| Le siège, pris dans l'acception actuelle, a présenté d'assez nombreuses variétés dans l'Antiquité et au Moyen âge. Les sièges antiques ont été faits de bois, d'ivoire, de métal ou de pierre et de marbre. Parmi ces derniers, il faut citer surtout les gradins de cirques et des théâtres et les sièges fixes munis de dossiers et de bras ornés qui, dans les mêmes lieux, étaient réservés aux personnages importants (théâtre de Dionysos à Athènes). Les sièges de bois, qui ne nous sont connus que par des représentations figurées, et les sièges de bronze, dont on a trouvé un grand nombre à Pompéi, étaient des bancs, des tabourets rectangulaires ou circulaires avec pieds souvent disposés en X comme ceux de nos pliants, et des chaises à dossier, décrivant en plan un segment de cercle. On s'asseyait sur des coussins et sur des sangles de cuir fixées au cadre de métal du meuble. De petits lits, souvent aussi en métal, analogues à nos chaises longues, servaient de meubles de repos, concurremment avec les sièges, et l'on sait que l'usage antique était de manger couché et non assis. Les sièges revêtus de plaques de métal précieux ou d'ivoire étaient un privilège des hauts personnages : on sait que la chaise curule en ivoire était chez les Romains un insigne de magistrature. Ces sièges avaient généralement un dossier bas, formant avec les bras un même arc de cercle. Chez les Scandinaves, un grand fauteuil de bois à montants élevés, enrichis de sculptures fantastiques, était aussi un insigne de dignité : le chef de famille dans sa maison, le capitaine Viking à bord de son navire trônait sur un siège de ce genre, et ce trône était un objet sacré (L'art du meuble). Le christianisme accepta cette idée, en même temps que le Moyen âge adoptait et transformait lentement les types des sièges antiques. Le presbyterium ou abside des anciennes basiliques fut garni de gradins de pierre servant de siège au clergé, comme on en voit encore à Torcello; à leur centre, ils étaient interrompus par la chaire pontificale (cathedra) à dossier et bras ornés. Comme dans l'Antiquité, cette chaire est un insigne de dignité, Celle peut être en ivoire, comme l'est à Ravenne celle de l'évêque Maximien (546 à 553), ornée de scènes de la Passion. D'autres fois, elle est en marbre, comme à Cividale et à Parenzo; au XIe siècle, à Saint-Vigor près de Bayeux et à Vaison; au XIIe siècle, dans les cathédrales d'Augsbourg, d'Avignon, de Canterbury, de Durham, à Saint-Ambroise de Milan, à Fondi, à Terracine, à Espondeilhan (Hérault), etc.; au XIIIe siècle, à Toul; vers 1200, à Anchin (musée de Douai). Généralement, à partir du XIIe ou XIIIe siècle, le siège pontifical ou presbytéral et les stalles qui garnissent le choeur des églises sont en bois. On continua de faire des sièges de pierre sous les porches et dans les embrasures des fenêtres civiles. On les garnissait de coussins mobiles. Le Moyen âge a connu aussi les sièges de métal : on en voit dans les miniatures et tapisseries, et nous avons conservé le trône de Dagobert, fauteuil antique en bronze restauré au XIIIe siècle. Le mot siège, dans les textes du Moyen âge, a souvent signifié la base ou les fondations d'un édifice. Parmi les sièges variés du Moyen âge, il faut citer le faudesteuil ou fauteuil (faldistaurum) qui est un siège d'honneur, muni de dossier et de bras. Les figures de l'époque romane nous montrent de nombreux fauteuils en bois tourné ornés d'une série d'anneaux et de renflements. Les musées d'Oslo, de Stockholm et de Copenhague conservent encore des sièges de ce genre. Le faudesteuil du XIIIe et du XIVe siècle a généralement un dossier terminé en fronton, comme le trône de Dagobert (dossier du XIIIe s.) et celui des rois d'Angleterre (XIVe s.), à Westminster. Ces sièges ont presque toujours un dossier élevé permettant d'appuyer la tête : c'est un progrès sur l'Antiquité. Les chaières ou chaires de la fin de l'époque gothique et de la Renaissance sont des meubles carrés avec bras et dossier élevé (Chaise); sous le siège garni de coussins mobiles, on a souvent ménagé un petit coffre. Les chaires en X, généralement pliantes, à siège et dossier formés de sangles de cuir, sont restées depuis l'Antiquité jusqu'au XVIIe siècle. - Siège servant au couronnement des rois d'Angleterre, XIVe siècle (abbaye de Westminster). Les escabeaux ou escabelles sont des sièges carrés sans dossier et que l'on garnissait de coussins mobiles, de même que le basset ou petit banc court, le banc, bancal ou banquiet avec ou sans dossier, ou à dossier mobile permettant de s'asseoir dans un sens ou dans l'autre, ou bien encore avec deux sièges dos à dos et un dossier central. On garnissait pareillement de coussins, et l'on utilisait comme sièges les coffres, huches, bahuts ou arches, qui se plaçaient le long des murs des appartements et qui servaient d'armoires et de malles de voyage. Enfin, jusqu'au XVIIIe dernier, on s'est volontiers assis sur le sol même, sur des coussins, des tapis ou même, jusqu'au XIIIe siècle au moins, de simples bottes de paille dont on usa comme sièges dans les antichambres, écoles et autres lieux publics. C'est au XVIe siècle qu'apparaissent nos chaises sans bras et au XVIIe que s'implante l'usage de nos meubles à coussins fixes. (C. Enlart). | |