| Les artistes ont représenté Hermès sous différentes formes, selon la manière dont ils comprenaient son rôle. A l'origine, et particulièrement en Arcadie, Hermès, fut rangé parmi les divinités chthoniennes, qui, du fond de l'abîme, dispensent des fruits et des bénédictions; dieu de la fécondation, on le plaça sur les chemins sous la forme d'un poteau pourvu d'une tête et d'un phallus. Le nom d'Hermès, en tant que terme de sculpture, a ainsi été employé dans diverses acceptions. Ce mot désigne : 1° les statues représentant le dieu Herrnès, qui sont encore si nombreuses dans nos musées. 2° les bustes d'Hermès-Mercure, qui surmontaient ordinairement les bornes grecques; ces statues qui étaient placés dans une espèce de gaine ou cippe, de telle sorte qu'il n'y avait que la tête, une partie du buste et les pieds qui paraissent, et souvent terminée simplement en gaine. 3° toute espèce de pilier qui se terminait par un buste adhérent au socle. Les Grecs, qui ont inventé ce genre de monuments, y attachaient une idée religieuse. A l'origine, ils avaient adoré des pierres informes; plus tard, on donna souvent à ces pierres l'apparence de piliers; enfin, à ces piliers, l'on ajouta des attributs caractéristiques, surtout une tête. C'est de là qu'est venu l'hermès, sorte de poteau indicateur, surmonté d'une ou plusieurs têtes, qu'on plaçait au coin des rues ou des carrefours, le long des routes, à la limite des champs, dans les gymnases. Cette borne se nommait erma; par un jeu de mots inconscient, l'imagination populaire y reconnut le gardien de la propriété, Hermès (Hermeias). Les hermès qui était installés aux carrefours et avaient autant de têtes qu'il y avait de directions, à marquer : celui de Proclyde à Ancyre en avait trois; celui de Télésarchides dans le Céramique en avait quatre. On inscrivait sur ces statues les distances itinéraires ou des sentences morales C'est le buste de ce dieu que portaient la plupart des bornes; mais on remplaça souvent sa figure par celle d'une autre divinité : Dionysos et Apollon furent aussi représentés en hermès. On appelait Herméracles les hermès qui réunissaient les têtes adossées d'Hermès et d'Héraclès. On perpétua aussi sous forme d'hermès les images des personnages illustres : en 1742, on a trouvé à Rome un hermès à deux têtes, portant les noms d'Épicure et de Métrodore; il en existe aussi qui réunissent Hérodote et Thucydide, Socrate et Alcibiade. Les Grecs aimaient beaucoup ce genre de monument; ils en ont conservé la tradition jusque sous l'empire romain, et au temps des Antonins les éphèbes dédiaient encore dans leurs gymnases des hermès représentant leurs maîtres. Toutes ces images étaient surtout populaires à Athènes, où l'on appelait hermoglyphes, ou sculpteurs d'hermès, tous les artisans qui travaillaient le marbre. Elles remplissaient les rues et les places; on y suspendait des ex-voto, et l'on ne passait pas devant elles sans faire le geste d'adoration. C'est ce qui explique la profonde émotion causée par le sacrilège attentat des Hermocopides au début de l'expédition de Sicile. A Rome et dans l'architecture moderne, les hermès ont été encore très souvent employés comme piliers de balustrade ou comme simples motifs d'ornementation. Les bustes ou les statues d'Hermès ont figuré le dieu tout d'abord sous les traits d'un homme fait, les traits accentués, les formes robustes, les cheveux réunis sur la nuque, sauf deux boucles qui pendent sur les épaules, la barbe longue et en pointe; vêtu d'une tunique et d'une chlamyde, coiffé d'un chapeau de feutre, il tient le caducée, porte des bottines à petites ailes. Hermès n'était pas sans analogie avec Pluton, qui présidait aussi aux richesses du sol et régnait sur les morts, et c'est pour ce motif qu'on le représenta armé d'une baguette et introduisent les âmes aux Enfers : de là vint plus tard son rôle de psychopompe de ministre subalterne des dieux. Un des types les plus souvent reproduits est celui de la statue que les Phésiéens consacrèrent à Olympie et firent exécuter par Onatas; le dieu porte un bélier sous le bras (d'où l'épithète de Criophore); Calamès plaça le bélier sur les épaules du dieu, et cette variante fut aussi très reproduite. Une quantité de terres cuites montrent le dieu pasteur portant son bélier ou l'ayant à ses côtés; c'est ce sujet qui est devenu, dans l'art chrétien, celui du Bon Pasteur (Les représentation de Dieu). La nouvelle école attique fit, au contraire, d'Hermès un éphèbe imberbe, aux cheveux courts, bouclés, aux traits fins. Le chef-d'oeuvre de cette conception est l'Hermès attribué à Praxitèle, retrouvé dans les fouilles d'Olympie; le dieu porte Dionysos enfant; il est nu, la chlamyde jetée sur le tronc d'arbre où il s'appuie; la bouche est petite, l'expression souriante; le corps porte sur une jambe. On imita beaucoup l'oeuvre de Praxitèle; l'Hermès du Belvédère, au Vatican (appelé par erreur Antinoüs), en est inspiré. A partir du IVe siècle, on surcharge d'attributs les images d'Hermès; il figure dans un très grand nombre de scènes. | |