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Habitat, modes de vie et distribution géographique des Batraciens |
Aperçu | Anatomie | Reproduction, développement | Habitat, moeurs, géographie | Paléontologie |
Habitat.
On peut dire de la grande majorité des Batraciens que ce sont des animaux aquatiques, mais autant ils recherchent les eaux douces, autant ils s'éloignent, en général, des eaux salées ou même saumâtres. Ils sont destinés à vivre dans l'eau, au moins pendant une partie de leur existence. La respiration cutanée, si active chez eux, nécessite pour tous une atmosphère humide; là où le désert établit son empire, on peut être certain de ne pas trouver de Batraciens. Ces animaux n'existent qu'aux endroits où se trouve de l'eau, soit d'une manière permanente, soit temporairement. Lorsque les flaques dans lesquelles ils vivent viennent à se dessécher, les Batraciens s'enfouissent profondément dans la vase et y dorment d'un profond sommeil qui ressemble à la mort, pour ne se réveiller qu'avec l'apparition de l'humidité. Dans toutes les régions tropicales où des pluies périodiques divisent l'année en deux périodes bien marquées, on voit les Batraciens disparaître complètement avec le début de la saison sèche et reparaître avec les premières pluies; aussi est-il parfois surprenant de voir ces animaux en foule dans des localités où quelques jours auparavant ils n'existaient pas. De même que pour les Reptiles, les Batraciens prospèrent avant tout sous un climat chaud et humide, ce qui fait qu'ils sont particulièrement abondants dans les parties tropicales et intertropicales de l'Amérique. Dans les forêts primaires, les Batraciens trouvent pondant toute l'année l'humidité et la chaleur si nécessaires à leur développement. Les immenses forêts de l'Amérique du Sud et de l'Asie méridionale servent de repaire à des quantités innombrables de Batraciens; dans ces forêts, l'eau déposée dans les creux des arbres, sur les feuilles, dans la mousse qui partout tapisse le sol, est essentiellement favorable à l'éclosion de leurs oeufs, au développement de leurs larves. Bien au contraire, les forêts relativement sèches de l'Afrique tropicale renferment beaucoup moins de Batraciens. Modes de vie.
Sur la terre ferme, les Urodèles progressent lentement, et en laissant traîner leur ventre; autant leurs mouvements sont rapides dans l'eau, autant sur le sol ils sont lents, lourds et embarrassés. Les Anoures, au contraire, se meuvent généralement par bonds plus ou moins étendus. Tous les Anoures que l'on connaît sous le nom de Rainettes grimpent parfaitement aux arbres, mais chez eux l'actien de grimper diffère totalement de ce que l'on voit chez tous les autres Vertébrés; elle consiste en une série de sauts plus ou moins rapprochés. Tandis qu'un petit nombre de Reptiles possèdent une voix proprement dite, les Anoures, par exemple, peuvent émettre des sons parfois très sonores et ayant une modulation quasi-musicale; chaque espèce, on peut le dire, a son chant particulier et très distinct. Pendant la nuit, le chant de ces animaux se fait entendre dans la forêt vierge et couvre parfois tous les autres bruits, tellement il est strident. Ce sont essentiellement les Anoures adultes qui sont à ce point bruyants; à l'état de Tétards, ils sont complètement silencieux. Les Gymnophiones n'ont pas de voix et parmi les Urodèles quelques-uns seulement font entendre de faibles bruits. On peut dire des Batraciens que ce sont des animaux essentiellement nocturnes ou tout au moins crépusculaires. Le fait est certain pour les Apodes que l'on peut observer dans les ménageries et qui ne sortent de terre que pendant la nuit. Les Urodèles et les Anoures se cachent souvent pendant le jour, surtout au moment de la grande chaleur; d'autres, au contraire, se chauffent au soleil, plongés dans un demi-sommeil; ils n'en sont pas moins toujours sur leurs gardes et se dérobent au moindre danger. Les Batraciens sont essentiellement carnassiers, mais la proie qu'ils poursuivent varie avec l'âge. D'après les recherches de Leydig, les larves se nourrissent, pendant les premiers temps, d'animaux de toute sorte, ingurgitent de la vase, dès lors des Infusoires, des Rotifères, des Diatomées. Les larves peuvent, du reste, se nourrir pendant assez longtemps de substances végétales; mais au moment de leur métamorphose, il leur faut essentiellement des aliments tirés du règne animal. La métamorphose accomplie, tous les Batraciens se précipitent sur les proies vivantes à leur portée, depuis les plus petits vers de terre et les insectes jusqu'à des Vertébrés d'une certaine taille. L'époque de la ponte varie beaucoup suivant les animaux, même chez des espèces fort voisines; c'est ainsi, par exemple, que dans le nord de la France, on trouve le frai de la Grenouille rousse dans des fossés dont la surface est encore en partie glacée, tandis que la Grenouille verte ne pond guère que cinq ou six semaines après; le Crapaud commun pond généralement au mois d'avril, le Crapaud calamite frayant plus tard. Après la ponte les Batraciens anoures quittent l'eau; les Urodèles perdent leur parure de noce et revêtent bientôt une livrée terne, toute spéciale, dite livrée de terre. Le développement est lent chez les Batraciens. Les Grenouilles ne sont adultes que vers l'âge de cinq ans, et ce n'est souvent que vers dix ans qu'elles cessent de grandir; la Salamandre géante du Japon n'atteindrait sa taille que vers trente ans. Distribution géographique.
Nous admettrons donc, avec Boulenger, deux grandes divisions géographiques primaires pour les Batraciens : une zone septentrionale et une zone équatoriale-méridionale. La zone septentrionale, qui comprend le nord des deux continents, est essentiellement caractérisée par l'abondante des Urodèles (Salamandres, Tritons), et l'absence des Apodes ou Batraciens serpentiformes. Cette zone se divise en deux régions : la région paléarctlique ou européo-asiatique est le pays des Salamandres et des Tritons; c'est dans cette région, notamment dans les lacs du Japon et du nord de la Chine, que l'on trouve le plus grand de tous les Urodèles et de tous les Batraciens, la Salamandre gigantesque (Megalobatrachus ou Sieboldia maxima). Les Rainettes ou grenouilles d'arbres (Hylidae) n'y sont représentées que par une seule espèce, la Rainette vulgaire. Une famille d'Anoures (les Discoglossidés) est propre à cette région, sauf le genre Liopelma, qui est spécial à la Nouvelle-Zélande, exception qui fait, en quelque sorte, le pendant de celle des Rainettes, confinées pour la plupart. dans la zone équatoriale-méridionale. La région néarctique ou nord-américaine est le pays des Sirenidae : les Salamandres et les Tritons y sont remplacées par les Amblystomes et les Desmognathes. On y trouve, surtout dans le sud tempéré, de nombreuses Rainettes, plus nombreuses encore dans l'Amérique méridionale. Les familles des Amphiumidés et des Proteïdés (la première comprenant le genre Megalobatrachus) sont communes aux deux régions et établissent un lien étroit entre elles. La zone équatoriale-méridionale, beaucoup plus riche que la précedente, est caractérisée par la présence des Gymnophiones ou Apodes (Cécilies), et l'absence totale des Urodèles. Elle comprend quatre régions que l'on peut associer deux à deux. Une première subdivision (celle de l'ancien continent ou des Firmislernia de Boulenger) correspond à celle des Poissons Cyprinoïdes de Günther; elle est caractérisée par l'absence des Rainettes et des Cystignathidés, famille qui s'en rapproche beaucoup. Des deux régions de cette première division, la première (région orientale ou indienne) est très riche en véritables Grenouilles (Rana) et en Crapauds (Bufo); les Aglosses et les Dendrobatidés lui font défaut. La région africaine (ou éthiopienne) possède au contraire ce dernier type à Madagascar, en commun avec l'Amérique du Sud, et la famille des Dactylethridés (Aglosses) représente sur le continent africain les Pipas de l'Amérique tropicale. Madagascar doit former, dans la région africaine, une sous-région à part, très curieuse par l'assemblage de formes africaines, indiennes et américaines qui s'y trouvent réunies, ces deux derniers éléments représentés par Racophorus, Discophis et Calophrynus d'une part, Mantella (des Dendrobatidés) de l'autre. Par contre, la faune des Batraciens de Madagascar ne présente aucun rapport avec celle de l'Australie. La seconde subdivision de la zone équatoriale-méridionale (division des Arcifera de Boulenger) est caractérisée par l'abondance des Rainettes et types voisins (Hylidés et Cystignathidés). La région néotropicale (ou de l'Amérique méridionale), la plus riche de toutes, sur-tout en Anoures, qui y atteignent leur plus grande taille, possède à elle seule près des deux-tiers des espèces que compte la classe tout entière. Les Crapauds y sont nombreux: les familles des Pipidés, Dendrophryniscidés, Amphignathodontidés, Hemiphractidés lui sont propres. Les Dendrobatidés lui sont communes avec Madagascar, et les Apodes (Cécilies) avec l'Afrique et l'Inde. La région australienne est caractérisée par l'absence des Apodes et des vrais Crapauds (Bufo), l'abondance des Rainettes (Hylidés) et des Cystignathidés, qu'elle possède en commun avec l'Amérique méridionale. Les archipels du Pacifique, si pauvres en eaux douces, ne possèdent, que quelques rares espèces (une Grenouille et une Rainette aux îles Salomon, trois représentants du genre Cornufer aux Carolines et aux Fidji). Un crapaud (Bufo), que l'on rencontre aux îles Hawaii, est si proche parent des formes américaines, que l'on peut supposer que ses oeufs ont été apportés collés aux jambes des échassiers migrateurs qui s'arrêtent sur cet archipel en quittant la côte occidentale de l'Amérique du Nord. Quant à la Nouvelle-Zélande, malgré sa plus grande étendue et son aspect continental, on n'y connaît qu'une seule espèce de Batracien anoure (le Liapelma Hochstetteri), bien remarquable en ce qu'elle appartient à la famille des Discoglossidés, dont tous les autres représentants (Alytes, Bombinator), appartiennent à la région euro-asiatique. En résumé, ce qui frappe le plus dans la distribution géographique des Batraciens, ce sont les rapports que certains groupes bien définis de cette classe établissent entre les régions australes des trois continents (Amérique, Afrique, Australie), régions que leurs faunes mammalogique et ornithologique nous ont habitué à considérer comme des centres zoo-géographiques absolument distincts. Cette différence ne peut dépendre que de causes dont la géologie et la paléontologie doivent nous donner l'explication. Il faut se rappeler que le grand développement des Vertébrés supérieurs (y compris les Reptiles) ne remonte pas au delà de l'époque secondaire. Au contraire, les Vertébrés inférieurs (Poissons et Batraciens) étaient déjà riches en types variés dès la fin de l'époque primaire. (A.E. Brehm / E. Trouessart). |
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