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Le mot costume
s'applique 1° à l'ensemble des vêtements dont les humains
se sont couverts, et qui ont varié selon les temps et les civilisations;
2° à l'habillement et aux insignes qui distinguent les personnes
constituées en dignité ou chargées de fonctions publiques;
3° aux habits dont se servent les acteurs pour représenter les
personnages historiques, ou que l'on prend comme déguisement dans
les bals dits costumés. Dans les arts ainsi qu'au théâtre,
le costume n'embrasse pas seulement les habits, mais aussi les armes, les
meubles, et généralement tous les accessoires.
Costume civil.
Puis, on trouva l'art de filer et de tisser la laine des troupeaux, et on en fit des étoffes, qui, d'abord grossières, devaient être perfectionnées et variées par le progrès des arts, mises en teinture, brodées en laine, en soie, en argent et en or. Le costume des premiers habitants de l'Amérique et de l'Océanie peut donner une idée de ce que fut nécessairement celui des premiers humains. Les vêtements, assez courts d'abord pour ne pas embarrasser la marche, devinrent plus longs pour les princes, les magistrats et les femmes, et le climat amena des variétés infinies dans la nature de leur tissu et dans leur forme. Chez
les anciens Indiens.
Chez
les Hébreux.
Chez
les Grecs.
Chez
les Romains.
Chez
les Celtes et les Ibères.
Les Ibéres, voisins des Pyrénées, se couvraient d'un vêtement court de laine grossière et à long poil, et portaient des bottes tissues de cheveux; leurs femmes s'enveloppaient la tête d'un voile noir, origine de la mantille. Près de l'Italie, on trouvait la toge et le costume romain; à Marseille et dans les colonies grecques du midi, le costume grec. Depuis Lyon jusqu'aux bouches du Rhin dominait le costume vraiment national, composé des braies, pantalon large, flottant et à plis chez les Brittons, étroit et collant chez les Gaëls, d'une espèce de gilet serré descendant à mi-cuisse, d'une saie rayée, sorte de blouse avec ou sans manches, attachée sous le menton par une agrafe, et d'un manteau à capuchon appelé bardocucullus. La saie des nobles était ornée de fleurs, de figures de toute espèce, de broderies d'or et d'argent. Les plus pauvres avaient, au lieu de saie, une peau de bête ou un lenn, couverture de laine épaisse. Outre ces vêtements principaux, les historiens mentionnent des espèces de chlamydes, des cérampelines, courtes vestes à manches, ouvertes par devant et teintes en rouge, qu'on fabriquait en Artois, de petits manteaux courts magnifiquement ornés pour les riches, et la caracalle, espèce de simarre qui descendait jusqu'aux talons. Les femmes portaient une tunique large et plissée, avec ou sans manches, rouge ou bleue chez les élégantes, laissant le haut de la poitrine découvert, et descendant jusqu'aux pieds; une espèce de tablier, attaché sur les hanches; quelquefois un manteau de lin de couleurs variées, agrafé sur les épaules, ou bien ouvert sur le devant et assujetti par des lacets ou des courroies. Au goût pour les couleurs éclatantes les Gaulois unissaient l'amour des bijoux et de tous les accessoires qui peuvent rehausser le costume, plaques de métal, bracelets, colliers, anneaux, ceintures, etc. Après la conquête de César, les grandes familles en Gaule prirent peu à peu la tunique et la toge romaines; mais la saie nationale fut conservée par le peuple. L'Artois et la Picardie eurent le monopole de la fabrication des saies; Langres et Saintes firent des cuculli, capuchons de gros drap à longs poils, qui servaient de vêtements d'hiver ou de voyage, et qui devaient être adoptés sous le nom de coules par les moines. Pendant la domination romaine on vit paraître des vêtements de formes nouvelles : l'amphiballus, manteau de voyage, en grosse étoffe, dont on s'enveloppait tout le corps, et qui couvrait quelquefois la tête; la bigère, la caracalle, etc. Sous l'influence de la civilisation latine, le costume des femmes se modifia également : leur tunique fut échancrée et plissée par devant; elle portèrent la chlamyde, et le strophium, qui remplissait à peu près le même rôle que le corset moderne; les riches eurent des manteaux fourrés, plus longs par derrière que par devant, garnis de festons ou de bordures, et quelquefois fendus sur le côté droit; les pauvres portèrent la tunique plus courte, le tablier et le manteau fourré, et quelques-unes n'eurent que la tunique et marchèrent pieds nus. Trois vêtements, la chemise, l'orarium et le sudarium, doivent avoir été portés par les hommes et les femmes. Il ne paraît pas que les esclaves aient été distingués des hommes libres par le costume; cependant, au Ve siècle, la ceinture était un signe de servitude. Une innovation amenée par les progrès, ce fut de changer les costumes selon les circonstances de la vie sociale; au lieu de n'en avoir qu'un pour tous les temps, on en prit qui étaient différents pour les festins, les noces, les funérailles, les cérémonies religieuses. Aux étoffes de laine et de lin, on ajouta la soie, la peau de castor, les tissus de poils de chameau, la pourpre, etc. Au moment de l'invasion des Germains, certains vêtements romains, dont l'usage avait été très restreint jusque-là, tels que le colobium, la lacerne, la pénule, la trabée, étaient devenus communs. Chez
les Barbares du nord.
Chez
les Francs.
Au temps des Carolingiens, la population gallo-romaine resta fidèle au type latin, surtout dans les costumes d'apparat; mais la saie bariolée des Gaulois fut encore en usage, et les Francs, qui la trouvaient commode pour la guerre, l'adoptèrent. Le costume franc s'était peu à peu modifié : selon le moine de Saint-Gall, il se composait d'une chemise et de hauts-de-chausses en toile de lin, d'une tunique serrée par une ceinture, de bandes roulées à l'entour des jambes, de sandales ou de brodequins, et d'un manteau blanc ou bleu clair, à quatre pans, taillé de manière que, mis sur les épaules, il tombait devant et derrière jusqu'aux pieds, et descendait sur les côtés jusqu'aux genoux à peine. Les femmes se vêtaient de deux tuniques : celle de dessous, plus étroite et plus longue, avait des manches serrées et plissées au poignet; celle de dessus n'avait de manches que jusqu'aux coudes, et était ornée, aux extrémités, de bandes de couleurs variées; une ceinture serrait les hanches, et un voile brodé, couvrant la tête et enveloppant les épaules, tombait presque jusqu'à terre. Les voyages de Pepin le Bref et de Charlemagne en Italie firent connaître aux Francs de nombreux ornements du costume; la soie et les fourrures se popularisèrent, et le luxe fut poussé aussi loin que le permettait l'imperfection des arts. Charles le Chauve affecta de s'habiller à la mode des Grecs. En
France, aux XIe, XIIe et XIIIe siècles.
La couleur n'était pas indifférente : ainsi, le vert fut adopté pour la coiffure des banqueroutiers; le jaune signifiait félonie, déshonneur, bassesse; le vert et le jaune composèrent le costume des fous en titre d'office. Le goût des fourrures était toujours très vif : on les employait à faire des vêtements complets, ou à doubler certains habillements, on simplement à garnir les collets et les manches. Le costume prit encore un nouvel éclat par l'application de l'orfèvrerie à l'ornementation des colliers, des ceintures, des bourses et autres objets. Les bourgeois enrichis par l'industrie étalaient presque autant de luxe que les seigneurs. Les gens de loi portaient une espèce de soutane, et, par-dessus, un manteau long agrafé sur l'épaule droite. Le paysan, qui avait d'ordinaire la jaquette serrée, liée aux flancs par un ceinturon, savait prendre, dans les jours de fêtes nationales, des habits somptueux, sous lesquels il oubliait momentanément l'infériorité de sa condition. Les Cagots pyrénéens, les Gahets gascons et les Caqueux de la Bretagne furent contraints, pendant le Moyen âge et au delà, à, porter sur l'épaule comme marque distinctive une patte d'oie ou de canard. Les Juifs, également réprouvés et persécutés, durent porter deux rouelles ou espèces de cocardes en drap jaune, l'une sur la poitrine, l'autre sur le dos, et une corne au sommet de leur bonnet. Les lépreux, rejetés par la loi civile et la loi religieuse dans une solitude irrévocable, étaient aussi condamnés à porter des vêtements distinctifs, qui varièrent selon les localités. En
France, au XIVe siècle.
En
France, au XVe siècle.
Le costume des femmes suivit les mêmes variations, tantôt long et tantôt étriqué : mais, à la suite de l'expédition de Charles VIII au delà des Alpes, il se modifia par le contact des modes italiennes; le corsage fut exactement ajusté sur les proportions du buste, et on raccourcit les jupes pour faire valoir le bas des jambes et les pieds. A cette époque, la distance qui séparait le costume des nobles de celui des bourgeois tendait à s'effacer chaque jour : sur la demande des états généraux de Tours, Charles VIII interdit aux bourgeois les étoffes d'or et d'argent et les soieries, et établit pour la noblesse elle-même des distinctions dans la toilette (Ordonnance du 17 décembre 1485). Les costumes propres aux offices de judicature et de l'administration étaient uniformes et réglés par ordonnances. Les habits des gens de la campagne étaient toujours en étoffes grossières, et de formes variables selon les provinces; dans les villes, beaucoup de professions avaient leur costume particulier. Si l'on veut connaître avec exactitude non seulement la forme, mais encore les couleurs des vêtements au Moyen âge, il n'est pas de meilleurs documents que les vitraux des églises, où les peintres ont donné le costume de leur époque aux personnages qu'ils représentaient : c'est ainsi que les ver rières de la cathédrale de Tournai offrent tous les costumes de la fin du XVe siècle, depuis le simple archer jusqu'au roi, depuis le paysan jusqu'au seigneur, depuis le clerc jusqu'au pape, et, de plus, tous les vêtements de femme. En
France, aux XVIe et XVIIe siècles.
Pendant le règne de François ler, par suite de l'influence italienne et espagnole, on ajouta à la partie supérieure du haut-de-chausses une trousse ou tonnelet, bouffant d'étoffe plissée couvert de bandes d'une autre couleur que celle du vêtement, et, à la partie supérieure des manches, des bouillons à bandes de couleurs diverses; le manteau remplaça peu à peu la robe longue, qu'on ne porta plus que dans les cérémonies comme vêtement d'apparat. Sous Henri II, la seule nouveauté importante fut la fraise ou collerette godronnée . Avec Henri III, le costume affecta une coquetterie naïve, suite des moeurs efféminées de l'époque : on resserra les hauts-de-chausses sur les cuisses, la trousse fut gonflée comme un ballon, les bas formèrent un petit bourrelet au-dessus du genou, le manteau descendit à peine à la hauteur du coude, et la fraise prit d'énormes proportions. Au temps de Henri IV, l'économie de Sully et la sévérité des moeurs calvinistes ramenèrent le costume à plus de simplicité : les couleurs éclatantes furent proscrites; les pourpoints, sans baleine, furent garnis à leur partie inférieure de rubans froncés ou plissés; les manches crevassées laissèrent voir à travers leurs fentes une étoile d'une autre couleur et furent garnies de manchettes en mousseline ou en dentelle, les trousses moins gonflées descendirent jusqu'aux genoux, et le petit manteau en velours fut doublé de soie. A l'arrivée de Catherine de Médicis en France, les femmes, par imitation de cette princesse, portèrent des vertugadins, élargirent démesurément à l'aide de baleines le corsage de la robe, garnirent leurs manches de gros bourrelets étagés depuis l'épaule jusqu'au poignet, et s'encadrèrent la tête dans une fraise soutenue par des fils de fer qui se développaient en éventail. Elles se couvrirent le visage d'un loup. La queue des robes et des manteaux s'allongea en proportion de la noblesse des dames. En général, le tiers état n'adopta ni les chausses étroites, ni les trousses bouffantes; il conservait le justaucorps aisé, l'ancien manteau et les grègues lâches, les étoffes de couleur sombre, et principalement le noir. Sous Louis XIII, on continua de porter le manteau court; mais la collerette rabattue remplaça la fraise, les habits se galonnèrent, et l'on fit un plus grand usage de la dentelle. Avec Louis XIV, le manteau court fut remplacé par un manteau à manches qui, en se rétrécissant, forma l'habit; la trousse se changea en haut-de-chausses, puis en culottes. L'un des vêtements les plus usuels fut le pourpoint, généralement porté par les hommes d'un âge mûr. Les canons, les rubans et les dentelles tiennent alors une grande place dans les modes. Les femmes portent toujours une robe à corsage et à manches, avec une jupe longue; pendant le règne de Mme de Montespan, leur costume prend un caractère de somptueuse élégance; Mlle de Fontanges lui donne une grâce mignarde et coquette; Mme de Maintenon ramène l'austérité. Dans les âges précédents, la France empruntait beaucoup aux étrangers; désormais elle exerce au dehors, pour les affaires de toilette et de goût, une influence souveraine. En
France, au XVIIIe siècle.
Depuis Louis XIV jusqu'à la Révolution, l'étiquette régla pour les gens qui se prétendaient de bon ton les étoffes qu'on devait porter selon les saisons : en hiver, les velours, les satins, les ratines et les draps; en été, les taffetas; en automne et au printemps, des draps légers nommés silésies, des camelots, des velours ciselés, et d'autres étoffes de soie moins légères que le taffetas et moins fortes que le satin. Les dentelles variaient également : le point d'Angleterre ne pouvait plus paraître après les fêtes de Lonchamps, tandis que la dentelle ornait les bonnets tout l'été. Les fourrures se prenaient le jour de la Toussaint, et se quittaient à Pâques. Quand une dame avait atteint sa 40e année, elle ne devait plus paraître à la cour sans une coiffe en dentelle noire, qui, passant sur son bonnet, venait se nouer sous le menton. En
France, à la Révolution.
A l'époque du Directoire, le costume féminin reprit de l'élégance et de la richesse : le corsage des robes devint excessivement court, et la jupe, ainsi allongée, eut encore souvent une queue traînante de plusieurs pieds. Le peintre David dessina les costumes des fonctionnaires publics. Excepté ceux des Directeurs, qui étaient en satin , tous furent en drap; ils consistèrent en un pantalon et un habit, dont les revers formaient la continuation du collet; le bout des manches, souvent doublées de velours noir ou vert, se retroussait à volonté; le bas de l'habit formait une espèce de jupe qui, comme les redingotes, couvrait les cuisses, mais ne descendait que jusqu'aux genoux. Plus tard, les revers furent séparés du collet, que l'on agrandit démesurément pour le gilet comme pour l'habit. Une gravure de Debucourt, représentant, sous le titre de Promenade publique, le jardin du Palais-Royal, donne avec autant de verve que de vérité les habillements d'hommes et de femmes alors à la mode. En
France, au XIXe siècle.
Costume militaire.
Costumes des fonctionnaires.
Les costumes assignés aux sénateurs, aux membres du Corps législatif et du Conseil d'État, ont été réglés par décrets des 22 février et 10 mars 1852. Les membres des Cours et Tribunaux ont un costume d'audience et un costume de ville : le premier est déterminé par les arrêtés des 20 vendémiaire et 2 nivôse an XI, et du 29 messidor an XII; le second, par le décret du 18 juin 1852. Les membres de la Cour des comptes ont aussi deux costumes, réglés par décrets du 28 septembre 1807 et du 10 juillet 1852. Le décret du 1er mars 1852 a réglé les costumes des fonctionnaires dépendants du Ministère de l'intérieur, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux et conseillers de préfecture, maires et adjoints; celui du 4 janvier 1854, le costume des membres des Conseils généraux; celui du 31 août 1852, le costume des commissaires de police; celui du 4 juin 1854, le costume des fonctionnaires et agents du service télégraphique; l'arrêté ministériel du 19 janvier 1853, le costume des directeurs des prisons départementales; l'arrêté ministériel du 27 juillet 1853, le costume des agents voyers; la loi du 6 octobre 1791, le costume des gardes champêtres; le décret du 4 octobre 1852, les costumes des fonctionnaires et agents du Ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics; celui du 17 novembre 1852, les costumes des fonctionnaires et agents du Ministère des finances, des Contributions, des Douanes, de l'Enregistrement, des Postes, des Forêts, des Monnaies, des Caisses d'amortissement et des dépôts et consignations; les circulaires des 28 décembre 1852 et 6 mars 1853, le costume des agents inférieurs du service des Douanes; les décrets du 17 mars 1808 et du 24 décembre 1852, les costumes des fonctionnaires de l'instruction publique. Un acte de police n'est pas nul parce que l'officier qui l'a fait n'aurait pas été revêtu de ses insignes. Costumes dans
les beaux-arts et au théâtre.
Le costume impose des difficultés considérables aux ouvrages de l'art moderne : ainsi, tout en représentant Louis XIV à l'héroïque, sous les traits d'Apollon ou d'Hercule, comme on le voit à la porte Saint-Denis, on a ombragé sa tête de l'énorme perruque du XVIIe siècle. Dans le théâtre
antique, où les traits des masques portés
par les acteurs étaient exagérés pour être vus
de loin, et où le cothurne grandissait leur taille, on était
Sous Louis XIII et Louis XIV, les acteurs, dans la comédie, étaient vêtus sur le théâtre comme à la ville; dans la tragédie, leur costume ne ressemblait en rien à la réalité; dans l'opéra, rien n'était plus incohérent et plus bizarre que l'habillement des personnages mythologiques. Les personnages grecs et romains, couverts d'une cuirasse et chaussés du cothurne, portaient des chapeaux français surmontés d'un panache. A l'époque de Louis XV, on vit les Nymphes et les Faunes danser sur la scène avec des paniers couverts de gaze et bouillonnés avec des rubans. Mme Favart donna le signal de le réforme dans le costume de la comédie, en jouant, dans Bastien, un rôle de villageoise avec un habit de serge, la chevelure plate, les bras nus et des sabots. Lekain et Mlle Clairon commencèrent la réforme des costumes de la tragédie; l'amélioration se borna alors à supprimer les paniers des actrices et les chapeaux à plumes des acteurs, à introduire dans les sujets asiatiques un vêtement turc ou une peau de tigre en forme de manteau, et dans les sujets de chevalerie le costume français du XVIe siècle. Pendant la Révolution, Talma compléta cette réforme : la tragédie de Charles IX fut la première où l'on suivit le costume avec une rigoureuse exactitude; tous les théâtres de Paris et de la province imitèrent bientôt la Comédie-Française. Costume des prêtres.
Durant les cinq premiers siècles de notre ère, les prêtres chrétiens, dans la vie privée, s'habillèrent comme tout le monde : les décrétales des souverains pontifes et les canons des conciles, sans jamais parler d'un costume normal et obligatoire, recommandent seulement la modestie dans la tenue et dans la démarche. C'est à partir du VIe siècle que les ecclésiastiques commencèrent à adopter un costume différent de celui des laïques. Le concile d'Agde leur prescrit la tonsure; celui de Mâcon, en 581, interdit de porter le sagum (habit court) et d'avoir des armes, et celui de Narbonne, en 589, tout vêtement de pourpre. Dès lors le clergé porta la robe longue, tandis que les séculiers adoptaient de préférence l'habit court, apporté par les Germains. Le pontifical romain interdit les vêtements de couleur rouge ou verte; le concile de Coyaco (Espagne), en 1050, et celui de Londres, en 1102, enjoignent aux ecclésiastiques de n'avoir que des habits d'une seule couleur. En 1134, le concile de Latran inflige la perte de leurs bénéfices à ceux qui auront des habits froncés, plissés, tailladés, et de couleur tranchante; celui d'York, en 1194, interdit les ornements d'or ou d'argent, et veut que les vêtements soient fermés; celui de Montpellier, en 1195; proscrit les habits échancrés par le bas. Le concile d'Avignon (1209), qui défend les capes à manches pendantes, permet d'employer toute espèce de drap, mais non la soie. Le concile de Sens, en 1320, défend les chaussures rouges, vertes ou blanches; celui de Paris, en 1326, les boucles à souliers en argent. Au XVIe siècle, le noir devient définitivement la couleur obligatoire pour les clercs, à moins qu'une dignité éminente n'exige une couleur plus éclatante. Le concile de Bordeaux (1583) proscrit les chemises empesées, plissées, brodées au col et aux manches. Le concile de Narbonne (1607) insiste sur l'obligation de ne porter que des vêtements d'étoffe noire, usage qui eut beaucoup de peine à s'établir. Au XIXe siècle, le costume de ville des ecclésiastiques comprend la soutane, la ceinture et le rabat. Depuis le concile (début des années 1960) Vatican II, la soutane n'est plus oblighatoire, mais c'est encore aujourd'hui la tenue adoptée par les prêtres traditionnalistes. (GE). |
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