| Adéquat, c.-à-d. conforme en tout point, est un mot employé en logique pour signifier la parfaite conformité de l'idée avec son objet. Il s'applique aux notions claires et simples de l'esprit, dont l'étendue et la compréhension sont parfaitement déterminées. Telles sont les notions premières des sciences exactes, et les premières combinaisons formées à l'aide de ces notions : les idées d'unité, de nombre, d'égalité, les idées géométriques du point, de la ligne, en général toutes les conceptions pures et simples de la raison. Ces idées servent à définir les autres et sont elles-mêmes indéfinissables; ce qui, loin d'être une infériorité, marque leur excellence et leur supériorité. Il est à remarquer qu'une idée adéquate n'épuise pas pour cela tout ce qu'on peut savoir de son objet; autrement Dieu seul aurait des idées adéquates. Nous ne savons le tout de rien, comme dit Pascal; mais cela veut dire qu'il est, pour la pensée humaine, des objets dont l'idée ne laisse rien à désirer quand l'esprit se borne au point de vue qu'il envisage. Telle est l'idée que je me fais du rapport de deux nombres égaux, de deux unités comparées à deux unités. Ce rapport d'égalité, tout esprit qui le perçoit le perçoit d'une manière adéquate, et il serait impossible de le concevoir autrement. Les notions de l'entendement ont-elles seules le privilège d'être adéquates? Oui, si on prend le mot à la rigueur, parce qu'elles sont simples et abstraites. Les perceptions de nos sens étant relatives à des objets complexes et concrets, dont les qualités sont mobiles en tant qu'individuelles, l'esprit ne peut s'en faire une notion claire qu'en les réduisant en abstractions. Aussi la science ne vit que d'abstractions, et toute science est abstraite. On dit qu'une définition, pour être bonne, doit être adéquate, c.-à-d. convenir à l'objet défini et ne convenir qu'à lui seul. (B-D.).
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