| Maître Wace, dit aussi Guace ou Wistace, est un chroniqueur et poète français, né à Jersey vers 1100, mort probablement à Bayeux vers 1175. Conduit à Caen tout jeune encore, il y apprit le latin et fut destiné à l'Eglise. De là, il alla à Paris où il fut écolier de l'Université. Rentré à Caen vers 1130, il y resta longtemps comme « clerc lisant », qualification qu'il se donne lui-même et qui n'est pas très claire aujourd'hui. Comme il n'était pas riche, il se fit un revenu de sa plume, et commença par écrire des vies de saints. Ses deux oeuvres historiques seront le Roman de Brut ou histoire des Bretons, et le Roman de Rou, ou histoire des Normands. Attaché à la cour de Henri II devenu roi d'Angleterre en 1154, il la suivit pendant le séjour du roi en Normandie et se trouvait avec elle à Fécamp en 1162, lors de la translation des corps des ducs Richard ler et Richard II. Entre 1162 et 1170, il reçut une prébende de chanoine à Bayeux en récompense de son Histoire des ducs de Normandie. Il était de famille noble et, par sa mère, petit-fils de Toustein, chambellan de Robert Ier, sixième duc de Normandie. Wace était son nom personnel et nullement un nom de famille, et c'est à tort qu'on lui a attribué successivement les prénoms de Robert, Richard et Mathieu. Les ouvrages de Wace. L'oeuvre de Wace comprend des poèmes religieux (dont sûrement plusieurs sont perdus) et des poèmes historiques. Dans la première catégorie se rangent : 1° la Vie de saint Nicolas de Myre, patron des écoliers, le plus ancien de ses ouvrages; 2° la Conception Notre-Dame, d'après un très ancien évangile apocryphe; 3° la Vie de sainte Marguerite qui, engloutie par le diable sous forme de dragon, le transperça et le foula sous ses pieds; 4° la Vie de saint Georges (l'attribution de ce poème à Wace n'est pas absolument certaine); 5° la Mort Notre Dame, poème mélangé dans beaucoup de manuscrits à d'autres qui ne sont pas de Wace. La seconde catégorie comprend la Geste des Bretons connue sous le nom de Brut (Brut d'Angleterre ou Artus de Bretagne ), et la Geste des Normanz appelée communément Rou (Rollon). Le Brut (de Brutus, prétendu éponyme des Bretons) est une traduction en 16.000 vers octosyllabiques de l'Historia regum Britanniae de Gaufrei de Monmouth, à Iaquelle Wace a fait de nombreuses additions empruntées aux traditions bretonnes. Il y donne la première mention que nous ayons de la Table ronde. La Geste des Bretons, dédiée à la reine Aliénor d'Angleterre (ainsi que nous l'apprend la traduction anglaise faite par Layamon au début du XIIIe siècle), fut terminée en 1155. L'histoire des Normands, le dernier et le plus important ouvrage de Wace, se compose de près de 17.000 vers et n'a pas été terminée par son auteur. Elle s'arrête en 1107 à la bataille de Tinchebrai. Wace devait continuer jusqu'à son temps, mais vieux et fatigué, découragé par la nouvelle que Henri II avait chargé de la même tâche Benoît de Sainte-More, il n'écrivit plus après 1172. Ce qui aurait été le plus intéressant pour nous, n'a donc pas été écrit. Ce que nous avons se compose, pour la plus grande part, de traductions abrégées de chroniques latines conservées; çà et là il s'y ajoute soit des contes populaires, soit des particularités transmises à l'auteur par tradition et qui donnent à son oeuvre un réel intérêt historique. La Geste des Normanz se compose de quatre parties dont l'une, en alexandrins, appelée Chronique ascendante des ducs de Normandie (parce que l'auteur, pour donner une rapide esquisse de la vie des ducs, remonte de Henri Il à Rou (Rollon), passant toujours du père au fils) et considérée par les éditeurs comme la troisième partie, est en réalité le début de l'oeuvre et doit être placée en tête de la prétendue deuxième partie (G. Paris). Quant aux 750 vers qui composent « la première partie », ce sont les débris ou d'un premier essai de rédaction en octosyllabes de la Geste ou au contraire d'un essai de refonte abandonné plus tard (G. Paris). Sauf la chronique ascendante, tout le roman de Rou est en vers octosyllabiques. La langue de Wace est excellente; son style clair, serré, simple, d'ordinaire assez monotone, plaît par sa saveur archaïque et quelquefois par une certaine grâce et une certaine malice (G. Paris). (Am. Salmon).
| En librairie - Arthur dans le roman de Brut, de Wace, Klincksieck, 2002. | | |