| Thémistius de Paphlagonie, homme d'État, orateur, philosophe, né en 317ap. J.- C., mort après 389, avant 395. Son père Eugénius, philosophe et ami des lettres, dirigea son éducation. En relations avec Constance qui le fait entrer au sénat de Byzance, avec Jovien, avec Théodose, qui le nomme préfet de la ville et précepteur de son fils Arcadius, Thémistius consacre quarante années de sa vie, nous dit-il, aux affaires publiques. L'orateur est appelé Euphradès par ses contemporains, le roi de la parole par son ami Grégoire de Nazianze. Sur 35 discours qui nous restent, 20 sont des harangues officielles, les autres traitent de morale ou de choses particulières. Attaché à l'hellénisme, il proclame et réclame la liberté de croyance et de culte, qu'il appelle un don de Dieu; il recommande la justice et l'humanité, en même temps que la culture de l'esprit. Professeur, il enseigne à Antioche, en Galatie, à Nicomédie, surtout à Constantinople, où les disciples viennent l'écouter en foule : il s'occupe de morale ou commente les oeuvres des philosophes. C'est un éclectique, qui utilise Pythagore et Zénon, qui étudie Platon et préfère (Orat. XXIII, 2956) Platon et Aristote aux néoplatoniciens comme Jamblique. Pour lui, Dieu a donné aux humains la connaissance de lui-même et une tendance à l'adorer, mais il leur laisse le choix des formes et modes du culte; la divergence des écoles et des sectes rend plus vivantes la philosophie et la religion; l'hellénisme et le christianisme diffèrent très peu; ce sont des formes particulières de la morale et de la religion universelles. Nous n'avons pas conservé les commentaires sur Platon dont Photius fait mention. Nous possédons pour Aristote, qu'il avait, d'après Photius, commenté en entier, les Paraphrases sur les seconds Analytiques, sur la Physique, le traité de l'Ame et quelques parties des Parve Naturalia; une traduction latine, d'après un texte hébraïque, des Paraphrases sur le XIIe livre de la Métaphysique et le traité du Ciel. Thémistius interprète, développe, élucide et éclaircit la pensée du maître. Ses oeuvres furent, au moins en partie, traduites en arabe au temps de Honaïn et passèrent ensuite dans l'Europe latine, où elles eurent, au XIIIe siècle, une influence assez considérable. (F. Picavet). | |