| Nassir-Eddin (Mohammed ibn Mohammed ibn-el Hassan abou Djafaar, dit al-Thoussi (ou Tusi), parce qu'il était de Thoûs dans le Khoraçan, où il naquit l'an 597 de l'hégire (février 1201). Persan d'origine, il mourra à Bagdad en 1274. ll étudia à Mossoul sous Kemal-Eddin ibn Yonnis, savant encyclopédiste comme il devait l'être, et sous le philosophe motazilite Mohin-Eddin el-Misri. S'étant compromis à Bagdad, il s'attacha aux Ismaéliens d'Alamut, puis aux Mongols, lors des conquêtes d'Houlagou. Celui-ci le prit pour ministre des finances et pour vizir, et, à sa demande, fit élever à grands frais l'observatoire de Maragah (1259), en Adzerbaïdjan, et y réunit de nombreux savants. Cet observatoire, élevé sur une montagne à l'ouest de la ville, était construit de manière que les rayons du Soleil, pénétrant par l'ouverture pratiquée en haut du dôme, se projetassent sur le mur de l'intérieur : cette projection de rayons indiquait, par degrés et minutes, le mouvement diurne du Soleil, la succession des saisons, ainsi que les hauteurs solsticiales et équinoxiales. C'était une nouvelle application du gnomon percé, déjà employé par les Arabes. On avait réuni dans le même édifice une bibliothèque et des instruments astronomiques, tels que des armilles, un cercle mural, que l'on a compare a celui de Tycho Brahé, des quarts de cercle mobiles, des sphères célestes et terrestres, des astrolabes de toute sorte, etc. Aidé dans ses observations par Al-Oredhi de Damas, par Al-Khlalathi de Tiflis, par Al-Maraghi de Mossoul, et d'autres, Nassir-Eddin composa les Tables Ilkhaniennes, qui ,existent en manuscrit à la Bibliothèque nationale de Paris, sous le n° 183. Les Tables Ilkaniennes, bientôt célèbres, furent achevées en douze ans. Elles apparaissent comme une reprodution modifiée de la Table Hakemite d'Ibn-Younis, furent corrigées par Gaïath-Eddin Al-Khatibi; elles servaient dans toutes les écoles jusqu'au temps d'Ibn-Schathir, qui y apporta, en 1360, quelques changements. Elles nous sont connues par un extrait de Greaves en 1632. Ont de même été traduits le Traité du quadrilatère (par Caratheodpry Pacha; Istanbul, 1891) et les chapitres sur les sphères célestes du Tadkira (Mémorial, grand travail sur l'astronomie, par Carra de Vaux, dans les Recherches sur l'histoire de l'astronomie ancienne, de P. Tannery; Paris, 1893). On a le texte manuscrit de quinze autres ouvrages mathématiques et astrologiques de Nasir-Eddin, sans compter ses éditions arabes de la plupart des mathématiciens grecs. Mais, en dehors de la science, il a touché à tous les sujets et il est resté célèbre en Orient comme théologien, métaphysicien et moraliste, surtout par l'Alklâq-Nasiri. Nasir-Eddin marque le point culminant de la science arabo-musulmane; après son époque commence la décadence définitive; la production restera encore quelque temps abondante; mais il n'y aura plus rien d'original ni d'important, sauf l'effort tenté au XVe siècle pour la rédaction des Tables d'Ulugh-Beg. (T.). | |