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Le mot adjectif vient du latin adjectivum, mot qui s'ajoute (adjicere = ajouter), traduction du grecepeqeton. L'adjectif représente ainsi une idée qui s'ajoute à celle qui est exprimée par le nom. On désigne ainsi la partie du discours qui marque les qualités attribuées au sujet désigné par le nom. L'adjectif n'est pas une partie du discours essentielle; les Anciens le regardaient ordinairement comme une espèce dans la classe générale des noms. Les noms communs désignent moins les objets que leurs qualités distinctives, et il n'est pas plus rare de voir le substantif servir d'attribut que l'adjectif employé comme nom; exemples : « Ce remède est souverain; le véritable souverain est le peuple ». En conséquence, l'adjectif peut être, comme l'adverbe, remplacé par un substantif; comme dans un couteau d'argent (subst.), en allemand ein silbernes Messer (adj.). On peut aussi lui substituer un verbe : le latin sitio (verbe) se traduit en français par j'ai soif (verbe et substantif), en allemand par ich bin durstig (verbe et adjectif). On conçoit donc que certaines langues puissent se passer d'adjectifs, comme le mohican; on cite aussi le mbaya, en Amérique du Sud, où l'idée de qualité est exprimée par une racine qui s'incorpore entre la racine principale et les suffixes de désinence. L'adjectif est employé de deux façons; il indique la qualité supposée ou connue : Le cheval blanc galope; ou bien on affirme que la qualité est assignée au sujet : Le cheval est blanc. Dans le premier cas l'adjectif s'adjoint immédiatement au nom; c'est une épithète; dans le second cas il est lié au nom par le verbe être; il est attribut. Au point de vue de la syntaxe, il faut observer l'accord en genre, en nombre et en cas de l'adjectif avec son substantif, et sa place dans la phrase. L'adjectif tenant du nom, le remplaçant souvent et d'autre part modifiant l'idée du nom comme une sorte d'adverbe, pouvait logiquement s'accorder ou ne pas s'accorder. Aussi les règles sont-elles variables d'une langue à l'autre. Dans celles où la place des mots est très libre, comme le grec et le latin, la clarté même exigeait que l'accord eût toujours lieu; le français suit la même règle, en ce qui concerne le genre et le nombre. L'allemand accorde l'adjectif épithète, et a même deux formes de déclinaison pour l'adjectif, suivant qu'il est ou n'est pas précédé de l'article; mais il laisse l'attribut invariable. Celui-ci est toujours placé après le substantif et le verbe (sauf les inversions) et l'épithète est toujours avant le nom; c'est l'ordre inverse que suit la langue hébraïque où l'attribut, souvent invariable, est ordinairement devant, tandis que l'épithète, toujours variable, est après le substantif. En anglais il n'y a qu'une régie : l'adjectif est toujours invariable. En ce qui concerne le sens, on peut diviser les adjectifs en deux grandes catégories. Les uns marquent les qualités constantes ou accidentelles appartenant en propre au sujet, considéré en lui-même brave, noir, rapide, etc. Ce sont les adjectifs qualificatifs ou attributifs. D'autres marquent une circonstance, une relation; exemple : Lupus nocturnus ambulat, le loup se promène de nuit (mot à mot nocturne). Cette classe est constituée surtout par les adjectifs déterminatifs de nombre, de possession, de démonstration, d'interrogation, et ceux qu'on appelle indéfinis. Les adjectifs déterminatifs sont souvent employés comme pronoms ou donnent naissance à divers pronoms et adverbes déterminatifs. Les adjectifs attributifs, au contraire, s'emploient souvent comme substantifs : le sage, le beau, le ridicule, et donnent naissance à des substantifs abstraits, sagesse, beauté, etc. L'adjectif en françaisIl y a, en français, six sortes d'adjectifs - qualificatifs, démonstratifs, possessifs, numéraux, indéfinis et interrogatifs.On appelle adjectif qualificatif tout mot que l'on ajoute au nom pour en faire connaître une qualité bonne ou mauvaise, une manière d'être. Dans bon film, beau livre, mauvais départ, les mots bon, beau, mauvais, sont des adjectifs qualificatifs. Tous les autres adjectifs sont placés devant un nom pour en déterminer ou en préciser le sens à l'aide d'une idée accessoire. Dans mon livre, ce champ, tout homme, les mots mon, ce, tout, qui précisent le sens des mots livre, champ, homme, à l'aide des idées accessoires de possession, d'indication, de généralité,, sont des adjectifs. On les a longtemps appelés déterminatifs et ce nom était parfaitement choisi. Les adjectifs qualificatifs. Ex. : Un homme juste, une femme juste.Dans l'ancienne langue, cette classe était beaucoup plus étendue : outre les adjectifs terminés par un e muet, elle comprenait tous les adjectifs provenant des adjectifs latins qui ont une seule et unique terminaison pour le masculin et le féminin. Ces adjectifs étaient : 1° tous ceux qui se terminent aujourd'hui par ant, ent, al, el, il;Il est resté dans la langue moderne plusieurs traces de cette ancienne conformité entre le masculin et le féminin dans les adjectifs précédents. 1° Ainsi : grand est resté comme adjectif féminin dans grand-bande, grand-chose, grand-soif, grand-garde, grand-honte, grand-mère, grand-messe, grand-peine, grand-peur, grand-pitié, grand-salle, grand-tante, etc.Pluriel masculin des adjectifs terminés en al. Les adjectifs terminés au masculin singulier par al font leur masculin pluriel en aux : loyal, loyaux; original, originaux. Cependant fatal, final, glacial, nasal, naval, pascal, théâtral, prennent un s au pluriel : Un froid glacial, des froids glacials. A l'origine du français, tous les adjectifs en al formaient par als non seulement leur pluriel masculin, mais encore leur pluriel féminin. Un peu plus tard, au contraire, ces deux pluriels étaient en aux. Aujourd'hui le pluriel masculin d'un certain nombre d'adjectifs flotte entre ces deux formations. Quand un adjectif est nouveau dans la langue, on est porté à lui donner un pluriel en als. C'est ainsi, par exemple, que La Harpe a dit « Des effets théâtrals » Mais à mesure que l'usage d'un adjectif en al devient plus fréquent, on voit se manifester la tendance contraire à lui donner un pluriel en aux. Les auteurs qui font autorité proposent l'emploi du pluriel en aux : glaciaux, nasaux, amicaux, frugaux, pénaux, nasaux, théâtraux, etc. A une époque où l'on peut dire que la science grammaticale n'était pas encore fondée, l'Académie non seulement proscrivait ces pluriels, mais encore elle déclarait que plusieurs adjectifs en al, comme amical, ne pouvaient être employés au pluriel masculin. Cet arrêt n'a pas prévalu pas contre des tendances irrésistibles. Complément des adjectifs qualificatifs. On joint le complément à l'adjectif par une préposition, dont le choix dépend de la nature du rapport qui doit exister entre l'adjectif et le complément. Ex. : Avide de louanges.On doit donner à chaque adjectif le complément qui lui convient. Ex. : Fénelon se montrait accessible et propice aux petites gens (accessible et propice prennent à).Mais on ne pourrait dire : Fénelon était propice et chéri des petites gens, parce que propice prend à et que chéri prend de. Dans ce cas, il faut employer une autre tournure-: Fénelon était propice aux petites gens et en était chéri.Degrés de signification ou de qualification dans les adjectifs. Les adjectifs sont susceptibles de plus ou de moins relativement à l'intensité de la qualité qu'ils expriment. - Un homme peut être plus ou moins juste, plus ou moins sage, plus ou moins grand, etc. De là découle la nécessité de modifier les adjectifs de diverses manières, pour exprimer les divers degrés de la qualité. En français et dans beaucoup de langues modernes on obtient ce résultat en plaçant devant l'adjectif certains adverbes qui indiquent dans quelle mesure la signification de l'adjectif se trouve amplifiée ou diminuée. Par exemple, quand on dit : Socrate fut sage; Socrate fut plus sage que ses contemporains; Socrate fut très sage ou le plus sage des Grecs, les expressions sage, plus sage, très sage ou le plus sage expriment trois degrés différents dans la signification de l'adjectif. Le premier degré, sage, est l'adjectif lui-même; le second degré, plus sage, est le comparatif; le troisième degré, très sage ou le plus sage, est le superlatif. Ces trois degrés qui mesurent la qualité s'appellent degrés de signification ou de qualification des adjectifs. Le premier degré n'est que l'adjectif dans son acception pure et simple. Dans beau tableau, belle voiture, beau, belle, sont pris dans leur acception simple et ordinaire. Le second degré ou comparatif est celui que présente l'adjectif qui entre dans une comparaison. Dans Mon jardin est plus beau que le vôtre, plus beau est au comparatif. La comparaison amène la supériorité, l'égalité ou l'infériorité. De là trois sortes de comparatifs : 1° Le comparatif de supériorité, que l'on forme en mettant plus devant l'adjectif.Le troisième degré de signification ou superlatif est celui qui élève le plus la qualité. Il y a deux sortes de superlatifs : le superlatif absolu et le superlatif relatif.Ex.: La rose est plus odoriférante que l'oeillet.2° Le comparatif d'égalité, qui se forme en mettant aussi devant l'adjectif.Ex. : L'argent est aussi utile que l'or.3° Le comparatif d'infériorité, qui se forme en mettant moins devant l'adjectif.Ex. : L'hiver est moins agréable que l'été. 1° Le superlatif absolu exprime la qualité portée au plus haut degré, sans aucune espèce de comparaison ni de restriction. On le forme en plaçant devant l'adjectif l'un des adverbes très, fort, bien, extrêmement, infiniment, etc. Mais très est le plus usité de ces adverbes. Outre les superlatifs qui précèdent et qu'on pourrait appeler superlatifs composés, la langue française en possède encore quelques autres, exprimés par un seul mot. Ce sont :Ex. : Très cher, fort intelligent, extrêmement habile, etc.2° Le superlatif relatif exprime une qualité portée à un très haut degré chez l'être qui la possède en comparaison de ce qu'elle est chez un autre. 1° minime, du latin minimus, très petit, assez récent en français;Remarques : I. Les adjectifs bon, mauvais et petit, présentent des irrégularités dans la formation de leurs degrés de signification.Fonctions de l'adjectif qualificatif dans la proposition. L'adjectif qualificatif peut être employé comme attribut ou comme épithète. Il est attribut quand il est relié par un verbe au nom qu'il qualifie. Ex. : ce livre est beau, ce cheval paraît malade.Il est généralement épithète dans les autres cas. Ex. : Pégase était un cheval fameux.Mais c'est le sens de la phrase qui indique nettement la fonction de l'adjectif. Ex. : L'impunité rend les lois inutiles. Ici inutiles est attribut. Les lois sont rendues inutiles par l'impunité.Emploi des adjectifs qualificatifs. Tout qualificatif, adjectif ou participe, placé en tête d'une phrase, doit se rapporter clairement et sans équivoque au sujet de la phrase. Ex. : Indifférent aux maux d'autrui, absorbé par le sentiment de son propre bien-être, l'égoïste ne mérite pas qu'on s'intéresse à ses peines.Cette phrase est correcte parce que les qualificatifs indifférent, absorbé se rapportent clairement au mot égoïste, sujet de la phrase; mais ce serait une faute de dire : Indifférent aux maux d'autrui, absorbé par le sentiment de son propre bien-être, nous ne nous intéressons pas aux peines de l'égoïste.Adjectifs employés comme noms. Souvent un adjectif qualificatif est employé comme nom; dans ce cas on sous-entend le mot homme ou le mot chose. Ex. : La mort ne surprend pas le sage.Règles d'accord des adjectifs. Tout adjectif s'accorde en genre et en nombre avec le nom qu'il qualifie. Ex. : Le bon père, la bonne mère.Tout adjectif qui qualifie deux noms au singulier se met au pluriel. 1° Quand les deux noms sont du masculin, l'adjectif se met au masculin pluriel.Quand un adjectif qualifie plusieurs noms singuliers qui ont à peu près la même signification, il se met au singulier et s'accorde avec le dernier de ces noms.Ex. : L'oncle et le neveu intelligents.2° Quand les deux noms sont du féminin, l'adjectif se met au féminin pluriel.Ex.: La tante et la nièce intelligentes.3° Quand les deux noms sont l'un du masculin et l'autre du féminin, l'adjectif se met au pluriel masculin.Ex. : Le neveu et la nièce intelligents. Ex. : Cet enfant a une inclination, un penchant démesuré pour le jeu.De même, quand les noms sont unis par la conjonction ou, l'adjectif se met généralement au singulier et s'accorde avec le dernier de ces noms. Ex. : Un livre ou une brochure nouvelle.Les auteurs dérogent quelquefois à ces deux règles. Adjectifs employés adverbialement. Ex.: Cette dame parle haut.Après les verbes être, devenir, sembler, paraître, l'adjectif n'est jamais employé adverbialement. Ex. : Ces pêches sont chères, semblent chères, paraissent chères.Adjectifs composés. Dans certains adjectifs composés formés par la juxtaposition de deux qualificatifs, ces deux qualificatifs prennent la marque du pluriel lorsque chacun d'eux peut. s'appliquer au nom. Ex. : Des fruits aigres-doux (c'est-à-dire aigres et doux).Mais si le premier qualificatif modifie le second, il est adverbe et reste invariable. Ex.: Des enfants nouveau-nés (c'est-à-dire nouvellement nés). Une initiative mort-née.Remarques : I. Dans les deux adjectifs composés premier-né et dernier-né, les deux éléments varient à la fois.Accord de l'adjectif placé après avoir l'air.Ex. : Le premier-né, les premiers-nés. Le dernier-né, les derniers-nés. (Premier-né, dernier-né n'ont pas de féminin).II. Quand nouveau est joint comme premier élément à un participe passé autre que né, il est considéré comme adjectif et s'accorde; de plus on ne met pas de trait d'union entre les deux éléments.Ex. : Des nouveaux venus.III. Frais, construit avec un participe, signifie tout nouvellement et devrait rester invariable. Néanmoins où considère frais comme un adjectif et on le fait accorder avec le nom qui modifie le participe. Quand l'adjectif placé après la locution verbale avoir l'air est de nature telle qu'il peut qualifier indistinctement soit le nom air, soit le nom précédent, on le fait accorder avec l'un ou l'autre à volonté. Ex. : Cette personne à l'air gaie ou gai.Mais quand l'adjectif ne peut qualifier qu'un des deux noms, l'accord a lieu exclusivement avec celui-ci. Ex. : Cette femme a l'air haletante (c'est la femme qui est haletante et non pas l'air).Lorsque le premier nom est un nom d'objet inanimé, c'est toujours avec lui que l'accord a lieu. Ex. : Cette pêche a l'air mûre (paraît mûre).Accord avec les noms désignant des professions autrefois excercées par des hommes. Un assez grand nombre de noms désignent des professions anciennement exercées très majoritairement par des hommes. Tels sont : auteur, poète, professeur, docteur, etc. Lorsque ces noms, qui aujourd'hui peuvent avoir une forme féminine, s'appliquent à des femmes, ils restent masculins; en conséquence on met au masculin les adjectifs et les participes qui s'y rapportent directement. Ex. : Plusieurs femmes ont été des auteurs distingués. (Il serait toutefois préférable de dire : plusieurs femmes ont été des auteures (ou autrices) distinguées).Mais quand les qualificatifs ne se rapportent pas directement à un nom de cette catégorie, ils s'accordent d'après les règles ordinaires. Ex. : Les femmes poètes sont assez nombreuses.Nu, demi, feu, franc, proche, possible. Nu et demi sont invariables quand ils précèdent le nom. Dans ce cas on les joint à celui-ci par un trait d'union. Ex. : Il a marché nu-pieds et nu-tête pendant une demi-heure. (Nu, demi, invariables).Mais nu et demi placés après le nom s'accordent avec ce dernier; nu s'accorde en genre et en nombre; demi s'accorde seulement pour le genre. Ex.: Il a marché pieds nus et tête nue pendant une heure et demie.Remarques : I. Nu varie dans ces deux expressions : la nue propriété, les nus propriétaires, qui s'écrivent sans trait d'union.Feu est invariable quand il ne précède pas immédiatement le nom; il est variable quand il le précède immédiatement. Ex. : Feu ma tante (feu invariable, parce qu'il est séparé de tante par l'adjectif possessif ma).Franc de port. Dans l'expression franc de port on peut, à volonté, considérer franc comme un adjectif qui s'accorde avec le nom qu'il qualifie, ou l'envisager comme faisant partie de la locution adverbiale franc de port et lel aisser invariable. Ex. : Je vous envoie une bourriche franche de port ou franc de port.D'après les grammairiens on ferait accorder franc quand il vient après le nom : vous recevrez cette bourriche franche de port; au contraire on le laisserait invariable quand il précède ce nom : vous recevrez franc de port cette bourriche. Cette prescription est beaucoup trop absolue. Possible, qualifiant un nom, est adjectif et s'accorde. Ex. : Il a éprouvé tous les malheurs possibles.Quand possible est placé après le plus, le mieux, le moins, ayant pour complément un nom pluriel indéterminé, il s'écrit toujours au masculin singulier. Ex. : Faites le plus de cadeaux possible, c'est-à-dire qu'il est possible.Mais si le nom pluriel est déterminé, possible se met au pluriel. Ex. : Faites les plus beaux cadeaux possibles.Proche de. Toutes les fois que dans la locution proche de, le mot proche est employé comme qualificatif ou comme attribut, on peut, à volonté, le traiter comme un adjectif et le faire accorder, ou bien le regarder comme premier élément d'une locution prépositive et le laisser invariable. Ex.: Les prairies proches de la ville, ou proche de la ville.Au contraire, proche accompagnant un verbe autre que le verbe être est toujours invariable, attendu que proche de ne peut être dans ce cas qu'une locution prépositive. Ex.: Ces personnes demeurent proche de notre maison de campagne.Expressions adjectives désignant des couleurs. Quelques noms, équivalant à des adjectifs, servent accidentellement à désigner des couleurs; ces noms demeurent invariables même après un nom au pluriel. Ex. : Des habits marron, des robes puce, des rubans jonquille, etc.Marron, puce, jonquille, sont des compléments joints à habits, robes, rubans, d'après l'ancienne construction qui n'exprimait pas la préposition de et mettait deux noms en rapport par une simple juxtaposition. Il n'y a dans ce cas rien de sous-entendu, quoique les grammairiens prétendent le contraire. Marron a le même sens que de marron, pris au figuré avec la signification de couleur. Quand deux adjectifs de couleur sont juxtaposés, ils sont habituellement tous les deux invariables, parce que le second qualifie le premier, lequel est pris comme nom. Ex. : Des cheveux châtain clair, pour : des cheveux d'un châtain clair.Adjectifs dérivés de verbes. Beaucoup d'adjectifs sont dérivés des verbes. La plupart sont terminés par le suffixe able ou par le suffixe ible. Ex.: Déplorable, flexible, etc.Ces adjectifs ne doivent qualifier que des noms pouvant servir de compléments directs aux verbes d'où ils dérivent. Par exemple, on peut dire une conduite déplorable parce qu'on dit déplorer la conduite de quelqu'un; mais il ne serait pas permis de dire : Un prince déplorable, attendu qu'on ne dit pas déplorer un prince, et qu'il n'y a qu'un nom de chose qui puisse servir de complément direct au verbe déplorer. Expressions à deux sens. 1. Air mauvais, air méchant; mauvais air, air sans distinction.Adjectifs qu'il ne faut pas employer les uns pour les autres. Certains adjectifs ne doivent pas être employés l'un pour l'autre. Voici les principaux de ces adjectifs :
Les adjectifs démonstratifs. Les adjectifs démonstratifs sont : Ce et cet, devant un nom masculin singulier;On emploie quelquefois comme adjectifs démonstratifs les adjectifs indéfinis quel, quelle, quels, quelles ou les pronoms relatifs lequel, laquelle, lesquels, lesquelles. Ex. : Je reconnais vous devoir une somme de mille euros, laquelle somme je m'engage à vous payer l'an prochain.Les adjectifs possessifs. On appelle adjectifs possessifs ceux qui ajoutent au nom une idée accessoire de possession. Ils font connaître le possesseur de l'objet représenté par le nom qu'ils accompagnent. Ex. : Mon livre, votre téléphone, son vélo.Les adjectifs possessifs sont :
L'ancienne langue française n'employait jamais mon, ton, son, pour ma, tu, sa. Elle disait en élidant l'a : m'âme, pour ma âme; t'espée, pour ta épée; s'humeur, pour sa humeur. Ce ne fut qu'au XIVe siècle que l'on substitua généralement mon, ton, son à ma, ta, sa devant une voyelle ou un h muet. C'est un véritable solécisme, mais sur lequel il n'y a plus à revenir aujourd'hui. L'ancienne façon de parler cessant d'être comprise, donna naissance à ma mie pour m'amie, c'est-à-dire mon amie et à mamour pour m'amour, c'est-à-dire mon amour. Leur, adjectif possessif, signifie littéralement d'eux, d'elles; aussi l'écrivait-on autrefois sans s devant un nom pluriel. On le trouve encore orthographié de la sorte au XVIe siècle. Brantôme et Malherbe écrivent toujours leur amitiés, leur guerres, etc. Suppression des adjectifs possessifs. Par exemple, au lieu de dire : j'ai mal à ma tête, on dit j'ai mal à la tête.Néanmoins on ne remplace pas mon, ton, son, etc., par le, la, les, lorsqu'on veut exprimer d'une manière formelle l'habitude, la périodicité. Ex. : Mon rhumatisme me fait souffrir; ma fièvre m'a repris.Emploi ,de son, sa, ses et de en. En parlant des choses, on emploie son, sa, ses, leur, leurs, lorsque l'individu possesseur et l'objet possédé sont dans la même proposition. Ex. : Honfleur a ses maisons très hautes.Mais lorsque l'individu possesseur et l'objet possédé sont dans deux propositions différentes, on emploie généralement l'article avec le pronom en. Ex. : Rome est une ville magnifique, on en admire les monuments.La règle précédente n'est pas d'une rigueur absolue; elle est parfois enfreinte par les meilleurs auteurs. Nombre du nom déterminé par leur. Ex. : Mon père et ma mère ont vendu leur mobilier.Au contraire, on met au pluriel leur et le nom qu'il détermine, quand, d'après le sens du discours, ce nom doit représenter nécessairement plusieurs objets possédés. Ex.: Que de gens regrettent d'avoir quitté leurs villages pour aller habiter les villes!Les adjectifs numéraux. On appelle adjectifs numéraux ceux qui servent à compter. Ils déterminent la quantité ou le rang des objets dont on s'occupe. De là, deux sortes d'adjectifs numéraux : les adjectifs numéraux cardinaux et les adjectifs numéraux ordinaux. Adjectifs cardinaux. Ex. : Deux chats, sept étoiles, quarante euros.A l'exception de un, féminin une, tous les adjectifs cardinaux sont en français invariables quant au genre. A l'exception de vingt et de cent, ils s'écrivent toujours de la même manière : Voici mes quatre fils. Il ne faut pas confondre un, adjectif numéral cardinal : (l'horloge marque une heure), avec un, article indéfini : (il était une fois). Grammaire historique. De soixante à cent la variante parlée en France de la langue Ex.: soixante-treize, quatre-vingt-dix-neuf.En outre, six vingts, sept vingts, huit vingts sont encore actuellement usités dans le langage de certaines professions. L'expression quinze-vingts désigne encore aujourd'hui un hôpital de Paris, bâti originairement pour trois cents chevaliers à qui les Sarrasins avaient crevé les yeux. Orthographe de vingt, cent et mille. - Vingt et cent, employés au pluriel, c'est-à-dire Ex. : Quatre-vingts navires, trois cents musiciens.Au contraire, vingt et cent, quoique au pluriel, sont invariables quand ils sont suivis d'un autre nombre. Ex. : Quatre-vingt-dix avions.Mil, mille. D'après l'étymologie, mil est un singulier qui dérive du latin mille, signifiant un millier, un seul mille; au contraire, mille est un pluriel dérivant du latin millia signifiant plusieurs mille. Il résulte de là que l'on devrait toujours écrire mil dans les nombres qui ne contiennent pas plus d'un mille, et que l'on devrait toujours écrire mille dans les nombres qui sont composés de plusieurs mille. Mais il n'en est pas ainsi : toutes les fois qu'il ne s'agit pas de la date des années, on écrit constamment mille, qu'il y ait ou non plusieurs mille. Ex. : Mille soldats, trois mille manifestants.Lorsqu'il s'agit de la date des années, on écrit mil au singulier et mille au pluriel, ce qui est une orthographe conforme à l'étymologie. Ex. : En mil huit cent trente.Remarques : I. Les grammairiens recommandent d'écrire l'an mille sous prétexte que, dans cette expression, mille n'est pas suivi d'un autre nombre. On peut discuter ce choix dû à ce qu'ils se son mépris sur l'origine de la forme mil.Adjectifs ordinaux. On appelle adjectifs ordinaux ceux qui servent à faire connaître le rang ou l'ordre des personnes ou des choses dont on parle. Ex. : Le premier arrivé, le sixième mois.Les adjectifs ordinaux, sauf premier qui a pour féminin première, sont des deux genres, puisqu'ils se terminent par un e muet. Ils sont susceptibles, comme tous les autres adjectifs, de prendre la marque du pluriel. Les dix premiers adjectifs ordinaux étaient autrefois exprimés par prim, prin ou prime; second; tiers, fém. tierce; quart, fém. quarte; quint, fém. quinte; sexte, octave, none, dîme. On trouve encore prime dans l'expression de prime abord, dans primesaut et dans le composé printemps (formé de prin signifiant premier et de temps). On disait toujours autrefois le printemps de l'été, c'est-à-dire le premier temps avant l'été. On emploie comme nom prime, tierce, sexte et none pour désigner des offices de l'Église qui se célèbrent à la première heure du jour, à la troisième, à la sixième et à la neuvième. Tiers et quart sont restés adjectifs dans les expressions tiers état, tiers ordre, tiers parti, fièvre tierce, fièvre quarte, en main tierce, etc. Les masculins tiers et quart, les féminins tierce, quarte, quinte, octave sont en outre employés comme noms : le tiers d'une quantité, un intervalle de quinte, l'octave d'une fête. Quint s'adjoint au nom des souverains qui sont les cinquièmes de ce nom : Charles-Quint; Sixte-Quint. Adjectifs cardinaux mis pour des adjectifs ordinaux. Ex. : Venez à six heures, c'est-à-dire à la sixième heure. Le quatre mai, c'est-à-dire le quatrième jour de mai. L'an mil huit cent trente, c'est-à-dire l'an mil huit cent trentième.Elle est encore en usage dans les noms des souverains, dans l'indication de la page d'un livre, du numéro d'une rue, etc. Ex. : Louis douze, pour Louis douzième.Quand les adjectifs cardinaux vingt et cent sont employés pour vingtième et centième, ils demeurent toujours invariables. Ex.: Page quatre-vingt, c'est-à-dire page quatre-vingtième. Charlemagne fut couronné empereur d'Occident en l'an huit cent, c'est-à-dire en l'an huit centième.Autres sortes d'ajectifs numéraux. Indépendamment des nombres cardinaux et ordinaux, il y a encore deux autres sortes d'adjectifs numéraux, à savoir : 1° Les adjectifs multiplicatifs, qui indiquent combien de fois une quantité est multipliée, comme double, triple, quadruple, décuple, centuple, etc.; ils sont souvent pris comme noms.Les adjectifs indéfinis. On appelle adjectifs indéfinis ceux qui ajoutent au nom une idée de généralité. Les adjectifs indéfinis sont : aucun, certain, maint, nul, quel, tel, tout, autre, chaque, même, plusieurs, quelque, quelconque. Ex. Tout humain est mortel.Les adjectifs interrogatifs. Les adjectifs indéfinis quel, quelle, quels, quelles, s'emploient souvent pour interroger. On dit alors qu'ils sont adjectifs interrogatifs. Ex.: Quels livres lisez-vous?Orthographes particulières. Orthographe de même. Même est adjectif ou adverbe. Même est adjectif, et par conséquent variable, quand il accompagne un nom ou un pronom. Ex. : Les mêmes causes produisent les mêmes effets.Même est adverbe, et par conséquent invariable, quand il modifie un adjectif, un verbe ou un autre adverbe. Ex. : Les guerres, même justes, sont toujours regrettables.Même est encore adverbe quand il est placé après plusieurs noms. Ex. : Les famines, les épidémies, les guerres même, sont moins funestes que l'intempérance.Après un seul nom, même est quelquefois adverbe : c'est lorsqu'il peut être déplacé et mis en tête de la proposition. Ex. : Les gens de bien même tombent dans ces erreurs. On peut dire : même les gens de bien, etc.Remarques : I. Même a deux sens en français : tantôt il marque l'identité, et alors il se place devant le nom. Orthographe de quelque.Ex. : Le même résultat.Tantôt il est emphatique et alors il se place après le nom.Ex. : L'homme même, toi-même.Il. Dans les vers, même, adjectif, s'écrit quelquefois sans s après un nom ou un pronom pluriel.Ex. : Eux-même ils détruiront cet effroyable ouvrage.III. Au XVIIe siècle, même, adverbe, prenait quelque-fois un s.Ex. : Que si mêmes un jour le lecteur gracieux... (Boileau, Ép. X). Quelque est adjectif ou adverbe. Quelque est adjectif, et par conséquent variable, quand il modifie un nom. Ex. : Le vent a déraciné quelques arbres.Quelque est adverbe, et par conséquent invariable : 1° Quand il modifie un adjectif, un participe ou un adverbe. Ex. : Les humains, quelque courageux qu'ils soient, appréhendent, la mort. Quelque, immédiatement suivi du verbe être, s'écrit en deux mots : quel, adjectif, s'accorde avec le sujet du verbe; que, conjonction, reste invariable.Quelque effrayés que vous soyez, rendez-vous compte de ce qui cause votre effroi.2° Quand il signifie environ. Ex.: Quelle que soit votre frayeur, tâchez de la surmonter,Quelque peut très bien précéder un adjectif sans être adverbe. Ex. : J'ai profité de quelques bons conseils qu'on m'a donnés.Dans ce cas, l'adjectif et le nom pris ensemble (bons conseils, grands biens) ont presque toujours la valeur d'un composé, et forment en quelque sorte une expression stéréotypée. La locution quelque... que se rendait autrefois par quel... que, ce qui était beaucoup plus élégant. Orthographe de tout.En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas. (Molière). Tout est adjectif ou adverbe. Tout est adjectif et par conséquent variable, quand il modifie un nom ou un pronom. Ex.: Tous les villages devraient avoir une école et un bureau de poste .Tout est adverbe, et par conséquent invariable : 1° Quand il module un adjectif ou un participe. Ex.: Ces vins-là veulent être bus tout purs.2° Quand il modifie un adverbe. 3° Dans les expressions tout yeux, tout oreilles et leurs analogues. 4° Dans les expressions tout en larmes, tout en sang, et leurs analogues.Remarques :Ex. : Je la trouvai tout en larmes. I. Devant un adjectif féminin qui commence par une consonne ou par un h aspiré, tout devient variable et reçoit le même genre et le même nombre que cet adjectif. Devant le mot autre, tout est adjectif quand il signifie quelque, et il a ce sens quand on peut mettre autre après le nom.Ex. : Vous me dites là une chose toute nouvelle.Il. Devant un adjectif ou un participe au masculin, on conserve quelquefois à tout sa qualité d'adjectif, mais alors avec un sens différent de celui de tout adverbe. Ex. : Toute autre maison me plairait davantage, c'est-à-dire toute maison autre.Il est adverbe quand il signifie entièrement. Ex. : Cette personne est tout autre qu'on ne me l'avait dépeinte, c'est-à-dire entièrement autre. (L. & F.). |
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