| Trédiakovski (Vasili Kirillovitch), poète, grammairien et professeur né à Astrakhan en 1703, mort à Saint-Pétersbourg en 1769. Fils d'un pope et destiné à la carrière religieuse, il reçut sa première instruction latine auprès de missionnaires capucins installés dans sa ville natale. En 1723, il s'enfuit de chez lui et parvint à Moscou, où il fut admis à l'Académie slavo-gréco-latine. En 1725, il s'enfuit derechef, on ne sait trop pourquoi, et on le retrouve en Hollande, auprès du ministre russe qui lui fournit l'occasion d'apprendre le français. Ensuite, il se rendit à pied à Paris, vivant d'aumônes, à ce qu'on pense; là, il étudia avec un zèle farouche les mathématiques, la philosophie, la théologie, l'histoire et la littérature. Rentré à Saint-Pétersbourg en 1730, il y commença une vie de travail acharné, qui lui procura, en 1735, le poste de traducteur, puis de secrétaire près de L'Académie des sciences, et en 1745, celui de professeur d'éloquence latine et russe à l'Académie et au collège académique. En lutte avec Lomonossov et avec le parti allemand de l'Académie, ridiculisé par ses collègues et maltraité d'une façon indigne par des gens de cour, toute sa vie ne fut qu'une lutte perpétuelle contre la misère et l'humiliation. Pourtant, cet écrivain n'était pas sans mérite. On passe condamnation sur ses vers; mais il rendit à son pays un double service : d'abord, comme traducteur infatigable, il lui fit connaître Boileau et Rollin; puis, comme théoricien de la grammaire et de la poétique, il eut l'insigne honneur de soutenir le premier que la poésie russe ne devait pas s'inquiéter du nombre des syllabes, mais de leur accent tonique. Cette affirmation, qu'il appuyait sur des exemples tirés de la poésie populaire, était une découverte qui suffirait à faire citer son nom dans l'histoire littéraire, même si Trédiakovski n'avait pas été, en outre, une manière de savant et un excellent professeur. (J. Legras). | |