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Le costume

Le mot costume  s'applique 1° à l'ensemble des vêtements dont les humains se sont couverts, et qui ont varié selon les temps et les civilisations; 2° à l'habillement et aux insignes qui distinguent les personnes constituées en dignité ou chargées de fonctions publiques; 3° aux habits dont se servent les acteurs pour représenter les personnages historiques, ou que l'on prend comme déguisement dans les bals dits costumés. Dans les arts ainsi qu'au théâtre, le costume n'embrasse pas seulement les habits, mais aussi les armes, les meubles, et généralement tous les accessoires.

Costume civil. 
A l'origine, l'homme a pu rester nu pendant quelque temps; mais la nécessité de s'abriter contre l'intempérie des saisons le poussa bientôt à se couvrir de la peau des animaux. Le plumage des oiseaux servit d'ornement à la chevelure; des coquilles ou des graines enfilées formèrent des colliers et des bracelets.

Puis, on trouva l'art de filer et de tisser la laine des troupeaux, et on en fit des étoffes, qui, d'abord grossières, devaient être perfectionnées et variées par le progrès des arts, mises en teinture, brodées en laine, en soie, en argent et en or. Le costume des premiers habitants de l'Amérique et de l'Océanie peut donner une idée de ce que fut nécessairement celui des premiers humains. Les vêtements, assez courts d'abord pour ne pas embarrasser la marche, devinrent plus longs pour les princes, les magistrats et les femmes, et le climat amena des variétés infinies dans la nature de leur tissu et dans leur forme.

Chez les anciens Indiens.
Tandis que les modes ont beaucoup varié chez les Occidentaux, on trouve en Orient une surprenante stabilité dans le costume. Les antiques monuments des Indiens et des Chinois nous montrent ces peuples avec les mêmes habits qu'aujourd'hui, du moins qu'à une époque récente, avant la généralisation du costume occidental; et, s'il y a eu quelques modifications dans les armes, ces peuples les ont empruntées aux Européens, pour se mieux défendre contre eux. L'habit ordinaire des Indiens, surtout de ceux qui pratiquent l'hindouisme, se compose de deux longues pièces de cotonnade blanche l'une s'enroule autour des reins, passe entre les jambes et retombe au-dessous du genou; l'autre se porte sur l'épaule ou quelquefois roulée autour de la tête, qui n'est jamais autrement couverte. Sauf dans le Bengale, ceux qui n'affectent pas une grande rigueur de principes portent aujourd'hui la pièce de cotonnade qui leur enveloppe le corps plus courte, mais plus large; ils mettent par-dessus une tunique de coton, de mousseline, de soie, que retient autour de la taille une ceinture de mousseline de couleur; une écharpe passée sur l'épaule et un turban complètent le costume. On voit même des Indiens avec des pantalons larges et flottants. En habits de fête, on porte une longue robe blanche de mousseline presque transparente, et collant sur le corps jusqu'à la ceinture; au-dessous, elle fait des plis amples et nombreux. Le costume des femmes est presque le même que celui des hommes; seulement les deux pièces de coton- nade sont plus amples et plus longues, et de couleurs brillantes aussi bien que blanches. Les deux sexes portent beaucoup de bijoux.

Chez les Hébreux.
Les matières dont on y faisait les vêtements étaient la laine, le lin; et plus tard le coton; le plus ordinairement ils étaient blancs. Les riches portaient des étoffes teintes en rouge ou en violet; on employait aussi la broderie pour les vêtements de luxe. Les principaux habits mentionnés dans la Bible sont la tunique (chetoneth) et le manteau (simla). La tunique, qui était de lin, et qui avait des manches, se portait tantôt sur le corps nu, tantôt sur une chemise (sadîn); elle était ample et longue, et on la serrait avec une ceinture. Les caleçons n'étaient pas d'un usage général; les prêtres seuls étaient obligés d'en porter. Le manteau ou vêtement de dessus était de formes et d'étoffes diverses c'était ordinairement une espèce de châle, semblable au haïk des Arabes, et portant aux quatre coins des houppes attachées avec un fil violet. Les gens distingués portaient aussi le meil et l'éphod, qui faisaient partie du costume du grand prêtre; leurs enfants avaient des tuniques longues et bigarrées de diverses couleurs. Un large manteau de luxe, appelé addéreth, était porté par les rois; les prophètes en eurent de pareils en poil. Sauf l'éphod et l'addéreth, les femmes avaient les mêmes vêtements que les hommes, mais plus amples et en étoffes plus fines; les noms particuliers de ces vêtements indiquaient une différence dans l'étoffe, la façon ou les ornements : ainsi, la ceinture de lin ou de coton des femmes est appelée kischourim; celle des hommes, en cuir, ézor. Le manteau des femmes, appelé mitpahath, semble avoir été très large puisque Ruth, nous dit-on, put emporter dedans six mesures d'orge que Booz lui avait fait donner. Elles portaient encore un autre manteau de dessus, maatapha (enveloppe), avec manches. Outre le turban, coiffure commune aux deux sexes, les femmes avaient un bonnet en filet (schebisim). Un objet essentiel dans leur toilette était le voile; mais rien ne prouve qu'elles n'aient pu se montrer que le visage couvert.

Chez les Grecs. 
Ils se couvrirent primitivement de peaux de bêtes, la fourrure en dehors, attachées autour de la taille, soit avec les nerfs des animaux mêmes, soit avec des épines. Mais déjà, au temps des récits homériques, ils savaient tanner les peaux, tisser le lin et la laine. Les hommes avaient pour habillement une longue simarre descendant jusqu'aux pieds, et par-dessus un manteau agrafé sur l'épaule ou sur la poitrine; ils portaient aussi une tunique serrée autour des reins.

Chez les Romains. 
Le costume romain n'a pas subi de variations importantes depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'époque impériale : les hommes portaient la toge et la tunique; le luxe n'eut d'autre influence que de faire ajouter des manches à la tunique, et de rendre la toge plus large, plus longue, et plissée avec art. Sous l'Empire, les Romains portèrent encore d'autres vêtements qu'antérieurement ils ne prenaient qu'en certaines circonstances : c'étaient la pénule, la lacerne, la laena, l'abolla, l'endromide et la synthèse. Les femmes portaient la tunique et la stole , vêtements essentiels, et, de plus, le calthula, le cerinum, la crocotula, le cymatile, l'impluviata, l'inlusiata, la patagiata, le plumatile, la ralla, le ricinium, etc.

A la promenade, elles s'enveloppaient d'une palla ou ample manteau qui cachait leur taille, et l'on n'apercevait que leur figure, dont souvent même un voile cachait la moitié. Les colliers, les pendants d'oreilles, les bracelets, les bagues, etc., faisaient partie de leur costume, et les hommes eux-mêmes finirent par se parer de ces ornements. A l'exception de la toge, vêtement distinctif du citoyen libre, de la stole et du manteau réservés aux matrones, les esclaves portaient le même costume que les Romains; seulement, pendant leurs travaux, pour avoir plus de liberté dans leurs mouvements, ils ne gardaient que la tunique. La seule différence était que cette tunique était moins ample que celle des hommes libres, et toujours d'une étoffe grossière et d'une couleur sombre comme celle des plus pauvres citoyens.

Chez les Celtes et les Ibères. 
Primitivement les Gaulois portaient pour vêtement des peaux de bêtes attachées sur les épaules avec des épines, se tatouaient le corps, couvraient leur tête de plumes d'oiseaux, de feuilles et d'écorces d'arbres, et avaient des pendants d'oreilles en coquillages, des colliers et des bracelets en silex polis. Plus tard, les guerres qu'ils firent dans les pays voisins, les relations qu'ils entretinrent avec les colons grecs établis sur leur territoire, les premiers développements de l'industrie et des arts, allèrent de pair avec une évolution du costume dont les différences servit à établir, au temps de J. César, trois divisions dans la Gaule : Gallia braccata, la Gaule qui portait des braies; Gallia togata, celle où l'on portait la toge; Gallia comata, celle dont les habitants avaient la chevelure longue et épaisse.

Les Ibéres, voisins des Pyrénées, se couvraient d'un vêtement court de laine grossière et à long poil, et portaient des bottes tissues de cheveux; leurs femmes s'enveloppaient la tête d'un voile noir, origine de la mantille. Près de l'Italie, on trouvait la toge et le costume romain; à Marseille et dans les colonies grecques du midi, le costume grec. Depuis Lyon jusqu'aux bouches du Rhin dominait le costume vraiment national, composé des braies, pantalon large, flottant et à plis chez les Brittons, étroit et collant chez les Gaëls, d'une espèce de gilet serré descendant à mi-cuisse, d'une saie rayée, sorte de blouse avec ou sans manches, attachée sous le menton par une agrafe, et d'un manteau à capuchon appelé bardocucullus. La saie des nobles était ornée de fleurs, de figures de toute espèce, de broderies d'or et d'argent. Les plus pauvres avaient, au lieu de saie, une peau de bête ou un lenn, couverture de laine épaisse. Outre ces vêtements principaux, les historiens mentionnent des espèces de chlamydes, des cérampelines, courtes vestes à manches, ouvertes par devant et teintes en rouge, qu'on fabriquait en Artois, de petits manteaux courts magnifiquement ornés pour les riches, et la caracalle, espèce de simarre qui descendait jusqu'aux talons. Les femmes portaient une tunique large et plissée, avec ou sans manches, rouge ou bleue chez les élégantes, laissant le haut de la poitrine découvert, et descendant jusqu'aux pieds; une espèce de tablier, attaché sur les hanches; quelquefois un manteau de lin de couleurs variées, agrafé sur les épaules, ou bien ouvert sur le devant et assujetti par des lacets ou des courroies. Au goût pour les couleurs éclatantes les Gaulois unissaient l'amour des bijoux et de tous les accessoires qui peuvent rehausser le costume, plaques de métal, bracelets, colliers, anneaux, ceintures, etc.

Après la conquête de César, les grandes familles en Gaule prirent peu à peu la tunique et la toge romaines; mais la saie nationale fut conservée par le peuple. L'Artois et la Picardie eurent le monopole de la fabrication des saies; Langres et Saintes firent des cuculli, capuchons de gros drap à longs poils, qui servaient de vêtements d'hiver ou de voyage, et qui devaient être adoptés sous le nom de coules par les moines. Pendant la domination romaine on vit paraître des vêtements de formes nouvelles : l'amphiballus, manteau de voyage, en grosse étoffe, dont on s'enveloppait tout le corps, et qui couvrait quelquefois la tête; la bigère, la caracalle, etc.

Sous l'influence de la civilisation latine, le costume des femmes se modifia également : leur tunique fut échancrée et plissée par devant; elle portèrent la chlamyde, et le strophium, qui remplissait à peu près le même rôle que le corset moderne; les riches eurent des manteaux fourrés, plus longs par derrière que par devant, garnis de festons ou de bordures, et quelquefois fendus sur le côté droit; les pauvres portèrent la tunique plus courte, le tablier et le manteau fourré, et quelques-unes n'eurent que la tunique et marchèrent pieds nus. Trois vêtements, la chemise, l'orarium et le sudarium, doivent avoir été portés par les hommes et les femmes. Il ne paraît pas que les esclaves aient été distingués des hommes libres par le costume; cependant, au Ve siècle, la ceinture était un signe de servitude. 

Une innovation amenée par les progrès, ce fut de changer les costumes selon les circonstances de la vie sociale; au lieu de n'en avoir qu'un pour tous les temps, on en prit qui étaient différents pour les festins, les noces, les funérailles, les cérémonies religieuses. Aux étoffes de laine et de lin, on ajouta la soie, la peau de castor, les tissus de poils de chameau, la pourpre, etc. Au moment de l'invasion des Germains, certains vêtements romains, dont l'usage avait été très restreint jusque-là, tels que le colobium, la lacerne, la pénule, la trabée, étaient devenus communs.

Chez les Barbares du nord.
Parmi les Barbares qui se précipitèrent sur la Gaule, nous savons peu de chose des Bourguignons. Sidoine Apollinaire nous apprend qu'ils se graissaient la chevelure avec du beurre rance. Les Wisigoths étaient ordinairement ceints d'une épée, vêtus d'habits de peau ou de toile sales et gras, et chaussés de guêtres en cuir de cheval. En général, d'après le traité de Tacite Sur les moeurs des Germains, ces peuples portaient une saie attachée avec une agrafe ou une épine, un habit serré et dessinant les formes, ou des peaux de bêtes mouchetées. Les femmes, dont l'habillement n'était pas distinct, se couvraient en outre de manteaux de lin bariolés de pourpre et sans manches.

Chez les Francs.
Pendant les temps mérovingiens, le costume présenta le mélange des types les plus divers : les chefs barbares portaient les vêtements romains dans toute leur magnificence, tandis que leurs soldats conservaient l'habillement grossier de la Germanie; les marchands voyageaient avec tout l'attirail guerrier. Quoi qu'en ait, dit Montfaucon, les statues décoratives de plusieurs églises, regardées comme représentant divers rois Mérovingiens, ne peuvent donner aucun renseignement sur le costume : elles remontent à peine au XIIe siècle. Il en est de même des effigies des tombeaux. Les monnaies mérovingiennes reproduisent des images romaines ou des attributs grossiers. On ne peut pas tirer plus de lumière des sceaux, d'ailleurs fort rares, qui appartiennent à cette époque. 

Au temps des Carolingiens, la population gallo-romaine resta fidèle au type latin, surtout dans les costumes d'apparat; mais la saie bariolée des Gaulois fut encore en usage, et les Francs, qui la trouvaient commode pour la guerre, l'adoptèrent. Le costume franc s'était peu à peu modifié : selon le moine de Saint-Gall, il se composait d'une chemise et de hauts-de-chausses en toile de lin, d'une tunique serrée par une ceinture, de bandes roulées à l'entour des jambes, de sandales ou de brodequins, et d'un manteau blanc ou bleu clair, à quatre pans, taillé de manière que, mis sur les épaules, il tombait devant et derrière jusqu'aux pieds, et descendait sur les côtés jusqu'aux genoux à peine. Les femmes se vêtaient de deux tuniques : celle de dessous, plus étroite et plus longue, avait des manches serrées et plissées au poignet; celle de dessus n'avait de manches que jusqu'aux coudes, et était ornée, aux extrémités, de bandes de couleurs variées; une ceinture serrait les hanches, et un voile brodé, couvrant la tête et enveloppant les épaules, tombait presque jusqu'à terre. Les voyages de Pepin le Bref et de Charlemagne en Italie firent connaître aux Francs de nombreux ornements du costume; la soie et les fourrures se popularisèrent, et le luxe fut poussé aussi loin que le permettait l'imperfection des arts. Charles le Chauve affecta de s'habiller à la mode des Grecs.

En France, aux XIe, XIIe et XIIIe siècles.
Au XIe siècle, le peuple conservait encore la saie gauloise, que les paysans recouvraient d'un ample surtout, aux formes très variées, et portait des grègues. Les riches avaient comme vêtement de dessous une, robe longue et divers vêtements accessoires, tels que le tabar, l'esclavine, la cape, le colobium, la bife, etc.  Les femmes des hautes classes se distinguaient par l'usage habituel du manteau, du dominical, de la banda et des résilles ; les mères de famille et les femmes âgées avaient une robe serrée avec manches boutonnées au poignet, une seconde robe plus large, une guimpe qui entourait le cou et le haut de la poitrine, un manteau tombant jusqu'aux pieds, et un voile qui, enveloppant la tête et laissant le visage à découvert, formait sur les oreilles comme deux gros bourrelets. Le costume royal, comme pendant la période carolingienne, se rattachait au type romain. Mais après ce XIe siècle, qui est un âge de transition, la société devint singulièrement variée dans ses types : à côté des rois, des prêtres, des nobles, on vit les bourgeois affranchis et les classes maudites, et cette diversité de conditions engendra celle des costumes. Pour faire connaître l'illustration de leur maison, les nobles appliquèrent sur les cottes d'armes et les manteaux les pièces principales de leurs armoiries. Les dames imitèrent cet exemple; leur jupe fut partagée en deux dans sa hauteur, et l'on vit du côté droit l'écusson de la famille du mari, du côté gauche celui de la famille de la femme. Ces vêtements mi-partis finirent par ne se plus prendre que dans les fêtes et cérémonies; mais les officiers des princes et seigneurs, plus tard leurs valets, portèrent habituellement ces insignes, et telle a été l'origine des livrées, singulièrement simplifiées depuis. Aux XIIe et XIIIe siècles, les vêtements étaient très variés : nous citerons la cape, le pelichon, l'aube, le balandras, le doublier, l'esclavine, la cyclade, le gambison, les cointises, la cotte, le surcot, les braies, les chausses, la chemise, etc.

La couleur n'était pas indifférente : ainsi, le vert fut adopté pour la coiffure des banqueroutiers; le jaune signifiait félonie, déshonneur, bassesse; le vert et le jaune composèrent le costume des fous en titre d'office. Le goût des fourrures était toujours très vif : on les employait à faire des vêtements complets, ou à doubler certains habillements, on simplement à garnir les collets et les manches. Le costume prit encore un nouvel éclat par l'application de l'orfèvrerie à l'ornementation des colliers, des ceintures, des bourses et autres objets. Les bourgeois enrichis par l'industrie étalaient presque autant de luxe que les seigneurs. Les gens de loi portaient une espèce de soutane, et, par-dessus, un manteau long agrafé sur l'épaule droite. Le paysan, qui avait d'ordinaire la jaquette serrée, liée aux flancs par un ceinturon, savait prendre, dans les jours de fêtes nationales, des habits somptueux, sous lesquels il oubliait momentanément l'infériorité de sa condition. Les Cagots pyrénéens, les Gahets gascons et les Caqueux de la Bretagne furent contraints, pendant le Moyen âge et au delà, à, porter sur l'épaule comme marque distinctive une patte d'oie ou de canard. Les Juifs, également réprouvés et persécutés, durent porter deux rouelles ou espèces de cocardes en drap jaune, l'une sur la poitrine, l'autre sur le dos, et une corne au sommet de leur bonnet. Les lépreux, rejetés par la loi civile et la loi religieuse dans une solitude irrévocable, étaient aussi condamnés à porter des vêtements distinctifs, qui varièrent selon les localités. 

En France, au XIVe siècle. 
En 1202, l'Église obtint de Philippe le Bel une ordonnance qui réglait pour chaque condition le nombre des habits et le prix des étoffes. Mais cette loi somptuaire fut impuissante à arrêter l'envahissement du luxe, et à maintenir entre les classes de la société les distinctions que les progrès du tiers état devaient tendre de jour en jour à effacer. Outre les vêtements déjà en usage dans les âges précédents, on mentionne, au XIVe siècle, le bliaus, la garnache, le rondeau, la cloque. A partir de 1340, le surcot, la housse et la houppelande furent les vêtements dominants dans le costume des hommes. Vers la même époque, la tunique des femmes, qui se mettait par-dessus la cotte, fut tailladée à la hauteur des hanches, afin que l'on pût voir la ceinture; on y ajouta une longue queue traînante, et les manches, ouvertes vers le milieu, descendirent jusqu'aux pieds. Ce fut vers 1380 que l'usage des robes et des manteaux à queue, portés par des suivantes ou des pages, commença à se répandre. Certaines professions se reconnaissaient au costume : ainsi, les médecins avaient une robe grise, une ceinture noire et un chapeau noir à mentonnière; les chirurgiens, un collet rouge et une toque rouge; les receveurs généraux, les notaires, les secrétaires des aides, un chapeau de castor ou de loutre; les étudiants, une cape noire et des souliers noirs et couverts, etc. Les magistrats principaux portaient, dans leur vêtement officiel, les couleurs et les insignes de leur ville.

En France, au XVe siècle. 
Les principaux vêtements à l'usage des hommes pendant le XVe siècle furent la houppelande, le pourpoint, la heuque, le paletot, la jaquette, le gipon, la robe, le manteau à chevaucher, le tabard et les chausses. Le costume passait sans cesse d'un excès à un autre, tour à tour étriqué et collant, large et flottant outre mesure. Il reçut alors deux appendices, les mahoitres et les braguettes. Les étoffes à ramages, les velours à feuillages verts et les broderies tinrent une grande place dans la toilette, ainsi que les écharpes, les chapelets, les colliers et les chaînes. 

Le costume des femmes suivit les mêmes variations, tantôt long et tantôt étriqué : mais, à la suite de l'expédition de Charles VIII au delà des Alpes, il se modifia par le contact des modes italiennes; le corsage fut exactement ajusté sur les proportions du buste, et on raccourcit les jupes pour faire valoir le bas des jambes et les pieds. A cette époque, la distance qui séparait le costume des nobles de celui des bourgeois tendait à s'effacer chaque jour : sur la demande des états généraux de Tours, Charles VIII interdit aux bourgeois les étoffes d'or et d'argent et les soieries, et établit pour la noblesse elle-même des distinctions dans la toilette (Ordonnance du 17 décembre 1485). 

Les costumes propres aux offices de judicature et de l'administration étaient uniformes et réglés par ordonnances. Les habits des gens de la campagne étaient toujours en étoffes grossières, et de formes variables selon les provinces; dans les villes, beaucoup de professions avaient leur costume particulier. Si l'on veut connaître avec exactitude non seulement la forme, mais encore les couleurs des vêtements au Moyen âge, il n'est pas de meilleurs documents que les vitraux des églises, où les peintres ont donné le costume de leur époque aux personnages qu'ils représentaient : c'est ainsi que les ver rières de la cathédrale de Tournai offrent tous les costumes de la fin du XVe siècle, depuis le simple archer jusqu'au roi, depuis le paysan jusqu'au seigneur, depuis le clerc jusqu'au pape, et, de plus, tous les vêtements de femme.

En France, aux XVIe et XVIIe siècles. 
A partir du XVIe siècle, la découverte de l'Amérique développa le bien-être et la fortune publique, et le progrès des arts amena de grands changements dans les costumes : les cours de France, d'Espagne, d'Angleterre, de Florence déployèrent un luxe inouï, et, malgré des lois somptuaires nombreuses et sévères, toutes les personnes qui n'étaient pas du bas peuple se couvrirent de velours et de satin. Aucun temps n'avait encore présenté autant de mobilité et de variété dans les vêtements, et on publia pour la première fois des livres qui traitaient de la mode. Sous Louis XII, les riches portèrent un pantalon serré de couleur éclatante, une veste ample et plissée descendant à la naissance des cuisses, et, par-dessus, une robe de longueur variable, dont le grand collet rond, garni de fourrures, recouvrait les épaules. 

Pendant le règne de François ler, par suite de l'influence italienne et espagnole, on ajouta à la partie supérieure du haut-de-chausses une trousse ou tonnelet, bouffant d'étoffe plissée couvert de bandes d'une autre couleur que celle du vêtement, et, à la partie supérieure des manches, des bouillons à bandes de couleurs diverses; le manteau remplaça peu à peu la robe longue, qu'on ne porta plus que dans les cérémonies comme vêtement d'apparat. Sous Henri II, la seule nouveauté importante fut la fraise ou collerette godronnée . Avec Henri III, le costume affecta une coquetterie naïve, suite des moeurs efféminées de l'époque : on resserra les hauts-de-chausses sur les cuisses, la trousse fut gonflée comme un ballon, les bas formèrent un petit bourrelet au-dessus du genou, le manteau descendit à peine à la hauteur du coude, et la fraise prit d'énormes proportions. 

Au temps de Henri IV, l'économie de Sully et la sévérité des moeurs calvinistes ramenèrent le costume à plus de simplicité : les couleurs éclatantes furent proscrites; les pourpoints, sans baleine, furent garnis à leur partie inférieure de rubans froncés ou plissés; les manches crevassées laissèrent voir à travers leurs fentes une étoile d'une autre couleur et furent garnies de manchettes en mousseline ou en dentelle, les trousses moins gonflées descendirent jusqu'aux genoux, et le petit manteau en velours fut doublé de soie. 

A l'arrivée de Catherine de Médicis en France, les femmes, par imitation de cette princesse, portèrent des vertugadins, élargirent démesurément à l'aide de baleines le corsage de la robe, garnirent leurs manches de gros bourrelets étagés depuis l'épaule jusqu'au poignet, et s'encadrèrent la tête dans une fraise soutenue par des fils de fer qui se développaient en éventail. Elles se couvrirent le visage d'un loup. La queue des robes et des manteaux s'allongea en proportion de la noblesse des dames. En général, le tiers état n'adopta ni les chausses étroites, ni les trousses bouffantes; il conservait le justaucorps aisé, l'ancien manteau et les grègues lâches, les étoffes de couleur sombre, et principalement le noir. 

Sous Louis XIII, on continua de porter le manteau court; mais la collerette rabattue remplaça la fraise, les habits se galonnèrent, et l'on fit un plus grand usage de la dentelle. Avec Louis XIV, le manteau court fut remplacé par un manteau à manches qui, en se rétrécissant, forma l'habit; la trousse se changea en haut-de-chausses, puis en culottes. L'un des vêtements les plus usuels fut le pourpoint, généralement porté par les hommes d'un âge mûr. Les canons, les rubans et les dentelles tiennent alors une grande place dans les modes. Les femmes portent toujours une robe à corsage et à manches, avec une jupe longue; pendant le règne de Mme de Montespan, leur costume prend un caractère de somptueuse élégance; Mlle de Fontanges lui donne une grâce mignarde et coquette; Mme de Maintenon ramène l'austérité. Dans les âges précédents, la France empruntait beaucoup aux étrangers; désormais elle exerce au dehors, pour les affaires de toilette et de goût, une influence souveraine.

En France, au XVIIIe siècle. 
Au XVIIIe siècle, les habits changèrent peu de forme; ils tendirent seulement à se rétrécir, et on les fit en étoffes de soie brochées, en velours brodé de soie de couleurs différentes ou d'or et d'argent mêlés de paillettes; le drap galonné fut abandonné à la bourgeoisie. Pour que les plis des étoffes ne cachassent pas les dessins à grands ramages que l'on aimait alors, on mit du carton dans les basques des habits, et les femmes placèrent sous leur jupe plusieurs cerceaux en baleine réunis par une toile légère, ajustetement qui reçut le nom de paniers, et dont le diamètre fut porté jusqu'à 1,30 m. Sous Louis XVI, on commença à s'en débarrasser. Les habits des hommes eurent aussi moins d'ampleur; les basques furent rétrécies et tombèrent en pointe.

Depuis Louis XIV jusqu'à la Révolution, l'étiquette régla pour les gens qui se prétendaient de bon ton les étoffes qu'on devait porter selon les saisons : en hiver, les velours, les satins, les ratines et les draps; en été, les taffetas; en automne et au printemps, des draps légers nommés silésies, des camelots, des velours ciselés, et d'autres étoffes de soie moins légères que le taffetas et moins fortes que le satin. Les dentelles variaient également : le point d'Angleterre ne pouvait plus paraître après les fêtes de Lonchamps, tandis que la dentelle ornait les bonnets tout l'été. Les fourrures se prenaient le jour de la Toussaint, et se quittaient à Pâques. Quand une dame avait atteint sa 40e année, elle ne devait plus paraître à la cour sans une coiffe en dentelle noire, qui, passant sur son bonnet, venait se nouer sous le menton.

En France, à la Révolution.
La Révolution abolit l'étiquette, et fit cesser les distinctions entre les classes de la société. Les hommes quittèrent l'épée; les magistrats, les baillis, les avocats, renoncèrent à la robe et au petit manteau; les ecclésiastiques même furent contraints de ne plus porter la soutane. La suppression des couvents fit disparaître également les habits monastiques. Les principes de l'égalité amenèrent une grande simplicité dans les vêtements. Les hommes eurent l'habit de drap, sans broderie ni galons; quelques-uns portèrent une veste à basque, dite carmagnole, avec un pantalon large, ordinairement de même couleur; puis, pour se garantir du froid, on prit une large et longue redingote en étoffe grossière de laine brune à longs poils, avec une bordure soit en peluche de laine bleue, rouge ou noire, soit en velours cramoisi ou noir. On ne vit plus de robes de femmes en velours ou en satin; la soie, rarement portée, n'était admise qu'en petit taffetas; les robes étaient habituellement en toile peinte, en cotonnade, en étoffe sais et coton. En grande toilette, on portait la robe blanche en percale, tout au plus en mousseline, mais sans broderie. 

A l'époque du Directoire, le costume féminin reprit de l'élégance et de la richesse : le corsage des robes devint excessivement court, et la jupe, ainsi allongée, eut encore souvent une queue traînante de plusieurs pieds. Le peintre David dessina les costumes des fonctionnaires publics. Excepté ceux des Directeurs, qui étaient en satin , tous furent en drap; ils consistèrent en un pantalon et un habit, dont les revers formaient la continuation du collet; le bout des manches, souvent doublées de velours noir ou vert, se retroussait à volonté; le bas de l'habit formait une espèce de jupe qui, comme les redingotes, couvrait les cuisses, mais ne descendait que jusqu'aux genoux. Plus tard, les revers furent séparés du collet, que l'on agrandit démesurément pour le gilet comme pour l'habit. Une gravure de Debucourt, représentant, sous le titre de Promenade publique, le jardin du Palais-Royal, donne avec autant de verve que de vérité les habillements d'hommes et de femmes alors à la mode. 

En France, au XIXe siècle. 
Au commencement du XIXe siècle, les élégantes adoptèrent les formes des vêtements que David avait donnés à la femme et à la fille de Brutus : la ceinture des robes fut placée immédiatement au-dessous du sein, et la jupe tomba rigide et sans inflexion jusqu'aux pieds. Le défaut de ce costume est porté à son comble dans le tableau du sacre de Napoléon Ier par David, et dans les toilettes de cour peintes par Gérard. Le costume administratif prit, sous le premier Empire, un caractère quelque peu théâtral. Pendant le gouvernement de la Restauration, surtout vers 1814 et 1815, quelques tentatives infructueuses furent faites pour ressusciter certaines modes des règnes de Louis XV et de Louis XVI. Après la Révolution de 1830, les habits de cour et d'administration furent ramenés à la plus grande simplicité. Dans les premiers moments de la République de 1848, on essaya de renouer la tradition des gilets à la Robespierre et de la carmagnole : mais cette défroque du passé n'excita que le rire. La vanité a beaucoup mieux accueilli la multiplicité et la variété des costumes officiels depuis le rétablissement de l'Empire. Quant aux costumes civils, les différences, à partir des années 1840 et jusqu'à la fin du siècle, n'ont porté que sur les détails.

Costume militaire. 
Le costume du soldat romain consistait en une tunique courte (tunica), et en un manteau de laine épaisse (sagum), de couleur rouge, ouvert par devant, descendant jusqu'aux genoux, et retenu au-dessus de l'épaule avec une agrafe. C'était aussi le vêtement des chefs, avec cette différence que leur sagum était de pourpre et souvent orné de broderies. La penule et la laena étaient aussi en usage, surtout pendant l'hiver; la lacerne était d'un emploi plus rare. Le paludamentum était l'habit militaire du général en chef. On portait deux espèces de coiffure, le casque en peau (galea) et le casque en métal (cassis), et deux sortes de chaussures, les caligae et les ocreae. 

Le costume militaire des Romains, adopté par les Gaulois, puis par les Francs, se conserva presque sans altération jusqu'au commencement de la dynastie capétienne. A partir du XIe siècle, on employa des métaux pour faire des casques, des boucliers, des cuirasses, des armures complètes. Mais ces armes défensives, qui pouvaient résister aux flèches et aux armes blanches, étaient impuissantes contre les armes à feu. Au XVIe siècle, chaque noble, pour avoir le moyen de reconnaître ses hommes au milieu de la mêlée, leur fit mettre au chapeau une plume, à l'habit un collet ou un parement d'une couleur uniforme, qui ordinairement était celle de son blason; ou bien la bandoulière qu'on portait par-dessus l'habit, et à laquelle le sabre était suspendu, fut garnie d'un galon dont les couleurs étaient également celles des chefs de corps. Sous Louis XIV, Louvois imposa un uniforme aux régiments de chaque arme. A la Révolution, toute I'infanterie, qui portait l'uniforme blanc, avec collet, revers et parement de couleurs variées, prit l'habit bleu, sans modification de couleur pour aucune de ses parties; le bouton, avec un numéro indiquant le régiment, fut la seule variation qu'on y remarqua.

Costumes des fonctionnaires. 
Des costumes ont été assignés aux diverses fonctions publiques, pour distinguer les services et les degrés hiérarchiques, et pour  faciliter l'action des fonctionnaires en avertissant le public de l'autorité dont ils sont revêtus. Un certain nombre de ces uniformes a été maintenu jusqu'à nos jours.

Les costumes assignés aux sénateurs, aux membres du Corps législatif et du Conseil d'État, ont été réglés par décrets des 22 février et 10 mars 1852. Les membres des Cours et Tribunaux ont un costume d'audience et un costume de ville : le premier est déterminé par les arrêtés des 20 vendémiaire et 2 nivôse an XI, et du 29 messidor an XII; le second, par le décret du 18 juin 1852. Les membres de la Cour des comptes ont aussi deux costumes, réglés par décrets du 28 septembre 1807 et du 10 juillet 1852. Le décret du 1er mars 1852 a réglé les costumes des fonctionnaires dépendants du Ministère de l'intérieur, préfets, sous-préfets, secrétaires généraux et conseillers de préfecture, maires et adjoints; celui du 4 janvier 1854, le costume des membres des Conseils généraux; celui du 31 août 1852, le costume des commissaires de police; celui du 4 juin 1854, le costume des fonctionnaires et agents du service télégraphique; l'arrêté ministériel du 19 janvier 1853, le costume des directeurs des prisons départementales; l'arrêté ministériel du 27 juillet 1853, le costume des agents voyers; la loi du 6 octobre 1791, le costume des gardes champêtres; le décret du 4 octobre 1852, les costumes des fonctionnaires et agents du Ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics; celui du 17 novembre 1852, les costumes des fonctionnaires et agents du Ministère des finances, des Contributions, des Douanes, de l'Enregistrement, des Postes, des Forêts, des Monnaies, des Caisses d'amortissement et des dépôts et consignations; les circulaires des 28 décembre 1852 et 6 mars 1853, le costume des agents inférieurs du service des Douanes; les décrets du 17 mars 1808 et du 24 décembre 1852, les costumes des fonctionnaires de l'instruction publique. Un acte de police n'est pas nul parce que l'officier qui l'a fait n'aurait pas été revêtu de ses insignes. 

Costumes dans les beaux-arts et au théâtre.
Les anciens artistes se préoccupaient assez peu de l'exactitude du costume dans leurs oeuvres; ils habillaient les patriarches hébreux ou les soldats grecs et romains comme leurs propres concitoyens. Paul Véronèse, dans son tableau des Noces de Cana, a vêtu les Juifs avec des brocarts ou étoffes de soie brochées en usage de son temps à Venise. Poussin et Lesueur apprirent aux peintres à sortir de cette mauvaise voie. Un siècle plus tard, Vien chercha à rendre avec fidélité les costumes des Grecs et des Romains. David se montra encore plus scrupuleux à cet égard, et maintenant les artistes apportent le plus grand soin à l'étude du costume. 

Le costume impose des difficultés considérables aux ouvrages de l'art moderne : ainsi, tout en représentant Louis XIV à l'héroïque, sous les traits d'Apollon ou d'Hercule, comme on le voit à la porte Saint-Denis, on a ombragé sa tête de l'énorme perruque du XVIIe siècle.

Dans le théâtre antique, où les traits des masques portés par les acteurs étaient exagérés pour être vus de loin, et où le cothurne grandissait leur taille, on était
obligé, afin de rétablir les proportions du corps, de donner plus d'ampleur aux mains et aux bras par le moyen de longs gantelets dissimulés sous les manches, et de rembourrer partout les vêtements. Le calme et la solennité religieuse de la tragédie grecque s'accommodaient de ces bizarres inventions, réclamées d'ailleurs par les lois de la perspective. Les personnages historiques ou mythologiques paraissaient sous des vêtements de tradition ou de convention : ainsi, Dionysos portait une robe couleur safran et une large ceinture brodée. Euripide opéra dans le costume théâtral une innovation, en introduisant sur la scène la misère et le désordre des vêtements. Pollux nous a conservé une classification de costumes qui paraît s'appliquer à la comédie : les vêtements du vieillard devaient être d'une couleur grave et sévère; la pourpre convenait au jeune homme; les gens de la campagne se distinguaient par leur tunique en peau de chèvre et par leur bâton ; les parasites étaient vêtus de noir ou d'une autre couleur sombre; les esclaves, les diverses classes de femmes avaient aussi leurs costumes convenus.

Sous Louis XIII et Louis XIV, les acteurs, dans la comédie, étaient vêtus sur le théâtre comme à la ville; dans la tragédie, leur costume ne ressemblait en rien à la réalité; dans l'opéra, rien n'était plus incohérent et plus bizarre que l'habillement des personnages mythologiques. Les personnages grecs et romains, couverts d'une cuirasse et chaussés du cothurne, portaient des chapeaux français surmontés d'un panache. A l'époque de Louis XV, on vit les Nymphes et les Faunes danser sur la scène avec des paniers couverts de gaze et bouillonnés avec des rubans. Mme Favart donna le signal de le réforme dans le costume de la comédie, en jouant, dans Bastien, un rôle de villageoise avec un habit de serge, la chevelure plate, les bras nus et des sabots. Lekain et Mlle Clairon commencèrent la réforme des costumes de la tragédie; l'amélioration se borna alors à supprimer les paniers des actrices et les chapeaux à plumes des acteurs, à introduire dans les sujets asiatiques un vêtement turc ou une peau de tigre en forme de manteau, et dans les sujets de chevalerie le costume français du XVIe siècle. Pendant la Révolution, Talma compléta cette réforme : la tragédie de Charles IX fut la première où l'on suivit le costume avec une rigoureuse exactitude; tous les théâtres de Paris et de la province imitèrent bientôt la Comédie-Française. 

Costume des prêtres. 
Chez la plupart des peuples, les prêtres ont été distingués par un costume particulier, toujours grave et digne de leur caractère. Les Druides portaient, sinon habituellement, du moins dans les cérémonies religieuses, une tunique longue à fond blanc, ornée de bandes de pourpre ou de broderies d'or, et, pardessus, un grand manteau blanc, de lin très fin, et s'ouvrant par devant; un bandeau, quelquefois une couronne de chêne leur ceignait le tête.

Durant les cinq premiers siècles de notre ère, les prêtres chrétiens, dans la vie privée, s'habillèrent comme tout le monde : les décrétales des souverains pontifes et les canons des conciles, sans jamais parler d'un costume normal et obligatoire, recommandent seulement la modestie dans la tenue et dans la démarche. C'est à partir du VIe siècle que les ecclésiastiques commencèrent à adopter un costume différent de celui des laïques. Le concile d'Agde leur prescrit la tonsure; celui de Mâcon, en 581, interdit de porter le sagum (habit court) et d'avoir des armes, et celui de Narbonne, en 589, tout vêtement de pourpre. Dès lors le clergé porta la robe longue, tandis que les séculiers adoptaient de préférence l'habit court, apporté par les Germains. Le pontifical romain interdit les vêtements de couleur rouge ou verte; le concile de Coyaco (Espagne), en 1050, et celui de Londres, en 1102, enjoignent aux ecclésiastiques de n'avoir que des habits d'une seule couleur. En 1134, le concile de Latran inflige la perte de leurs bénéfices à ceux qui auront des habits froncés, plissés, tailladés, et de couleur tranchante; celui d'York, en 1194, interdit les ornements d'or ou d'argent, et veut que les vêtements soient fermés; celui de Montpellier, en 1195; proscrit les habits échancrés par le bas. Le concile d'Avignon (1209), qui défend les capes à manches pendantes, permet d'employer toute espèce de drap, mais non la soie. Le concile de Sens, en 1320, défend les chaussures rouges, vertes ou blanches; celui de Paris, en 1326, les boucles à souliers en argent. Au XVIe siècle, le noir devient définitivement la couleur obligatoire pour les clercs, à moins qu'une dignité éminente n'exige une couleur plus éclatante. Le concile de Bordeaux (1583) proscrit les chemises empesées, plissées, brodées au col et aux manches. Le concile de Narbonne (1607) insiste sur l'obligation de ne porter que des vêtements d'étoffe noire, usage qui eut beaucoup de peine à s'établir. Au XIXe siècle, le costume de ville des ecclésiastiques comprend la soutane, la ceinture et le rabat. Depuis le concile (début des années 1960) Vatican II, la soutane n'est plus oblighatoire, mais c'est encore aujourd'hui la tenue adoptée par les prêtres traditionnalistes. (GE).


 
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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