| Autonomie (du grec autos, soi-même, et nomos, loi) est le mot employé par Kant pour signifier l'indépendance de la volonté vis-à-vis des penchants de la nature sensible. La volonté est libre ou autonome, quand elle résiste aux penchants et qu'elle obéit à la raison; car alors c'est à ses propres lois qu'elle obéit. L'hétéronomie de la volonté consiste, au contraire, à se laisser déterminer par des lois étrangères, et c'est ce qui arrive à la volonté quand elle cède aux passions ou aux motifs sensibles. Ainsi, l'humain est véritablement libre et maître de lui-même en se conformant aux lois de sa vraie nature, qui sont celles d'un être raisonnable, et en triomphant des instincts de sa nature animale et de sa sensibilité. L'humain est à lui-même sa propre loi; mais cette loi n'est pas le caprice ou l'arbitraire; puisée dans la raison, elle est invariable. Ainsi se concilie la liberté avec la nécessité; la volonté s'identifie avec la raison, qui commande en souveraine. C'est l'idée stoïcienne qui reparaît plus rigoureuse et plus nette dans la philosophie moderne. Kant échappe aux exagérations du stoïcisme, qui, poussant ce principe à l'excès, arrivait à déclarer la sensibilité et les affections humaines étrangères à la nature humaine. La vraie liberté consiste à conserver à la raison son empire, et à concilier avec elle les sentiments et les besoins de la nature sensible. Dans cette harmonie maintenue par la volonté consiste la paix et l'indépendance de l'âme. On peut reprocher aussi à Kant de n'avoir pas gardé la mesure, et de n'avoir pas fait une part assez grande au sentiment dans la morale. Toutefois, cette doctrine est loin des exagérations de l'école stoïcienne. Mais on doit signaler dans sa théorie la confusion du libre arbitre avec l'autonomie de la volonté. La volonté, quand elle cède au penchant, peut y céder librement; en ce sens elle n'est pas moins libre que quand elle obéit à la raison. Cette conception se retrouve chez un grand nombre de philosophes. (B-n.). | |