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Les
principaux agrumes
Le Bigaradier
(Citrus Aurantium).
Le Bigaradier est un des types du genre
Citronnier-oranger, désigné par Poiteau et Risso sous le nom de Citrus
bigaradia (C. vulgaris); il se distingue par ses rameaux épineux, ses
feuilles elliptiques et son fruit, la bigarade, de moyenne grosseur,
à surface tourmentée, un peu rude, rouge orangé foncé, présentant
une écorce amère et odorante, un suc acide
amer. Les bigaradiers se cultivent plutôt pour leurs feuilles et pour
leurs fleurs, dont on fait l'essence de néroli, l'eau de fleurs
d'oranger, etc.; mais leurs fruits servent aussi à préparer, dans
les espèces naines ou lorsqu'ils sont très jeunes (petits grains ou orangettes),
les chinois confits, et, un peu avant leur maturité, l'écorce
d'oranges amères. Parmi la trentaine de variétés connues de
Bigaradiers, citons : C. a. asperma, C. a. bizarria, C. a. corniculata,
C. b. crispifolia, C. a. hispanica, C. a. myrtifolia, C. a. sinensis, etc.
Tige
florifère de Bigaradier (Citrus aurantium).
Le Bigaradier franc, originaire de la Chine
et de l'Inde ,
se cultive particulièrement en Andalousie ,
d'où l'écorce des bigarades est envoyée aux Pays-Bas
pour y fabriquer la liqueur connue sous le nom de curaçao. Les
fleurs de cette variété sont fort recherchées pour la préparation l'eau
distillée et d'huile essentielle. Le
Bigaradier chinois a les fruits petits. On les cueille d'ordinaire avant
leur maturité pour les faire confire au sucre. Le Bigaradier bizarrerie
est une des curiosités végétales les plus extraordinaires. Il porte
sur le même individu jusqu'à cinq sortes de fruits : cédrats, oranges,
bigarades et des fruits mélangés moitié cédrat, moitié orange. Cette
variété a été découverte en 1644 par un jardinier de Florence,
qui la multiplia par la greffe. Le Bigaradier à fruit corniculé, a des
fleurs grandes, très odorantes, un fruit arrondi, plus large au sommet
qu'à la base, et qui est muni latéralement d'appendices en forme de cornes;
son écorce est rugueuse, d'un jaune rougeâtre; pulpe jaune, acide, peu
amère.
Le Citronnier
(Citrus limon).
Cet arbuste, que l'on appelle également
Limonier et que plusieurs auteurs ont pu considérer comme une simple variété
du Citrus Aurantium ou Bigaradier, est originaire, pense-t-on, du nord-ouest
de l'Inde .
Il croît en tout cas spontanément dans la partie de l'Inde située au
delà du Gange, d'où il a été successivement répandu, par les Arabes,
dans toutes les contrées qu'ils soumirent à leur domination. Les Croisés
le trouvèrent en Syrie et en Palestine vers la fin du XIe
siècle et le rapportèrent en Sicile et en Italie .
Il se répandit dans le reste de l'Europe
vers la fin du XVe siècle. Il est abondamment
cultivé dans toute la région méditerranéenne, ainsi qu'aux Canaries
et aux Açores. Sa hauteur ne dépasse pas ordinairement trois on quatre
mètres. Ses jeunes pousses et ses bourgeons
sont d'un pourpre rougeâtre. Les feuilles, ovales-aiguës, sont souvent
accompagnées, à leur aisselle, d'épines aiguës. Les fleurs, assez longuement
pédonculées, sont blanches en dedans et plus ou moins teintées, en dehors,
de pourpre vineux ou rosé. Ses fruits, bien connus sous le noms de citrons
ou
limons, sont ovoïdes et terminés supérieurement par un mamelon
conique.
Le Bergamotier
(Citrus bergamia).
Le Bergamotier ordinaire a été
désigné sous le nom de Citrus bergamia vulgaris, par Risso et Poiteau.
On nomme bergamotes les fruits qu'il produit (Ã ne pas confondre
avec la variété de poires du même nom). C'est un arbre
à rameaux menus ou munis d'épines courtes. Ses feuilles, à pétioles
quelquefois ailés, sont oblongues, dentées, acuminées, obtuses; ses
fleurs, petites, très odorantes, ont 30 étamines;
ses fruits d'un jaune pâle, à vésicules
concaves, sont souvent en forme de poire; leur pulpe est un peu acide et
d'un goût très agréable. Il y a plusieurs variétés de Bergamotier,
entre autres celle à fruit rugueux, celle à petit fruit, puis
la mellarosse, et enfin la mellarose à fleurs doubles. L'écorce
de la bergamote est douée d'une odeur particulière, mais très agréable.
On en extrait, ainsi que des fleurs, une huile essentielle, qu'on nomme
huile de bergamote, qui entre dans une foule de préparations de
parfumerie. L'écorce vidée et séchée sert aussi à faire de petites
boîtes qui conservent très longtemps leur parfum.
Le Limettier (Citrus
limetta).
Très proche du Bergamotier, le Limettier
est un arbre à rameaux épineux
probablement originaire de l'Inde
et cultivé dans toute la région méditerranéenne. Ses fruits,
appelés limettes ou limes, sont ovales, arrondis et terminés
par un mamelon; ils contiennent tous une écorce jaune pâle, une pulpe
aqueuse douceâtre, d'une saveur assez agréable, quoique plus on moins
amère. On en extrait une essence dite essence de Limette, qui est
analogue à celle qu'on retire du fruit du Bergamotier.
Le Cédratier
(Citrus medica).
Le Cédratier est un arbuste,
considéré aujourd'hui comme une espèce distincte, mais dans lequel on
a aussi vu, dans le passé, une variété du Citronnier proprement dit
(Citrus limonum Risso). On l'appelle également
Citronnier des Juifs.
C'est le Citrus Cedra de J.-B. Ferrarius (Hespérides, 1646, tab.
59, 64, 63), le Citrus medica Cedra de G. Gallesio (Traité du Citrus,
1814, p. 87), et très probablement la véritable
Pomme de Médie
des Anciens .
On le croit originaire de l'Inde ,
d'où sa culture se serait répandue de très bonne heure dans l'Asie occidentale,
surtout en Mésopotamie, en Médie et en Perse
( A. De Candolle ,
Origine
des Plantes cultivées, 1883, p. 443). Passé de là en Grèce ,
en Italie
(vers le IIIe ou IVe
siècle de notre ère), puis en Sicile, en Sardaigne et en Corse, il est
maintenant naturalisé dans beaucoup de localités de la région méditerranéenne.
On le cultive également aux Açores et à Madère. Il diffère du Citronnier
proprement dit par ses feuilles plus grandes, elliptiques, peu ou point
acuminées, souvent même échancrées au sommet et par ses fruits plus
gros, inégalement rugueux ou mamelonnés à la surface, avec des sillons
longitudinaux et transversaux plus ou moins profonds. Ces fruits, bien
connus sous le nom de cédrats, ont une écorce épaisse et résistante,
qui sert à la préparation de conserves sucrées très estimées. On en
extrait une huile essentielle à odeur suave, dite Essence de Cédrat,
très employée en parfumerie. Leur pulpe
verdâtre, relativement peu abondante, a une saveur douce, légèrement
acidulée.
Le Pamplemoussier
(Citrus maxima) et le Pomelo (Citrus paradisi).
On nomme Pamplemoussier (Citrus maxima)
une variété d'arbres souvent épineux à feuilles coriaces, épaisses,
portées sur de longs pétioles, très dilatés; à fleurs très grandes;
fruits, qui atteignent de très grosses dimensions, arrondis ou en forme
de poire, coloriés d'un jaune pâle et présentant une écorce lisse Ã
vésicules planes ou convexes; la pulpe, légèrement verdâtre, est peu
abondante et sapide. Le Pamplemoussier s'élève quelquefois à la hauteur
de 8 mètres; il est originaire de l'Inde ,
et fut transporté en Amérique
par le capitaine Shaddock, d'où lui est venu aussi le nom de Schaddeck
donné au Pamplemousse outre-Atlantique. Le nom de Pamplemousse
est également donné couramment mais improprement à un autre fruit,
qu'il convient d'appeler Pomélo, et qui est produit par le Citrus
paradisi. C'est l'hybride naturel du Pamplemoussier et de l'Oranger, et
c'est celui-là que l'on trouve ordinairement sur les marchés.
L'Oranger (Citrus
sinensis).
L'Oranger proprement dit, qui fournit
les oranges douces, est sans doute l'agrume le plus important. D'un point
de vue strictement botanique, il est très proche du Bigaradier, et seules
les distinguent leurs saveurs du fruit, douce pour l'Oranger, amère pour
le Bigaradier. Les orangers se distinguent plus nettement des citronniers,
cédratiers, limettiers, etc., par leurs fleurs entièrement blanches,
leur fruit jamais allongé, sans mamelon au sommet, à peau peu ou point
bosselée, médiocrement adhérente avec la partie juteuse, et des Pamplemousses
par l'absence complète de poils sur les jeunes pousses et sur les feuilles,
par un fruit moins gros, de forme sphérique et de peau moins épaisse.
L'oranger à fruit doux croît spontanément
dans les provinces méridionales de la Chine ,
à Amboine (Indonésie), aux îles Marianes, et dans la plupart des autres
îles de l'Océan Pacifique. On attribue généralement son introduction
en Europe
aux Portugais .
Gallesio avance, toutefois, que cet arbre a été introduit de l'Arabie
dans la Grèce
et dans les îles de la Mer Egée, d'où il
a été transporté dans toute l'Italie .
Les variétés d'Oranger sont nombreuses.
Un jardinier du roi de Naples
en avait dressé une monographie qui n'en comprenait pas moins de 250,
toutes parfaitement distinctes. Parmi celles qu'on cultive pour leurs fruits
(orangers proprement dits), citons : l'Oranger de Nice (C. s. nicensis),
très productif, dont les fruits sont fort gros et à pulpe d'un jaune
foncé; l'O. de Gênes (C, s. genuensis), à fruits de moyenne grosseur
et ronds, à la chair rougeâtre; l'O. de Malte
(C. s. melitensis), à fruits gros, de peau et de chair rougeâtres; l'O.
de Majorque ou du Portugal
(C. s. balearica), Ã fruits moyens, de peau mince, jaune et lisse; l'O.
de Jéricho (C. s. hierochuntica), a fruits ronds, de peau jaune et de
chair très rouge; le C. s. asperma, aux fruits petits, ronds, sans pépins,
de chair rouge, comestibles longtemps avant que la peau ait jauni; le C.
s. limonoformis; le C. s. duplex, etc.
Le mandarinier
(Citrus reticulata).
Le Mandarinier, ou Oranger des Mandarins,
était autrefois considéré comme une variété d'Oranger. Son fruit,
la mandarine a, elle, une saveur propre, qui, de fait, se rapproche
de celle de l'orange douce, mais elle est plus petite, bosselée à la
surface et déprimée en dessus; de plus sa peau, peu épaisse, est d'odeur
forte, sa chair a presque toujours un aspect sanguinolent. La clémentine
est un hybride de mandarine et d'orange.
Caractères
généraux des agrumes
Les agrumes, dont on prendra pour type
l'Oranger, sont des arbres ou des arbrisseaux,
souvent épineux, à feuilles composées, parfois
trifoliolées, plus souvent unifoliolées, entières ou crénelées, coriaces
et portées par un pétiole ailé, Ã
fleurs
blanches, douées d'une odeur suave, axillaires, solitaires ou réunies
en cymes. Le calice est
cupuliforme ou urcéolé, à 3-5 divisions; la corolle
est composée de 4-8 pétales linéaires, oblongs;
imbriqués, généralement sessiles, charnus
et l'androcées d'étamines
en nombre indéfini, à filets unis entre eux dans une étendue variable,
en faisceaux inégaux (polyadelphie inégale), et portant des anthères
oblongues,
biloculaires, déhiscentes
par des fentes longitudinales. Le gynécée
est formé d'un ovaire libre, entouré à sa base
d'un disque annulaire ou cupuliforme et surmonté d'un style
cylindrique, terminé par une tête stigmatifère lobée. L'ovaire est
multiloculaire, et dans l'angle interne de chaque loge
s'insèrent 4-8 ovules descendants, anatropes,
disposés sur deux séries. Le fruit est une baie
multiloculaire (hespéridie), globuleuse, parfois déprimée, dont le péricarpe,
peu épais, est composé de trois couches. L'extérieure (épicarpe), de
couleur jaune plus ou moins foncée est odorante : ce qu'elle doit aux
nombreux réservoirs d'essence dont elle est criblée. La moyenne (mésocarpe)
est blanche, molle et spongieuse, en général inodore et sans saveur.
L'intérieure (endocarpe), habituellement réduite à une mince membrane
translucide, tapisse la paroi convexe du fruit et s'enfonce jusqu'au centre
en formant des lames verticales rayonnantes, qui séparent les unes des
autres les loges ou quartiers. La pulpe succulente, sapide, qui remplit
ces quartiers, ne fait pas partie du péricarpe primitif, c'est une formation
cellulaire, qui prend naissance à la surface interne de l'endocarpe :
les cellules, d'après Baillon ,
s'allongent en dirigeant leur sommet vers le centre jusqu'Ã la rencontre
des placentas chargés d'ovules ou de jeunes
graines, en formant autant de tubes, qui se déforment par compression
réciproque et dans l'intérieur desquels se produit le liquide acidulé
ou sucré.
Les graines restent toujours en dehors
des cellules en question et ne leur adhèrent pas. Ordinairement peu nombreuses,
elles sont pourvues de téguments-glabres,
dont l'intérieur est parcheminé et résistant, et renferment un ou plusieurs
embryons charnus, sans albumen.
L'écorce odorante des oranges s'appelle
encore peau ou zeste.
-
a.-
fleur d'oranger (coupe longitudinale);
b.
- graine; c et d. - embryons.
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L'histoire
des agrumes
L'Oranger n'a été acclimaté dans le
bassin de la Méditerranée et même dans l'Asie occidentale qu'à une
époque relativement récente. Il était complètement inconnu aux Grecs
et aux Romains .
Le mythe du jardin des Hespérides
peut concerner, en effet, le fruit d'une Citrée quelconque, le citron
par exemple, qui est mentionné pour la première fois par Théophraste ,
au IIIe siècle av. J.-C., sous le nom
de pomme de Médée
(ou de Médie?); il est loisible, en outre, étant donnée l'imagination
fertile des Anciens ,
de la placer où l'on veut, en Mésopotamie aussi bien que sur la côte
d'Afrique .
Gallesio, qui est l'auteur, ainsi que Risso, de remarquables travaux sur
les Citrées, présumait même que l'Oranger n'était pas cultivé dans
la partie occidentale de l'Inde
au temps de Diodore de Sicile ,
de Néarque
et d'Arrien ,
car il a étudié à ce point de vue leurs ouvrages et leurs relations,
et il n'y est fait nulle part mention de cet arbre. Cependant, le sanscrit
avait un nom pour l'orange, nagrunga, dont les Hindous ont fait
narondj, les Arabes narounj, les Espagnols naranja,
et qui serait devenu, au Moyen âge ,
le latin arancium, puis aurantium. Mais ce nom s'applique
à peu près sûrement au Bigaradier, à l'oranger à fruits amers, et
c'est lui qu'ont connu le premier les Arabes, importateurs des Orangers
vers l'Occident. Originaire de la région orientale de l'Inde, peut-être
aussi de l'Asie du Sud-Est (Péninsule indochinoise)
et de la Chine
méridionale, le Bigaradier se serait répandu, depuis les Romains, du
côté du golfe Persique et, à la fin
du IXe siècle, en Arabie, par l'Oman,
l'Irak à partir de Bassorah ,
et la Syrie. Les Croisés
le virent en Palestine et, dès 1002 on le cultivait en Sicile, probablement
à la suite des incursions des Arabes. Ceux-ci l'introduisirent en Espagne
et vraisemblablement aussi dans l'Afrique
orientale, ou les Portugais le trouvèrent établi lorsqu'en 1498 ils doublèrent
le Cap.
L'Oranger proprement dit, l'oranger Ã
fruit doux, est d'importation encore plus récente. Originaire de la Péninsule
indochinoise et de la Chine
méridionale, où, à une époque lointaine, serait survenue, d'après
une hypothèse assez plausible, une dérivation, soigneusement propagée,
du Bigaradier en Oranger doux, il s'est répandu d'abord, par l'effet des
semis, dans la région de l'Inde ,
peut-être vers le commencement de l'ère chrétienne; il a gagné ensuite
l'Occident, par des migrations vraisemblablement analogues à celles du
Bigaradier, mais postérieures de 400 ou 500 ans, car jusqu'au commencement
du XVe siècle les ouvrages arabes et les
chroniques ne parlent que d'oranges amères ou aigres. La date approximative
de son introduction en Europe
se place donc aux environs de 1400 et, dès les premières années du XVIe
siècle, une foule d'écrivains parlent de l'orange douce comme d'un fruit
couramment cultivé en Espagne
et en Italie .
Bientôt toutes les contrées que baigne la Méditerranée en produisirent.
En 1566, les plantations d'Orangers d'Hyères présentaient l'aspect d'une
véritable forêt; Fréjus, Aix-en-Provence ,
Marseille, puis la Corse et la Sardaigne en eurent à leur tour, et vers
1650 on voyait à Perpignan
deux longues lignes d'Orangers séculaires, qui ombrageaient une large
rue.
Dans le Nord de la France ,
il n'a existé, pendant longtemps, qu'un seul oranger, et encore était-ce
un bigaradier non greffé : semé à Pampelune, en 1421, il avait été
transporté, déjà grand, à Chantilly,
puis Ã
Fontainebleau, et, de là ,
en 1684, à Versailles, baptisé successivement
des noms de Grand Connétable, Grand Bourbon et François
ler. Louis XIV
en fit venir et planter d'autres, et, comme il s'en montrait admirateur
passionné, l'oranger devint en vogue pour l'ornementation des grands jardins
à la Le Nôtre ;
on les y alignait, ainsi qu'on le fait encore aujourd'hui, de chaque côté
des allées principales, dans des caisses, et, pour les préserver des
rigueurs de l'hiver, on leur construisit des serres monumentales, appelées
orangeries.
En Amérique ,
on signale l'Oranger un siècle à peine après la conquête et, maintenant,
il en existe des bois jusque dans le Sud des États-Unis .
Quant au Mandarinier, qui paraît avoir pour patrie la Péninsule indochinoise
et quelques provinces de la Chine ,
Rumph
l'a rencontré, au milieu du XVIIe siècle,
dans toutes les îles de la Sonde (Indonésie); mais sa culture ne s'était
pas encore répandue en Inde ,
où elle a pris, depuis, une grande extension dans le district de Khassia,
et, au commencement du XIXe siècle, elle
était toute nouvelle dans les jardins d'Europe . |
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L'arboriculture
des agrumes
On cultive l'Oranger en pleine terre ou
en caisse. En pleine terre, il n'est pas exigeant sur la nature du sol,
pourvu que celui-ci soit frais, bien drainé, ou, s'il est perméable,
suffisamment irrigué. Il lui faut, par contre, un climat chaud et de préférence
maritime; sans longues sécheresses et sans hivers rigoureux : le littoral
de la Méditerranée, en Europe
et en Algérie ,
lui convient, à cet égard, tout particulièrement. Pourtant, on a vu,
en Provence, les orangers geler, mais jamais assez complètement pour qu'ils
ne puissent être rabattus sur les branches principales et rétablis en
peu d'années par la vigueur naturelle de leur végétation. Abandonné
à lui-même, l'oranger peut atteindre en France
une dizaine de mètres de hauteur et il ne donne son maximum de production
que vers l'âge de quinze ans; il porte alors un nombre considérable de
fruits. Par la greffe, on le fait produire beaucoup
plus tôt et, si on le taille de telle sorte qu'il ne dépasse pas 3 m,
on a moins de fruits, mais ils sont plus beaux et bien plus savoureux.
La multiplication des orangers se fait quelquefois encore par marcottes
ou par boutures; mais le procédé qui est aujourd'hui le plus généralement
employé est la greffe en écusson ou en fente sur des sujets obtenus de
semis : graines d'oranges douces, d'oranges amères
ou de citrons. Longtemps la préférence a été donnée à ces dernières;
mais il semble qu'il faille l'accorder aux secondes. On s'est souvent demandé,
à ce propos, si les oranges douces donnent, quand on les sème, des oranges
douces, les bigarades des oranges amères: Gallesio, qui a fait en Europe
de nombreuses expériences, est absolument affirmatif; Mac-Fadyen a, au
contraire, vu fréquemment, à la Jamaïque ,
des graines d'oranges douces produire des arbres
à fruits amers, mais jamais l'inverse; cette différence de résultats
tiendrait à la nature du sol. Quoi qu'il en soit, les semis de bigaradier
et de citronnier sont ceux qui réussissent le mieux; il n'y a, du reste,
que trois ou quatre variétés d'oranges douces qui se reproduisent franches
de pied par le semis de leurs
pépins.
On donne aux jeunes plants les soins et
on fait les repiquages ordinaires. On greffe à deux ou trois ans. Il n'est
besoin ensuite d'autres soins que ceux donnés aux arbres fruitiers en
plein vent : on supprime le bois mort et on élague les branches chiffonnes
de l'intérieur. D'après la destination des fruits, on, en fait en général
trois récoltes. La première a lieu en fin d'octobre, alors qu'ils ne
sont pas encore bien mûrs : on peut à ce moment leur faire supporter,
sans inconvénients, de longs voyages; la seconde se fait en décembre,
quand, presque mûrs, ils sont encore en état de voyager; la troisième
au printemps, quand ils sont tout à fait mûrs mais ils ne peuvent plus
alors se conserver au delà de quelques jours et doivent être consommés
sur place.
Les fleurs sont récoltées surtout sur
le bigaradier. La floraison commence vers la cinquième année; elle est
à son maximum d'intensité vers la quarantième année. La récolte a
lieu tous les jours, même deux fois par jour; on ne laisse d'ailleurs
pas porter fruit aux arbres cultivés pour leurs fleurs. Un bigaradier
donne en moyenne 40 kilogrammes de fleurs par an, un oranger véritable
à peine la moitié. De même un bigaradier produit en moyenne 4000 fruits,
un oranger 3000.
En caisse ou en pot, on installe l'oranger
dans un sol meuble et enrichi de terreau sur un bon drainage; chaque année
on renouvelle la couche superficielle dans les récipients. La recette
de ce terreau a été longtemps très compliquée et le chef de chaque
orangerie en faisait un secret. On a reconnu l'inutilité de ces préparations
et, depuis plus de 150 ans, on n'emploie plus qu'un mélange à parties
égales de bonne terre légère de jardin et de terreau de couches rompues.
Au printemps et en été, on arrose fréquemment et on bassine le feuillage
avec une pompe; de bas en haut. Dès le mois de septembre on diminue l'arrosage.
Du milieu d'octobre au milieu de mai (Ã Paris),
on rentre l'arbre dans une serre qu'on chauffe tout juste pour qu'il ne
gèle pas et on ne lui donne plus que la quantité d'eau strictement nécessaire
pour l'empêcher de mourir de soif.
Quand le jeune oranger a son feuillage
qui jaunit et tombe, il faut le dépoter à nu, le débarrasser de toute
l'ancienne terre adhérente aux racines; le planter dans du terreau pur,
sur une couche tiède ou sourde, et lorsqu'il est rétabli; le replacer,
dans une caisse pleine de nouvelle terre. On doit renouveler aussi de temps
en temps la terre des grands orangers, qu'on cultive, Ã cet effet, dans
des caisses dont les côtés s'ouvrent à charnière, comme les portes
d'une armoire. On fait venir en général, les jeunes orangers du Midi;
sous forme de plant prêt à recevoir la greffe ou greffé depuis un an.
Lorsqu'on sème, on le fait dans un mélangé à parties égales de terreau
de feuilles et de terre de bruyère, on conserve les pots enterrés dans
le terreau d'une couche tiède, le premier et le second hiver, et on ne
commence à les exposer tout à fait à l'air, l'été, qu'à 3 ou 4 ans.
On ne doit pas tailler les petits orangers;
on taille les grands en mi-septembre, avant de les rentrer; on leur donne
d'ordinaire une forme arrondie et régulière, soit en demi-sphère ou
champignon, soit en cylindre à face supérieure bombée. Sous le climat
de Paris, l'oranger n'est guère qu'un arbre d'ornement; il produit pourtant
des fleurs. Les orangers des jardins publics et des grands parcs sont,
du reste, en réalité, des bigaradiers. Quant aux orangers nains, à feuilles
de myrte, ou orangers de la Chine ,
ce sont surtout des plantes d'appartement, qu'on tient en jardinière ou
en pot, dans une chambre pas trop chauffée, et qui produisent de jolies
petites oranges minuscules; celles-ci sont toutes disposées à pulluler,
mais elles épuisent la plante et il faut n'en conserver que quelques-unes,
si l'on veut qu'elle fleurisse convenablement chaque année. |
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