| Le nom d'armoire (Armarium, Armariolus, Armariolum) a été appliqué : 1° à des réduits ménagés dans une muraille, clos par des volets ou des portes, et destinés à renfermer des objets de quelque valeur; 2° à des meubles en menuiserie, composés d'un fond, de côtés, d'un dessus et d'un dessous, fermés par des vantaux, et placés en permanence dans des édifices ou des appartements (L'art du meuble). Les armoires de la première espèce, dites encore en latin Conditoria, se trouvaient principalement dans les anciennes constructions religieuses, près de l'autel, par exemple, et l'on y plaçait certains objets nécessaires au service de la messe, le saint sacrement, les vases sacrés, les saintes huiles, ou encore les reliques précieuses. Les armoires-meubles ont varié de matière et de forme selon les temps. Dans les églises, on plaça jadis des armoires en bois, rarement sculptées, mais garnies de ferrures travaillées avec soin, et dont les vantaux étaient parfois couverts de peintures; il y en avait près des autels, sous les jubés, derrière les stalles, dans les sacristies, et l'on y renfermait des reliques, des vases précieux, des vêtements sacerdotaux, des livres de choeur, etc. On fait des armoires mobiles, généralement en menuiserie, ou fixes, prises dans l'épaisseur d'un mur; elles prennent alors généralement le nom de placard. Chez les Romains, l'armarium était fort en usage : nous en avons des descriptions dans Plaute, Cicéron, Pline, et quelques exemples dans les peintures de Pompéi. On donnait aussi le nom de armarium au meuble qui contenait les livres dans les bibliothèques, et qui, d'après la description qu'en donne Vitruve, était fort ingénieux. Au Moyen âge, l'armoire semble avoir été peu en usage dans la vie civile : les objets d'habillement, la vaisselle et autre menu mobilier étant le plus souvent renfermés dans de grands coffres ou bahuts. Dans les châteaux pourtant les armes étaient conservées dans d'immenses armoires. L'armoire était d'un emploi plus fréquent dans la vie monastique et religieuse. Dans les abbayes, à côté du cloître, un armarium servait à contenir les livres à la disposition des religieux. Dans les églises, près de l'autel, il y avait toujours une armoire plus ou moins grande, fixe ou mobile, destinée à renfermer les vases sacrés, les saintes huiles, les livres liturgiques et autres objets. Quelques églises possèdent encore de ces armoires : une des plus anciennes est dans l'église d'Aubazine (Corrèze); elle est en chêne, garnie de pentures en fer et ne paraît pas postérieure aux premières années du XIIIe siècle. La cathédrale de Bayeux possède une armoire de la fin du même siècle : elle est composée d'un certain nombre de compartiments munis chacun d'un volet, et décorée extérieurement de peintures qui représentent des translations de reliques. L'armoire contenait en effet les châsses de la cathédrale. En voici une à peu près du même genre et de la même époque, que conserve la cathédrale de Noyon; ici, les vantaux sont peints intérieurement et extérieurement. Pendant le XIVe siècle, les armoires sont faites de la même façon. Mais au XVe siècle, l'art de la menuiserie s'étant singulièrement perfectionné, on abandonne presque complètement les décorations peintes pour tirer de la menuiserie elle-même et de la sculpture toute la beauté du meuble. Les vantaux sont formés de panneaux encadrés; ceux-ci portent souvent une décoration caractéristique de l'époque, en forme de parchemin plissé. On conserve encore parfois les vantaux unis avec pentures de fer, comme dans les armoires du trésor de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris. Au XVIe siècle, dans la vie civile, on abandonne à peu près l'ancien bahut. On fit alors des armoires de toutes formes et de toutes dimensions; on les couvrit de sculptures, d'incrustations et de décorations de tous genres. - Armoire Henri II, XVIe siècle (Louvre). Tout le monde connaît ces jolis meubles à deux corps d'un usage si fréquent dans la seconde moitié du XVIe siècle et au XVIIe ; les musées et les collections particulières, le mobilier de l'Etat, en possèdent un grand nombre. On les doublait parfois intérieurement d'une étoffe de soie décorée d'une passementerie qui, retenue de distance en distance par des clous, formait sur l'étoffe des losanges, des étoiles ou autres combinaisons géométriques, Le musée du Louvre en possède plusieurs : nous en citerons deux qui font partie de la collection Sauvageot. L'une est datée de 1617, l'autre est un peu plus ancienne et doit remonter à la fin du XVIe siècle. On peut voir au musée de Cluny, à Paris, une belle collection d'armoires normandes des XVIIe et XVIIIe siècles. Citons enfin pour terminer les grandes armoires à deux vantaux si en usage à cette même époque. | |