| Anne-Josèphe Terwagne, dit Théroigne de Méricourt, est une héroïne de la Révolution française, née en Belgique, à Marcourt, en 1762 (et non en 1759), morte à Paris en 1817. Fille d'un cultivateur aisé, mais ayant perdu sa mère en 1767, elle eut une enfance malheureuse et une première, jeunesse pleine d'aventures. A vingt ans, on la trouve à Londres, et, en 1785, à Paris, où elle est entretenue par le marquis de Persan. En 1788, lasse du métier de courtisane, aspirant à une gloire de cantatrice, elle se rendit à Gênes avec un engagement de chanteuse. Un ténor célèbre, Tenducci, l'accompagnait. Revenue à Paris en mai 1789, elle ne joua pas dans les premiers mois de la Révolution le rôle que lui donne une légende pittoresque : car non seulement elle ne prit aucune part à la journée du 14 juillet, mais elle n'en prit aucune aux journées d'octobre. En 1790, elle eut un salon politique où naquit et mourut le petit club des Amis de la loi, fondé par Romme. Elle parut une fois aux Cordeliers, pour y demander l'érection d'un « temple à l'Assemblée nationale » sur l'emplacement de la Bastille. Puis elle passa en Belgique, d'où elle fut enlevée par deux émigrés, avec la permission de Mercy-Argenteau (février 1791), et dirigée vers la forteresse-prison de Kufstein. Mise en liberté quelques mois après, elle revint à Paris (janvier 1792), y fut reçue comme une «martyre », et tout de suite se rangea du côté des futurs Girondins contre Robespierre, sur la question de la guerre. Elle essaya d'armer les femmes, fut des agitateurs qui firent le 20 juin et des combattants du 10 août. Il faut, malheureusement, lui imputer en grande partie le crime commis par des furieux dans la matinée de ce 10 août, à la section des Feuillants, car c'est Théroigne de Méricourt qui triompha de la résistance du président de la section à livrer les prisonniers qu'on massacra : elle-même sauta « au collet » du pamphlétaire royaliste Suleau. On ne la vit pas aux massacres de septembre, et, en 1793, sa popularité déclina rapidement. Fouettée aux Tuileries, par des jacobines, peu avant le 31 mai, elle disparut de la vie publique. Elle perdit la raison l'année suivante, et mourut, à la Salpêtrière où elle était entrée une première fois en 1799 et définitivement en 1807. De cette femme singulière, on n'a qu'un portrait authentique, celui que Gabriel fit d'elle en en 1816. (Léopold Lacour). | |