.
-

Arachnides
Les Acariens
Aperçu
Araignées
Acariens
Scorpions
Les Acariens forment un ordre de la classe des Arachnides ; il comprend des animaux de très petite taille, pour la plupart parasites et qui subissent des mĂ©tamorphoses souvent très compliquĂ©es. Au lieu d'ĂŞtre divisĂ© en deux parties distinctes (cĂ©phalothorax et abdomen), comme chez les AraignĂ©es proprement dites, le corps des Acariens est tout d'une venue, la tĂŞte, le thorax et l'abdomen Ă©tant confondus en une masse commune; le sillon que beaucoup d'entre eux prĂ©sentent vers le milieu du corps ne correspond nullement Ă  la sĂ©paration du thorax et de l'abdomen. Par contre, les pièces de la bouche se prolongent souvent en une sorte de bec appelĂ© rostre, qu'il faut Ă©viter de dĂ©signer sous le nom de tĂŞte, comme l'ont fait quelques naturalistes, la tĂŞte Ă©tant toujours confondue avec le thorax, et le rostre n'en reprĂ©sentant que la partie antĂ©rieure. 

On peut caractĂ©riser cet ordre de la manière suivante : Corps plus ou moins aplati en dessous, convexe en dessus; appareil buccal composĂ© d'organes propres Ă  diviser et Ă  sucer, supportĂ©s par une lèvre infĂ©rieure rĂ©sultant de la soudure des mâchoires et formant cuiller ou Ă©tui (thĂ©castome de Walckenaer), rapprochĂ©s en forme de rostre saillant ou cachĂ© sous l'Ă©pistome (nuque ou bandeau), et insĂ©rĂ©s dans une dĂ©pression antĂ©rieure du cĂ©phalothorax; celui-ci le plus souvent non segmentĂ©, largement uni Ă  un abdomen non annelĂ©, avec lequel il est ordinairement confondu (Robin et MĂ©gnin).  La forme du corps est très variable : elle est ordinairement courte, plus ou moins hĂ©misphĂ©rique; d'autres fois elle s'allonge davantage de manière Ă  donner Ă  l'animal un aspect vermiforme : le genre Demodex reprĂ©sente une forme extrĂŞme et très dĂ©gradĂ©e sous ce rapport; mais on trouve tous les intermĂ©diaires. 
-

Acarien : Trombidium holocericeum.
Trombidion soyeux (Trombidium holocericeum).
A, adulte face dorsale; B, larve hexapode, face ventrale.

Organisation anatomique des Acariens.
La forme des pattes est encore plus variable, surtout chez les mâles qui diffèrent souvent beaucoup des femelles par le dĂ©veloppement d'une ou plusieurs des quatre paires : suivant les moeurs de l'animal, elles sont plus ou moins longues et peuvent ĂŞtre conformĂ©es pour marcher, pour nager, pour ramper ou pour se cramponner. Elles sont en gĂ©nĂ©ral terminĂ©es par une double griffe ou par deux soies, et souvent en mĂŞme temps par une caroncule vĂ©siculeuse ou par une ventouse cupuliforme plus ou moins longuement pĂ©diculĂ©e, qui constitue un organe adhĂ©sif. 

Les téguments, formés de chitine, présentent généralement un aspect strié produit par des plis ou sillons très fins et très réguliers, symétriquement disposés des deux côtés du corps; ils sont, chez la plupart des espèces, épaissis ou renforcés par des plaques ou lames rigides, qui caractérisent les adultes, et dont la structure, lisse, ponctuée ou grenue, tranche avec l'aspect plissé des parties molles qui les entourent. Ces téguments portent en outre des poils ou soies symétriquement placés, qui ont une grande importance comme organes tactiles, et sur lesquels nous reviendrons en parlant des organes des sens.

La disposition des pièces buccales, qui comprennent deux paires d'articles, comme chez les autres Arachnides, est elle-mĂŞme très variĂ©e et sert Ă  caractĂ©riser les familles.  Les mandibules ou chĂ©licères sont gĂ©nĂ©ralement conformĂ©es en pinces didactyles (comme chez les Sarcoptides et les Gamasides), plus rarement rĂ©duites Ă  de simples stylets allongĂ©s (comme dans les Hydrachnides, les Bdellides et une partie des Trombidides), et le rostre constitue alors un vĂ©ritable suçoir.
-

Acariens : Demodex follicularum.
Demodex follicularum (variété caninus).
A, femelle, forme ventrale; B, C, D, E formes
successives des larves depuis la naissance (B)
jusqu'à leur métamorphose en nymphe (E).

Les mâchoires ou maxilles, placĂ©es au-dessous des mandibules, et rĂ©unies Ă  leur base par la lèvre infĂ©rieure, portent sur leur premier article basilaire, de chaque cĂ´tĂ©, un palpe maxillaire dont le dĂ©veloppement semble en raison inverse de celui des mandibules : très petits, en forme de patte ou d'antenne courte, et soudĂ©s Ă  la base du rostre chez les Sarcoptides et les Gamasides, ces palpes sont allongĂ©s et libres dans toute leur Ă©tendue chez les Bdellides, et terminĂ©s, chez les Trombidides, par une griffe plus ou moins dĂ©veloppĂ©e, ce qui leur fait donner le nom de palpes ravisseurs. La lèvre infĂ©rieure elle-mĂŞme varie beaucoup dans sa forme et ses dimensions et se prolonge quelquefois au-dessous des mâchoires en deux lobes symĂ©triques, de manière Ă  faire croire Ă  l'existence d'un organe pair. Quelle que soit la nourriture de ces animaux, le canal digestif est toujours droit et court, Ă  peine renflĂ© dans sa partie moyenne et aboutissant Ă  l'anus qui est situĂ© sous le ventre, Ă  l'extrĂ©mitĂ© postĂ©rieure du corps. On trouve cependant chez quelques espèces (Pteroptus, Ixodes) des caecums ou diverticulums latĂ©raux. 
-

Acarien : Sarcoptes scabiei.
Rostre de Sarcoptide (Sarcoptes scabiei, var. equi),
face inférieure montrant la disposition des pièces buccales;
B, une des mandibules ou chélicères détachées.

La plupart présentent, en outre, à la partie antérieure du tube digestif, des glandes salivaires qui débouchent dans la cavité buccale ou à la base des mandibules : c'est à l'irritation produite par le liquide sécrété par ces glandes et que l'animal verse dans la plaie qu'il creuse avec ses mandibules, qu'est due la démangeaison intolérable que cause le Sarcopte de la gale, dont les femelles vivent dans des galeries creusées à travers l'épiderme de l'Humain, où elles déposent 10 à 14 oeufs qui éclosent au bout de quelques jours (la maladie qui résulte de cette pullulation porte le nom de gale; les autres Mammifères et les Oiseaux possèdent aussi leurs gales particulières).

Il existe, de chaque cĂ´tĂ© de l'abdomen, notamment chez beaucoup de Sarcoptides, une glande remplie d'un liquide brun, et que l'on considère comme un organe urinaire (nĂ©phridie) : cette glande s'ouvre, par un conduit dĂ©fĂ©rent assez grĂŞle et un pore très petit, Ă  la rĂ©gion dorsale, près des pattes postĂ©rieures. Chez les Ixodes (Tiques) et les Gamasides, l'organe qui remplit la mĂŞme fonction, affecte la forme de tubes de Malpighi et se dĂ©verse Ă  la partie postĂ©rieure du canal digestif (A. Pagenstecher). Il n'y a pas d'organes spĂ©ciaux de la circulation : le sang baigne directement les organes sans ĂŞtre contenu dans des vaisseaux. Les organes de la respiration manquent chez les Sarcoptides et la plupart des formes parasites, cette fonction Ă©tant remplie directement par la peau; chez les Trombidides et les Ixodides on trouve des trachĂ©es qui s'ouvrent, par une seule paire de stigmates, Ă  la base du rostre chez les premiers, près des dernières paires de pattes chez ces derniers : dans le premier cas, elles ont la forme d'un conduit unique, finement ramifiĂ© et souvent anastomosĂ© avec celui du cĂ´tĂ© opposĂ©, en arrière de la base du rostre; dans le second cas, elles forment une touffe autour de l'ouverture du stigmate. 
-

Acarien : Argas.
Rostre d'Ixodide (Argas)
montrant les palpes maxillaires (p)
en forme d'antenne courte.

Le système nerveux n'est représenté que par une petite masse ganglionnaire située à la partie antérieure du corps. Les yeux manquent chez les espèces parasites (Sarcoptides) quand ils existent ils sont simples et au nombre d'une ou de deux paires. Dans les espèces aveugles, ils sont remplacés fonctionnellement par des poils cutanés symétriques, placés à la périphérie du corps, toujours en nombre défini, suivant les espèces, et qui semblent doués d'une sensibilité tactile assez grande pour permettre à l'animal de se diriger. Les téguments portent en outre des glandes cutanées (Hydrachnides, Sarcoptides), dont l'usage est probablement (du moins chez ces derniers) de fournir la matière dont sont constituées les plaques dures qui forment aux adultes une espèce de cuirasse : on ne les trouve, en effet, que chez les individus sexués, et leur développement paraît être en rapport avec celui de ces plaques.
-

Acarien: Cheyletus parasitivorax.
Rostre de Trombidide (Cheyletus parasitivorax)
montrant les palpes ravisseurs(B, p); s, stigmates;
A, mandibules isolées.

Reproduction, développement.
Les sexes sont toujours sĂ©parĂ©s et les mâles se distinguent ordinairement par leur forme gĂ©nĂ©rale, celle du rostre et des mandibules et surtout celle des membres dont une ou plusieurs paires sont beaucoup plus dĂ©veloppĂ©es que chez les femelles et les jeunes. Les ventouses copulatrices que beaucoup d'entre eux possèdent Ă  la partie postĂ©rieure de l'abdomen constituent des organes sexuels accessoires qui servent pendant l'accouplement, et l'on voit quelquefois, chez la femelle, des organes analogues. On trouve chez le mâle une ou plusieurs paires de testicules avec un canal vecteur commun qui aboutit Ă  un pĂ©nis saillant au dehors et quelquefois très long. La femelle prĂ©sente des ovaires pairs, dont les conduits excrĂ©teurs dĂ©bouchent dans un oviducte commun dont l'orifice est distinct et en avant de celui de l'anus. Chez les Sarcoptides, le mâle s'accouple avec la femelle sous sa forme de nymphe encore dĂ©pourvue d'organes gĂ©nitaux, et la fĂ©condation a lieu par l'anus (MĂ©gnin); mais la dernière mue a lieu immĂ©diatement après ou pendant l'accouplement, et la femelle se montre alors sous sa forme d'adulte pourvue d'organes gĂ©nitaux et d'une vulve de ponte qui servira uniquement Ă  la sortie de l'oeuf. Chez certains CheylĂ©tiens, le pĂ©nis et la vulve sont situĂ©s sur le dos en arrière de l'anus. 

Il n'y a généralement qu'un oeuf de développé à la fois dans l'utérus de la femelle, et ces oeufs sont pondus au fur et à mesure de leur maturité. Les Acariens sont généralement ovipares, mais on trouve dans toutes les familles des espèces vivipares, ou plutôt ovo-vivipares, l'embryon achevant de se développer dans le corps de la femelle.
-

Acarien : Demodex follicularum.
Rostre de Demodex follicularum montrant la disposition 
des pièces buccales. - A, face infĂ©rieure; B, le mĂŞme vu de profil; 
C, mandibules isolées, face supérieure.

Le jeune au sortir de l'oeuf n'est muni que de trois paires de pattes et prend le nom de larve : cette larve hexapode s'accroĂ®t peu Ă  peu par des mues successives jusqu'Ă  ce qu'une mue plus importante, qui est une mĂ©tamorphose, lui permette de se transformer en nymphe octopode : la nymphe subit de nouvelles mues, s'accroĂ®t et, par une nouvelle mĂ©tamorphose, sort de sa peau de nymphe sous une dernière forme qui est celle d'adulte sexuĂ©, mâle ou femelle. 

On a cru pendant longtemps que ces mues n'Ă©taient que de simples changements de peau; on supposait que l'animal retirait  ses pattes et le rostre de leur enveloppe chitineuse pour les replier Ă  l'intĂ©rieur du corps et en sortir bientĂ´t sous une nouvelle forme par la rupture de cette enveloppe. Il est aujourd'hui bien prouvĂ© que cette mue est beaucoup plus complète et comparable aux mĂ©tamorphoses des insectes hexapodes, et MĂ©gnin, qui l'a suivie dans tous ses dĂ©tails, la dĂ©crit en ces termes : lorsqu'une larve veut prendre les caractères d'une nymphe, ou lorsque l'une des mues va s'opĂ©rer, le petit animal devient inerte comme un cadavre, et l'on voit dans son intĂ©rieur un phĂ©nomène qui rappelle tout Ă  fait celui qui se passe dans l'oeuf : tous les organes internes aussi bien que ceux contenus dans les pattes se rĂ©solvent en une matière semi-fluide, comme sarcodique, qui se concentre dans le tronc, s'enveloppe d'une sorte de membrane blastodermique qui se comporte comme le blastoderme de l'oeuf et se mamelonne comme lui : le mamelon antĂ©rieur donne naissance au rostre et les mamelons latĂ©raux aux nouvelles pattes qui ne se forment pas du tout dans l'intĂ©rieur des anciennes comme dans un moule, ainsi que l'ont cru les anciens observateurs : on les voit repliĂ©es sous l'abdomen comme chez l'embryon encore dans l'oeuf. Les nouveaux poils apparaissent de la mĂŞme façon. L'enveloppe se fend enfin sur la ligne dorsale comme celle de l'oeuf, ou bien l'extrĂ©mitĂ© abdominale se dĂ©tache comme un couvercle, et l'Acarien en sort agrandi, mais de la mĂŞme manière que la larve sort de l'oeuf. Ces faits, observĂ©s par MĂ©gnin sur les Sarcoptides, se retrouvent chez tous les Acariens: Claparède avait dĂ©jĂ  montrĂ©, chez les Atax aquatiques, qu'Ă  chacune de ses transformations l'animal retourne littĂ©ralement Ă  l'Ă©tat d'oeuf, seulement chez ces derniers l'ancienne enveloppe disparaĂ®t probablement en se dissolvant dans l'eau dans laquelle vit l'animal.

La reproduction agame, ou parthĂ©nogenèse, existe chez les Acariens, comme dans plusieurs groupes de la classe des Insectes. La larve tĂ©trapode et vermiforme des Phytocoptes (Phytoptus), bien que non sexuĂ©e, pond des oeufs d'oĂą sortent des larves semblables Ă  elle-mĂŞme (Donnadieu) : il y a lĂ  une vĂ©ritable parthĂ©nogenèse larvaire analogue Ă  celle des Pucerons. 
-

Acarien : Psoroptes longirostris.
Nymphe de Psoroptes longirostris,
montrant les phases successives de la métamorphose.

D'après Berlese, une parthĂ©nogenèse plus compliquĂ©e encore existerait chez le Gamasus tardus, oĂą l'on trouve des nymphes qu'il appelle ibontomorphes, ou Ă  forme d'adultes, pourvues de la cuirasse chitineuse qui caractĂ©rise ces derniers, mais sans trace d'organes sexuels, et qui cependant sont vivipares et produisent des larves hexapodes semblables Ă  elles-mĂŞmes. Dans un autre genre de la mĂŞme famille (Trachynotus), d'après le mĂŞme observateur, on trouve des nymphes contenant un oeuf très gros, mais qui sont dĂ©pourvues d'une ouverture suffisante pour le pondre, de sorte qu'elles devront pĂ©rir pour que cet oeuf soit mis en libertĂ©. Ce serait donc un nouveau cas de pĂ©dogenèse, phĂ©nomène dont on connaĂ®t dĂ©jĂ  des exemples chez les Insectes. 

Modes de vie des Acariens.
Les moeurs et le genre de vie des Acariens prĂ©sentent la plus grande variĂ©tĂ©. Il n'y a guère que les Oribatides qui ne soient pas parasites, ou du moins Ă©pizoaires, pendant une partie plus ou moins longue de leur existence, et ce parasitisme lui-mĂŞme se montre sous les apparences les plus variĂ©es. Les Sarcoptides psoriques ou Acariens de la gale reprĂ©sentent ce parasitisme sous sa forme la plus complète : parasites des vertĂ©brĂ©s Ă  toutes les pĂ©riodes de leur vie, ils s'insinuent sous l'Ă©piderme en versant dans la plaie ainsi produite leur salive venimeuse qui provoque une inflammation locale et fait affluer les liquides dont ils se nourrissent. Mais la plupart des Sarcoptides vivent beaucoup plus innocemment des sĂ©crĂ©tions naturelles de la peau, qu'ils n'attaquent que dans des circonstances tout Ă  fait exceptionnelles : ce ne sont pas de vĂ©ritables parasites, mais des mutualistes (Van Beneden), puisqu'ils ne consomment que les dĂ©chets qui encombrent inutilement l'Ă©piderme de leur hĂ´te. 

On trouve du reste, sous ce rapport, de nombreux intermĂ©diaires : tel est le Chorioptes spathiferus (MĂ©gnin), qui ne produit la gale chez le cheval que pendant l'hiver et reste pendant l'Ă©tĂ© un simple mutualiste vivant exclusivement des exhalations naturelles de la peau, de sorte que la gale qu'il produit est rĂ©ellement intermittente. D'autres Sarcoptides (Laminosioptes, Cytoleichus) vivent dans le tissu cellulaire sous-cutanĂ© très lâche et dans les rĂ©servoirs aĂ©riens des oiseaux sans y causer de troubles apprĂ©ciables, sauf dans le cas assez rare oĂą leur trop grande multiplication produit l'obstruction des bronches. 

Les CheylĂ©tiens que l'on rencontre sur les vertĂ©brĂ©s ont gĂ©nĂ©ralement les mĂŞmes moeurs, mais les grandes espèces du genre Cheyletus sont franchement carnassières et se nourrissent des Sarcoptides qui vivent dans le pelage et le plumage de leur hĂ´te : ce sont alors de vĂ©ritables auxiliaires (Van Beneden). Mais il est d'autres Trombidides qui ont des moeurs beaucoup plus sanguinaires, au moins pendant une partie de leur vie : tel est le Rouget (Leptus autumnalis), qui n'est autre que la larve hexapode du Trombidion soyeux (Trombidium holosericeum), ainsi que l'a dĂ©montrĂ© MĂ©gnin. Cette larve s'attache Ă  la peau des animaux et de l'humain lui-mĂŞme, plante son rostre dans le derme et cause ainsi les vives dĂ©mangeaisons et l'Ă©ruption erythĂ©mateuse que tout le monde connaĂ®t. Sous sa forme d'adulte au contraire, ce Trombidion est des plus innocents et vit dans l'herbe de substances exclusivement vĂ©gĂ©tales. 

Parmi les Gamasides, les Ixodes ou Tiques ont les mĂŞmes moeurs : ce sont des parasites temporaires; mais ici ce sont les nymphes qui s'attachent aux vertĂ©brĂ©s, sur lesquels elles se fixent jusqu'Ă  ce qu'elles aient accompli le cycle entier de leur dĂ©veloppement : la femelle pleine d'oeufs et gorgĂ©e de sang se laisse tomber Ă  terre, pond ses oeufs et meurt : les larves Ă  leur naissance dĂ©vorent le cadavre de leur mère et ne paraissent pas avoir d'autre nourriture jusqu'Ă  leur transformation en nymphes. 

Ajoutons, qu'au moment oĂą elles sucent le sang des animaux auxquels elles sont fixĂ©es, les Tiques peuvent leur inoculer des parasites dangereux, particulièrement les Piroplasmes (Sporozoires), qui sont les germes de la malaria animale (Piroplasmose).  Les mĂŞmes femelles, quand elles sont pleines d'oeufs, dĂ©cuplent de volume au point d'atteindre la taille d'une graine de ricin et meurent après la ponte. Tel est l'Ixode ricin qui vit sur le chien, les Moutons et les Chèvres, et n'a que 2 mm au dĂ©but.

Les Argas et les Dermanysses ont les habitudes de la Punaise des lits : ce sont des animaux nocturnes qui restent pendant le jour tapis dans quelque coin et viennent la nuit sucer le sang des animaux endormis. 

Les Pteroptus et certains Gamases (Gamasus pteroptoĂŻdes MĂ©gnin), sont parasites Ă  toutes les pĂ©riodes de leur vie. Mais la plupart des Gamasides ne sont pas de vĂ©ritables parasites ces animaux ne se nourrissent que de dĂ©tritus des matières animales ou vĂ©gĂ©tales en dĂ©composition, oĂą les adultes vivent Ă  l'Ă©tat de libertĂ©: les nymphes seules et les jeunes femelles fĂ©condĂ©es s'attachent aux insectes et aux petits vertĂ©brĂ©s, mais seulement d'une manière temporaire, et pour se faire transporter d'un endroit Ă  un autre : l'hĂ´te n'est dans ce cas qu'un vĂ©hicule, un omnibus (MĂ©gnin), un moyen de dissĂ©mination de l'espèce. 

Les Hydrachnides sont parasites, pendant une partie de leur existence, des mollusques et des insectes aquatiques. Les Oribatides vivent libres et se nourrissent de matières végétales pendant toute la durée de leur vie : c'est aussi le cas pour un grand nombre de Trombidides. Mais, dans un groupe très nombreux et très remarquable de cette famille, les Tétranyques (genres Tetranychus et Phytocoptes), les nymphes vivent en véritables parasites sur un grand nombre de plantes et causent par leurs piqûres des galles (érineums) dans l'intérieur desquelles elles vivent. L'adulte au contraire vit à l'état libre, quelques espèces tissant seulement à la face inférieure des feuilles de petites toiles semblables à celle des Araignées et qui servent à protéger les oeufs.

Les DĂ©modex  vivent dans les follicules sĂ©bacĂ©s et pileux, ainsi que dans les conduits des glandes sĂ©bacĂ©es chez l'Humain et les autres Mammifères.

Le polymorphisme des Acariens.
Le polymorphisme des Acariens est souvent considérable dans la même espèce, et semble en rapport avec les moeurs variées dont nous venons de parler. Ce polymorphisme, et les métamorphoses qui en sont la conséquence, séparent essentiellement ces animaux des autres Arachnides, si remarquables par l'absence de formes larvaires dans le jeune âge; il a été longtemps méconnu au point que l'on a créé un grand nombre de genres sur des formes qui ne sont que des larves ou des nymphes d'autres espèces précédemment connues. La larve, à sa naissance, est généralement hexapode, quelquefois cependant tétrapode (comme dans les Phytocoptes [ou Phytoptus], où cette larve est vermiforme et très différente de l'adulte), ou même absolument apode, comme chez les Demodex. Les nymphes sont toujours octopodes. Ces trois formes de larve, de nymphe et d'adulte sexué, représentent le minimum des métamorphoses que subissent les Acariens.
-

Acarien : Pterolichus rostratus.
Polymorphisme du Pterolichus rostratus :
A, nymphe. B, larve; C, oeuf.

Mais dans certains groupes on trouve jusqu'Ă  six ou sept formes bien distinctes qui sont les diffĂ©rents Ă©tats et les diffĂ©rents âges d'une mĂŞme espèce. Chez les Sarcoptides plumicoles (AnalgĂ©siens) on trouve toujours les cinq formes suivantes : larve, nymphe, femelle pubère, femelle fĂ©condĂ©e et mâle adulte; mais de plus chez certaines espèces (Pterolichus [Falciger] rostratus, Bdellorhynchus polymorphes), on trouve deux formes de mâles, les uns Ă  rostre normal, les autres Ă  mandibules Ă©normes; chez d'autres (Proctophyllodes, Pterocolus), on trouve deux formes de nymphes très distinctes. Enfin la plupart des espèces prĂ©sentent encore une troisième forme particulière de nymphes que MĂ©gnin a nommĂ©e nymphe adventive, nymphe hypopiale, ou par abrĂ©viation hypope, et sur laquelle il convient d'insister, car cette forme paraĂ®t gĂ©nĂ©rale parmi les Acariens, bien qu'elle ne se montre que dans certaines conditions accidentelles et spĂ©ciales. 

Les genres Hypopus, Homopus, Trichodactylus, Hypoderas, Hypodectes, Cellularia, etc., ne sont en effet fondés que sur ces nymphes hypopiales, appartenant à différents groupes, et que Mégnin désigne ainsi d'après le nom du genre le plus connu (Hypopus). Lorsqu'une colonie d'Acariens est menacée dans son existence par la disette, la sécheresse ou la disparition de son habitat, les larves et les adultes seuls périssent; quant aux nymphes, elles ont la faculté de subir une métamorphose spéciale qui les transforme en une forme acarienne sans rostre ni aucune ouverture digestive ou sexuelle, mais munie de huit pattes unguiculées et quelquefois d'organes d'adhésion particuliers : sous cette forme l'Acarien peut vivre très longtemps sans prendre aucune nourriture, mais il se meut avec assez d'agilité et possède l'instinct de s'attacher à des insectes ou d'autres animaux qu'il saisit au passage, et qui le transportent dans un milieu plus favorable où, par une nouvelle métamorphose, il reprend sa forme de nymphe normale et accomplit enfin le cercle de son évolution en parvenant à l'âge adulte. Ces nymphes hypopiales peuvent se rencontrer dans la plupart des familles de l'ordre des Acariens.

Paléontologie et classification des Acariens
On connaĂ®t très peu de reprĂ©sentants de cet ordre Ă  l'Ă©tat fossile, ce qui s'explique par la taille microscopique de la plupart entre eux, et par la difficultĂ© que prĂ©sente la recherche de leurs dĂ©bris dans les couches gĂ©ologiques; cependant on en a trouvĂ© quelques espèces dans le succin (ambre jaune). 

La classification des Acariens est basée en grande partie sur la forme et la disposition des parties de la bouche. Nous admettrons dans cet ordre les huit familles suivantes :

Gamasides, Ixodides, Qribatides, Sarcoptides, Bdélides, Trombidides, Hydrachnides et Démodicides. (E.-L. Trouessart).
.


Dictionnaire Les mots du vivant
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2008-2009. - Reproduction interdite.