucoup moins tranchée qu'aujourd'hui. Ceux de ces Ruminants qui se sont cantonnés dans la région des forêts de la zone tempérée y ont trouvé une nourriture plus variée et plus abondante, et ont fini par constituer le groupe des Cervidés à bois caduc; ceux qui ont émigré plus au sud, vers les plaines de l'Afrique où l'herbe est presque leur seule nourriture, ont constitué le groupe des Antilopes dont les cornes ne se renouvellent pas. - Megaceros hibernicus. Eu résumé, l'histoire phylogénétique des Cerfs nous montre d'abord des Cerfs sans bois (Dremotherium), puis des bois à peine fourchus et persistants (Procervulus), ensuite des bois dont le cercle de pierrure est placé très haut (Gaudry), de telle sorte que la partie supérieure seule se renouvelait (Dicrocerus), à peu près comme chez les Muntjacs actuels, enfin des bois qui se renouvelaient entièrement à partir de leur base, comme dans le genre Cervus proprement dit. Les Cerfs étaient très nombreux en Europe et particulièrement en France à l'époque tertiaire. Les Procervulus, Muntiacus ou Muntjac, Amphitragulus, Palaeomeryx (Antilope dichotoma), Orotherium, Micromeryx étaient de petite taille et ont vécu au Miocène et au Pliocène leur bois était petit, mais pourvu au moins d'un andouiller. Les véritables Cerfs apparaissent vers la fin du Miocène, mais sont surtout nombreux au Pliocène le genre Axis était représenté par plusieurs espèces dans le sud de la France et l'Italie (C. pardinensis, C. borbonicus, etc.). Des Cerfs, des Daims, des Chevreuils bien plus variés que de nos jours, si l'on en juge d'après leurs bois, habitaient le même pays. Les sous-genres Polycladus, Eucladoceros, Strongyloceros, démembrés du genre Cervus, ne sont plus représentés dans la nature actuelle. Parmi les plus distincts, nous citerons l'Eucladoceros Sedgwichi du Pliocène de France et d'Angleterre. Le sous-genre Rusa est représenté dans le Pliocène des monts Siwaliks et de la Chine. Au Pléistocène, les Cerfs étaient encore très variés en Europe; outre un Daim de grande taille (Dama Somonensis), il existait en France et en Angleterre un Cerf gigantesque, plus grand que l'Elan, et formant par ses cornes (qui ont plus de 2 m d'envergure) le passage de ce genre aux Daims (Megaceros hibernicus). L'Elan actuel et une autre espèce (Alces latifrons), le Renne et une espèce (Pliocène) assez distincte du même genre (Tarandus martialis) s'étendaient jusque dans le sud de la France; le Renne actuel était très commun à l'époque glaciaire, au Paléolithique, on travaillait ses bois pour s'en faire des armes, des outils, ou pour y graver des dessins. Le genre Cervalces est fondé sur une espèce pléistocène de l'Amérique du Nord formant comme un intermédiaire entre les Cerfs et l'Elan. Enfin, les cavernes et les couches pléistocènes de l'Amérique du Sud renferment des débris se rattachant en particulier aux Blastocères qui y vivent encore actuellement. (E. Trouessart). |
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