| Tibulle (Aulus Albius Tibullus), poète élégiaque latin, né à Rome vers 55, mort vers 19 av. J.-C. On a peu de renseignements sur sa vie; il appartenait à une famille de l'ordre équestre, autrefois puissante, mais qui perdit la plus grande partie de ses biens dans les guerres civiles et les proscriptions des triumvirs. Il accompagna en l'an 28 son protecteur Messala dans la campagne des Gaules. Il voulut aussi le suivre en Cilicie lorsque Messala obtint le proconsulat d'Orient; mais Tibulle tomba malade en route et dut rester à Corcyre. Il ne flatta jamais Auguste et vécut loin de la cour, estimé de son ami Horace, qui lui a consacré une épître charmante et le loue de posséder « la beauté, la fortune et l'art d'en jouir », de Virgile, Properce, Ovide qui a écrit sur le tombeau du poète une de ses meilleures élégies. On possède sous le nom de Tibulle quatre livres d'Elégies, dont les deux premiers seuls sont certainement de lui; les autres ne contiennent que quelques pièces du poète. Les élégies les plus charmantes par la simplicité, la profondeur du sentiment et la grâce, sont les cinq élégies du premier livre qui racontent les phases de son amour pour l'infidèle Délie (celle-ci s'appelait en réalité Plania, selon Apulée). Le troisième livre tout entier paraît être d'un médiocre imitateur de Tibulle qui nous a laissé son nom (Lygdamus) et sa naissance (43 av. J.-C.). Le quatrième livre contient un certain nombre de poésies délicates et tendres de Tibulle consacrées aux amours de Sulpicia, nièce de Messala et de Cerinthus : ce même livre renferme cinq lettres amoureuses et poétiques de Sulpicia à Cerinthus. L'ouvrage a été traduit en prose par l'abbé de Marolles (1618), le grand traducteur du XVIIe siècle. On a souvent appelé Tibulle le « poète de l'amour », car il exprime avec force et avec grâce toutes les phases de la tendresse, douces espérances et désespoir amer. Philosophe malgré sa vive sensibilité, il aimait la nature et La Fontaine a dit : Il aimait les jardins, était prêtre de Flore; Il l'était de Pomone encore. Poète du sentiment, il a un style d'une élégance exquise, un charme d'expression et une pureté de goût incomparables. La Harpe appelle ses élégies « le livre des amants » : il admire cette heureuse imagination, si tendre et si flexible « qui occupe ses heures de loisir à peindre ses moments d'ivresse, et arrive à la gloire en chantant ses plaisirs ». (Ph. B.).
| En librairie - Tibulle, Elégies, Belles Lettres (série latine), 1968. Lucien d'Azay, Tibulle à Corfou, Les Belles Lettres, 2003. - Merle et Mondoloni, Elégies de Tibulle, Le Temps, 2003. | | |