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L'accident
(accidens; accidere = arriver, s'ajouter) est ce qui est
dans un autre, ce qui s'ajoute à la substance ou à l'essence
pour la modifier. L'accident est donc opposé à la substance
et à l'essence, sous différents rapports : l'accident ontologique,
ou catégorique, ou prédicamentel, est opposé à
la substance; l'accident logique est opposé à l'essence ou
l'espèce. Une branche dans un arbre est un accident logique, mais
une substance réelle ou une partie de substance.
L'accident est un
des cinq Universaux, selon Aristote,
et désigne l'idée générale
d'un attribut qui n'est pas essentiel
à la chose à laquelle il appartient. Telle est la grandeur
particulière d'une figure géométrique; par exemple,
pour un carré, avoir un mètre de côté. Du langage
technique de la logique et de la métaphysique,
ce mot a passé quelquefois dans le langage ordinaire et dans la
langue oratoire pour désigner ce qui, dans les personnes et les
choses, est fortuit et passager (richesse, pauvreté, beauté,
laideur, etc.), par opposition à ce qui demeure et persiste. C'est
en ce sens que Bossuet dit qu'il ne faut pas
considérer "l'accident attaché à l'être plus
que l'être lui-même." (B-E.).
Lieux
de l'Accident, loci problematum de accidente; titre générique
par lequel on désigne, en langage d'école, les différents
lieux communs de raisonnement analysés
et décrits par Aristote dans le 2e
livre des Topiques' (L'Organon),
et qui consistent à chercher, parmi les accidents d'un sujet,
quelque attribution qui puisse servir à la démonstration
que l'on veut faire. Les règles données par Aristote sont
fort obscures, et l'on croit pouvoir dire que, comme pour toute espèce
de lieux communs de logique ou de rhétorique,
leur utilité pratique ne rachète pas la difficulté
qu'on éprouve à les comprendre. (B-E.).
Sophisme de l'Accident,
en grec e para to sumbebexos apate, chez les scolastiquesfallacia
accidentis. Aristote s'en occupe dans le traité des Réfutations
sophistiques (ch. 24). En thèse générale, c'est
un sophisme qui consiste, comme il est dit dans
la Logique de Port-Royal (3e part., ch. 48), "à tirer
une conclusion absolue,
simple et sans restriction, de ce qui n'est vrai que par accident, comme
lorsqu'on attribue à l'éloquence tous les mauvais effets
qu'elle produit quand on en abuse, ou à la médecine les fautes
de quelques médecins ignorants."
Distinctions.
• Accidents absolus,
accidents relatifs. Les premiers ont la qualité et la quantité,
qui affectent la substance immédiatement et sans impliquer par eux-mêmes
un rapport extérieur.
• Par soi, par
accident (Per se, per accidens). Par soi, c'est-à-dire
de sa nature, essentiellement, de soi ; par accident, c'est-à-dire
vu les circonstances, accidentellement. Cette distinction très importante
marque deux modes d'action, de causalité ou d'attribution très
différents. Exemple : La nourriture est de soi une cause de force
et de santé; mais, par accident, à cause des circonstances
qui l'accompagnent, qui s'y ajoutent, elle est une cause de maladie.
Axiomes
scolastiques.
• L'accident
est d'un être plutôt qu'un être (Accidens est
entis potius quam ens), c'est-à-dire que l'accident complète
l'être plutôt qu'il ne le constitue, il n'a l'être que
secondairement et par la substance.
• L'être
de l'accident, c'est d'être inhérent à la substance
(Accidentis esse est inesse), c'est-à-dire qu'on ne conçoit
pas l'accident sans cette inhérence, sinon actuelle, du moins virtuelle.
• Ce qui est accident
chez l'un ne peut être substance chez l'autre (Accidens uni
non est alteri substantia); car l'accident ne peut changer de nature.
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En
bibliothèque - Aristote, Métaphysique,
V, 30, et la Logique de Port-Royal,
1re
partie, ch. 7.) |
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