| Tatischev ouTatischtschev(Vasili Nikititch), écrivain et homme politique né en 1686, mort en 1750. C'est une des figures curieuses du XVIIIe siècle russe, un des collaborateurs les plus actifs et les plus remuants de Pierre le Grand et d'Anne. Il reçut sa première éducation à l'Ecole d'artillerie de Moscou, on il apprit également quelque chose des sciences de l'ingénieur. A sa sortie, il entra au service, et prit part à la bataille de Poltava ainsi qu'à la campagne du Prout. En 1713 et 1744, il est envoyé en Allemagne pour compléter son instruction; en 1747, il retourne à Dantzig pour négocier une affaire relative à une icône, et dès ce moment, on voit se marquer les tendances scientifiques et morales (rationalistes) qui paraîtront dans ses oeuvres. En 1720, le tsar l'envoie en Sibérie pour y construire des usines et y organiser des mines de cuivre et d'argent; eu 1726 , il se rend en Suède pour y étudier l'art minier et la frappe des monnaies; à son retour, il est nommé directeur de la Monnaie. L'impératrice Anne le nomma gouverneur d'Astrakhan, et c'est dans ce poste qu'il mourut. Tatischev fut un des plus curieux représentants de la nouvelle génération russe élevée par Pierre le Grand. Actif, entreprenant, énergique, toujours en mouvement, ici sauvant une femme accusée de sorcellerie, là niant l'origine céleste d'une icône, ailleurs se laissant impliquer dans des affaires graves d'intrigues et de concussions, cet homme qui a touché à tant d'idées et fait tant de métiers est un de ceux qui auraient exercé une influence considérable, si ses oeuvres avaient toutes été publiées de son vivant. On lui doit avant tout une : Histoire russe depuis les temps les plus reculés, dont les cinq parties parurent respectivement en 1769, 1773, 1774, 1784, 1848. Cet ouvrage considérable est surtout estimé pour les documents introuvables ailleurs qu'il a conservés. Il conçut aussi l'idée d'une géographie historique de l'Empire russe, traitée sur un plan monumental. Il n'en écrivit que des fragments, l'Introduction, et un Dictionnaire politique et géographique conduit jusqu'à la lettre L. Il composa en outre une Conversation de deux amis sur l'utilité de la science et des écoles, ouvrage d'un caractère politique très avancé, dans lequel, à propos de 120 questions, il expose tout un système d'éducation sociale. Ajoutons enfin son Testament, dans lequel il trace à son fils un plan idéal de la conduite d'un fonctionnaire. (J. L.). | |