| Besoins, rapports des êtres avec les choses qui leur sont nécessaires. Nos sens nous rendent utiles les choses extérieures, et cette utilité des choses fait naître en nous le désir : ce désir, lorsque, faute de le satisfaire, nous éprouvons un malaise ou une douleur, est un besoin. Tout besoin produit un désir, mais tout désir n'est pas un besoin. Il y a des besoins de luxe et des besoins de nécessité, des besoins généraux et des besoins particuliers, des besoins ordinaires et des besoins extraordinaires. Les besoins humains, soit qu'on les considère chacun en lui-même, soit surtout qu'on embrasse leur ensemble dans l'ordre physique, intellectuel et moral, ne sont pas une quantité fixe, immuable; mais ils sont essentiellement progressifs. Ce caractère se remarque même dans nos besoins les plus matériels. Ainsi le besoin de nourriture varie suivant l'âge, le sexe, le tempérament, l'habitude. Par la continuité de la satisfaction, ce qui n'était d'abord qu'un vague désir devient un goût, et ce qui n'était qu'un goût se transforme en besoin, et plus tard en besoin impérieux. Les besoins physiques, ceux dont la satisfaction est exigée, sous peine de mort, par notre métabolisme, sont, jusqu'à un certain point, des quantités fixes : mais les besoins intellectuels et moraux qui dérivent du désir ne peuvent être stationnaires. Un désir qui est déraisonnable à une époque où toutes les facultés humaines sont absorbées pour la satisfaction des besoins inférieurs, cesse d'être tel quand le perfectionnement de ces facultés ouvre devant elles un champ plus étendu. C'est ainsi qu'il eût été déraisonnable autrefois, et qu'il ne l'est plus aujourd'hui, d'aspirer communiquer instantanément de Paris à Tokyo grâce à cet instrument nommé téléphone... La nature et le travail coopèrent à la satisfaction de nos besoins et de nos désirs, et, en règle générale, à mesure qu'on s'élève dans l'échelle des besoins, la coopération de la nature s'amoindrit et laisse plus de place à nos facultés. Le peintre, le statuaire, l'écrivain même sont réduits à s'aider de matériaux et d'instruments que la nature seule fournit; mais ils puisent dans leur propre génie ce qui fait le charme, le mérite, l'utilité et la valeur de leurs oeuvres, Apprendre est un besoin que satisfait presque exclusivement l'exercice bien dirigé de nos facultés intellectuelles, bien que la nature semble nous aider, en nous offrant des objets d'observation et de comparaison. Quant à l'influence des besoins sur le prix des objets, on peut dire que le prix général d'un objet quelconque dépend du rapport qui existe entre la quantité de cet objet et le besoin plus ou moins grand que l'on éprouve de se le procurer. Le prix tombe, 1° lorsque la quantité d'une denrée augmente et que le besoin diminue; 2° quand la quantité reste invariable, et que le besoin diminue. Le prix hausse : 1° quand le besoin ne varie pas, et que la quantité éprouve une diminution; 2° quand la quantité reste la même, et que le besoin augmente. Le prix est stationnaire : 1° quand la quantité et le besoin ne varient pas; 2° quand la quantité et le besoin croissent ou diminuent dans des proportions égales. (B.). | |