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Malgré leurs
rapports avec les Babyloniens,
les Hébreux sont restés presque
complètement étrangers aux connaissances astronomiques. Leur
calendrier, fondé principalement
sur des observations agronomiques, était très imparfait;
leurs divisions horaires du jour et de la nuit n'étaient pas constantes,
et leurs périodes lunaires étaient très défectueuses.
Cependant leur semaine, schabouah, était une période
régulière de sept jours, désignés par le premier,
le second, le troisième, etc., jour du Sabbat,
correspondant à nos dimanche, lundi, mardi, etc. Quant à
la connaissance, fort ancienne, qu'ils avaient de l'année divisée
en trois cent soixante-cinq jours, elle était peut-être d'importation
égyptienne.
Les
astres dans la Bible.
Les anciens Hébreux
comprenaient sous le nom d'étoiles (kochab), tous les astres,
les constellations
et les planètes;
en un mot, tous les corps célestes et lumineux, à l'exception
du Soleil
et de la Lune.
La Bible
s'exprime souvent d'une manière qui semble attribuer de l'intelligence
et du sentiment aux astres. Le Soleil et la Lune étaient nommés
par les Hébreux idolâtres, le Roi et la Reine
du ciel, et les étoiles en étaient comme l'armée,
ou la milice (Deutéronome.
XVII, 3).
Le nombre des étoiles
passait pour infini; et le Psalmiste,
pour relever la grandeur de la magnificence de Dieu (Psalm. XLVI, 4); dit
qu'il compte le nombre des étoiles, et qu'il les appelle toutes
par leurs noms : Qui numerat multi tudinem stellarum, et omnibus eis
nomina vocat. ll est comme un roi qui fait la revue de son armée,
et qui donne à tous ses soldats le nom qu'il juge à propos.
Lorsque la Bible veut marquer une multiplication extraordinaire
et innombrable, elle prend. sa similitude des étoiles du ciel, ou
du sable de la mer (Genèse
XV, 5, XXII, 17, XXVI, 4. Exode.
XXXII, 13 etc.) : Je multiplierai votre descendance comme les étoiles
du ciel. Job (Job
XXV 5) dit qu'aux yeux de Dieu, les étoiles elles-mêmes ne
sont pas pures; qu'elles formaient un concert de musique en son honneur
au commencement du monde (Job, XXXVIII, 7); et que Dieu les retient
comme sous la clef, et empêche qu'elles ne paraissent, quand il juge
à propos (Job, IX, 7).
Dans les temps de
disgrâces et de calamités publiques, on dit que les étoiles
retirent leur lumière, et sont couvertes de ténèbres
(Ezechiel
XXXII, 7; Joel. II, 1, III, 20), qu'elles tombent du ciel, et qu'elles
disparaissent (Matthieu
XXIV, 29. Marc
XIII, 25). Ce sont des expressions figurées et expressives, que
les explications ne font qu'atténuer et affaiblir. Amos (Amos,
v, 26) dit que les Hébreux dans le désert portaient un astre,
ou une étoile, à qui ils rendaient des honneurs divins :
Portastis sidus dei vestri.
Voici les constellations qu'on trouve mentionnées
dans l'Ancien Testament,
la Bible des Hébreux :
1° La Grande Ourse,
Asch [Lévitique,
XXV, 27 et 50.], nom qui rappelle la racine arabe aouas, faire un
circuit; c'est, de toutes les constellations circompolaires, la plus apparente.
2° Les Pléiades, Kimah
nom dérivé de Kamah, désirer, parce que cette constellation
annonçait le retour désiré du printemps; et, en effet,
d'après un calcul facile, fondé sur la précession
des équinoxes,
le lever des Pléiades annonçait, il y a 3500 ans, du temps
supposé d'Isaac et Jacob, le retour du
printemps.
3° Orion,
Kesil. Quelques interprètes ont rendu ce nom par Scorpion,
constellation remarquable par une étoile de première grandeur,
d'un éclat rouge (Antarès ou coeur du Scorpion). Mais le
passage suivant de Job : « Pourras-tu délier les liens du
Kesil [Job, XXXVIII, 31-32, IX, 9, 2] ? » tranche la question
en faveur d'Orion. Dans les antiques légendes de l'Orient, Orion
était un géant impie, qui avait été attaché
au ciel par des liens solides. Et si le nom de Kesil n'a, selon quelques
interprètes, que le sens général de constellation,
on avouera que ce nom conviendra parti culièrement à
Orion, qui est, sans contredit, la plus belle constellation de notre ciel,
la constellation par excellence.
4° Le Dragon,
Nakbasch [Job, XXVI, 13. 3]. L'étoile la plus brillante
de la constellation du Dragon, serpentant entre la Grande et la Petite
Ourse,
marquait, du temps des Patriarches, le pôle nord.
Enfin, le mot Masaroth [ II Rois,
XXIII, 5.], qu'on a traduit par demeures [du Soleil], désigne les
constellations du zodiaque que le Soleil paraît occuper successivement
dans sa course annuelle.
Mais toutes ces indications sont bien vagues
et pour la plupart d'une valeur contestable. D'ailleurs il y a loin de
la connaissance de quelques constellations à une science astronomique,
et l'astronomie d'alors, intimement liée à celle des astrologues,
était trop peu en harmonie avec les doctrines
mosaïques pour être favorisée par les prophètes,
ennemis de toute superstition, qui ne voulaient pas qu'on interrogeât
les signes célestes et qu'on s'en épouvantât à
la façon des païens.
«
Écoutez ce que le Seigneur a dit pour vous, maison d'Israël
: Ne vous rendez point les disciples des erreurs des nations ; ne craignez
point lei signes du ciel comme les nations les craignent [Isaïe,
XIII, 10]. »
Amos (Amos v,
26) parlant de l'idolâtrie des Hébreux dans le désert,
nous apprend qu'ils ont porté l'étoile de leurs dieux. On
demande quelle est cette étoile, ou cet astre; car, sous le nom
d'étoile, les Juifs comprenaient les planètes et les autres
astres. Les uns (Grot. Lud. de Dieu. Scaliger., etc.) croient que
c'était la figure de la planète de Saturne;
et ce sentiment est assez commun d'autres croient que c'est la Lune; mais
il n'est pas sûr qu'on l'a comprise sous le nom d'étoile.
Les Septante ont lu : L'astre de votre dieu Rempham (parfois assimilé
par les commentateurs de la Bible à Saturne).
La Genèse,
pour précautionner les Hébreux contre la pratique qui régnait
dans presque tout l'Orient, d'adorer le Soleil, la Lune et les astres,
dit, tout au commencement de la création du monde, que Yahveh
leur donna l'être, et les tira du sein de la matière, qu'il
avait produite du néant (Genèse, I, 14, 15, 16). Le
Livre de Job (XXXVIII, 7) décrit les astres au commencement
du monde, qui louent le Créateur; et Isaïe (XIV, 13),
fait dire à Lucifer dans sa révolte : Je monterai dans
les cieux, j'élèverai mon trône sur les astres, je
m'assiérai sur la montagne du testament, etc.
Prenez garde, lit-on
dans le Deutéronome
(IV, 19), que levant vos yeux vers le ciel, vous ne considériez
le Soleil, la Lune et, tous les astres des cieux, et que, séduits
par leur beauté, vous ne vous portiez à les adorer, et à
rendre à ces créatures, que le Seigneur a créées
pour le service de toutes les nations qui sont sous le ciel, un culte superstitieux
et idolâtre. Et Job (XXXI, 25, 26) : Si j'ai vu le Soleil
dans son éclat, et la Lune dans tout son brillant; si mon coeur
s'en est réjoui en secret, et si j'ai, baisé ma main ( pour
les adorer), ce qui est un très grand péché, et une
espèce de renoncement contre le Très-Haut, etc. Le culte
de Baal, d'Astarté,
de la Reine du ciel, de la milice du ciel, etc., qui a été
souvent relevé chez les premiers Hébreux, n'est autre que
le culte des astres, surtout du Soleil et de la Lune. Saint Etienne dans
les Actes (VII, 42), après avoir parlé de l'adoration
du veau d'or dans le désert, dit que Dieu les a abandonnés
à leur aveuglement, et qu'ils ont rendu leurs adorations à
la milice du ciel, et qu'ils ont porté dans le désert la
tente de Moloch, et l'arche de leur dieu Rempham.
A certaines époques,
les auteurs juifs ont donné beaucoup aux influences des astres.
Ainsi, à l'époque alexandrine, Philon
leur attribue une très grande part à tout ce qui arrive sur
la Terre. Il dit ailleurs que les astres sont non seulement des animaux,
mais même qu'ils sont des esprits très purs; que l'air est
plein d'animaux, ou d'esprits, qui en descendent continuellement pour animer
les corps; il avait puisé ces sentiments dans Platon,
son maître. Origène a eu les mêmes
conceptions. Le rabbins
médiévaux (Maïmonide, notamment),
donnent de même de l'intelligence au ciel et aux étoiles;
ils tiennent qu'elles connaissent Dieu, qu'elles se connaissent ellesmêmes,
que Dieu est l'objet de leurs désirs, que leurs connaissances et
leurs actions sont plus parfaites que celles de l'humain.
Maïmonide dit
qu'il n'y a pas de dispute, entre les sages sur le sujet des astres : ils
conviennent tous qu'ils ont une grande influence sur la génération
et la corruption des corps sublunaires. Quelques-uns attribuent la direction
des événements plutôt aux anges qu'aux étoiles;
mais d'autres soutiennent que ce sont les astres qui versent leurs influences
sur la Terre : chaque herbe a, selon eux, son étoile particulière,
dont elle reçoit sa vertu; cette vertu s'étend même
sur le corps humain et sur les principales actions de la vie. Cela toutefois
ne détruit pas la liberté de l'humain; les planètes
ne leur imposent aucune nécessité ; leurs effets tombent
principalement sur nos corps, sur la santé , sur la complexion et
sur tout ce qui en dépend.
La Bible semble
quelquefois donner du sentiment aux astres : on nous dit que les astres
louaient Yahveh au commencement du monde (Job, XXXVIII, 7) : on
invite le Soleil, la Lune et les étoiles à louer le Seigneur
: on dit que la Lune retire sa lumière, qu'elle obéit à
la voix de Josué; que le Soleil s'arrête au commandement de
ce chef du peuple de Dieu; que le Soleil se lève comme un époux,
qui sort de sa chambre nuptiale (Psaumes, XVIII, 6). Moïse
semble favoriser le sentiment qui attribue des influences au Soleil et
à la Lune, lorsqu'il promet à Joseph (Deutéronome,
XXXIII, 14) abondance des fruits du Soleil et de la Lune. Job (Job,
IX, 7) dit que le Yahveh donne des ordres au Soleil, et qu'il ne se lève
pas. Et le Psalmiste (Psaumes, CIII, 19), que le Soleil connaît
le lieu et le temps de son coucher. Et Salomon
(Ecclésiastique, I, 5) : le Soleil se couche et se
lève, et revient au lieu d'où il, est parti, et renaissant
au même endroit, tourne par le midi et s'avance du côté
du septentrion : cet esprit visite toutes choses et tourne de tous côtés,
et revient sur lui-même par de longs circuits : ce qui est assez
semblable à cette expression de l'Ecclésiastique
( XLII, 16) Sol illuminans per omnia respicit, et gloria Domini plenum
est opus ejus. Et encore (Ecclésiastique XI, III, 2)
Sol in aspectu annuntians, in exitu vas admirabile, opus excelsi.
Baruch (v. 59) dit que le Soleil et la Lune, ces astres si brillants,
obéissent au Seigneur, etc. (Bt/ F. Hoefer). |
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