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La bile
(bilis, des Latins; cholé, des Grecs) est un liquide
sécrété par le foie; d'un vert
sombre, d'une odeur nauséabonde, la bile a une saveur
amère qui laisse un arrière-goût fade et douceâtre;
elle est rendue visqueuse et filante par le mucus qu'elle contient. Versée
dans l'eau, elle gagne d'abord le fond du liquide, et si on l'agite, elle
se dissout presque totalement en formant une liqueur mousseuse; elle dissout
facilement les matières grasses acides, ce qui l'a toujours fait
considérer comme une espèce de savon; elle a une réaction
alcaline, et c'est, suivant Bérzelius,
une combinaison des acides gras (oléique et margarique) et de certains
acides résineux avec la soude et une base organique, la biline.
Dans un travail remarquable (1838), H.
Demarçay a dit que la bile résulte de la combinaison de la
soude avec un acide résineux et azoté qu'il nomme acide choléique.
Strecker (1848 et 1849) regarde la bile comme une combinaison de soude
avec deux acides organiques azotés, l'acide cholique et l'acide
choléique; la plupart des chimistes ont adopté ces résultats.
Dans la bile du porc, il a trouvé un acide
particulier qu'il a nommé acide hyocholéique.
On trouve encore dans la bile d'autres
composés moins essentiels, telles
que : une petite quantité d'une
substance grasse cristallisable, la cholestérine, des acides gras
et divers sels à base de potasse, de soude, d'ammoniaque et de magnésie.
Il ne faut pas oublier, dans cette énumération, l'eau, le
mucus
et surtout une matière colorante verte qui se rapproche de l'hématosine,
et que Berzelius a nommée la biliverdine; c'est elle qui, dans l'ictère,
se concentre dans le sérum du sang et colore
en jaune les humeurs et les tissus.
Actions
physiologiques.
A mesure que ses matières alimentaires
pénètrent dans le duodénum,
elles sont mises en contact avec la bile; celle-ci arrive par un tronc
partant du foie et communiquant dans son trajet
avec une poche membraneuse qui lui est adhérente, nommée
la vésicule biliaire, habituellement
distendue par de la bile; il suit de là qu'il y a véritablement
deux sortes de bile : l'une qui vient directement du foie et qu'on nomme
bile hépatique; l'autre qui a séjourné plus ou moins
longtemps dans la vésicule biliaire, la bile cystique, plus épaisse,
plus jaune et plus amère.
La bile intervient dans l'acte de la digestion.
Elle joue un rôle essentiel dans l'évacuation du cholestérol,
et dans l'émulsification des matières grasses contenues dans
les aliments, facilitant ainsi l'action de la lipase pancréatique.
A son arrivée dans le duodénum, le chyme est arrosé
par la bile et le suc pancréatique; la première lui communique
une coloration jaune légèrement verdâtre, bientôt
apparaissent à sa surface des filaments d'une matière blanche
lactescente,
très riche en graisse, et que l'on nomme le chyle.
La bile est toujours plus ou moins alcaline
(basique) au papier de tournesol; elle se décomposé promptement
à l'air, ne se coagule pas par l'ébullition et donne lieu
à un précipité abondant par les acides. La constitution
chimique de la bile est très complexe. (F-N.). |
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