|
Coloris,
terme de peinture; représentation
des objets naturels par le moyen des couleurs. C'est l'art d'associer à
l'imitation du relief l'imitation des teintes, telles qu'elles paraissent
selon les distances, les situations, les positions, la lumière,
etc., et de choisir les couleurs qui plaisent à la vue par la beauté
de leur caractère et de leurs combinaisons sur le tableau, à
l'esprit par leur convenance avec le sujet adopté. On dit d'un peintre
qu'il a un bon, un mauvais coloris. Si l'on emploie le mot couleur
dans le même sens, il désigne particulièrement les
teintes chaudes et vigoureuses; le coloris alors désigne des teintes
pleines de finesse et de grâce. Le coloris est la base principale
du jugement que le vulgaire porte sur les oeuvres d'art, et il fait souvent
oublier les fautes qui peuvent exister dans le dessin et la composition.
Le peintre versé dans la science
du clair-obscur, c.-à-d. qui connaît
le juste emploi de la lumière et l'ombre, n'est pas nécessairement
pour cela un habile coloriste, bien qu'il soit assuré des effets,
et de la manière de les obtenir. Car le clair-obscur et le coloris
ne sont pas identiques, ainsi que plusieurs auteurs ont paru le croire.
Le clair-obscur donne le ton et son intensité; la justesse de la
teinte, comme couleur, en est indépendante. Elle a toujours pour
mesure le degré de rectitude de l'organe visuel. Les objets se placent
sur la toile tels que l'artiste les voit : dès que la pratique de
la palette lui est bien connue, ses erreurs dans le coloris ne sont que
des torts de la vue; c'est l'oeil qui trompe la main. Et si l'on critique
l'artiste à ce sujet, si l'on blâme sa couleur, il peut toujours
contester qu'on ait sur lui , dans la contemplation des objets naturels,
la supériorité du regard. Ce qui prouve la distinction du
clair-obscur et du coloris, c'est que des chairs peuvent être trop
jaunes ou trop roses, des ciels ou des arbres faux de teintes, et cependant
à peu près justes de ton. Titien
est coloriste, tandis que Rubens est peintre d'effet,
c.-à-d. plus remarquable par les tons que par les teintes.
La couleur est assurément une partie
importante de l'art classique; cependant l'éclat du coloris, fût-il
plein de vérité finit par éblouir et fatiguer. Le
coloris n'est même pas une des qualités les plus heureuses
de la composition, et on ne peut que le comparer au style qui, dans la
littérature, sert de vêtement aux pensées et aux sentiments,
mais qui laisse, malgré ses artifices, les lecteurs complètement
froids, quand il est employé à colorer des idées communes.
Parmi les Anciens, Parrhasius, Zeuxis,
Apelle passent pour avoir été de grands coloristes. L'école
vénitienne et l'école
flamande, chez les Modernes, en ont fourni un grand nombre. On peut
citer dans l'école française'Chardin,
Boucher, Gros, Gérard,
Paul Delaroche, Delacroix,
Decamps. (B.). |
|