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Les Abricotiers
Prunus Armeniaca
L'Abricotier est un arbre de la famille des Rosacées, pour lequel Tournefort a établi un genre particulier sous le nom d'Armeniaca, mais qu'à l'exemple de Linné, on s'accorde à considérer comme une simple section du grand genre Prunier. C'est dès lors sous la dénomination de Prunus armeniaca L. qu'il figure aujourd'hui dans la plupart des ouvrages descriptifs.

L'Abricotier peut atteindre de 3 à 6 mètres de hauteur. Ses rameaux, étalés ou ascendants, non épineux, portent des feuilles glabres, luisantes, un peu coriaces, largement, ovales et acuminées, crénelées-dentées sur les bords, et pendantes à l'extrémité d'un pétiole allongé. Elles sont enroulées longitudinalement avant leur épanouissement. Les fleurs, assez grandes, solitaires ou fasciculées, toujours très brièvement pédonculées, se développent avant les feuilles; leurs pétales sont blancs à l'intérieur , et plus ou moins teintés de rose extérieurement. Le fruit, bien connu sous le nom d'Abricot, est une drupe globuleuse à peu près sessile, dont l'épicarpe finement velouté, et marqué latéralement d'un sillon plus on moins profond, est de couleur jaune, souvent rougeâtre sur la face exposée au soleil; son mésocarpe charnu, pulpeux, d'une saveur sucrée aromatique, entoure un noyau ovale, non adhérent, lisse, dont le bord ventral est muni d'une carène limitée par deux sillons latéraux. Ce noyau renferme une graine douée de propriétés analogues à celles des Amandes amères; les distillateurs l'emploient fréquentment pour fabriquer la liqueur de table connue sous le nom de Ratafia.

Comme tous ses congénères, l'Abricotier laisse découler de son tronc, soit naturellement, soit à la suite de plaies ou d'incisions, une gomme solide, rougeâtre, peu soluble dans l'eau, qui constitue une partie de la Gomme du pays ou Gomme nostras, et que l'on utilise surtout dans l'industrie. (Ed. Lef.).

Horticulture.
L'Abricotier, dont les fruits sont, d'un usage si répandu de nos jours, semble avoir été déjà cultivé dans la plus haute Antiquité. Les Grecs et les Romains le connaissaient dès le commencement de l'ère chrétienne, Pline en parle comme étant cultivé de son temps et réputé pour sa précocité, d'où le nom de Praecocium, par lequel les Latins le désignaient. Les auteurs modernes semblaient lui reconnaître comme premier berceau l'Arménie, ce qu'ils ont rappelé par les noms spécifiques ou génériques qu'ils lui ont attribués (Prunus armeniaca L.; Armeniaca vulgaris Lamk). Cependant des recherches ultérieures ont démontré clairement que l'Abricotier est cultivé depuis quatre mille ans en Chine, où on le retrouve d'ailleurs à l'état spontané; c'est de là, à n'en pas douter, qu'il est originaire. 

L'Abricotier est un arbre exigeant sous le rapport de la température; sa floraison hâtive lui fait redouter les gelées printanières; aussi n'est-il pas possible de le cultiver à l'air
libre dans toute la France; non pas qu'il n'y pousse, même dans le Nord, mais sa fructification devient alors trop aléatoire. Les climats de la Provence, du Bordelais, de l'Anjou, de l'Auvergne, du Lyonnais et de la Bourgogne lui conviennent tout particulièrement. Sous le climat de Paris, on est obligé d'user de la protection des murs d'espaliers.

Il aime les terrains chauds, légers et sablonneux ; il redoute, au contraire, les terres froides et compactes dans lesquelles il jaunit et dépérit rapidement. C'est pour subvenir à ces exigences, qu'on le greffe sur différentes espèces sur lesquelles il réussit également bien. Ce sont : les Pruniers, les Amandiers et les Pêchers.
 Greffé sur Prunier, il convient aux sols argileux et argilo-calcaires. Les Pruniers préférés sont le P. St Julien et le P. Mirobalan. Toutes les variétés d'Abricotier ne réussissant pas sur les Pruniers sauvages; on est souvent obligé de greffer ceux-ci en variétés vigoureuses, telles que Reine-Claude et autres, que l'on greffe à leur tour en Abricotier. Dans le Midi on le greffe sur Amandier. Pêcher ou encore sur franc, c.-à-d. sur Abricotier issu de graine.

Dans les régions favorables à l'Abricotier, on plante cet arbre en haute ou en basse tige, d'une hauteur variant de 0,50 m à 2 mètres. Dans ces conditions, on le plante à 6 mètres environ en tous sens pour les terrains de fertilité moyenne; l'on augmente cette distance pour les terres très riches, où l'arbre est susceptible de grandes dimensions. Dans ce mode, la taille est simple : elle consiste, la première année, à rabattre le rameau de greffe sur cinq à six yeux, lesquels en se développant formeront le point de départ de la charpente. On laisse ces bourgeons se développer librement en arrêtant les plus vigoureux par un pincement, si cela devient nécessaire, par suite d'un développement inégal. Ces cinq à six rameaux seront, la seconde année, taillés à 0,25 m environ. Ils se bifurqueront le plus souvent, ce qui donnera une dizaine de branches formant une sorte de couronne qui constitue la charpente. Tous les bourgeons qui n'appartiendront pas à celle-ci et qui auraient tendance à se trop développer, seront, dans le courant de l'été, pincés à 0,10 m et se transformeront par cette opération en rameaux fructifères. Plus tard, les seuls soins à donner à l'arbre formé seront une taille annuelle destinée à raccourcir les prolongements trop longs des branches de charpente, afin d'assurer de la vigueur à l'arbre et à maintenir en même temps les branches fruitières dans de faibles limites. Un pincement fait en été supprimera les rameaux gourmands et assurera la mise à fruits des ramifications secondaires. 

L'espalier, bien que donnant des produits très gros de peu de saveur, est employé partout où l'Abricotier ne peut résister aux inconvénients de l'air libre. L'Abricotier se prête assez mal aux formes d'espaliers; la tomme qui l'attaque de bonne heure fait périr çà et là des ranches de charpente et, détruisant la régularité de l'arbre, dégarnit en même temps le mur. Les formes en palmettes, en éventail et en cordons obliques simples ou doubles, sont les plus employées. Les branches de charpentes devront être éloignées de 0,25 m environ. Les bourgeons latéraux, rigoureusement pincés à 0,07 m ou 0,08 m, deviennent branches à fruits pour l'année suivante. Lorsque l'arbre est épuisé, l'on peut faire le rapprochement des branches, ou même faire un ravalement total; il repart bien et l'on peut ainsi reconstituer sa charpente. 

Si les gelées ne sont pas venues compromettre la récolte, l'Abricotier se charge chaque année d'un nombre considérable de fruits; il est bon alors d'en diminuer le nombre , afin d'assurer le développement de ceux qui resteront sur l'arbre. On enlève le surplus des fruits, quand les gelées printanières ne sont plus à craindre, c.-à-d. quand les jeunes fruits sont de la grosseur d'une noisette.

La cueillette du fruit arrivé à maturité doit se faire quand le fruit devient jaune et se couvre de légères marbrures. S'il est destiné à voyager, il faut le prendre moins mûr que s'il est destiné à un usage, immédiat on à la confection de pâtes ou de confitures. Les fruits doivent être récoltés à la main, ou au cueille-fruits. Mais il faut éviter de secouer l'arbre pour faire tomber le fruit qui se détériore dans la chute, se tache et n'est alors plus vendable. 

Il est bon de ne faire la récolte qu'au moment de l'emballage, si les fruits sont destinés à être expédiés; car ils supportent mal cet état de choses et pourriraient si on les tenait emballés trop longtemps. Les abricots destinés à la cuisson ou à la vente à bas prix sont expédiés en paniers de formes diverses; ceux, au contraire, de belle qualité, qui sont destinés à la table, sont expédiés en caisses dans lesquelles l'on met, soit un seul rang, soit deux ou trois de ces fruits que l'on entoure de papier. Les fruits sont tantôt consommés à l'état frais, tantôt, au contraire, ils servent à la confection de conserves faites par différents procédés dont il se fait un commerce considérable, tant en Europe qu'aux États-Unis.

On cultive un grand nombre de variétés d'abricots qui peuvent être toutes rapportées à quelques types principaux : La plus estimée de ces variétés est l'Abricot-pêche ou Abricot de Nancy. Le fruit est gros, sphéroïdal, vert clair, coloré de carmin. Chair fondante, sucrée et parfumée, a quelquefois l'inconvénient d'être inégalement mûr dans toutes ses parties, celles avoisinant le pédoncule restant dures. Ce n'en est pas moins une des meilleures variétés; mûrit en août.  Abricot royal, bonne variété à fruits gros comprimés sur les flancs. Maturité, fin juillet. Abricot précoce, qui mûrit fin juin, n'a guère que la qualité d'être hâtif, car le fruit est d'un faible volume et de qualité médiocre. II existe encore un grand nombre d'autres variétés localement connues et servant au commerce à différents titres. (J. Dybowski).,

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