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Thomas Willis est un médecin, né à Great Sedwin, dans le comté de Wilt, le 6 février 1622, mort le 11 novembre 1675, à Londres. Il fit ses études au Christ College de Oxford, et les interrompit avec d'autres condisciples pour aller à la défense de la cause royale attaquée par les parlementaires. Ceux-ci avant triomphé, Willis revint à Oxford pour y suivre les cours de la faculté de médecine; et il y fut reçu bachelier en 1646. On était alors particulièrement avide de connaître les lois qui régissent le métabolisme du corps humain; on avait senti l'insuffisance de l'animisme, reproduit par Van Helmont, ou de l'existence d'un principe unique et intelligent, pour rendre raison de tous les phénomènes corporels. Les découvertes dont s'enrichit la chimie firent croire à Leboé (Sylvius) qu'il en avait trouvé l'explication dans cette science. Suivant lui, les phénomènes de notre métabolisme sont purement chimiques et sont un effet de la fermentation. Les médicaments mêmes n'ont d'action qu'autant qu'ils agissent sur les âcretés acide et alcaline de nos humeurs. Willis, dans l'effervescence de l'âge, adopta avec enthousiasme ces nouvelles idées. Non content de ne voir dans les sécrétions, les mouvements musculaires et la circulation, que des effets analogues à ceux de la fermentation, il voulut même faire l'application de la théorie chimiatrique (La médecine au XVIIe siècle) à la pathologie et au développement des fièvres, Il publia deux dissertations sous le titre : 1° De fermentations seu de motu intestine particularum in quocumque corpore;Peu de temps après, Thomas Willis adressa au docteur Bathurst, son ami, une dissertation sur les urines, De urinis dissertatio epistolica, dans laquelle on trouve, sur les caractères de ce liquide dans les maladies, des observations pertinentes. Cet ouvrage a été traduit en français. 1682. En 1660, lors du rétablissement de Charles Il sur le trône d'Angleterre, Willis fut promu à la chaire de philosophie naturelle c'est-à-dire de physique) à Oxford. Quelque temps après, il publia son anatomie du cerveau et du système nerveux : Cerebri anatome, cui accessit nervorum descriptio et usus, Londres, 1664, in-4°; Amsterdam, 1664, 1667, in-12; Londres, 1670. in-8°; Amsterdam, 1683, in-12. Cet ouvrage constitue un jalon important. L'auteur donne une description exacte de ce viscère, tant chez l'humain que chez les oiseaux et les poissons. Il fait du cerveau le siège des mouvements soumis à la volonté et des facultés intellectuelles, et du cervelet, celui des mouvements involontaires, tels que ceux du coeur. C'est dans la substance corticale du cerveau qu'il place la sécrétion du principe des mouvements. La substance médullaire sert à la distribution de ce principe. Chaque partie du cerveau a des fonctions distinctes. L'Anatomie du cerveau, par Thomas Willis, sera toujours pour lui un titre de gloire; elle a eu un grand nombre d'éditions. Craignant que les opinions qu'il y émettait sur l'âme sensitive ne fussent mal interprétées, il avait dédié son ouvrage à Gilbert, évêque de Londres et doyen du sacré collège. II dut à ce prélat et à ses travaux nombreux d'être admis au rang des membres de la Royal Society. Flatté de ce choix, Thomas Willis vint à Londres, en 1666, pour y exercer la médecine : il y obtint un succès prodigieux. La plaisanterie attribuée par Sénac à Charles II, que Willis lui enlevait plus de sujets que n'aurait fait une armée ennemie, ne fait que prouver la confiance généralement il était entouré. - Fronstispice de l'ouvrage de Thomas Willis sur les pathologies du cerveau, les maladies nerveuses et convulsives, et sur le scorbut. Thomas Willis publia, cette même année, un traité des maladies du cerveau et du système nerveux : Pathologia cerebri et nervosi generis, in qua agitur de morbis convulsivis et de scorbuto, Oxford, 1667, in-4°; Londres, 1668, in-12; Amsterdam, 1669, 1670, in-12; Leyde, 1971, in-12; Londres, 1678, in-12. Ce traité restera longtemps un de ceux qui contiendront l'exposition la plus complète des maladies convulsives, et spécialement de l'épilepsie, de l'hystérie, de l'hypocondrie, que l'auteur regarde comme dépendantes d'une affection du cerveau ou du système nerveux. Le traité du scorbut en est distinct, et offre une description étendue de cette maladie. La doctrine de l'auteur sur les maladies convulsives fut attaquée avec énergie par Highmore, qui prétendait à tort que ces maladies, et spécialement la passion hystérique, avaient leur siège dans le sang, les poumons et le coeur. Pour y répondre, Thomas Willis publia une dissertation dans laquelle il continua d'établir que c'est bien plutôt dans le cerveau et le système nerveux que ces affections résident : Affectionum quae dicuntur hysterica et hypochondriacae pathologia spasmodica rindicata, cui accesserunt exercitationes duae, 1 de sanguinis accessione, 2 de motu musculari, Londres, 1670, in-8°; Leyde. 1671, in-12. Afin d'offrir plus de développement à ses idées sur le cerveau, Willis donna un traité sur l'âme des bêtes, en indiquant leurs facultés, leurs sensations, et en y ramenant un précis général des maladies : De anima brutorum quae hominis vitalis et sensitiva est : exercitationes duae, pars physiologica, pars pathologica, Oxford, 1672, in-4°; Londres, même année, in-8°; Amsterdam, même année, in-12; ibid., 1674, in-12. Il y en a une traduction anglaise, Londres, 1683, in-fol. Quoique Thomas Willis eût eu la précaution de dédier cet ouvrage au même Gilbert, devenu alors archevêque de Canterbury, la discussion dans laquelle il s'engage au sujet de l'âme de l'humain et de celle des animaux lui attira de vives attaques de la part de quelques théologiens. En revanche, ce travail lui mérita des louanges; et, ce qui vaut mieux encore, exerça une grande influence sur les sciences. Les descriptions anatomiques de quelques animaux, comme de l'huître, de l'écrevisse, etc., que l'auteur avaient insérées dans son traité, inspirèrent à plusieurs de ses lecteurs le goût des études zootomiques; et bientôt on vit naître l'anatomie comparée. Enfin, Thomas Willis publia la première partie d'une pharmacopée ayant pour titre : Pharmaceutica rationalis, Oxford, 1674, in-4°, réimprimée à La Haye, 1675, in-12. La seconde partie ne parut qu'après la mort de l'auteur, par les soins de Jean Fell, Oxford, 1675, in-4°; la Haye, 1676, in-12. Cet ouvrage est assez complet; il a été traduit en anglais, Londres, 1679, in-fol. Cette traduction défectueuse a été corrigée par S. Pordage et publiée dans sa traduction des Oeuvres de Willis, Londres, 1681, in fol, On voit, dans la Pharmaceutique, que l'auteur cherche encore à rendre raison de l'action des médicaments d'après les idées chimiques de Sylvius. Les succès de Thomas Willis dans la pratique ne le dédommagèrent pas des désagréments que lui suscita l'envie : il devint un point de mire vers lequel se dirigeaient les critiques les plus vives; et il y prêtait par la nature des sujets dont il s'était occupé, et par la faiblesse de ses derniers ouvrages. Trop sensible à ces critiques, elles furent pour lui une source de chagrins; et, un rhume qu'il négligea s'étant converti en inflammation de poitrine, il succomba à celte maladie le 11 novembre 1675. Willis se distinguait par sa charité et par une piété excessive. Il se rendait à l'église tous les matins avant de visiter ses malades, afin de prier pour eux, et avait fait de sa maison un oratoire. Il laissa une fondation annuelle de vingt livres sterling, uniquement consacrée à des actes de religion. Ses oeuvres ont été réunies, après sa mort, en un seul corps d'ouvrage, sous le titre suivant : Opera medica et physica, Genève et Lyon. 1676, In-4°; Genève, 1680, in-4° : Amsterdam, 1689, in-4°; Venise, 1720, in-fol. On ne trouve pas dans cette collection un ouvrage prétendu posthume de Willis, publié en 1690, sous ce titre: Moyen sûr et facile pour préserver et guérir de la peste et de toute maladie contagieuse; en anglais. (N.-He.). |
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