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Le vitalisme

Le vitalisme est une doctrine dans laquelle on admet que les phénomènes vitaux de l'organisme (accroissement, développement du plan héréditaire, nutrition, etc.), loin de s'expliquer par le simple jeu des forces physico-chimiques, sont dus à l'action d'un principe vital conçu, soit sous forme d'une âme intelligente (vitalisme de Stahl), soit sous forme d'un archée subalterne (vitalisme de Van Helmont). Le vitalisme a  aussi été professé sous une nouvelle forme par l'école de médecine de Montpellier, et son plus célèbre défenseur est Barthez. On peut alors le faire remonter, jusqu'à la doctrine du philosophe anglais Cudworth. 

Tout être vivant, d'après cette théorie vitaliste, est composé, d'abord d'une matière douée de propriétés  physico-chimiques, ensuite, d'une force immatérielle, la force vitale, qui présente à l'organisme tout entier, en fait l'intime unité, lui imprime une forme et lui infuse la vie, excite et modère tour à tour ses différentes fonctions, joue en un mot le rôle d'un principe organisateur et directeur. Cette force est l'idée organique ou créatrice de Claude Bernard, mais c'est une idée substantielle et active, analogue à l'âme, sans conscience et sans volonté. Il s'ensuit que l'on doit distinguer dans l'humain deux principes immatériels la force vitale et l'âme pensante. D'où le nom de duodynamisme donné quelquefois à la doctrine.

On petit lui reprocher d'abord une complication inutile, que déjà introduisait d'ailleurs l'hypothèse d'une âme en plus du corps. En supposant l'existence d'une force vitale, elle ajoute ainsi un nouveau problème à celui qu'il s'agissait de résoudre. Comment en effet concevoir la force vitale, et quels rapports peut-elle avoir avec le corps? 
La notion qu'on s'en fait est nécessairement ou indéterminée ou contradictoire.

Si l'on se contente de la définir par ses effets, en disant qu'elle est la cause de l'organisation et de la vie, cela revient à dire qu'on ignore absolument ce qu'elle est en soi. Elle n'est plus alors qu'une entité verbale, comparable à la vertu dormitive de l'opium : le corps vit parce qu'il y a quelque chose en lui qui le fait vivre. Si on a, par ailleurs, imaginé que le concept d'âme avait quelque utilité, et qu'on la définit par analogie avec l'âme pensante, on se trouve amené à lui assigner des propriétés qui s'excluent; d'une part, elle est immatérielle, elle sent ce qui se passe dans les organes, elle agit d'après un plan et pour des fins ; d'autre part, elle est diffuse à travers le corps, étendue par conséquent comme lui, étrangère à toute conscience, et ne se manifestant, comme les forces physico-chimiques, que par les mouvements qu'elle imprime à la matière. Elle est donc un composé de deux natures contradictoires, à la fois matière et esprit.

Enfin, l'hypothèse d'une force vitale échappe (comme celle d'une âme), ce semble, à toute preuve. Cette force est imaginée de toutes pièces pour expliquer un certain ordre de phénomènes; mais on n'a par ailleurs aucun indice de son existence, (E. Boirac).

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