|
. |
|
|
Les plus anciens
monuments des îles Britanniques sont des mégalithes,
qui remontent à l'âge de Bronze. Certains archéologues
veulent faire remonter jusqu'à l'époque des Bretons quelques
petites forteresses qu'on trouve sur divers points du pays, et qu'on pense
avoir été la résidence des chefs. Leurs constructions
civiles primitives furent en bois, en argile et en roseaux, ou en pierres
irrégulières : les maisons étaient circulaires; les
toits de chaume, élevés en pyramide, avaient une ouverture
pour laisser pénétrer le jour et donner une issue à
la fumée du foyer. Les Romains n'ont guère construit en Angleterre
que des chaussées et des murailles fortifiées, destinées
à arrêter les incursions des Calédoniens. De la conquête
romaine à celle des Normands, les Anglo-saxons employèrent
souvent des artistes français pour la construction de leurs églises
et monastères : ainsi le couvent de Weremouth et la cathédrale
d'Hexham furent bâtis au VIIe
siècle par des ouvriers du continent. Un mélange confus et
fantastique de figures d'animaux parait avoir dominé alors dans
l'ornementation. Bien qu'on ait introduit dans le langage des arts la dénomination
de style saxon, les Anglo-Saxons n'ont point en d'architecture qui leur
fût propre.
- La Cathédrale de Salisbury. Source : The World Factbook. Les Normands apportèrent le style lourd de l'architecture romano-byzantine que l'on remarque encore dans certaines parties des cathédrales de Gloucester, de Durham, d'Exeter, de Peterborough, de Ste-Croix près de Winchester, d'Oxford, etc. Les cathédrales de Rochester, de Norwich et de Fly, les églises de Lastingham et d'Iffiey, les ruines de l'abbaye de Waltham et du prieuré de Botholp, appartiennent à la même époque. Comme oeuvre d'architecture militaire, on peut citer la Tour blanche à la Tour de Londres. L'ogive vint, comme en Occident, mais un peu plus tard, succéder au plein cintre, et fut introduite par l'évêque de Winchester, Henri de Blois, frère du roi Étienne. On la voit naître au monastère de Canterbury, à la cathédrale de Rochester, à l'église St-Pierre de Northampton et au prieuré de Château-d'Acre. Sous Henri II le style ogival s'établit définitivement; simple d'abord, il devient rayonnant et plus compliqué au XIVe siècle. La quantité des édifices religieux élevés du XIIIe au XVe siècle est considérable ; sous le seul règne de Henri III, on en compta jusqu'à 157. Parmi les plus beaux on distingue les cathédrales d'York, de Canterbury, de Salisbury, de Lincoln, de Lichfield, de Wells, de Winchester, de Chichester, l'abbaye de Westminster, etc. L'architecture militaire suivit les mêmes phases; le plus beau spécimen est la Tour de Londres. Les barons rivalisaient à qui aurait les plus beaux châteaux crénelés. L'architecture civile ne restait pas en arrière : le palais de Windsor et la grande salle du palais d'Édouard III à Westminster en sont de remarquables modèles. Le style ogival anglais offre deux caractères qui lui sont particuliers : 1° les meneaux des fenêtres montent droit jusqu'à l'arcade-mère de la croisée; de là le nom de perpendiculaire qu'ont pu donner quelques archéologues au style ogival anglais;En général, le style gothique s'est abâtardi en Angleterre. Les édifices sont plus lourds, plus chargés d'ornements que sur le continent; au lieu des élégantes chapelles absidales dont sont pourvues les églises françaises, on ne voit au fond du vaisseau qu'une chapelle, éclairée par une fenêtre énorme; les nefs sont longues, mais basses; les tours, constamment carrées, sont garnies de créneaux qui leur donnent l'aspect des tours des châteaux féodaux, et elles sont généralement plus élevées au transsept qu'à la façade. - Ruines de l'abbaye de Tintern, au Pays de Galles. Le déclin s'annonce par le style maniéré et chargé, dit des Tudors, et qui consiste en un singulier mélange des caractères du style gothique avec les formes de la Renaissance. On a eu tort d'attribuer la destruction du genre gothique au changement de religion des Anglais; elle fut causée par la réforme architecturale qui s'était produite en Italie, et qui pénétra en Angleterre plus tard que dans les autres pays. Les monuments les plus curieux du style des Tudors sont le palais de Richmond, bâti par Henri VII, celui de Hampton-Court, et, dans l'abbaye de Westminster, la chapele dite de Henri VIII. Les ornements y sont jetés à profusion, mais uniformes; il semble qu'on ait voulu éviter de sculpter des figures, genre où l'art anglais a toujours été frappé d'infériorité. Le goût du style classique finit
par s'emparer à son tour de l'Angleterre, et les colonnes gréco-romaines
chassèrent les découpures flamboyantes de l'ogive. Jacques
Il, fit bâtir par Inigo Jones le palais de White-Hall; le même
architecte éleva la galerie de Sommerset-House, l'église
de St-Paul dans Covent-Garden, et la maison royale de Greenwich (plus tard
hôtel des Invalides de la marine). L'architecture, négligée
sous Charles Ier et la République,
ne reprit son essor qu'après la restauration des Stuarts.
Parmi les architectes contemporains de Wren, il faut citer : James Gibbs, qui construisit les églises de St-Martin et de Ste-Marie à Londres; Nicolas Hawksmoor, employé aux châteaux de Blenheim et d'Howard; Thomas Archer, à qui l'on doit l'église de St-Jean à Westminster; John James, qui bâtit l'église de Greenwich, et celle de St-Luc à Middlesex; Flitcroft, architecte de Woburn-Abbey; Talman, architecte du palais de Chatsworth. John Vanbrugh, peintre et architecte, employa le style de la Renaissance, mais en le débarrassant des ornements capricieux qui le distinguent dans d'autres pays : ses constructions civiles sont lourdes, et prouvent qu'il ne comprenait pas aussi bien la beauté des proportions et des détails que la distribution de la lumière et des ombres. Hawksmoor a ajouté un ornement qui manque aux travaux de la Renaissance, le portique prostyle, que Gibbs a aussi employé pour l'église St-Martin de Londres. Les grands seigneurs du XVIIIe siècle faisant restaurer leurs châteaux féodaux, les architectes sont obligés d'en étudier le style, et il en résulte un mélange assez original de divers styles qui donne aujourd'hui à l'architecture anglaise quelque chose de bizarre et de particulier. Burlington-House et la villa de Cheswick attestent le goût, aussi bien que la magnificence de lord Burlington. On doit aussi mentionner le château de Strawberry, que fit restaurer Horace Walpole. W. Chambers, qui bâtit l'hôtel de Sommerset House à Londres, et Robert Taylor, ont été les architectes les plus distingués de la fin du XVIIIe siècle. A cette époque s'opéra une révolution qui devait détruire presque entièrement en Angleterre le style de la Renaissance, sans le remplacer pourtant par un style original : ce fut la publication de l'ouvrage de Revett et James Stuart sur les monuments de l'ancienne Grèce. Depuis cette époque, l'imitation de l'architecture grecque a prévalu. Les Anglais ont recueilli les dessins de toutes les constructions grecques qui survivent aux ravages du temps et des hommes; ils possèdent les plus belles collections qui existent des oeuvres antiques, et les reproduisent dans de splendides publications. La découverte des ruines de Pompéi et d'Herculanum n'a fait qu'augmenter cette passion de l'antique. Des sociétés savantes ont aussi porté leur attention sur l'art gothique John Carter, Britton, Pugin, etc., ont publié sur cet art des travaux de la plus haute importance, et ensuite non seulement on a restauré avec habileté les anciens monuments, mais on les a imité avec succès. Parmi les grands travaux du XIXe siècle dignes d'être mentionnés, nous citerons le pont de Waterloo, l'un des plus beaux du monde, et le fameux tunnel sous la Tamise, construit par un ingénieur français, Brunel. Les architectes anglais se sont aussi distingué par la hardiesse de leurs constructions en fonte, dont ils ont donné une preuve éclatante dans l'érection du palais de l'exposition universelle de Londres en 1851, nommé Cristal Palace, et par la suite transporté à Sydenham. (B. et E. L.). |
. |
|
|
||||||||
|