| Une crédence (du latin credere = confier) est une petite table supportée par un cul-de-lampe, une console, une figure ou tout autre ornement, et qu'on place dans une église près de l'autel pour recevoir les burettes, le bassin et l'essuie-main qui servent à la célébration de la messe. C'est uniquement dans un désir de symétrie que certains autels sont accostés de deux crédences. On a donné le même nom à des niches creusées dans l'épaisseur de la muraille du sanctuaire, souvent géminées, et pourvues d'une piscine où le prêtre se lavait les mains avant la messe (L'art du meuble). Rares au XIIe siècle, les crédences deviennent très nombreuses au XIIIe; on en voit même de chaque côté de l'autel; elles sont souvent divisées en deux parties par une tablette horizontale destinée à recevoir les vases sacrés, et leur plan inférieur est creusé en cuvette percée d'un trou, pour laisser échapper l'eau qui tombait de l'aiguière. Elles servaient encore à renfermer des vases ou des ornements précieux : alors elles fermaient à clef. On en voit de cette espèce tout autour du sanctuaire de la Sainte-Chapelle de Paris et dans l'église de Saint-Germer (diocèse de Beauvais). Leur ornementation varia suivant le goût des temps. Au XIVe siècle, on ne voit presque plus de crédences géminées; elles sont simples, et surmontées d'un fronton triangulaire ou d'un dais évidé à jour. La vie civile du Moyen âge employait aussi des crédences qui servaient à placer les plats et les vases pendant l'essai des mets. C'était un petit meuble en forme d'armoire basse que l'on plaçait auprès de la table à manger et que l'on recouvrait d'une nappe. Plus tard, ces meubles prirent plus d'importance et ils se revêtirent de délicates sculptures. Alors on les éloigna de la table et on les appuya sur la muraille, en étageant sur leur surface des degrés destinés à recevoir les pièces de la vaisselle massive qui étaient si nombreuses au XVe siècle. Souvent un dais ajouré venait abriter ces petits meubles dont quelques-uns figurent dans nos collections. Ainsi complétée, la crédence était devenue un dressoir et c'est à ce dernier mot que nous renverrons pour cette pièce importante de notre ancien ameublement. On appelle aussi crédence la miséricorde d'une stalle. Les Italiens nomment credenza le meuble et, par extension, la chambre qui renferme l'argenterie, les comestibles, et tout ce qui concerne le service de table; c'est le buffet ou l'office des Français. C'est en ce sens que dans les couvents, séminaires et collèges, on appelait crédencier celui qui était chargé du soin de la crédence et de la distribution des provisions de bouche. (B.). | |