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Albrecht-Eusebius-Wenzel
von Wallenstein, plus exactement Waldenstein, Waldstein
est un célèbre général autrichien né
à Hermanie le 24 septembre 1583, assassiné à Eger
le 25 février 1634. Il était d'une famille noble et pauvre
de Bohème, dont l'ancêtre Zdenko bâtit au XIIIe
siècle le château de Waldenstein près de Turnau. A
la mort de Johann de Wallenstein la famille se divisa en deux branches;
celle d'Arnau issue de son fils Zdenko (mort en 1525), celle de Waldenstein
issue de son fils Wilhelm (mort en 1557). La première, à
laquelle appartint l'illustre Albrecht, s'éteignit en 1806. La seconde
obtint en 1628 la dignité de comte d'Empire et en 1636 l'indigénat
hongrois; elle se subdivisa en lignées de Munchengraetz et de Dux-Leitomisch
qui subsistent encore.
Les parents d'Albrecht
de Wallenstein étaient de la confession utraquiste, mais demeuré
orphelin, l'enfant fut remis aux jésuites qui le convertirent an
catholicisme. Il fit ses études à leur collège d'Olmutz,
puis à l'Université protestante d'Altdorf,
voyagea aux Pays-Bas, en France,
en Italie, s'engagea dans l'armée
autrichienne, servit sous Basta contre les Turcs,
devint capitaine (1604) et revint en Bohème épouser une veuve
déjà mûre, mais riche, Lukretia de Landeck (1606);
elle mourut huit ans après lui, léguant ses vastes domaines
de Moravie. L'héritage d'un oncle
accrut encore cette fortune territoriale. En 1617, Wallenstein leva à
ses frais des troupes pour soutenir l'archiduc Ferdinand, futur empereur,
contre les Vénitiens. Il se fit remarquer
au combat de Gradiska, fut promu colonel et comte. Dans la guerre de Bohème,
il fournit à l'empereur un régiment de cuirassiers, et lorsque
les biens confisqués des rebelles furent vendus à des prix
insignifiants aux fidèles des Habsbourg,
il en acheta de grandes étendues, notamment les seigneuries de Friedland
et de Reichenberg. L'empereur le créa, en 1623, prince de Friedland,
et il épousa, en 1623, Isabelle, fille de l'influent comte de Harrach.
En 1624, il soumit
à l'empereur le grand projet qui a fait sa renommée, et il
demanda l'autorisation de lever à ses propres frais une armée
pour lui (Guerre
de Trene Ans). Jusqu'alors Ferdinand
II avait été surtout soutenu par les troupes de la Ligue
catholique de son parent le roi d'Espagne;
ses ressources pécuniaires ne lui permettaient pas d'entretenir
une grande armée permanente. Wallenstein, éclairé
par l'exemple de condottières, tels que Mansfeld, comprit que la
guerre pouvait nourrir la guerre; qu'on recruterait aisément des
mercenaires parmi la foule d'aventuriers, des gens déclassés
ou ruinés au cours des premières années de luttes,
et que ces mercenaires pourraient vivre sur le pays.
En mai 1625, Ferdinand
II lui accorda l'autorisation de lever 20.000
hommes et l'en nomma colonel général et duc de Friedland.
Wallenstein fit l'avance de la prime d'engagement, la solde et l'entretien
furent levés sur le pays où il opérait. Il marcha
d'abord contre Mansfeld, le vainquit au pont de Dessau (25 avril 1626),
le poursuivit par la Silésie jusqu'en
Hongrie. En 1627, il occupa la Silésie
où l'empereur lui donna la principauté de Sagan, puis alla
se joindre à Tilly pour refouler jusqu'au Nord du Jutland le roi
du Danemark; il obtint de l'empereur la
mise au ban de l'empire des ducs de Mecklembourg, dont les fiefs lui furent
transférés (janvier 1628); mais ses efforts pour s'affermir
sur les rives de la Baltique échouèrent devant le résistance
de Stralsund.
A ce moment Wallenstein
était à l'apogée, généralissime tout-puissant
de l'empereur, il avait réuni près de 100.000
soldats; il offrait d'établie en Allemagne une monarchie absolue
analogue à celles d'Espagne et de France; il entra alors en conflit
avec le parti catholique et féodal. Les princes allemands étaient
aussi irrités des allures hautaines du général impérial
que de le voir traiter leurs pays comme ceux de l'ennemi, y levant des
contributions de guerre, y prenant ses quartiers, sans égard pour
l'autonomie territoriale qu'ils revendiquaient. Les leaders catholiques
voyaient d'un mauvais oeil l'indifférentisme religieux du condottière,
lequel s'était opposé à l'Edit de restitution de 1629,
comme devant provoquer de nouveaux soulèvements. A la diète
de Ratisbonne, les princes obtinrent de
l'empereur qu'il congédiât Wallenstein. Celui-ci obéit
et se retira dans sa résidence de Gitschin (1630).
Moins de deux ans
après, les foudroyantes victoires de Gustave-Adolphe brisaient la
force des princes catholiques et forçaient Ferdinand Il à
recourir au duc de Friedland. Ce dernier, qui avait ouvert des pourparlers
avec le roi de Suède, se fit prier et exigea de pleins pouvoirs.
Il les obtint en 1632 : toutes les troupes de l'Empire furent placées
sous ses ordres, il avait le droit de confiscation, de négocier
de sa propre autorité, de diriger à son gré l'armée
et les opérations militaires. A son appel, une forte armée
s'assembla en quelques semaines ; il eut peu de peine à chasser
de Bohème les envahisseurs saxons, et en juillet 1632 il marcha
contre Gustave-Adolphe rampé devant Nuremberg et se retrancha en
face de lui, à Forth. Il évita la bataille, ne se laissa
pas entamer, et au lieu de suivre les Suédois
dans leur mouvement vers le Sud de la Bavière
les rappela au Nord par une attaque contre la Saxe.
La bataille eut lieu à Lutzen où Gustave-Adolphe fut vainqueur,
mais tué (16 novembre 1632).
Wallenstein, resté
sans rival militaire, hiverna en Bohème et se prépara à
exploiter la situation à son profit personnel. Il négocia
avec la Saxe, la Suède et la France qui rêvait de créer
un parti moyen en Allemagne. Cependant il refusait de trahir l'empereur
et déclinait l'offre de la couronne de Bohème. Il reconquit
la Silésie, puis la Lusace, envahit le Brandebourg,
mais sans pousser à fond la guerre. Le gouvernement autrichien
lui reprochait son indocilité et l'invitait vainement à envoyer
des secours au duc de Bavière. Finalement, l'empereur viola le pacte
d'avril 1632 en commandant directement à Aldringer, lieutenant de
Wallenstein, de se placer sous les ordres du duc de Bavière et en
appelant en Allemagne l'armée espagnole du duc de Feria. Le jésuite
Lamormain, les ambassadeurs d'Espagne et de Bavière dirigeaient
à Vienne le parti hostile à
Wallenstein. Celui-ci échoua dans une tentative pour pénétrer
en Bavière, les protestants ayant pris Ratisbonne (novembre 1633),
et reprit ses quartiers d'hiver en Bohème.
Il reçut alors
de Vienne l'ordre d'emmener ses troupes hors des pays impériaux;
assemblant ses colonels, il refusa d'obéir. A une réunion
tenue à son quartier général de Pilsen, Wallenstein,
se plaignant des intrigues de la cour, offrit de se démettre; ses
officiers protestèrent et signèrent un voeu lui promettant
fidélité, même si l'empereur le révoquait (12
janvier 1634). Le 24 janvier, l'empereur signa secrètement la révocation
et en fit aviser les officiers dévoués à sa cause
qui étaient dans l'armée de Bohème, Piccolomini, Colloredo;
ils gagnèrent des adhésions, et quand, le 20 février,
Wallenstein fit renouveler à ses lieutenants leur engagement, il
dut promettre de ne rien entreprendre contre la souveraineté de
l'empereur et la religion catholique. L'avant-veille, Ferdinand II avait
signé la révocation officielle pour complot et délié
les officiers du serment d'obéissance à leur général.
Celui-ci se rendit alors à Eger, afin de pouvoir y faire sa jonction
avec l'armée suédoise de Bernard de Saxe-Weimar.
La garnison de Prague
s'était déclarée pour l'empereur. Le colonel entier
vint avec un régiment de dragons s'unir à Wallenstein, mais
afin de le trahir. Le 24 février, ils arrivèrent à
Eger, dont le commandant Gordon et le major Leslie, tout eu manifestant
un dévouement apparent au général, s'entendirent avec
Butler. Ils résolurent d'assassiner Wallenstein. Le soir du 25 février,
ses fidèles lieutenants, Ilow, Terzka et Kinsky, furent invités
à diner chez Gordon qui les égorgea; un capitaine du régiment
de Butler, Devereux, se rendit à la maison du bourgmestre où
logeait Wallenstein et le transperça de sa pertuisane. Les corps
des victimes furent portés à la citadelle; on ensevelit Wallenstein
à Gitschin, d'où, en 1785, ses restes ont été
transférés à Münchengraetz. Ses biens furent
confisqués au profit des impérialistes fidèles. La
tragédie d'Eger n'a pas seulement inspiré à Schiller
sa fameuse trilogie : elle a donné lieu à d'interminables
débats histoes sur le degré de culpabilité morale
et effective de Wallenstein. (A.-M. B.). |
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