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Tellez (Fray Gabriel), plus connu sous le nom de Tirso de Molina, dramaturge né à Madrid en 1571, mort à Soria le 12 mars 1648. II étudia à Alcalà, et demeura quelque temps à Tolède (d'où sont datées quelques-unes de ses oeuvres), en Galice et à Séville. On ignore la date de sa profession dans l'ordre des mercenaires; mais on sait qu'il en était supérieur en 1619. II fut nommé en 1634 definidor general pour la Castille. Son premier ouvrage poétique, Los Cigarrales de Toledo, collection de contes où semble percer l'influence de Boccace, fut imprimé en 1621 ou 1624. Plus profonde est l'empreinte de l'écrivain italien dans Los tres maridos burlados, admirable adaptation du Décameron. Au lieu d'une seconde partie des Cigarrales promise par l'auteur, parut eu 1635 une nouvelle collection (Deleitar aprovechando) de contes religieux, mêlés avec des Autos, dont  El Colmenero divino, un des meilleurs essais de drame religieux. Depuis longtemps, Tirso s'exerçait dans ce genre de poésie. La comédie la Santa Juana est datée de 1613. En 1620, il dédiait à Lope de Vega la Villana de Vallecas, et en 1624, de son aveu (dans la préface des Cigarrales), il avait écrit près de 300 comédies. Il en annonçait en même temps l'impression d'un recueil, qui parut en effet en 1627. Les second et quatrième recueils sont de 1635, le troisième de 1634 et le cinquième de 1637. Tirso excella, aussi bien que dans le drame théologique, dans les comédies d'intrigue, les drames historiques et les pièces comiques. Il avait un fort penchant pour l'épigramme; mais il sut aussi s'élever aux plus hautes conceptions et atteignit souvent l'émotion tragique. 

Quelques-unes de ses oeuvres sont aussi bonnes que les meilleures de Calderon ou de Lope de Vega. Une preuve éloquente du mérite de Tirso, c'est que quelques-uns de ses ouvrages ont été attribués pendant des siècles à Lope ou à Calderon : tel est le Burlador de Sevilla y Convidado de piedra, admirable expression scénique de la légende de Don Juan qui, bien qu'universelle, comme l'a prouvé Farinelli, a pris dans le monde, le caractère d'une histoire purement espagnole par l'oeuvre de Tirso, imitée plus tard dans d'autres littératures. Cette pièce admirable est la meilleure de Tirso avec : la Prudencia en la mujer (drame historique); Marta la piadosa; El vergonzoso en Palacio, Don Gil de las calzas verdes; El amor y la amistad et la Villana de Vallecas. On a reproché à  Tirso ses caractères féminins, qu'on trouve peu nobles; peut-être a-t-il, en effet, exagéré la hardiesse féminine en matière d'amour, entraîné par l'expérience du confessionnal. Il est plus libre des vices de style (affectation, gongorisme) que ses contemporains. Calderon l'imita souvent, par exemple dans A secreto agravio secreta venganza (adaptation du Celoso prudente), Secreto a voces (tiré de Amar por Arte mayor) et Los Cabellos de Absalon, dont le second acte est calqué sur le troisième de la Venganza de Tamar. On ne s'explique pas bien l'oubli où bientôt tomba Tirso de la part du public et même des écrivains qui avaient puisé dans ses oeuvres. Il ne nous reste que quatre-vingts à peu près des quatre cents pièces qu'il a écrites, Tirso a laissé aussi des oeuvres historiques en prose : la Genealogia del Conde de Sastago (1640), la Chronique de l'ordre des Mercenaires, et le Acto de contricion (Madrid, 1630). (R Altamira).

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