Vidal-Lablache ca. 1910 | Cette carte retrace l'état politique et ethnographique des pays riverains de la Méditerranée au moment qui précède les conquêtes d'Alexandre et les premiers progrès de la puissance romaine , c'est-à-dire au milieu du IVe siècle avant J.-C. Les Phéniciens, arrivés vers 2400 avant notre ère sur les bords de la Méditerranée, avaient été les initiateurs du grand commerce maritime. Ils avaient fondé Utique et Gadès [Cadix ] vers 1100, Carthage vers 800 avant J.-C. Mais, depuis le VIIe siècle, Carthage a supplanté la métropole. Par les emporia des Syrtes elle noue des relations avec l'intérieur de l'Afrique . Elle se maintient, en face des Grecs , dans l'ouest de la Sicile, elle occupe la Sardaigne ainsi que les Baléares , et ranime les relations que les Phéniciens, plus de cinq cents ans auparavant, avaient entretenues avec le sud de l'Espagne . Elle essaie même de rétablir les anciens établissements de la côte occidentale d'Afrique : tel est le but de l'expédition de Hannon, au cinquième siècle avant notre ère [ Le périple de Hannon, texte en ligne]. Périple de Hannon. | Géographie d'Homère. | Monde d'Hérodote. | Cependant la colonisation grecque s'était en grande partie substituée à la colonisation punique dans la mer Égée et le Pont-Euxin, sans toutefois effacer entièrement les traces phéniciennes. Elle s'était établie à l'est et au sud de la Sicile (fondation de Syracuse , 734). Devant la coalition des Carthaginois et des Étrusques, elle n'avait pu se maintenir en Corse . Mais, par la fondation de Marseille (600), elle avait jeté presque à l'extrémité du bassin occidental, un vigoureux germe d'hellénisme. Marseille développe ses relations avec les pays de l'étain. Grâce au voyageur Pythéas, quelques notions sur le nord de l'Europe , sur l'île de Bretagne , sur la péninsule occidentale de la Gaule , commencent à se répandre chez les peuples de la Méditerranée. Carte d'Eratosthène. | Carte de Ptolémée. | La domination des Tyrrhènes ou Étrusques s'étend encore, en Italie , depuis les embouchures du Pô jusqu'en Campanie . Mais elle perd du terrain au nord devant les Gaulois , et elle ne tardera pas à succomber, au sud, sous les coups des peuples Osques (440-420). Sauf à l'extrémité septentrionale de l'Adriatique, les Gaulois ne touchent pas encore aux bords de la Méditerranée. Ils occupent toute l'Europe centrale, depuis la Bretagne jusqu'au cours moyen du Danube; à peine le peuple germanique des Bastarnes commence-t-il à se dessiner au nord-est, sur leurs derrières. Les côtes méridionales de la Gaule, que les Gaulois n'ont pas encore atteintes, sont occupées soit par les Grecs , soit par les Ligures. Les noms de Bodineus (Pô), Cemmènes (Cévennes) sont d'origine ligure. Carthage. | Tyr. | Ainsi la pression des peuples de l'intérieur se fait sentir partout sur les peuples riverains de la Méditerranée. Les Gaulois pèsent sur les Ibères et les Ligures; les Osques pèsent sur les Étrusques; les Macédoniens sur les Hellènes. De nouvelles combinaisons ethnographiques et politiques se préparent. (V.-L.). | |