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Louis François
Veuillot est un journaliste et écrivain
français, né à Boynes (Loiret) le 11 octobre 1813,
mort à Paris le 7 mars 1883. Fils d'un pauvre ouvrier tonnelier
qui vint en 1818 s'établir à Paris, il ne reçut dans
son enfance qu'une très faible instruction, qu'il étendit
ensuite tant bien que mal en lisant des romans,
entra à treize ans comme petit clerc chez l'avoué Delavigne,
frère de Casimir Delavigne, qui lui
fit connaître des gens de lettres et, à dix-sept ans, fut
attaché, par la protection d'Olivier Fulgence, à la rédaction
de l'Écho de la Seine-Inférieure, journal ministériel
de Rouen. Là, dès le début,
à défaut de connaissances sérieuses et de convictions
politiques, il fit preuve d'un talent de polémiste agressif et virulent,
qui en peu de temps lui valut deux duels. En 1832, le gouvernement l'envoya
soutenir sa politique dans le Mémorial de la Dordogne à
Périgueux, où il devint l'ami
du préfet Romieu, rivalisa souvent avec lui de gaieté et
de verve grivoise et eut un troisième duel (sans résultat
comme les premiers). Cinq ans plus tard, on le retrouve à Paris,
où, dans la Charte de 1830, puis dans la Paix, il
continue à faire campagne pour le parti de la résistance
contre le parti du mouvement. Il n'était jusqu'alors qu'une sorte
de condottiere du journalisme, qui cherchait encore sa voie.
Il la trouva quand, conduit à Rome par Olivier Fulgence et mis en présence du pape, il se déclara converti et devint pour toute la vie le plus fougueux et le plus intransigeant des écrivains ultramontains. Dès lors, toute sa politique fut étroitement subordonnée à la cause du Saint-Siège, dont il ne cessa de préconiser la suprématie, non seulement spirituelle, mais temporelle. Il fut l'apôtre attitré de l'intolérance et n'eut plus, à ce qu'il semble, d'autre ambition que d'être le publiciste officieux de la théocratie. Ses nouvelles tendances ne tardèrent pas à se manifester par diverses publications, parmi lesquelles nous citerons : Pèlerinages en Suisse (1838); Pierre Saintive (1840); le Saint Rosaire médité (1840); Rome et Lorette (1841); Agnès de Laurens ou Mémoires de soeur Saint-Louis (1842), etc. Entre temps, il avait été pourvu d'un emploi au ministère de l'Intérieur par la faveur du comte Duchâtel. Le général Bugeaud, gouverneur général de l'Algérie, qui l'avait connu à Périgueux, l'essaya quelque temps comme secrétaire (1842), mais dut renoncer à ses services, ne trouvant en lui que l'étoffe d'un pamphlétaire. De retour à Paris, Louis Veuillot, tout en reprenant sa place au ministère de l'Intérieur, s'attacha, dès 1843, à l'Univers religieux, nouveau journal ultra-catholique, où il ne tarda pas à se faire remarquer par la violence inouïe de ses attaques contre l'Université, qui lui valurent, en 1814, un mois de prison, et où il fit bruyamment campagne, en 1847, pour les cantons suisses catholiques du Sonderbund. Au lendemain de la révolution
de février, devenu rédacteur en chef de l'Univers,
qui fut bientôt, grâce à lui, une véritable puissance
il accabla de ses outrages ce régime
de Juillet qu'il avait si longtemps servi et salua la République
avec une sorte d'enthousiasme. Mais c'était une république
réactionnaire et ultramontaine qu'il voulait et qu'il demandait
dans les Libres penseurs (1848); l'Esclave Vinder (1849);
le Lendemain de la victoire (1850); Petite Philosophie (1850),
etc. Il contribua de toutes ses forces à l'expédition de
Rome (1849) et à la loi Falloux (1850), qu'il déclara, du
reste, hautement insuffisante.
Le coup d'Etat du 2 décembre 1851, que l'étroite alliance du clergé catholique avec Louis-Napoléon avait seule rendu possible, n'eut pas d'apologistes plus déterminés et plus éhontés que lui. Durant plusieurs années, l'Univers soutint de toutes ses forces le régime césarien. Il le soutint même contre les catholiques libéraux, comme Montalembert, Broglie, Falloux, se souciant fort peu de voir son journal interdit par l'archevêque de Paris Sibour et par l'évêque d'Orléans Dupanloup, et en appelant au pape Pie IX, qui généralement lui donnait raison. Mais il ne le soutenait qu'à condition qu'il resterait soumis à l'Eglise, et après l'attentat d'Orsini, Veuillot allait sommer Napoléon III de bâillonner la presse libérale, de faire observer le dimanche, d'abroger les articles organiques, enfin de donner au parti catholique toutes les libertés qui, à son sens, lui manquaient (février 1858). La nouvelle orientation que l'Empire prit bientôt après en déchaînant la révolution italienne fit de Veuillot un de ses plus violents adversaires. Vainement le gouvernement supprima-t-il l'Univers (janvier 1860), dont le directeur n'eut même pas le droit de participer à la rédaction du Monde, qui le remplaça. L'ardent pamphlétaire, qui voyait déjà de publier plusieurs livres sur la question pontificale (De Quelques Erreurs sur la papauté, 1859), en écrivit coup sur coup plusieurs autres qui empêchèrent le public de l'oublier (Waterloo, 1861; le Pape et la Diplomatie, 1861; Deux Commensaux du cardinal Dubois, 1834; le Fond de Giboyer, 1863; Biographie de Pie IX, 1863; Satires,1863; le Parfum de Rome, 1865; l'illusion libérale, 1866; les Odeurs de Paris, 1866, etc.). Au mois d'avril 1867, il put enfin faire reparaître l'Univers, qui fut comme autrefois l'organe attitré de l'ultramontanisme. Aux approches du concile du Vatican, Veuillot, partisan déterminé de l'infaillibilité pontificale et apologiste du Syllabus, redoubla ses attaques contre les catholiques libéraux et contre ceux des évêques qui se proposaient de soutenir leur cause devant les Pères. Lui-même se rendit à Rome à la fin de 1869, surveilla de très près le concile et, à cette occasion, se signala encore par de retentissantes publications (la Liberté du Concile, 1870; Rome pendant le Concile, 1874). De retour en France, il applaudit à la chute de l'Empire et revint, dans plusieurs écrits, aux idées de démocratie cléricale qu'il avait quelque temps soutenues en 1848 (la République de tout le monde, 1871; les Filles de Babylone, 1871; Paris pendant les deux sièges, 1871). Puis il s'efforça d'entraîner le gouvernement de Thiers (1871) et, après lui, celui de Broglie, dans une politique ultramontaine, et se montra si violent à l'égard des gouvernements italien et allemand qu'à deux reprises (1874) l'Univers dut être suspendu. Il fut, du reste, toujours approuvé dans son éternelle campagne contre les libertés modernes par le pape Pie IX qui lui témoignait une complaisance sans bornes et auquel il consacra, en 1878, une importante monographie. A partir de cette dernière époque, sa santé s'affaiblit et jusqu'à sa mort il ne fit plus que languir. Outre les ouvrages cités au cours de cet article, Louis Veuillot a écrit des romans, comme : l'Honnête Femme (1844); les Nattes 1844); Corbin et d'Aubecourt (1850); des poésies, comme les Couleuvres (1869); des études historiques, politiques ou littéraires, comme : le Droit du seigneur (1854); Etude sur saint Vincent de Paul (1854); la Guerre et l'Homme de guerre (1855); Jésus-Christ (1864) Dialogues socialistes (1872); Molière et Bourdaloue (1877); Etudes sur Viclor Hugo (publiées en 1885), etc. Un grand nombre de ses articles de journaux ont été réunis en un recueil intitulé Mélanges religieux, historiques et littéraires (1857-1875, 12 volumes). On a aussi de lui 6 volumes de Correspondance publiée en 1883-1885. Une étude très approfondie sur la vie et les oeuvres de Louis Veuillot a été entreprise par son frère, Eugène Veuillot. |
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Eugène Veuillot
est un journaliste français, né à Boynes (Loiret)
le 7 octobre 1818, mort en 1905, frère du précédent.
Après avoir fait de bonnes études classiques, il fut, par
la protection de son frère, attaché à la rédaction
de plusieurs journaux de province, puis au ministère de l'intérieur,
et entra dès 1843 au journal l'Univers, où il ne cessera
de soutenir la politique ultramontaine, avec autant d'intransigeance mais
moins de talent que Louis Veuillot.
Il a, de plus, publié un grand nombre d'ouvrages d'histoire ou de polémique, où ses tendances cléricales ne sont pas moins manifestes que dans cette feuille : Histoire des guerres de la Vendée et de la Bretagne (1847); l'Eglise, la France et le Schisme en Orient (1855); la Croix et l'Epée (1856); la Cochinchine et la Turquie (1859); Questions d'histoire contemporaine (1860); Récits variés (1861); le Piémont dans les Etats de l'Eglise (1861); le Cardinal Antonelli (1862); Mgr de Mérode (1863); Vies des Pères des déserts d'Orient (1863-1864, 6 volumes); M. Louis Veuillot (1864); Mgr Gerbet (1865); Critiques et Croquis (1866, in-8); Lettres de l'épiscopat français à propos des projets Ferry (1879); le Comte de Falloux et ses Mémoires (1888); Louis Veuillot (1901), etc. (A. D.). |
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