| Terpandre est un poète-musicien citharède grec né dans l'île de Lesbos, à Antissa, vers l'an 675 avant l'ère commune. Il descendait, dit-on, d'Hésiode ou même, d'Isomère. Il fut le premier, au témoignage d'Hellanicus, qui remporta le prix aux jeux Carpiens, dont l'institution remonte à la vingt-sixième olmpiade, (676) et fut couronné quatre fois aux jeux Pythiques. Une sédition s'étant levée à Sparte, l'oracle d'Apollon conseilla aux habitants de faire venir un poète de Lesbos. Terpandre était alors en exil pour un meurtre dont on l'accusait. Appelé par les Spartiates, il fut si bien inspiré qu'à sa voix la discorde s'évanouit, et les citoyens s'embrassèrent en fondant en larmes. Les Lacédémoniens gardèrent en si haute estime le génie de Terpandre, qu'ils le placèrent au-dessus de tous les autres poètes, et que le plus grand éloge que on pût obtenir à Sparte, c'était d'être mis après le chantre de Lesbos. Terpandre demeura longtemps dans son pays d'adoption; il enseigna aux Doriens les sons plus doux de le musique Lydienne, et en ajoutant à la lyre trois cordes nouvelles, il lui permit d'exprimer toutes les nuances du sentiment. Il s'en vante lui-même dans un des fragments qui nous sont restés : « Pour nous, dédaignant le chant à quatre sons, nous entonnerons des hymnes nouveaux sur le phorminx à sept cordes. » Plutarque prétend que pour cette innovation Terpandre fut cité au tribunal des Ephores, et condamné à une amende : ce qui ne s'accorde guère ni avec la reconnaissance que les Spartiates professaient pour le poète qui avait assoupi leurs discordes, ni avec le respect qui leur fit conserver si fidèlement l'usage de cette lyre inventée par Terpandre. Une autre innovation de Terpandre fut d'appliquer à ses poésies et aux ouvrages d'Homère des récitatifs d'un mode constant et déterminé. Mais il ne s'était pas borné à perfectionner la déclamation des aèdes et des rhapsodes. Les airs guerriers que chantaient les Lacédémoniens, ces nomes qu'ils tenaient pour la plupart de Terpandre, devaient être autre chose que des chants épiques. Les noms d'orthien et de trochaïque, sous lesquels sont mentionnés deux de ces nomes, suffiraient à prouver que Terpandre s'était servi de quelques-uns des mètres inventés de son temps. Il y a d'ailleurs un fragment de Terpandre uniquement spondaïque, et non moins grave par le ton du style vue par la forme de la versification : « Zeus, principe de tout, ordonnateur de tout, Zeus, c'est à toi que j'adresse ce commencement de mes hymnes. » Enfin, on attribue encore à Terpandre l'invention de ces chansons de table que les Grecs nommaient scolles. Quand la coupe s'était vidée à plusieurs reprises, on se passait de main en main la lyre, et l'on applaudissait le convive qui savait le mieux faire parler la Muse. Le sujet était laissé au choix du poète, le rythme se pliait plus d'une fois aux exigences de l'inspiration. Terpandre fut sinon l'inventeur de ce genre de poésie, au moins un des premiers qui y produisirent des chefs-d'oeuvre. (L. Lacroix). | |